1er procès dans l'affaire "biens mal acquis" Teodorin Obiang Nguema Mbasogo demande un report

Teodorin Obiang Nguema Mbasogo, accusé de s’être frauduleusement bâti en France un patrimoine colossal, a demandé lundi 2 janvier 2017, par la voix de l’un de ses avocats, le report de l’audience. Le tribunal donnera sa réponse mercredi 4 janvier 2017. Comme on pouvait s’y attendre Teodorin Obiang Nguema Mbasogo ne s’est pas présenté personnellement devant la 32e chambre du tribunal correctionel de Paris.

Après un début d’audience consacré à des  points techniques de procédure, le tribunal correctionnel a commencé à entendre Maitre Emmanuel Marsigny, avocat du prévenu, pour qui les délais sont "beaucoup trop courts".Teodoro nguema obiang copie

Le tribunal devrait se prononcer dans l’après-midi sur cette demande de report, qui pour William Bourdon, l’avocat de l’association Transparency International qui avait porté plainte en 2007, est une nouvelle tentative "d’échapper à ce qui le menace."

La présidente du tribunal correctionnel a souligné qu’elle s’interrogeait sur les conséquences sur ce procès, prévu jusqu’au 12 janvier 2017, d’une procédure en cours devant la cour internationale de justice à l’initiative de la Guinée équatoriale, contestant la validité des poursuites contre Teodorin Obiang Nguema Mbasogo.

Ancien ministre de l’agriculture et des forêts, promu vice-président à la  fin juin 2016 par son père le chef de l’Etat, Teodoro Obiang Nguema il est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Paris pour blanchiment d’abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics, d’abus de confiance et de corruption. Ses dépenses somptuaires en France étaient très éloignées du quotidien de la Guinée équatoriale, dont 50% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. ( photo Teodorin Obiang Nguema Mbasogo @Jérome Leroy )

Lorsqu’il séjourne à Paris, Teodorin Obiang Nguema Mbasogo, éternel célibataire au look savamment étudié avec lunettes noires, cheveux gominés, barbe taillée, dépense sans compter des mallettes entières de liquide chez les couturiers de l’avenue Montaigne situé dans le triangle d'Or de Paris. Dans ses appartements de la célèbre avenue Foch, les robinets sont recouverts de feuilles d’or, le maître des lieux dispose d’un hammam, d’une salle de sport, d’une discothèque, d’un salon de coiffure, d’une salle de cinéma.

Au terme de l’instruction, les juges ont estimé qu’il s’est bâti son patrimoine en France en y investissant le produit "des détournement de fonds publics", de la corruption. Maitre Emmanuel Marsigny, a déclaré que son client a toujours soutenu "qu’il a gagné légalement son argent dans son pays".

D’après les juges d’instruction entre 2004 et 2011, environ 110 millions d’euros provenant du Trésor public de Guinée équatoriale sont venus créditer le compte personnel de Teodorin Obiang Nguema Mbasogo.

Les enquêteurs estiment qu’il avait imposé une "taxe révolutionnaire" sur le bois, dont le paiement, au nom de la Somagui Forestal, devait lui être directement remis. Cette entreprise est chargée de l’exploitation du bois précieux qui représente avec le pétrole l’une des principales richesses du pays. Contrôlée par Teodorin Obiang Nguema Mbasogo, elle assurait ses principales dépenses.

Le prévenu a multiplié les voies de recours. Mis en examen en 2014, il a essayé en vain de faire annuler les poursuites à son encontre, invoquant son statut à l’époque de second vice-président de Guinée équatoriale qui octroyait à ses yeux une immunité.

La Cour de cassation avait estimé que les faits reprochés avaient été commis à "des fins personnelles", relevant de sa vie privée et donc détachables des fonctions étatiques protégées par la coutume internationale.

Pour mémoire, Teodorin Obiang Nguema Mbasogo est aussi visé par une enquête aux États-Unis et fait désormais l'objet d'une procédure en Suisse pour blanchiment d'argent a annoncé le ministère public de Genève le 3 novembre 2016.

La justice de la république française enquête aussi sur les patrimoines bâtis en France par les familles de plusieurs autres président d'Afrique, celle de Denis Sassou-Nguesso du Congo-Brazzaville qui possèderait selon la police 24 propriétés en France, de feu Omar Bongo Ondimba du Gabon avec 39 propriétés en France toujours selon la police et avec un global de l'ordre de 200 comptes bancaires...

Egalement dans le collimateur François Bozizé, président déchu du Centrafrique en 2013 et qui se trouve actuellement en Ouganda.

A suivre...

Le 2 janvier 2017