Côte d'Ivoire : Intervention de Touadera, président du Centrafrique

A l'occasion de la réunion des conseils d'administations du groupe africain de développement

Touadera et akinwumi ayodeji adesina president de la bad nov 2016 jpg 1Faustin-Archange Touadera et le président de la BAD, Akinwumi Ayodeji Adesina @pci

Monsieur le Président des Conseils du Groupe de la Banque Africaine de Développement ;

Monsieur le Président du Groupe de la Banque Africaine de Développement ;

Messieurs les Vices Présidents du Groupe de la Banque Africaine de Développement ;

Mesdames et Messieurs les Administrateurs de la BAD ;

Distingués invités;

Mesdames et Messieurs;

Je me réjouis d’être parmi vous à cette importante assise qui m’offre l’opportunité de m’acquitter d’un devoir, celui de vous adresser au nom du peuple centrafricain, du Gouvernement et en mon nom propre, les vifs remerciements à l’endroit de Son Excellence le Président Alassane Dramane Ouattara, Chef de l’Etat de la Côte d’Ivoire, pour l’accueil chaleureux réservé à ma délégation ici présente.

Permettez-moi, Monsieur le Président des Conseils du Groupe de la Banque Africaine de Développement, d’adresser également mes sincères félicitations à Monsieur Akinwumi Ayodeji Adesina, Président de la BAD pour sa brillante élection et sa prise de fonction à la tête du Groupe de la Banque Africaine de Développement ainsi que pour toutes les initiatives qu’il ne cesse de prendre en faveur du développement de l’Afrique. J’émets le vœu, au nom de l’Etat centrafricain de voir se poursuivre ces actions pour que l’Afrique se hisse à un plus haut niveau dans le concert des Nations.

Je saisis également cette occasion pour adresser aux Administrateurs dudit Groupe, toute la gratitude du peuple centrafricain, pour l’attention accordée à notre pays qui traverse des dures épreuves et pour tous les programmes approuvés pour soulager la souffrance du peuple centrafricain.
La République centrafricaine, par ma voix, vous témoigne toute sa gratitude et vous réitère le vœu que cela se poursuive pour la réussite de la table ronde prévue le 17 novembre 2016 à Bruxelles en Belgique, où tous les partenaires au développement, bailleurs de fonds, donateurs et investisseurs sont attendus pour contribuer à la relance de la RCA.

Messieurs les Présidents ;
Messieurs les Administrateurs ;
Distingués Invités;

La coopération entre le Groupe de la BAD et la RCA remonte à 44 ans avec l’approbation du 1er projet au profit de l’ENERCA en 1972. De cette date à ce jour, le Groupe de la BAD a financé environ 60 projets, outre les projets multinationaux, pour un montant total d’engagements nets d’environ 400 millions d’UC, soit plus de 333 milliards de Fcfa.

Après une longue période de suspension, la RCA a renoué à partir de 2006, avec la Banque et le renforcement de cette coopération s’est traduite par une augmentation significative de l’engagement de la Banque envers mon pays. Ainsi, le portefeuille actif actuel de la BAD en RCA est de 6 projets nationaux et 3 projets régionaux pour un montant total d’engagement net de 99.08 millions d’UC, soit environ 72.62 milliards de Fcfa. Le portefeuille de la BAD en RCA est plus diversifié avec 6 secteurs touchés, notamment les transports, l’hydraulique, l’énergie, les finances et l’économie, l’agriculture et le social.

De manière générale, l’état de coopération avec la BAD est au beau fixe et j’en remercie sincèrement le groupe de la Banque, à travers son Président Akimwumi Ayodeji Adesina, et l’équipe-pays de la BAD en charge de la RCA pour leur ferme volonté et engagement à accompagner la RCA depuis les derniers événements jusqu'au retour à l'ordre constitutionnel.

Cette coopération s’est matérialisée récemment, au cours de la mission de consultation de l’administrateur du groupe Afrique centrale, par la cérémonie officielle du lancement des travaux de réhabilitation, construction des infrastructures scolaires, production agricole et d’apprentissage de la jeunesse pionnière nationale -JPN-.

Messieurs le Présidents ;
Messieurs les Administrateurs ;
Distingués Invités;

Lors des derniers événements du 23 mars 2013 survenus en RCA avec le changement de régime, la Représentation nationale de la BAD, de même que les bureaux pays de certains partenaires au Développement ont été vandalisés, amenant la Banque à réduire sensiblement son effectif à Bangui.

A cet effet, je tiens à présenter au nom du peuple centrafricain et en mon nom propre, toutes nos excuses pour les désagréments subis et invite cette vénérable institution que vous représentez à la réouverture effective à Bangui du bureau national de la Banque avec tout son staff tant International que National, à l’instar d’autres Représentations. Des dispositions seront prises pour leur sécurité et réengagement effectif dans le processus de la reconstruction de la RCA.

L’intervention de la Banque est vivement souhaitée pour boucler avec l'Union européenne, la mobilisation des fonds bilatéraux de Coopération technique pour le financement du projet de connexion en fibres optiques de l’Afrique centrale -projet CAB- dont le dossier était à un stade très avancé mais n'a pas pu être présenté aux Conseils de la BAD en raison de retrait de certains pays de la Sous-Région. Ce projet est important et permettra à la capitale Bangui de se relier aux autres villes de l’intérieur de la RCA.

Au cours de la validation du programme national d'investissement agricole, de sécurité alimentaire et nutritionnelle -PNIASAN-, "le projet d’Appui à la production agro-pastorale et aux infrastructures rurales", issu des programmes productifs du PNIASAN, a été validé. Ce projet devra être soumis pour financement auprès de la Banque mondiale dans le cadre du fonds GASFP. Le business meeting y relatif, organisé en décembre 2013, a permis au Gouvernement de présenter ce projet et faire un plaidoyer auprès des partenaires techniques et financiers en vue de positionner leur financement sur les différents volets du PNIASAN. Le gouvernement a désigné la BAD pour assurer le leadership dans le cadre du fonds GASFP géré par la Banque mondiale. L’appui de la BAD est également sollicité pour permettre à la RCA de bénéficier d'environ 50 millions de dollars, soit environ 25 milliards de Fcfa du fonds GASEFP en vue de développer son secteur agricole.

Messieurs les Présidents ;
Messieurs les Administrateurs ;
Distingués Invités;

Comme vous le savez, la RCA est confrontée à une grave crise politique, économique et sociale depuis la fin de l’année 2012. Cette crise a désarticulé les Institutions publiques et entrainé de lourdes conséquences sur la situation sécuritaire, humanitaire et économique du pays déjà fragilisée par les crises récurrentes des deux dernières décennies.

La dégradation de la situation sécuritaire s’est nettement améliorée, grâce à l’appui de la Minusca, depuis ma prise de fonction après un processus électoral démocratique transparent, crédible et accepté tant par le peuple centrafricain que par la Communauté internationale. Au-delà de ces actions menées dans cet environnement complexe de post crise, le gouvernement peut encore mieux faire et dans cette perspective, l’urgence de l’heure pour la RCA est la stabilisation du pays à travers la paix et la sécurité, la reconstruction des bases d’un Etat de droit, la réconciliation et le vivre ensemble. Un Etat débarrassé des démons de la division et de la destruction, un Etat capable de fournir à ses populations les services essentiels de base, un Etat capable de remobiliser ses forces internes afin de s’attaquer à la Pauvreté, véritable facteur d’insécurité et d’instabilité.

Je puis vous affirmer que la cause profonde de la crise centrafricaine est la pauvreté comme le témoigne le déclenchement des récentes violences de Kaga-Bandoro, occasionné par un vol de bétail. Les principaux acteurs des violences, membres des milices et groupes armés sont ces milliers de jeunes sans emplois et sans opportunités économiques. Ce sont là, Mesdames et Messieurs, les défis importants pour les Etats fragiles en général et pour la RCA en particulier, qui ne parvient pas encore à tirer le meilleur profit de ses ressources internes et à mobiliser des ressources conséquentes auprès de ses partenaires. La RCA fait face à une situation inédite dans laquelle elle doit gérer la relation complexe entre les objectifs de rétablissement de la sécurité et de consolidation de la paix, et, ceux de la relance économique tels que inscrits dans les objectifs de développement durable -ODD-.

Messieurs les Présidents ;
Messieurs les Administrateurs ;
Distingués Invités;

La situation en République centrafricaine malgré tout autorise un espoir au regard du large soutien de la Communauté Internationale et des actions mises en œuvre par le gouvernement. L’expérience particulière de mon pays, et certainement celle de beaucoup d’autres en situation post-conflit, démontre à suffisance que la longueur de la période du retour à l’ordre constitutionnel expose inévitablement à une plus grande vulnérabilité. Cette situation est propice à des périls imprévisibles pouvant accroitre les risques d’apparition de nouvelles dégradations.

Nous avons conscience que la relance économique en République centrafricaine est un pari, car les besoins de financement ont été estimés à environ 3 milliards de Dollars américains pour les 5 prochaines années dont 1,6 milliards, pour les 3 premières années, auxquels viennent s’ajouter les coûts des urgences diverses. La prochaine table ronde est un événement très important et attendu par le peuple centrafricain pour sortir de la crise actuelle.

C’est pour cela qu’en plus des efforts déjà déployés par la BAD en faveur de la RCA, Je sais aussi compter sur la facilité d’appui à la transition -FAT-, important instrument de financement développé et mis en place par le Groupe de la Banque africaine de développement, pour appuyer les Etats en situation de fragilité tel que le nôtre. J’exhorte par ailleurs, les autres pays et partenaires au développement encore indécis à se joindre à ceux qui se sont déjà engagés pour qu’ensemble, nous réalisons les aspirations profondes du peuple centrafricain, et j’ose espérer que notre appel sera entendu.

Pour clore mon propos, je salue et félicite le choix de cinq grandes priorités de la Banque qui confortent bien le programme d’assistance aux pays membres, à savoir :

  • Éclairer l'Afrique et l’alimenter en énergie,
  • Nourrir l'Afrique,
  • Intégrer l'Afrique,
  • Industrialiser l'Afrique,
  • Améliorer la qualité de vie des Africains.

 

Je tiens aussi à remercier tout particulièrement notre partenaire, la BAD pour son appui multiforme au développement socio-économique de mon pays et qui est toujours prompt à faire plus pour améliorer les conditions de vie du peuple centrafricain. Qu’elle soit rassurée que les efforts consentis ne resteront pas vains.
Vive la coopération internationale,
Vive la coopération avec la banque africaine de développement.

Je vous remercie de votre aimable attention.

Le 7 novembre 2016 Abidjan capitale de la Côte d'Ivoire