Septembre - Octobre - Novembre 1976

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire

Chronologie de mon arrestation et de mon incarcération sur ordre du Président Jean Bedel Bokassa en 1976.

C'était un matin de septembre 1976, les élèves de terminale toute série confondue étaient entrain d'attendre l'affichage sur les murs du lycée Barthélemy Boganda des résultats du second tour du baccalauréat. J'étais en ce là temps et pendant l'année scolaire le préfet de l'internat et celui qui commandait aussi les levées des couleurs chaque lundi matin. Plus tard au courant de l'année 1977 au lieu de dire soyons fidèles à la devise de l'empire centrafricain après avoir chanté l'hymne nationale je disais soyons fidèles à la devise de notre pays. Le proviseur Alphonse Blagué n'arrêtait pas d'attirer mon attention là dessus. Parfois je disais ... à la devise de Centrafrique jusqu'à ce que je sois remplacé par un peureux qui disait.... à la devise de l'empire centrafricain. La raison que je fournissais était que l'hymne nationale et la devise étaient composées par le Président Barthélemy Boganda pour la République Centre Africaine et non pour l'empire.

Ce matin là, accompagné de M. Théophile Sébiro mon ami de jeunesse et fils du Ministre Jean Sébiro en fonction, nous empruntions la route de Ndri (Ndrès) depuis notre case sise quartier Boyrabe à destination du centre ville. À notre arrivée au niveau du lycée Barthélemy Boganda je vais remarquer une foule de personnes silencieuses, debout, presque immobiles devant la clôture dudit lycée qui fait face à l'avenue de l'indépendance me fixant comme si elle était hypnotisée.

La police scientifique était entrain de photographier des écriteaux sur le mur arrière du réfectoire du lycée Barthélemy Boganda des mots très durs contre Bokassa. Des mots qui continuent de sonner dans ma tête jusqu'aujourd'hui. Le proviseur Ngouagouni et le censeur dudit lycée tremblaient déjà et n'ont pas hésité à me designer comme étant le responsable numéro un de ces écrits.

Les mêmes policiers scientifiques avaient visité ma chambre et ont pris aussi les photographies d'autres manifestes sur les murs de ma chambre et quelques feuilles format A4 qui étaient sur ma natte.

Nous continuions notre marche à pied jusqu'à trouver un taxi au niveau du siège de l'actuel siège de L'organisation des femmes centrafricaines -OFCA- où d'autres personnes essayaient de nous dire quelques choses.

Après avoir fait nos emplettes nous avions pris un autre taxi qui nous a conduit à Boyrabe aux alentours de 9 h 30. La foule était encore plus nombreuse devant le lycée jusqu'au niveau du marché Boyrabe où le taxi nous a déposé. Dès que je suis sorti du taxi les gens commençaient à fuir de tous les côtés et le marché se vidait. C'est en ce moment que Monsieur Ouada un officier de police judiciaire habitant du quartier Bafio qui gérait le Bar Corniche -actuel MGF- s'approcha de moi et me dit discrètement de fuir de Bangui sans délai car des militaires et des policiers sont à ma recherche et qu'ils ont déjà cassé la porte de ma case et emporté avec eux des documents et des photos. Je lui ai dit simplement et calmement que je sais de quoi il s'agit et qu'il est hors de question que je me cache. S'il veut bien je rentre voir mon père et ma mère puis il pourra me conduire à la gendarmerie. Il m'a traité de fou et s'est barré à toute vitesse vers le quartier Bafio sur la route de Ndri dans la direction du cimetière de Ndrès.

Je suis rentré chez moi toujours accompagné de mon ami Théophile qui est un sourd et qui comprend les paroles à partir des mouvements des lèvres de ses interlocuteurs. C'est comme ça que j'ai appris moi aussi à interpreter, les paroles à partir des mouvements des lèvres des gens. Nous sommes toujours amis aujourd'hui et continuons de converser en interprétant nos mouvements des lèvres.

Effectivement j'ai trouvé la porte de ma case défoncée et constaté que ma natte et ma valise ont été retournées, documents et photographies emportés.

Mon père me dit calmement que les policiers et soldats sont partis avec mes papiers et ont arrêté mes amis Hamed et Teddy le petit fils de l'empereur de l'Éthiopie qui étaient venus m'attendre chez moi.

La mère de Fidèle, -c'est comme ça que tout le monde appelle ma mère-, était allée faire des courses, donc absente de la maison.

Je laisse les affaires que j'ai achetées en ville à mon père qui m'encourage à me rendre immédiatement à la police et je pris la direction du commissariat du 4e arrondissement en vue de me rendre. Certaines personnes pleuraient déjà quand elles me voyaient descendre à pieds en direction de la ville.

J'ai prié mon ami Theophile de ne plus me suivre car cela pourrait coûter cher à son papa qui était membre du gouvernement. Il refusa de me laisser seul. J'insiste et ai sollicité quelques jeunes qui l'ont empêché de me suivre.

Arrivé à l'intersection de la route de Ndri -Ndrès- et de l'avenue de l'indépendance, les élèves qui attendaient toujours les résultats du baccalauréat étaient venus au bord de la route et hurlaient en disant" Johnny fuit, Fidele fuit, maître Gouandjika ne te laisses pas attraper par Bokassa fuit vite.

Johnny étais mon pseudonyme de musicien. J'étais guitariste chanteur de première voix dans l'orchestre Super Élégance Junior. L'orchestre était composé de : Mayah Barthélemy guitariste solo décédé, Gouandjika Fidele, guitariste accompagnateur et chanteur, Gondo Enza Bombard guitariste basse décédé, Ngouandjika Clément chanteur 1ère voix chef d'orchestre décédé, Miki (muziki) chanteur 2e voix et drumeur décédé, Mayah Charles chanteur 3e voix décédé, Gbénou marcassiste décédé, Déba Anatole alias Ayah chanteur et Pivot chanteur de Jerk et Pop.

Notre orchestre évoluait dans les bars dancing suivants: Café de l'Industrie, Centra Bar et La Source Bar dans le 8e arrondissement; ABC, un Bar à Kina et le cinéma REX (punch coco) dans le 3e arrondissement, au cinéma Palace Hotel en ville dans le 1er arrondissement; à Corniche Bar, Tahiti Bar et Bar Trio et Binala Bar dans le 4e arrondissement de Bangui. Nous étions des vedettes entre 1979 et 1976.

J'amorçais le virage et pris la direction du km 12 et à deux cent mètres du lycée, je bifurque à droite derrière la station de Texaco et me rendit directement au commissariat du 4e arrondissement.

Aucun des policiers qui étaient de faction n'a ouvert la bouche à ma vue. Je connaissais bien le Bureau du commissaire car ce n'est pas la première fois que j'ai eu affaire à la police de mon quartier. J'ai été plusieurs fois arrêté pour des rixes et pour des jeux de poker et de dé. Franchement je ne sais pas s'il sont informés de ma situation.

Je cogne à la porte du bureau du commissaire à trois reprises et la réponse était : Qu'est-ce que c'est ? d'un ton dur. J'ouvre la porte et j'entre dans le bureau. Le commissaire, Monsieur Gandao, était entrain de lire quelque chose et ne savait pas que c'était moi qui étais devant lui.

J'ouvre ma bouche et m'adressa directement à lui. Je m'appelle Gouandjika Fidele. Il s'est levé et m'a salué poliment et m'a dit quel est ton problème Fidèle ? Je lui ai tout expliqué et il m'a supplié de quitter le commissariat d'urgence et me rendre au commissariat central. Qu'il n'est au courant de rien et qu'il ne voudrait pas avoir des problèmes avec les gens de Boyrabe à cause de mon arrestation. Je lui ai demandé de téléphoner pour qu'on vienne m'arrêter. Il a demandé à 3 brigadiers de me mettre dehors.

Je suis sorti de moi-même sans être forcé et pris la direction du commissariat central qui se trouve juste à côté du centre de basket Martin Ngocko à presque 1 200 mètres du lycée Boganda.

Le pompiste de texaco a pris son courage et m'informe que des voitures de polices et des militaires sont partis vers le km 12 à ma recherche car on leur aurait signifié que j'aurais pris la fuite pour aller me cacher dans la plantation de la famille Kata à Mpoko.

À peine arrivé au niveau du lycée Boganda sur l'avenue de l'indépendance coté 36 villas que j'entendis le son des sirènes derrière moi venant du PK 12. Je me suis arrêté, me suis retourné pour les voir. C'était des voitures Renault 12 Dacia de la police qui roulaient à vive allure. J'ai leur ai fait signe de la main les invitant à s'arrêter.

La première voiture s'est arrêtée ensuite les autres aussi. Je voyais des policiers à visage découvert et peut être des soldats portant des masques, armes aux poings descendre des voitures Dacia. Je me suis approché de la première voiture et me présenta.

Je m'appelle Gouandjika f.... Je n'ai pas eu le temps de prononcer mon prénom que je me trouvais déjà dans la voiture sur le siège arrière entre deux policiers pistolets à mes 2 tempes.

Sur le siège avant à côté du conducteur du véhicule était assis un officier superieur de la police qui était imperturbable et qui s'était même pas contenté de se retourner pour voir mon visage. L'officier me déclinera son identité plus tard lors d'une dictée au commissariat central. C'était en fait le fameux commissaire Samba Malik.

La voiture démarra et aussitôt le commissaire Samba Malik commença à parler dans un talkie-walkie en langue sango à son superieur M. MOSSABA IV Directeur General de la police centrafricaine en ces termes: NDOSSO BALE OTA NA OSSIO. TONGANA ALA MA É É GBOU WANTO NI AWÈ. E GOUA NA LO NA DOUA KOTA ZO? Ce qui signifie : ici PC34. Si vous m'entendez, nous avons arrêté l'ennemi. Où devons-nous l'emmener. La réponse a été immédiate et en langue sango également. GOUÉ NA LO NA CENTRAL MON KANGA LO. MBI KOU YANGA TI AUTORITÉ SI E BA POKO NI. Ce qui signifie : Emmenez le au commissariat central et mettez en geôle en attendant les instructions du Président de la République.

Nous arrivâmes au commissariat central qui était bourré de soldats et de policiers en armes. On me file le menottes dans la voiture et me fait sortir nous avons couru pour monter les marches jusqu'au 1er étage là où se trouvait le bureau de Monsieur Samba Malik.

Deux des policiers me poussent brutalement dans un coin du bureau du commissaire pour me faire asseoir de force.

Étant musicien et Star j'étais vêtu d'un pantalon salopette patte d'éléphant, une chemise en satin rose très brillant, une paire de chaussure semi-boot haut talon et beaucoup de cheveux -style chevelure Afro-.

Les talkies-walkies se mettent à résonner cette fois-ci en français :
Ici PC00 répondez
ICI PC34 à vos ordre PCOO à vous
Situation ennemi ?
Sécurisé PC00. À vous

Quelques minutes plus tard le talkie-walkie de PCOO hurle de nouveau.
Ici PCOO soumettez ennemi à une dictée en lettres majuscules sur papier A4 et faites plusieurs copies pour l'autorité et les ministres.
Bien pris PC00 mais sur quel texte ? À vous.
PC003 mettra à votre dispo le texte. Exécution. Terminé
Bien pris PC00.

Quinze minutes plus tard on m'enlève les menottes me fait asseoir sur une chaise face au commissaire central et on me soumet à une dictée. (Texte dans le prochain livre)

Après avoir fini la dictée je jetais un coup d'œil à ma montre. Le commissaire me demanda pour quelle raison j'ai regardé ma montre. Je lui ai dit simplement que j'avais des choses importantes à faire dans l'après-midi à la maison. Il est resté imperturbable et j'ai compris.

Ma grande soeur Marceline a réussi à me retrouver dans le bureau du commissaire central. Elle était bouleversée. Je lui ai dit que rien ne va m'arriver et lui ai supplié de rentrer à la maison rassurer ma mère.

Quelques instants plus tard le talkie-walkie du PCOO sonne de nouveau mais cette fois ci avec un accent grave.

Ici PCOO répondez, ici PCOO je vous demande de répondre d'urgence
PC34 à vos ordres. À vous.
Enchaînez l'ennemi et emmenez d'urgence au Palais. Exécution
Bien pris PCOO. À vous.
Terminer
Bien pris PCOO

J'ai eu une brève conversation avec le commissaire Samba Malik qui ne pouvait plus supporter mon regard. Il fuyais mon regard qui n'est pas celui d'une personne qui s'apitoie sur son propre sort. J'ai tout de suite compris qu'il était trop faible pour moi. Il me laissait comprendre que c'était fini définitivement pour moi.

Deux policiers me filent les menottes. Bras droit derrière la nuque et enchaîné au bras gauche derrière mon dos.

J'ai croisé les regards de ma soeur grande soeur Marceline une dernière fois dehors. Je pensais qu'elle était déjà repartie chez elle. Je lui ai fait un clin d'œil en souriant furtivement du coin des lèvres pour la rassurer que je ne souffre pas du tout. Car je sais pourquoi je suis arrêté et je ne suis pas quelqu'un qui va se laisser faire. Ni se laisser se faire abattre. Je défendais une cause noble et les textes de la dictée que la police scientifique m'a attribués pour montrer à Bokassa qu'elle est efficace et diligente n'avaient rien à voir avec mon combat et je gardais tout cela comme un secret.

On me fit entrer dans une des voitures Renault 12 Dacia cette fois dans la 3e bagnole toujours à la même place entres 2 policiers sans leurs armes sur mes 2 tempes. Je ne pouvais plus m'adosser au siège à cause de mes bras ligotés dans mon dos . Deux voitures devant dont une avec sirène et gyrophares. En arrière plus de 5 voitures toutes de même marque.

Je n'ai pas vu ni entendu les bruits de talkie-walkie dans la voiture dans laquelle je suis embarqué. Nous empruntons l'avenue de l'indépendance en passant par l'ONAF, le lycée technique, la villa Nasser, le domaine et directement derrière le Palais sans virer à gauche ni à droite. L'avenue devait continuer jusqu'à la place Giscard d'Estaing.

La police me remet aux éléments de la sécurité présidentielle qui, je suppose m'attendaient depuis quelques temps. Trois d'entre eux aux visages masqués me prirent en charge de manière brutale et m'introduisent dans la Palais par l'actuelle porte qui donne au couloir des contrôles aux rayons X des personnes étrangères au service du Palais.

On me fait garder dans un bureau proche de la salle du Conseil de la Revolution, actuelle salle du cinéma où le président de la république réuni souvent les forces vives de la Nation. Je saurais plus tard lors de mes interrogatoires par Bokassa en personne en présence du gouvernement complet que c'était le Haut Lieu de la République où se tenaient les Conseils des ministres.

La porte de l'endroit où j'étais séquestré sous les surveillances des hommes cagoulés s'ouvra et le tout Puissant Mossaba IV directeur général de la police que je reconnais par sa voix autoritaire intima l'ordre aux gardiens de m'emmener en courant dans la salle du Conseil de la Révolution.

J'ai parcouru les gradins de cette salle en courant. Je vais découvrir une pièce où tout était en rouge bordeaux sièges comme le sol sauf le plafond. Il y avait déjà dans la salle quelques érythréens que je ne connaissais pas et mes 2 amis éthiopiens Hamed et Teddy le petit-fils de l'ex empereur Haïlé Sélassié Ier qui étaient débout alignés dos aux multiples sièges qui sont sur les gradins et face à l'estrade où se trouvaient le president à vie Bokassa et ses ministres.

Le Président Bokassa et 3 des membres du gouvernement étaient assis dos à nous et face à d'autres ministres qui eux sont face à nous.

Bokassa ne s'est pas retourné de suite pour regarder son nouvel ennemi que je suis et qui vient de fouler pour la première fois le tapis rouge bordeaux de la mystérieuse Salle du Conseil de la Révolution.

Un coup d'œil rapide et panoramique me permettra de reconnaître parmi tous les ministres assis face à moi le père de mon ami Théophile le ministre Jean Sebiro qui fuit mon regard. Il y avait aussi mon beau-frère très éloigné le Ministre Robert Zana le tout puissant ministre de la défense ou de l'intérieur et époux de Germaine Mandaba la fille aînée de Monsieur Mandaba Julien chef du quartier Boyrabe.

C'est quand le Président Bokassa s'était levé ainsi que tous les autres ministres pour me voir que je vais reconnaître le premier ministre Ange-Félix Patassé debout à droite du Président à vie de la RCA.

Chacun de nous avait dernière lui un soldat armé et masqué.

Le directeur général Mossaba IV restait debout en bas de l'estrade à notre gauche et à droite de Bokassa.

Aucun bruit dans le camp des ministres et Bokassa entonna :

Qui est le nommé Gouandjika (phonétiquement Ngoandjika) ?
Je réponds aussitôt : Moi excellence !

Il me regarde de haut en bas et de bas en haut. Il s'attendait peut-être à voir en face de lui un adulte ou un Monsieur bien gros. J'étais très mince, élancé et habillé comme un musicien. Un voyou pour eux.

Il me fixe longtemps et moi aussi sans cligner mes paupières. C'est lui qui va baisser le premier son regard furieux et m'insulter en français et sango tellement qu'il était en colère en vociférant :

Gnamaaaaaa, rat de brousse (le reste dans le livre à apparaître) ce qui veut animal en appuyant le mot animal et rat de brousse. Et de continuer sur le même ton :

Qu'est ce que vous enttendez par l'indépendance de Boyrabe ? toujours en me fixant avec un air terrifiant et moi également mes yeux dans ses yeux sans cligner mes paupières. C'est un exercice auquel je me suis entraîné des années. Seul un ami du nom Kata Marcel pouvait me dépasser dans la lutte des regards.

Le fait que Bokassa a échoué lamentablement au test des regards face à moi me rassurait. J'ai compris qu'il était un faux méchant et ne pouvais me faire rien du tout. Le reste sera pour moi un jeu, mais tout de même un jeu dangereux avec lui à cause de l'instabilité de ses chiens méchants.

Parlez Monsieur Gouandjika et dites-nous qu'est-ce que vous entendez par l'indépendance de Boyrabe a-t-il repris puis il s'adressa à M. Mossaba IV.

Monsieur Mossaba veuillez distribuer aux ministres ici présents les photos et les copies des tracts qui attestent que l'inculpé Gouandjika a bien écrit de sa main et qu'il m'a traité de gangrène mortelle, criminel et qu'il va porter atteinte à l'intégrité du territoire en proclamant très bientôt l'indépendance de Boyrabe.

La distribution des photos faite aux membres du gouvernement, la parole me fut donnée et je n'ai pas répondu tout de suite.

J'ai de nouveau croisé le regard de Bokassa brièvement puis j'ai regardé mes bras enchaînés qui commençaient à me faire très mal. Je suppose qu'il a compris que je ne pouvais pas parler dans ces conditions et il ordonna sur le champs qu'on me déchaîne sans condition.

Mossaba IV s'y opposa en disant: Mes devoirs autorité Gouandjka est très dangereux il est ceinture noire de karaté et de Kung Fu 

Les ministres ont rigolé sauf Bokassa qui sort de la poche externe de sa veste une carte photo et dit : c'est vrai. Mossaba a raison. J'ai une preuve ici c'est bien lui sur cette photo de karate faite à Brazzaville lors de la préparation de leur coup d'état. C'est à Brazzaville qu'ils s'entrainent, lui et ses complices étrangers pour déstabiliser le pays. Je vous interdit de rire. L'affaire est grave, très grave Monsieur le Premier Ministre. Qu'il nous dise ici et maintenant toute la vérité.

Le Premier Ministre Ange Patassé lui souffle quelques mots à l'oreille qui le font fâcher davantage et il hurla de nouveau :

NON NON ET NON Monsieur le Premier Ministre il n'y a pas un tribunal plus Puissant que nous ici réunis. Un traitre, un criminel qui a pour ambition de déstabiliser les institutions de la république n'a point besoin d'un avocat. Je suis le seul magistrat suprême ici. Lui et ses complices seront traqués et seront tous jugés ici en commençant par lui maintenant et tout de suite. Qu'il parle sinon on va lui arracher la langue.

Qu'il parle tout de suite et qu'il soit enregistré pour faire passer sa voix à la radio Bangui et ses images à la télévision afin que le Peuple sache que ces voyous de Boyrabe et du lycée Baganda cherchent à ramener la guerre et la division dans le pays.
FAITES LE PARLER BON SANG !

En vérité la photo de karate a été faite ici à Boyrabe et tirée à Brazzaville lors de mon séjour au Congo à l'hôtel Petits Logis à l'occasion d'un concours de mecanicien au sol organisé pour l'Afrique Centrale par Air Afrique.

J'ai été finalement déchaîné et m'apprêtais à répondre à la question sur l'indépendance de Boyrabe quand Bokassa invita les ministres à s'asseoir.

Un soldat était monté sur l'estrade tourner le fauteuil du Président pour que lui aussi soit en face de moi.

Un peu relaxé Bokassa s'adressa à ses ministres avec ses termes en rigolant : Monsieur le premier ministre, messieurs les ministres nous allons rire un peu.

Dites-nous Excellence Monsieur Gouandjika futur president pourquoi vous demandez l'indépendance de Boyrabe et à qui vous allez solliciter cette autonomie ? Presque tous les ministres ont ri dans la salle sauf le Ministre Jean Sebiro qui visiblement transpirait.

Les réponses que j'ai données (dans le livre à paraître) vont glacer la salle et augmenter la colère de Bokassa qui hurle en ces termes :

Ce qui vient de sortir de la bouche de ce garçon n'est pas de lui. Il y a certainement des hommes politiques et des étrangers qui sont derrière lui et qui le manipulent. Qu'on le mette dans les murs de la sécurité ainsi que ses complices ici présents et que la police fasse les enquêtes.

Je veux les têtes des commanditaires. La séance est levée. Emmenez les !!!!

À suivre...

Extrait de la biographie de Fidèle Gouandjika
Homme d'Etat centrafricain.

le 16 novembre 2017

Le livre va être mis en forme par deux écrivains européens. Il va être écrit en bon français et traduit en roumains et en anglais à partir du mois de mars 2018.

Photo album Fidèle Gouandjika

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