Livre : les forces spéciales, l'avenir de la guerre ? d' Eric Denecé

                                                            Synthèse de l'ouvrage : 

Description des forces spécialesDenece

A-historique des forces spéciales   

Dans "Les trois royaumes" ou  "l’Art de la guerre", Sun Tsu explique qu’il faut soumettre l’adversaire par une combinaison de ruse, de surprise et de démoralisation ; d’où l’importance de la guerre psychologique et des opérations spéciales, afin de susciter le désordre, la discorde et la confusion chez l’ennemi. La question d’engager des forces, à caractère "spécial", s’est donc posée très tôt sans pour autant être formalisée.   

Certains historiens de l’Antiquité ont décrit, parfois en détail, le recours aux stratagèmes ou à la "petite guerre". La stratégie byzantine reposait ainsi sur une diplomatie habile et sur des actions secrètes élaborées, fondées sur une pratique assidue du renseignement et des opérations spéciales. La prise de la ville de Troie par les Grecs est un exemple caractéristique des ruses et de l’utilisation de petites unités aguerries qui sont utilisées dans les conflits. Cette "petite guerre" fut également largement pratiquée pendant tout le moyen âge. Mais il semble qu’il faille attendre le déclenchement de la Première guerre mondiale et le blocage de la situation sur le front français pour que la pratique des opérations spéciales trouve un certain intérêt aux yeux des états-majors européens.   

Dans tous les cas, le principe des opérations spéciales a consisté à déployer efficacement une force modeste, mais très entraînée. Il était alors primordial de déceler et d’atteindre le "talon d’Achille" de l’ennemi. 

B- état des forces spéciales par pays .  

De nombreux pays développèrent des unités de forces spéciales - comme l’Allemagne, l’Italie, Chine ou Israël-, mais aujourd’hui seuls trois pays au monde disposent d’un outil cohérent et d’une expérience significative des opérations spéciales : les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France. Les Russes en furent longtemps capables, mais ils sembleraient ne plus l’être.

 1- les forces spéciales soviétiques   

Les soviétiques eurent très tôt recours à des unités particulières, dont les origines et les concepts d’emploi étaient antérieurs à ceux de leurs homologues britanniques. Ils les employèrent dès le milieu des années 1930, avant de les engager, sur une plus vaste échelle, au cours de la " grande guerre patriotique", puis pendant la guerre froide. A la fin des années 40, l’état-major soviétique créa les Spetnaz qui avaient pour mission de conduire les opérations de reconnaissance, de sabotage, de déception et de neutralisation destinées à affaiblir les moyens et la volonté de résistance adverses. On y trouvait les unités combattantes, les équipes de sportifs professionnels et les réseaux d’agents clandestins. Ils vécurent leurs heures de gloire dans la préparation de l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968, mais leur plus grande efficacité fut dans l’imaginaire collectif occidental. Les actions clandestines furent l’apanage du KGB, avec lequel le service secret soviétique développa notamment son expertise dans le domaine du soutien aux mouvements terroristes et révolutionnaires du tiers-monde, déterminés à attenter aux intérêts occidentaux. 

2 - les forces spéciales britanniques   

En raison de leur situation insulaire, les Britanniques ont toujours cultivé une approche originale des conflits, privilégiant largement la stratégie indirecte et ses méthodes non orthodoxes. Logiquement, ils ont été parmi les premiers au monde à intégrer les forces spéciales dans leur dispositif militaire, ce en quoi Winston Churchill apporta dès la genèse son plein soutien, estimant que ce mode d’action convenait parfaitement à la mentalité britannique. Fut alors créé le Special Operations Executive -SOE-, qui lui-même permis l’éclosion de nombreuses autres unités spéciales -dont par exemple les fameux SAS 1 et SBS 2-.   

Suite à la campagne britannique en Malaisie dans les années 50, sous l’impulsion de David Stirling 3, deux types de missions sont définies et susceptibles d’être effectuées derrière les lignes ennemies : - des incursions profondes de longue durée - élimination des personnalités politiques ou militaires majeures des pays ennemis ou conduite de sabotages sur des cibles invulnérables aux attaques aériennes- des infiltrations de courte durée -reconnaissances tactiques spécifiques et des actions de destruction-.    Il fut alors décidé que le premier type de missions serait confié aux SAS et aux SBS, le  second aux forces conventionnelles. Une claire distinction fut ainsi effectuée entre les actions à vocation stratégique  et les actions de reconnaissance tactique -Royal Marines Commandos et au Parachut Regiment- au profit de la manœuvre d’une grande unité en opération. L’action purement clandestine, à vocation politique, restant la fonction du MI6.    

La forte compétence dans le domaine de l’anti terrorisme des forces spéciales britanniques engrangées dans sa lutte contre l’IRA a cependant entrainé des dérives sur le plan du comportement et de la liberté prise dans les modes d’action. C’est pourquoi, des Malouines à l’Afghanistan -en passant par l’Irak-, les forces spéciales britanniques se recentrèrent sur leur vocation militaire.                  

1 --- 21st et 22nd Special Air Service

2 --- Special Boat Service

3 --- Officier de la LayForce au moyen Orient en 1941, il écrivit un document jetant les bases des SAS.

3- les forces spéciales américaines   

Les forces spéciales américaines furent, à l’origine, quasi exclusivement d’inspiration   britannique : OSS/SO4 copié sur les SOE et Rangers et Raiders créés sur le modèle des commandos. Les Operational Groups -OG : 4 OFF et 30 paras- le composaient et leurs vocation étaient les actions stratégiques dans la profondeur. L’OSS développa également les Jedburgs -commandos interalliés- ainsi que les actions de guerre psychologique et la propagande noire. L’OSS fut dissout après la guerre.   

La guerre froide vit la naissance de la CIA 5 et l’avènement des opérations "clandestines politicomilitaires", en particulier sous l’ère Kennedy.  Les américains ont ainsi rapidement cherché à disposer d’une palette complète des moyens d’action et ont accordé aux opérations spéciales des budgets considérables. Toutefois, l’importance qui leur fut accordée tout au long de la guerre froide déboucha sur d’inévitables dérapages ainsi que sur une rivalité entre la CIA et le Pentagone. Ainsi, jusqu’au début des années 80, une nette confusion des genres entre les actions clandestines et les opérations spéciales s’est produite 6.    

La réforme, promue par Ronald Reagan, redéfinissant les attributions de chacun, consista dans la définition de la doctrine Special Operations/Low Intensity Conflict -SO/LIC-. Cette doctrine décrit les opérations spéciales comme "des opérations conduites par des forces militaires ou paramilitaires, spécialement entraînées et équipées, contre des cibles tactiques ou stratégiques, dans le cadre de la conduite de la politique américaine, afin d’atteindre des objectifs militaires, politiques, économiques ou psychologiques, à l’aide de moyens non-conventionnels dans des zones hostiles ou sensibles. Les USA se dotèrent alors de special forces groups -Seals et Rangers-.

En 1987 fut créé l’USSOCOM, avec quatre grands subordonnés adaptés, terre, air, mer et le Joint Special Operations Command -JSOC-, la plus secrète des unités. La CIA possédant, elle, toujours sa propre unité : Special Operation Group -SOP-, et l’USMC développant, lui, le concept de Expeditionary unit/special operation capable -MEU/SOC-.

 4 --- Office of Strategic Service/Special Operation branch.

5 --- Central Intelligence Agency, créée en 1947 par le National Security Act.

6 --- Le désastre de cette concurrence est le total échec du débarquement de la baie des cochons en Corée en 1962

4- les forces spéciales françaises   

La seconde Guerre mondiale 7, les luttes contre le mouvement Viêt-Minh en Indochine 8, de  1946 à 1954, puis contre le FLN algérien de 1954 à 1962, ainsi que les nombreuses crises africaines de la guerre froide, offrirent aux armées françaises l’occasion de mener victorieusement de nombreuses opérations spéciales. Elles y acquirent une expérience incomparable, malgré l’issue parfois défavorable des conflits dans lesquels elles furent engagées. Cependant, la fréquence des engagements extérieurs que connut la France la conduisit à multiplier les unités en fonction des impératifs du moment, sans que les états-majors se décident réellement à avoir une réflexion de fond sur le rôle des forces spéciales et leur place dans l’appareil militaire. Il en est résulté le développement de deux dispositifs distincts, relevant des armées et des services secrets, qui se virent confier, chacun, des opérations spéciales, clandestines et commandos, sans que la distinction entre les deux soit toujours clairement établie.   

En 1970, le colonel de Marolles fut appelé au SDECE par Alexandre de Marenches, son directeur, pour développer l’action. Il fut véritablement le premier à réfléchir à une doctrine cohérente d’actions spéciales. Il créa un dispositif original réunissant, sous une même direction, les moyens clandestins et les forces spéciales et en fit un instrument d’une redoutable efficacité. Cette nouvelle conception de "service Action" resta longtemps en vigueur. Selon lui, l’action spéciale occupait l’espace compris entre les opérations clandestines et l’action commando. Il n’était ainsi pas incompatible que les forces spéciales restent chargées des opérations commandos de nature stratégique. Cela leur permettait d’augmenter leur expérience et de se maintenir au meilleur niveau en multipliant les engagements opérationnels.   

Cette organisation a évolué avec la réforme de 1992 et la création du commandement des opérations spéciales -COS-. Sa mise en place a permis la définition d’une doctrine d’emploi cohérente, l’adoption de procédure et de directives d’entraînement communes et la mise en œuvre d’une politique d’équipement commune caractérisée par la recherche de l’interopérabilité et un souci d’économies de moyens. L’action clandestine n’est pas la fonction du COS.

 7 --- Le drame de l’invasion de leur territoire par l’Allemagne en 1940 – et le souci de le libérer – amena les Français à participer à de nombreuses opérations spéciales au sein d’unités nationales, indépendantes ou formées et soutenues par les Alliés, qui opérèrent brillamment en Europe, en Afrique et en Extrême-Orient. A l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, une partie des unités spéciales fut dissoute. Certaines donnèrent naissance aux troupes aéroportées, qui allaient reprendre les traditions commandos. D’autres – notamment les bataillons de Choc et les commandos-marine – furent conservés avec leur vocation non-conventionnelle.

8  --- A partir de 1945, la lutte contre-insurrectionnelle en Indochine obligea les militaires français sortant du conflit européen à s’adapter à une forme nouvelle de combat : la guerre révolutionnaire. Cela donna naissance aux groupes de commandos mixtes aéroportés (GCMA) dépendant des services secrets. 

 

II-  analyse des forces spéciales

A- distinction entre clandestinité et opérations spéciales   

Forces et opérations spéciales occupent une position intermédiaire dans la panoplie des moyens d’action d’un Etat entre l’action clandestine et l’engagement conventionnel limité.    Une opération spéciale est une action militaire de guerre non-conventionnelle. Les unités alors utilisées sont "spéciales" -au regard du reste de l’institution militaire - et secrètes -protection des individus et de la nature de leurs activités-. Mais les forces spéciales sont des unités militaires, soumises à un commandement militaire. Au regard de l’histoire, les opérations spéciales se caractérisent très clairement par six critères significatifs :

- la recherche d’un effet décisif

- le caractère hautement périlleux des missions

- le volume réduit de forces engagées

- leur mode d’action non conventionnel

- la maîtrise de la violence

- la confidentialité entourant les unités et les personnels.

Les services secrets, eux, sont là pour mener des opérations qui, si elles échouent, ne doivent pas compromettre l’Etat commanditaire. Ils offrent l’immense avantage de pouvoir "mettre en œuvre des moyens détournés et insidieux, hors de toute juridiction internationale, que des organismes officiels ne sauraient faire leurs, sans provoquer immédiatement de très graves conflits". Le plus souvent, seuls le contexte et la finalité de l’action – politique ou militaire – permettent d’en déterminer l’opérateur. Ce qui est sûr c’est que l’action clandestine se situe uniquement au niveau stratégique, alors que celle des forces spéciales peut se situer à ce même niveau, comme aux niveaux opératif ou tactique.

B- différences de conception sur les forces spéciales   

Les unités "action" de la DGSE sont les seules forces spéciales françaises, au sens propre du terme, capables de mener des opérations secrètes et clandestines. Elles sont en tous points comparables à celles des unités spéciales britanniques mais le "SA" étant probablement le plus "pointu" en matière d’acquisition clandestine pure. Seule différence, le SAS garde encore des missions militaires qui sont en France du ressort du COS -ex : guerre des Malouines, guerre du golfe-.   

Cinq éléments apparaissent comme de véritables facteurs clés de succès pour les SAS: la sélection et la gestion des hommes, une organisation privilégiant la polyvalence, la recherche permanente de nouveaux moyens d’action, l’analyse systématique des opérations conduites et la communication d’influence effectuée par le Régiment.     Si on s’intéresse à ce qui guide l’action des forces spéciales, Il se dégage les principes généraux suivants relatifs à leur engagement -de tout type- :

- actions contre des objectifs à  haute valeur stratégique

- commandement au plus haut niveau

- accès aux informations les plus secrètes

- usage de directives d’action - le triptyque sûreté/sécurité/secret   

En matière d’organisation, deux possibilités existent, qui ne présentent pas les mêmes avantages :

- la première correspond à la conception qui a prévalu tout au long des années 70 en France et demeure en vigueur au Royaume-Uni. Les forces spéciales, relevant des forces armées, sont régulièrement utilisées au plus haut niveau stratégique, aussi bien au profit de l’état-major que des services secrets, qui ne développent pas de compétences propres en la matière. Elle présente l’avantage de ne pas entraîner de doublons en terme de moyens et d’offrir de nombreuses occasions d’engagement des forces spéciales ;

- le seconde est celle qui est actuellement en vigueur aux Etats-Unis et qui a été reproduite en France avec la création du COS. Elle différencie les opérations spéciales au profit des forces de celles conduites en soutien des actions clandestines. Cette organisation conduit, tôt ou tard, à des doublons au sein des structures. (En effet, les forces spéciales des armées ressentent le besoin de préparer leur action sur le terrain par une infrastructure clandestine et les services secrets de disposer de leurs propres forces spéciales pour prolonger une partie de leurs opérations clandestines-.

 III- forces spéciales : avenir de la guerre ?

A- adaptation optimale aux nouvelles menaces   

Les unités spéciales sont l’outil idéal pour le type de guerres menées aujourd’hui et probablement demain, chaotique et diffuse, sans front ni zone arrière. Elles sont particulièrement prédisposées au combat décentralisé et à l’utilisation de nouvelles technologies. En outre la haute qualification et les qualités individuelles des personnels qui les composent seront essentielles, en particulier leurs compétences en matière de langues étrangères, de connaissances culturelles, de maturité et de faculté d’adaptation.

B- adaptation au contexte   

Les forces spéciales sont un outil indispensable à l’action d’un Etat moderne. Nier leur importance revient à se priver d’un moyen d’action efficace, flexible, parfaitement adapté aux crises actuelles. La qualité devant impérativement l’emporter sur la quantité, les forces spéciales ne doivent jamais être nombreuses. En revanche, quelle que soit leur efficacité, les unités permettent rarement, à elles seules, de résoudre un conflit.

3/ Analyse et avis 

Publié en 2002, l'ouvrage de Denecé décrit la situation et les perspectives des forces spéciales au lendemain du 11 septembre 2001. L’évolution des actions militaires lui donne raison et accentue même le développement des unités imaginé dans ses conclusions. Les actions américaines et anglaises en Irak et de la coalition en Afghanistan, comme les orientations stratégiques données dans le Livre Blanc par le président Sarkozy, le confirment. La tentation du "tout forces spéciales" est grande. Les forces spéciales ne sont cependant pas l’avenir de la guerre mais elles sont devenues un moyen d’agir dont on ne peut pas faire l’économie. Certes, les forces spéciales semblent être l’outil le plus adapté à l’évolution des conflits et des crises modernes. Cependant la France, pourtant dotée d’une des plus grandes expériences en la matière, doit aller au bout dans la réforme sur la répartition des missions, et surtout l’emploi des forces spéciales n’est qu’une partie de la solution qui ne doit pas obérer le développement des forces conventionnelles.

I-Parfaite adaptation des forces spéciales au contexte actuel

Le besoin d’agir des nations en dehors du cadre légal international -résolutions de l’ONU- est aussi un fait indéniable. Par conséquent les forces spéciales, comme les actions clandestines, trouvent toute leur essence. De surcroît, les pays engagés dans la lutte contre le terrorisme -FIA, Al Qaida- et la contre-guérilla -FARQ, Talibans, mouvements islamistes radicaux-, elles présentent toutes les caractéristiques pour mener de tels combats, ou tout au moins en assurer le leadership. De plus, à l’heure où "la guerre ne se déclare plus", où les nations mènent des actions de guerre au milieu des crises, les forces spéciales trouvent parfaitement leur place dans ce contexte. Enfin, par l’influence exercée par les Spetnaz et les unités américaines comme les Navy Seals, il s’avère nécessaire et surtout très efficace, en particulier dans notre société de l’ultracommunication, de médiatiser les forces spéciales en raison de l’impact psychologique qu’elles exercent dans l’imaginaire collectif. Les forces spéciales deviennent alors à la fois un moyen d’agir dans la profondeur de façon non-conventionnelle mais aussi un outil de dissuasion. 

II-  Le cas particulier de la France

Aujourd’hui encore l’inventaire des forces françaises aptes à conduire des missions spéciales fait apparaître une panoplie d’unités nombreuses et un dispositif complexe, caractérisé par la redondance des unités. Les unités affectées à la DGSE ont été laissées de côté lors de la réforme de 1992, alors qu’une grande partie de leurs missions, de leur savoir-faire et de leur équipement relève souvent plus du domaine des opérations spéciales que de l’action clandestine. En outre, le COS est en concurrence avec les autres autorités opérationnelles, il dépend trop des états-majors des trois armées, la diversité des unités qui le compose fait qu’il manque de cohésion et ses attributions dépassent le cadre normalement dévolu aux opérations spéciales. Des rivalités existent donc dans le champ des opérations spéciales et le positionnement des forces spéciales est difficile en raison des traditions dont ont hérité de nombreuses unités de l’armée française. 

III- Les limites à l’usage des forces spéciales

Face à l’opinion internationale, il est aujourd’hui souvent nécessaire d’agir de façon très visible, car l’engagement d’unités militaires revêt un caractère politique très fort. Ce fut par exemple le cas de l’intervention de l’UE à l’Est-Tchad/Darfour. Par conséquent, seules des unités conventionnelles peuvent être engagées en raison des impératifs de discrétion de règle au sein des forces spéciales. 

Un aspect fondamental à toute intervention armée est l’occupation du terrain durant et surtout après la phase d’intervention. Les forces spéciales, en raison de la nécessité de conserver des unités petites, n’est pas non plus en mesure de la faire.  Enfin, la dissuasion nucléaire d’hier a aujourd’hui trouvé ses limites dans les combats asymétriques ou dissymétriques menés aujourd’hui et probablement demain. Il existe ainsi une véritable doctrine de dissuasion par les forces conventionnelles, avec la capacité pour un Etat d’engager un volume de force significatif, équipé et entraîné dans une opération militaire.

En conclusion, les forces spéciales occupent aujourd’hui, et sûrement dans un avenir proche, une place décisive dans les opérations et dans l’outil politico-militaire d’un pays. Mais l’accent mis dans leur développement ne doit pas obérer l’évolution des forces conventionnelles, elles aussi vitales. En outre, une claire distinction doit être faite sur le plan doctrinal entre opérations spéciales et actions clandestines, de manière à trancher nettement dans la répartition des missions et ainsi se doter des structures les plus adaptées. Cela permettra à la France, pays en pointe dans ce domaine, de se doter d’un outil mettant le plus à profit sa riche expérience.

Le 31 août 2017