Novembre 1977 - Novembre 2017 : extraits du livre

Voilà 40 années déjà que moi Fidele Gouandjika étais obligé un soir du 30 novembre 1977 de quitter ma très chère République de Boyrabe enclavée dans un empire naissant pour un exil de sept ans chez le camarade Ceausescu Nicolae qui m'a accepté afin de permettre le sacre de l'empereur Bokassa 1er initialement prévu pour le 1er décembre 1977 et reporté quatre jours plus tard à cause de moi...

À la question du jeune leader de l'opposition en ligne Monsieur Celse Serge, président de Génération Douée et probable futur candidat à l'élection suprême de 2021 de savoir ce que j'ai fait pour la République Centre Africaine notre pays, je lui réponds en ces termes simples :

Je n'ai pas encore fait grand chose pour mon pays mais ce que j'ai essayé de faire pendant les quarante dernières années n'est pas négligeable de mon point de vue.

Tant qu'il y'a de la vie il y'a de l'espoir. À vous monsieur Celse et aux compatriotes qui allez lire ces quelques lignes de me juger...

En 1976 j'étais le seul jeune centrafricain à dire publiquement NON au dictateur Bokassa qui projeta de créer cette année là un empire dans un pays extrêmement pauvre en plein Afrique centrale.

J'exigeais le maintient de la république et la restauration de la démocratie confisquée depuis la nuit du Saint-Sylvestre 1966 afin de permettre l'égalité de chance d'accéder à la magistrature suprême de l'état et aux hautes fonctions dans l'administration centrafricaine à toutes les filles et à tous les fils de la Patrie.

J'ai contre toute attente proclamé publiquement l'indépendance de Boyrabe. Cela m'a valu quelques mois de prison au sous sol de l'immeuble colonial du Palais de la Renaissance qu'occupe actuellement la direction générale de presse présidentielle.

J'étais accusé d'avoir porté : atteinte à sureté intérieure et extérieure de l'Etat, et serais en intelligence avec des puissances étrangères.

Il n'y avait en ce moment aucun parti politique en Centrafrique sauf le MESAN parti État. Tout le monde avait une peur bleue de Bokassa et de sa milice puissamment armée et cruelle. J'étais de ce fait le premier centrafricain à réclamer publiquement la restauration de la démocratie et à exiger l'abandon du projet de l'Empire centrafricain. J'avais 21 ans et aujourd'hui je suis le même et avec les mêmes idées et mêmes tempéraments à 62 ans et 9 mois.

Le monde entier, même l'UDEAC m'a soutenu. Toutes les radios du monde au rang desquelles France Inter, la Voix de l'Amérique ne parlaient que de ma personne, mes idées révolutionnaires et comptaient les jours de ma détention.

Mon grand frère Clément, Paix à son âme, alors étudiant au Mali a été arrêté à sa descente d'avion et conduit dans la même prison que moi. Le handballeur Ngouguia alias pedro qui était mon grand ami et qui passait son bac au centre d'examen du lycée BB avait été arrêté et incarcéré aussi au Palais de la Renaissance et considéré comme complice. Les réfugiés érythréens et éthiopiens parmi les quels le petit fils de l'empereur Haïlé Sélassié 1er avaient aussi été arrêtés et incarcérés dans la même geôle que moi pour la même affaire en tant que complices étrangers.

Un des réfugiés éthiopiens, qui avait traité Bokassa d'ignorant des textes du HCR devant tous les membres du gouvernement pendant notre procès dans la salle du Conseil de la Révolution qui servait de salle Conseil des Ministres (actuel salle du cinéma du Palais) va être sauvagement tabassé jusqu'à la mort par des militaires masqués (abeilles) dans la geôle où nous étions enchaînés contre le mur.

Nous avions tous été libérés sous la pression des pays occidentaux dont une est une première puissance mondiale.

En première année de licence en math-physique à l'université de Bangui au courant du troisième trimestre de l'année 1977 j'ai été de nouveau interpelé et arrêté sous les ordres de Bokassa. J'ai été gardé à vue sans être enchaîné au commissariat du premier arrondissement sous la surveillance du commissaire Samba Malick le 20 novembre 1977 afin de ne pas perturber le couronnement de l'empereur de Centrafrique prévu initialement pour le premier décembre 1977.

Les USA, l'Allemagne et le Japon réagissent et exigent ma libération immédiate et sans condition aucune. le Vatican menace de boycotter le sacre. Plusieurs pays européens ont été sollicités pour m'accueillir. La France refuse de m'accorder une bourse sous prétexte que c'était trop tard et qu'il fallait attendre l'année scolaire 1978-1979 pour me trouver une place dans une université française.

Monsieur Henri-Pierre Assangou alors Directeur des Bourses me trouva le 28 novembre 1977 une bourse roumaine que l'étudiant Cyrille Kengueleoua bénéficiaire de ladite bourse avait refusée pour la simple raison qui souhaitait obtenir d'abord sa licence en mathématiques avant de poursuivre ses études à l'étranger.

Le Directeur Général de la police centrafricaine Monsieur Mossaba IV me sorta de la geôle m'amena à Pharmoptique pour me faire des photos d'identité minute (Polaroïd). Il me délivra un passeport le 29 novembre 1977 et me fait signer un document officiel (dérogation spéciale pour quitter le pays). Il est écrit dans ce fameux document que je suis libre, que je ne dois plus jamais offenser l'empereur en Centrafrique ni à l'étranger et je que dois renoncer définitivement à l'indépendance de Boyrabéet enfin me rendre obligatoirement à Berengo dans la matinée du 30 novembre 1977 pour faire allégeance à l'empereur, le remercier pour ma libération avant de quitter le pays le soir même du 30 novembre.

Je reçois du même Mossaba IV un billet d'avion d'air Afrique le 30 novembre 1977 à 18 heures. Et n'ai pas eu les moyens de transport pour me rendre à Berengo dans la matinée. Personne, ni mes parents me croient quand je leur parlais de mon départ pour la Roumanie. Quelques uns de mes élèves de karate et de vietvodao ainsi la seule et unique fille qui pouvait m'aimer (Paix à son âme) m'accompagnaient à pieds de Boyrabe jusqu'à l'aéroport de Bangui M'Poko.
Je prends l'avion (DC10 Air Afrique) à 23 h 30. J'arrive le 1er décembre 1977 à Paris à 6 h 45 le matin et dans l'après midi à Bucarest en plein hiver sans équipement adéquat.

Les journalistes français Elkabbach et Alain Duhamel qui ont évoqué mon arrestation lors de leurs interviews avec M. Bokassa vous en diront plus s'ils sont encore vivants. Bref

Après avoir fini mes études d'ingénieur en Roumanie, je me suis mis sans délai au service de mon pays: j'ai enseigné plus d'un millier d'élèves et étudiants au lycée Boganda, lycée des rapides, université de Bangui Fac des sciences en informatique, physique et propagation des ondes électromagnétiques y compris les arts martiaux.

Plusieurs de mes anciens élèves et étudiants sont aujourd'hui médecins, pilotes, enseignants, ingénieurs, professeurs, chercheurs, hommes et femmes d'affaires et travaillent actuellement en République Centrafricaine. D'autres travaillent dans des institutions financières internationales (Banque mondiale, FMI, Bad etc) beaucoup se trouvent aux USA, en France, en Afrique, partout dans le monde et se reconnaîtront.

Je garde jalousement les noms et prénoms de presque tous mes anciens élèves et étudiants.

Mon vœu le plus cher a été exhaussé lorsque qu'en 1993 soit après 27 ans de lutte notre pays va retrouver le chemin d'une véritable démocratie avec la brillante élection de l'ingénieur agronome Ange-Félix Patassé au second tour d'un scrutin démocratique, libre transparente et sans contestation aucune. L'espoir pour les filles et fils de Centrafrique pour briguer librement la magistrature suprême de l'état et d'occuper des hautes fonctions dans l'administration de leur pays était devenu une réalité mais hélas éphémère lorsque brutalement et de manière sauvage le boulevard de la démocratie va être drastiquement rétrécie pour très longtemps avec l'avènement des mutineries, le koudoufarisme de 1999, le coup d'état sanguinaire du mois de mais 2001 suivi des sanglantes représailles, les événements tragiques et malheureux d'octobre 2002 et le coup de grâce de mars 2003 avec son cortège de morts, l'apparition des mercenaires étrangers greffé de bandits de grands chemins sans oublier les effets néfastes et funestes des esclavagistes baniamoulengués de Bemba Saholona...

Je laisse les compatriotes apprécier positivement ou négativement mon parcours en tant que haut cadre de la Socatel pendant 17 ans, membre élu du premier haut conseil de la communication de la république en 1998, plusieurs fois candidats aux élections présidentielles, plusieurs fois Ministre depuis 2005 jusqu'aujourd'hui à savoir : Ministre des postes et télécoms et des nouvelles technologies, Ministre de la communication et de la réconciliation nationale (deux fois), Ministre de l'agriculture, Ministre Porte Parole du gouvernement, Ministre résident de la Nana Mambéré et Ministre Conseiller Spécial du Chef de l'état.

Je suis élevé à la dignité de grand officier dans l'ordre de la reconnaissance centrafricaine. Je suis marié avec une roumaine Docteur en science et Chercheur à l'Institut Pasteur de Bangui qui continue de beaucoup donner de sa vie et de ses connaissances pour sa seconde Patrie la RCA. De 1984 à 1986 elle a enseigné la chimie au lycée BB et aujourd'hui elle est enseignante en fac de médecine et encadre des thésards.

Madame mon épouse et moi continuons de contribuer pour la réduction de la pauvreté dans notre Patrie en embauchant une centaine de jeunes compatriotes et en construisant des buildings de prestiges chez nous en Centrafrique et nulle part ailleurs...

Extrait du livre sur ma biographie à paraître d'ici quelques mois.

Mise à jour du 15 novembre 2017 à 15 g

Fidele Gouandjika
Homme d'Etat.

Photo album Fidèle Gouandjika

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