Congo : collectif des partis de l'opposition congolaise

Conseil national du dialogue : le point de vue du CAP, de l’UPRN, du MVC, du RDR, du PSRD, de la DNERD et du RAPCO

Notre patrie, le Congo-Brazzaville traverse aujourd’hui une crise économique, financière, sociale, politique, électorale et sécuritaire d’une extrême gravité. Cette situation a des conséquences dramatiques sur le vécu quotidien des populations qui vivent un véritable enfer. Malgré cet état des choses, le gouvernement laisse de côté les problèmes sociaux brûlants des populations et s’emploie à multiplier des manœuvres de diversion.

Dans ce cadre, alors que l’Etat est en cessation de paiement, contre toute attente et défiant le bon sens, les conseils des ministres du 2 mai et du 06 juin 2018 ont créé 4 nouvelles institutions budgétivores -conseil national du dialogue, conseil consultatif des sages et des notabilités traditionnelles, conseil consultatif de la société civile et des organisations non gouvernementales, conseil consultatif des femmes et des jeunes-, sans indiquer comment il allait financer les nouvelles dépenses exorbitantes nécessitées par la création de ces 4 nouvelles institutions, à un moment où le pays connaît une crise financière aiguë.

Sur le plan politique, la création du conseil national du dialogue, composé de 120 membres désignés et de membres de droit, ce, dans un contexte économique extrêmement difficile, n’est rien d’autre qu’une ruse politique, un artifice destiné à contourner le vrai dialogue politique national inclusif que le peuple congolais et la communauté internationale appellent de leurs vœux, dialogue inclusif qui permettra à toutes les forces vives de la nation rassemblées, de construire de façon consensuelle, des solutions appropriées et fortes aux défis majeurs auxquels le Congo est confronté aujourd’hui.

La composition du conseil national du dialogue, arrêtée par le conseil des ministres du 2 mai 2018, fait ressortir que sur un total de 120 membres désignés, l’opposition plurielle n’en aura que 20, tandis que la mouvance présidentielle et ses alliés en compteront 100. Pourquoi cet écart abyssal ?  Le très grand déséquilibre des masses entre le quota attribué aux représentants de la mouvance présidentielle et à ses alliés et celui imparti aux représentants de la mouvance oppositionnelle suffit à lui seul, à révéler au grand jour, le but poursuivi par le gouvernement, à savoir, se construire une majorité mécanique au sein du conseil, pour faire passer comme une lettre à la poste, toutes ses décisions. En tout état de cause, le Conseil national du dialogue n’est qu’un organe consultatif. Le chef de l’Etat peut ou ne pas tenir compte de ses décisions quelle qu’en soit la pertinence.

L’extrême gravité de la crise multidimensionnelle qui plombe notre pays n’autorise pas de tels subterfuges. A de vrais problèmes, il ne faut jamais apporter des fausses solutions. Nous n’avons pas le droit de reproduire les fautes du passé. Pour sortir le Congo de la crise profonde qui l’enserre comme un boa, il faut emprunter,  non pas des voies de traverse qui ne peuvent que nous égarer et menacer la paix, mais des vraies autoroutes d’avenir qui permettront de se sortir de l’impasse actuelle. 

Nous l’avons dit, écrit et répété mille fois : le dialogue politique national inclusif, devant rassembler sans exclusive, toutes les forces vives de la nation, est l’unique vraie bonne solution pour construire ensemble un compromis politique dynamique entre le pouvoir et l’opposition plurielle. Hors de cette voie, il n’y a point de salut pour le Congo. L’heure n’est plus aux ruses politiques qui ne peuvent conduire notre pays que dans le mur et aggraver du coup, le chaos actuel. Sauvons le Congo pendant qu’il est encore temps. Après, il sera trop tard. Ensemble, élaborons des vraies solutions pour sortir notre chère patrie de l’effondrement actuel. Prenons la bonne décision. L’urgence commande que nous allions sans délai au vrai dialogue politique national inclusif. Ensemble, donnons la priorité au Congo.

 

Fait à Brazzaville, le 10 juin 2018

Le Collège des présidents des partis membres du Collectif.

1 333 rue Mouléké bis  5e arrondissement Ouenzé - Brazzaville