La crise énergétique de l'été 2008: le pays paralysé à cause d'une simple panne de Boali 2.

Par Thierry Simbi   - pour ceux qui ne sont pas connectés à une page facebook

A Bangui, la demande d'électricité (40 MW) est en constante hausse à cause de l’augmentation de la population et des activités industrielles et commerciales tandis que l’offre stagne (18,75 MW). C’est pourquoi l’ENERCA est obligée d’imposer la rationalisation de la fourniture de l’électricité à travers le délestage. Boali 1 (construite en 1954) dispose de 8,75 MW de puissance installée (5 turbines de 1,75 MW chacune) et Boali 2, construite en 1976 dispose de 10 MW de capacité (2 turbines de 5 MW chacune).

Le barrage sur la M’bali (Boali 3) sert pour le moment seulement à réguler le débit pendant les périodes d’étiage. Suite à un coup de foudre dans la nuit du 23 au 24 juin 2008, Boali 2 tombe en panne et ses deux turbines sont à l'arrêt. On passe de 18,75 mégawatts de production disponible à seulement 8,75 mégawatts alors qu’il faudrait 40 mégawatts pour alimenter correctement la capitale. Toute la production d'électricité de Bangui ne repose plus que sur la centrale de Boali-1, la plus ancienne et la plus vétuste. Plusieurs quartiers de la capitale demeurent plusieurs jours et nuits durant sans électricité, ce qui occasionne d'énormes difficultés. Les gens ne peuvent plus charger leur téléphone portable ni même avoir de l'eau potable car l'alimentation en eau est également interrompue lorsqu'il n'y a plus de courant. Il faut parfois habiter dans un quartier où réside également un dignitaire du régime ou un ministre pour avoir du courant. Même l’aéroport n’est pas épargné, les voyageurs effectuant leurs formalités d’embarquement dans le noir.

En Juillet 2008, la polémique gagne du terrain tandis que les effets des coupures peuvent prendre des tournures dramatiques dans les hôpitaux qui enregistrent de nombreux décès. Les techniciens de l'ENERCA s'activent pour tenter de réparer ce qui peut l'être au niveau de Boali 2. Bozizé menace de limoger la direction de l'ENERCA (Samuel Tozoui et Elisabeth Kofio) si la crise n'est pas réglée rapidement tandis que Ndoutingaï le Ministre d'État aux Mines, à l'Énergie et à l'Hydraulique se mure dans le silence.

Pourtant en 2007, l’Etat centrafricain sommé par les bailleurs de fonds internationaux de payer ses factures aux opérateurs publics avait débloqué un milliard de Fcfa des caisses du Trésor Public. Le Ministre d'État aux Mines, à l'Énergie et à l'Hydraulique s’était engagé à utiliser ce milliard pour acheter plusieurs générateurs de back up en cas de panne totale des turbines. Mais, ces fonds ne furent jamais utilisés à cet effet et l’on en entendit plus parler... Il faut par ailleurs noter que régulièrement un proche du Président pointait au bureau du DG de l’ENERCA d’où il ressortait quelques instants plus tard avec le quota des recettes hebdomadaires de la société. Il n’est pas compliqué de comprendre que dans ces conditions l’ENERCA n’a jamais réussi à mettre en place un seul budget de fonctionnement et encore moins un budget d’investissement pour parer à la situation dramatique de l’été 2008.

Finalement, le 4 août, le DG de l’ENERCA M Samuel Tozoui, annonce la réhabilitation de Boali II et la fin des coupures intempestives de courant due à des pannes intervenues sur les centrales hydroélectriques de la société.

Le 15 août, 10 techniciens chinois arrivent à Bangui à la demande pressante des autorités centrafricaines pour aider l’ENERCA, la société nationale de production et de distribution d’électricité, à mettre en œuvre son projet d’installation des deux turbines de l’usine de Boali III, projet que dont on attend encore aujourd’hui la réalisation.

Le 25 juillet 2017Capture 1