Zimbabwe : attentat contre le président Mnangagwa

L’attentat à l’explosif inédit qui a visé un rassemblement de campagne électorale d'Emmerson Mnangagwa président de la République par interim a plongé dimanche 24 juin 2018 le Zimbabwe  dans l’incertitude à un mois de ses premières élections de l’ère post-Robert Mugabe. L’engin non identifié a explosé juste après le discours prononcé par le chef de l’État par intérim et candidat à l’élection présidentielle.Attentat zimbabwe                                                                                                                          les secours sur le terrain@sni

Agé de 75 ans Emmerson Mnangawa est sorti indemne devant des milliers de ses partisans rassemblés dans un stade de Bulawayao ville située dans le sud du Zimbabwe et un fief de l’opposition. Selon les premières estimations ce sont plus de 50  personnes  blessées, certaines grièvement, d’après le dernier bilan dréssé par la police ce dimanche 24 juin 2018.

Constantino Chiwenga et Kembo Mohadi, deux vices-présidents ainsi que plusieurs hauts dignitaires du parti au pouvoir, la Zanu-PF, sont blessés. L’attentat n’a pas encore été revendiqué mais le président a dénoncé un "acte lâche" qui le visait directement ajoutant "c'est l’oeuvre de mes ennemis mortels, il y a déjà eu de nombreuses tentatives" et de conclure "j’ai l’habitude. On est rentré par effraction dans son bureau à 6 reprises. On a tant de fois mis du cyanure dans mon bureau… Mais je continue".

Emmerson Mnangagwa a pris les rênes du Zimbabwe après la démission en novembre 2017 de Robert Mugabe. Au terme d’un règne sans partage de 37 ans, le "camarade Bob" a été lâché par l’armée et la Zanu-PF après avoir démis Emmerson Mnangagwa de ses fonctions de vice-président, sur l’insistance de son ambitieuse épouse Grace Mugabe.

Alors chef-d'Etat-major des armées, l’actuel vice-président Chiwenga fut le principal artisan du coup de force qui a poussé vers la sortie le nonagénaire Mugabe. Au lendemain de l’attentat de Bulawayo, les experts privilégiaient la piste d’un règlement de comptes interne au parti au pouvoir. Certains pointent montre du doigt les vieilles rancœurs, jamais éteintes, nées de la terrible répression ordonnée au début des années 1980 par Robert Mugabe contre son frère d’armes devenu rival, Joshua Nkomo.

Ces massacres, pilotés par Emmerson Mnangagwa, alors ministre de la sécurité ont fait plus de  20 000 victimes civiles, et principalement de l’ethnie ndebele du sud du Zimbabwe.

Pour sa part Nelson Chamisa, son principal rival à l’élection présidentielle candidat du mouvement pour un changement démocratique - MDC- a prôné l’apaisement en écrivant sur Twitter "la violence n’a pas de place dans notre vie politique". De son côté Philip Muranganwa a souligné "Ça fait vraiment mal"ajoutat "ça montre qu’il n’y a pas du tout de sécurité".

Sauf énorme surprise, Emmerson Mnangagwa est assuré de remporter la présidentielle face à son rival du MDC, orphelin de son chef historique Morgan Tsvangirai décédé en février 2018.

Le 24 juin 2018