Discours de Denis Sassou-Nguesso à l'occasion du 57e anniversaire de l'indépendance

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Denis Sassou-Nguesso@eo lors de la revue militaire le 15 aout 2017
Mes chers compatriotes,

 

La commémoration du 15 août est, pour chacune et chacun de nous, un moment d’exaltation et de ferveur patriotiques consécutif à la liberté retrouvée, à la restauration de la dignité naguère perdue, et à l’accès à la souveraineté internationale de notre mère patrie.

Par cette célébration érigée en tradition depuis cinquante-sept ans, nous nous employons à entretenir la mémoire de notre histoire. Cela, afin que chaque génération se souvienne toujours du 15 août 1960 comme étant le socle de notre liberté.

Fêter l’indépendance nationale, c’est réaffirmer solennellement notre liberté, notre dignité, notre patriotisme et notre souveraineté.

Fêter l’indépendance nationale, c’est manifester notre attachement à la République telle que nous l’avons voulue et établie : une communauté indivisible et fraternelle.

Fêter l’indépendance nationale, c’est renouveler notre engagement à faire triompher les valeurs d’unité, de travail et de progrès qui font la République.

Mais, au-delà de la fête, le 15 août est aussi, et mieux encore, un moment privilégié de méditation et de prospective sur la vie de la nation, sur la marche du pays.

Mes chers compatriotes,

La responsabilité suprême que vous m’avez confiée exige de moi, vis-à-vis de vous, franchise, vérité et sincérité. Cela, dans l’intérêt supérieur de la nation, dans l’intérêt de tous.

Notre pays connaît des difficultés réelles. Vous devez le savoir. Personne ne doit les dissimuler. Ces difficultés étaient au départ financières. Elles gagnent aujourd’hui le champ économique en général.

La crise dans laquelle le Congo est plongé depuis 2014, avec l’ensemble des pays exportateurs des matières premières, le pétrole notamment, continue encore de générer des effets néfastes.

De ce fait, la situation macro-économique de notre pays n’a eu de cesse de se dégrader, réduisant considérablement les moyens d’action de l’Etat. Les recettes budgétaires et les investissements publics sont en baisse continue. Presque tous les secteurs de l’économie nationale sont touchés par la récession.

De toute évidence, lorsque l’économie est malade, le social court le grave risque d’être à son tour contaminé.

C’est ce que les travailleurs et tous ceux qui reçoivent un traitement de l’Etat redoutent aujourd’hui. Leur crainte est certainement justifiée. Puisque certains d’entre-eux connaissent déjà, hélas, quelques retards pour percevoir leurs salaires et pensions.

Je voudrais, en toute franchise, chers travailleurs, mes chers compatriotes, vous dire que ce ne sera jamais par des actions désespérées, des actions de violence sociale, que nous allons redresser la situation financière et économique difficile que notre pays traverse.

Ce ne sera jamais par des grèves intempestives que les équilibres macro-économiques nationaux seront rétablis. Ce ne sont pas des mouvements sociaux des congolais qui contribueront à la remontée du cours du baril de pétrole.

J’ai beaucoup de respect pour les travailleurs pour condamner les grèves lorsqu’elles sont justes et justifiées. Non ! Je condamne plutôt les mouvements sociaux illégaux, sauvages et manipulés qui, en plus, pourraient mettre en danger la vie, la sérénité et la liberté des autres.

Pour faire face à la crise présente et la surmonter, il nous faut simplement nous organiser, mieux nous organiser, à tous les niveaux de la société, du sommet à la base de l’Etat, de l’élite entrepreneuriale aux salariés de base, du secteur public au secteur privé.

Il nous faut nous attaquer aux dysfonctionnements, aux faiblesses, à toutes les causes qui ont conduit à la rupture des équilibres fondamentaux de notre société.

Il nous faut renouer avec les valeurs fondamentales sans lesquelles toutes nos prétentions et résolutions de bonheur, de bien-être et de prospérité ne seront que des vœux pieux.

Ces valeurs sont le travail, l’innovation, l’acceptation des réformes, la compétitivité et la rationalité.

Il est illusoire de croire que l’on peut obtenir le bonheur sans travailler ; de croire que l’on peut aller au développement, sans innover ; de croire que l’on peut changer le pays et la vie sans réformer ; de croire que l’on peut gagner la prospérité sans être compétitif ni rationnel durablement.

Aucun pays n’est parvenu au développement en se détournant de toutes ces valeurs.

Mes chers compatriotes,

La situation du pays est préoccupante, je l’ai reconnue. Mais, croyez-moi, nous ne sommes pas dans un désastre irréparable. Il n’y a ni faillite, ni banqueroute. La crise sera surmontée.

Je mettrai toute mon énergie dans cette bataille.

J’aurai, bien-sûr, besoin de toutes les énergies, de toutes les forces vives qui structurent notre pays et font vivre l’économie nationale.

De même, je vais devoir m’appuyer sur un gouvernement efficace et résolument porté sur l’action. Un gouvernement qui sera entièrement mobilisé pour mettre en œuvre des réformes hardies et des politiques appropriées, afin de relancer la machine économique nationale, d’accélérer la sortie de crise, et de mettre l’ensemble du pays "en marche vers le développement"

De nombreux partenaires, dont le Fonds Monétaire International, se sont engagés à nous accompagner pour nous permettre de sortir au plus vite de cette mauvaise passe. Comme les autres Etats de la CEMAC, nous avons résolu de négocier avec le Fonds Monétaire International un programme visant à créer de nouvelles bases d’une croissance soutenue, durable et inclusive. Ce programme pourrait entrer en vigueur au cours du dernier trimestre de l’année en cours.

Mes chers compatriotes,

Notre pays ne s’est pas arrêté. Il continue d’avancer. Il continue de vivre. Pour preuve :

La démocratie poursuit son entreprise au Congo, sans hâte, avec assurance et confiance. Les élections sont organisées en toute régularité. Les toutes dernières, législatives et locales, ont été jugées crédibles par l’ensemble des observateurs et par presque tous les candidats.

L’installation de la République nouvelle court vers son terme : après l’élection du président de la République, les députés, les conseillers départementaux et municipaux ont été élus. Les nouveaux sénateurs le seront bientôt. Dans les prochains jours seront mis en place, l’Assemblée nationale, les conseils départementaux et communaux, ainsi que le Sénat.

Mes chers compatriotes,

La commémoration de la fête de l’indépendance est aussi le moment idéal pour célébrer le drapeau national. Je voudrais saisir cette occasion solennelle pour rendre un hommage appuyé à la force publique congolaise qui s’acquitte avec satisfaction de son rôle de garante de l’ordre et de la loi.

Chaque jour, elle consolide son caractère républicain.

Chaque jour, les militaires, gendarmes et policiers s’attèlent à assurer la sécurité des populations et des institutions. Parfois, bien malheureusement, au péril de leur vie.

Je salue tous les officiers, sous-officiers, hommes de rang de notre force publique. Je leur renouvelle toute ma confiance et celle de la nation. Je m’incline devant la mémoire des soldats qui ont, héroïquement, perdu leur vie pour préserver la nôtre, pour sauvegarder la paix.

La paix, cette paix dont chacun de nous connaît si bien l’intérêt et l’importance. La paix dont chaque département de notre pays jouit, sauf le département du Pool dont une partie en est privée depuis plus d’un an.

Mais une chose est certaine, la nuit ne dure jamais éternellement. Le soleil finit toujours par se lever. Ce jour-là, dans la partie du Pool à présent obscurcie, sera le jour de clarté. J’en suis convaincu. Je vous demande à l’être avec moi. Dans l’ensemble du département du Pool, la paix va assurément revenir. L’irresponsabilité d’un individu ne prendra jamais le dessus sur la raison de la nation, sur la sagesse du peuple.

Encore une fois, je demande à Monsieur Frédéric Bitsamou de se rendre à la justice de notre pays, pour abréger les souffrances des populations innocentes. Le Pool n’est la propriété de personne. Il est partie intégrante du patrimoine du Congo. Personne ne devrait s’en prévaloir pour perpétrer des actes criminels. Quoi qu’il fasse, la justice passera bien un jour, sans doute.

Mes chers compatriotes,

Nous sommes un peuple libre et souverain. Nous devons le demeurer à jamais. Malgré les aléas de la vie, malgré les obstacles et les récifs qui jonchent notre marche vers le développement, je vous invite tous, dans un élan de solidarité affirmée, à porter haut le flambeau de la liberté, afin que par le travail, toujours le travail, nous parachevions le rêve sacré de nos aînés : notre indépendance.

Notre destin est entre nos mains.

Vive l’indépendance nationale ! Vive la République ! Vive le Congo !

Le 14 août 2017