Centrafrique : Ultime appel au président Touadera

Par Isidore Dekofio , un indigné 

Monsieur le Président,

Je me permets cet ultime appel à votre conscience, à votre patriotisme, à votre sens du devoir et des responsabilités, pour vous exhorter à lire ce qui suit et vous faire enfin violence, en tant que clef de voûte des institutions centrafricaines, pour agir ici et maintenant dans l’intérêt exclusif du peuple de Centrafrique et pour la préservation de la République en grand danger.

C’est aussi le lieu, avant d’aller plus en avant, de vous inviter à lire ce qui suit :

"C'est une lutte pour le pouvoir, pas une lutte pour une idéologie".

"Depuis l'indépendance, on est dans un contexte de mauvaise gouvernance, de pseudo-démocratie sans réel état de droit avec des partis politiques ancrés sur la recherche du pouvoir plutôt que sur des idées".

L’absence d’une volonté politique reflète la situation catastrophique du pays. "Pauvreté, inégalités, manque d’accès aux soins, à l’éducation, aux services de base. Ça va de mal en pis."

"Je ne crois pas à la partition du pays. Les Centrafricains forment un peuple uni, pacifique. Le processus de paix sera compliqué, mais si on trouve les dirigeants politiques qui ont la volonté d'arrêter les seigneurs de guerre et remettre le pays en marche, l’avenir peut être meilleur".

Caroline Vuillemin, directrice de la Fondation Hirondelle. L'ONG suisse est présente en Centrafrique depuis 18 ans.

Monsieur le Président,

Vous semblez être la personne la mieux informé du pays, donc vous ne pouvez ignorer ce qui précède.

Madame Caroline Vuillemin dresse un constat sans réserve de la situation que vous avez trouvé, certes en accédant aux responsabilités de l’Etat que vous assumez désormais depuis un peu plus de deux années aujourd’hui.

Les Centrafricains commencent à vous présenter la facture de l’incurie et des errements de votre pouvoir. Chaque fois que vous vous présenterez en public, vos compatriotes vous feront essuyer la réprobation de la face hideuse de votre exercice politique.

Votre "bel accueil" à Fatima et aux Castors devrait plutôt vous résoudre à une introspection sincère devant vous conduire à rechercher auprès de ce peuple souverain, votre rémission de tous les péchés que vous portez et incarnez, qui se nomment :

  • Insécurité généralisée,
  • Corruption endémique,
  • Népotisme systémique,
  • Tribalisme viscéral,
  • Trahison du sermon.

 

Monsieur le Président,

Vous avez probablement déjà tout entendu mais pas tout vu du Centrafrique. J'ai crainte que votre autisme manifeste ne parvienne à masquer la part sombre des effets de votre incurie à la tête de l’Etat depuis deux ans.

Je ne sais pas si après tous ces morts et mutilés, la démission de votre pouvoir face à vos prérogatives constitutionnelles, il vous soit encore possible de redresser la barre ? La spirale de vos propres turpitudes menaçant chaque jour de vous emporter avec votre cohorte d’obligés dans les combles de l’histoire, j’ose croire en un ultime sursaut d’orgueil du Mathématicien que vous êtes.

J’ose croire, parce que républicain, qu’il vous est encore possible de mettre le Centrafricain sans exclusive, au cœur de toutes vos actions.

J’ose croire que vous saurez comprendre que vos obligés vous confortent dans un exercice de pouvoir hors-sol et particulièrement éloigné du peuple qui vous a élu, que vous saurez analyser la défiance qui gagne ce peuple souverain qui vous l’a exprimé à Fatima et aux Castors et agir en responsable politique et souverain par délégation.

J’ose croire enfin monsieur le président que vous vous ferez violence pour renoncer à votre trajectoire funeste et que vous allez surprendre le monde qui constate, avec les injures et quolibets justifiés que vous recevez de votre peuple, la défiance qui s’organise et s’installe à chacune de vos apparitions publiques, que vous saurez abonder sans faiblesse les actions suivantes :

  • Démettre votre gouvernement,
  • Dissoudre l’Assemblée nationale,
  • Convoquer une constituante,
  • Nommer un gouvernement provisoire plénipotentiaire.

 

Ces actions de salut public auront le mérite de redonner la parole au peuple pour qu’il se définisse un nouveau destin. Elles seront l’occasion de revisiter les fondements de la République pour organiser une gouvernance véritablement démocratique et asseoir des institutions qui assureront la sécurité et la prospérité des populations. Elles seront le lieu pour impulser une nouvelle dynamique à une République juste, impartiale et proche des citoyens, qui sous votre magistère se désagrège inexorablement.

Monsieur le Président,

Voilà en substance, ce que je me permets de vous exprimer à travers cet ultime appel, un appel qui vient après moult amères désillusions et déceptions consécutives à votre évanescence politique. Je vous exhorte à amorcer le temps de l’action, action non pas pour votre prestige et votre camorra mais bien pour sauver les Centrafricains et la République.

Sinon arrivera le temps ou même ceux qui se réclament de vous, à l’unisson avec le peuple, qui agneaux aujourd’hui se dresseront, sans relâche pour devenir des lions….

Que ceux qui ont des oreilles, entendent.

Un indigné -  Isidore Dékofio

Le 12 mai 2018