Centrafrique : Au suivant par Guy-José Kossa

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Si "Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite" ainsi que le prétendait l’écrivain, philosophe et homme politique Joseph de Maistre, auteur de cet axiome sans doute très sévère, c’est encore et surtout un constat plus accablant et bien triste, que relève cet éditorialiste de la presse internationale, qui écrit à propos des dirigeants centrafricains :

"Les peuples, vous le savez, retiennent, en général, au moins une politique, des réalisations, bref, quelque chose de marquant, de chacun de leurs dirigeants. Le sentiment que laissent la plupart des 6 ou 8 dirigeants qui se sont succédé à la tête de ce pays depuis l’indépendance est réellement affligeant… Au total, ce peuple n’a fait que subir des dirigeants qui lui ont, en définitive, peu apporté."

On aurait tant aimé que les faits se chargent au quotidien, de démentir une affirmation aussi désolante, peu flatteuse et réductrice pour notre peuple et ses dirigeants. Mais dommage. Chaque jour au contraire, l’actualité de notre pays, oblige chacun des centrafricains à en prendre pour son grade. Tout porte à croire, que l’amour de la patrie, le sens de l’honneur et la promotion des vertus républicaines, ne sont, n’ont jamais été les principales motivations de tous ceux qui arrivent au pouvoir.

Tenez !

Alors que certains centrafricains se désolent et se démêlent avec l’intrigue du faux passeport diplomatique centrafricain attribué par les plus hautes autorités du pays à l’allemand Boris Becker, le ministre conseiller spécial du président de la République, Fidèle Gouandjika, du haut de sa toute-puissance auto-proclamée, décrète stupidement, je cite :

"Cette affaire n'est plus à la une. Arrêtez d'ergoter. Au suivant !"

Dans d’autres circonstances, on aurait pu rire simplement d’une sortie si pitoyable, tout en couardise et lâcheté. Ou à la limite, on se serait fendu d’une brève sentence : pas besoin d’être intelligent pour dire des conneries et des sottises !

Mais le Beckergate que certains défenseurs mal inspirés du pouvoir, tentent méthodiquement et sans succès de minimiser, sous prétexte qu’il s’agirait là d’une pratique répréhensible certes, mais connue et bien établie, qui plus est, ne serait nullement le fait du seul régime actuel, le Beckergate dis-je, revêt cependant un caractère exceptionnellement grave, au moins pour trois raisons :

1- La personnalité du bénéficiaire de cette "faveur" diplomatique, le sulfureux Boris Becker et ses démêlés avec la justice britannique,
2- Les mentions constantes et troublantes du nom du chef de l’État Faustin-Archange Touadera, dont les rapports personnels avec Becker semblent ne souffrir d’aucun démenti officiel convaincant à ce jour, et compromettent toutes les possibilités d’une action en justice de la RCA,
3- La médiatisation internationale du Beckergate, qui vient en rajouter au manque de respectabilité dont souffre la RCA, et jette définitivement un discrédit sur les autorités centrafricaines qui n’avaient pas besoin de cette sale passe dont on ne sait par quel bout elles s’en tireront aussi facilement qu’elles espèrent.

Et quand Fidèle Gouandjika ose déclarer "cette affaire n'est plus à la une. Arrêtez d'ergoter", c’est bien tout le contraire et même plus, qu’il incite à faire. Que veut-il nous cacher et que craint-il ? La pilule ne passera pas aussi facilement. Et l’on sent bien à quel point le Beckergate révèle au grand jour toutes les pratiques nauséeuses du régime Touadera depuis plus de deux ans de pouvoir : mauvaise gouvernance, trafic d’influence, corruption, concussion, trafic de diamant, enrichissement illicite à grande échelle, promotion de l’immoralité, de l’incompétence et de l’inconscience professionnelle, abus de pouvoir, gabegie, tribalisme, népotisme, régionalisme, affairisme, clientélisme…tout ce qui concourt à avilir le peuple et à déshonorer la RCA.

Et dites chers compatriotes! Que pensez-vous quand Gouandjika crie "Au suivant !"

Mesurez-vous seulement ce que ces deux mots sous-entendent ? Entendez-vous au fait, tout ce qu’ils renferment de subtiles insolence, inconscience, indécence, impudence, arrogance, impertinence, que sais-je encore, vis -à-vis du peuple centrafricain ?

On peut massacrer à Fatma une fois : au suivant !
Massacrer une deuxième fois encore et toujours à Fatima : au suivant !
On tue, on viole, on vole sans arrêt à Bambari, Paoua, Kaga Bandoro, Bozoum, Kembé etc : au suivant !
Des chefs de gangs occupent les 3/4 du territoire qu’ils rançonnent, et imposent aux populations leurs lois de terreur : au suivant !
Des bandits prennent en otage le Km5 et se décident d’étendre leur influence néfaste sur tous les quartiers alentours, au nez et à la barbe des autorités de Bangui et de la MINUSCA : au suivant !

Au suivant !

Qu’importe le sort du peuple dès lors que tous les Gouandjika au pouvoir n’en auront rien à cirer, n’auront rien à craindre : au suivant !
On peut délivrer des milliers de passeports diplomatiques centrafricains à des milliers de Boris Becker : au suivant !
On peut sans cesse faire étalage de ses richesses aux origines douteuses, construire des palais ici, ériger des châteaux là, garnir jusqu’à la nausée ses comptes en banque à travers le monde, avec l ’argent du sang des centrafricains et sur le dos du peuple condamné à se satisfaire du plus avilissant des dénuements : au suivant !

Au suivant !

Et Gouandjika continue ainsi de se moquer du monde. Plus encore, des chefs d’État qu’il estime faire et défaire à sa guise.
André Kolingba s’accommode du serviteur ingrat, et lui par contre le remercie en disant : au suivant !
Ange Félix Patassé fait de Gouandjika son ministre et quand il tombe : au suivant !
François Bozizé à son tour accorde sa confiance au traitre qui finit par le trahir : au suivant !
La transition s’installe, le temps pour Gouandjika de transiter et d’errer comme une âme en peine : au suivant !
Faustin-Archange Touadera arrive au pouvoir. Gouandjika jubile et proclame haut et fort sur tous les toits : "c’est moi qui ai frabriqué FAT . Sans moi il serait resté pauvre professeur à l'université de Bangui. Il me doit tout". Pour une fois Gouandjika dit vrai. A voir la qualité du " produit" de sa fabrication, estampillé "Made in Boy Rabé F.G", on ne peut en douter. Cela dit, il n’est point besoin d’être un génie, pour conclure que Touadera connaîtra sans doute le même sort qu’ont connu ses prédécesseurs qui ont cru devoir s’acoquiner avec l’inusable pervers Gouandjika, le Raspoutine centrafricain.

Comment un seul homme peut ainsi avoir servi et réussi à rouler dans la farine tour à tour, Kolingba, Patassé , Bozizé et bientôt Touadera? Toujours avec le même bonheur cynique et un cynisme aussi impudique.

Au suivant !

Deux mots, mais une argutie, une idiotie signée Fidèle Gouandjika dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est un plaisantin irresponsable et inconscient, qui ne mériterait pas qu’on s'occupe de lui et qu'on lui réponde. Une façon de voir qui se défend d’elle-même.

Mais doit on accepter indéfiniment le fait que Gouandjika s’est mille fois trompé, a trompé et voué sa vie de jeune, d’adulte et bientôt de vieillard, à tromper, à se moquer des centrafricains, et que pour autant il devrait bénéficier de tous les droits, se permettre n’importe quoi, n’importe où et n’importe quand, au point de penser qu’il a raison contre tous et tout le temps ?

Devrions-nous comprendre que parce qu’il a choisi d’être un bêtisier de la pire espèce, qu’une telle réputation devrait conférer à Gouandjika, l’honneur, la noblesse et la respectabilité qu’il est loin de mériter ?

Devrions-nous encore continuer de subir en toute lâcheté, les agissements de ce malheureux serviteur de l’État qui a trouvé moyen de compenser en stupidité consciencieuse ce qui lui manque en intelligence et morale humaines ?

Qu’on se le dise ! Il y’a des limites à tout et "la stupidité humaine n'a de limites que celles que l'on veut bien lui donner". Cela étant, Il y’a des moments où les autres finalement, devraient aussi apprendre à se défaire de toutes considérations personnelles liées à l’honorabilité, à la morale et à la pudeur, afin d’oser descendre dans la boue puante où se noient ceux qui s’y complaisent. Pas tant pour tenter l’impossible et vaine mission de sauver ces âmes perdues, mais plutôt les enfoncer encore profondément, et les obliger à se gaver de leurs propres honteuses déjections "jusqu’à ce que mort s’en suive".

Au suivant !

Et comme à leur habitude, certains inconditionnels de Gouandjika et du régime, trouveront que seules la haine et la jalousie, peuvent justifier que l’on puisse indexer les cancres et les margoulins dont l’évocation des seuls noms pourtant, suffit à renvoyer quiconque à une vision folklorique sinon au fantasque de leurs comportements. Si ce n’est pire.

Je n’ai nullement envie de me laisser distraire et l’on pourra toujours penser et dire ce que l’on veut.

En attendant, les jaloux, les haineux, les grincheux, les aigris, les demandeurs d’emploi, les éternels opposants vous disent : parce que nous sommes une part de la Centrafrique, nous n’avons pas vocation à nous taire, à garder un silence complice, à laisser le pays se couvrir en tout temps, de toutes sortes d’humiliations et de déshonneur dont ses autorités dirigeantes se couvrent en permanence.

A l’instar du présent cas de l’ancienne star Boum Boum Boris Becker.

GJK Guy-José Kossa 

Le 25 juin 2018

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