"Il n'y a pas d'arrestations politiques", répond le pouvoir de Brazzaville à Washington

Le gouvernement de Brazzaville a affirmé vendredi 8  avril 2016 qu'il n'y avait "pas d'arrestations politiques" au Congo, en réponse aux critiques des Etats-Unis sur la situation au Congo depuis l’élection présidentielle anticipée du  dimanche 20 mars 2016  ayant permis la réélection de Denis Sassou-Nguesso pour un mandat de 5 années.

Thierry Moungalla porte-parole du gouvernement de la république du Congo a déclaré  "Il n'y a pas d'arrestation sans qu'il y ait un lien avec la sûreté de l'État. Il n'y a pas d'interpellations politiques."

Pour sa part Charles Zacharie Bowao coordonnateur de l’IDC Frocad plateforme de l’opposition au pouvoir de Sassou Nguesso  a vivement réagit en lançant  "M. Moungalla se trompe copieusement",  en citant les noms de 4 proches de candidats à la présidentielle soutenus pas cette coalition détenus pour certains depuis environ 15  jours.

Charles Zacharie Bowao a précisé "Les délais de la garde à vue sont largement dépassés", concernant  Jean Ngouabi arrêté le 24 mars 2016, Anatole Limbongo Ngoka arrêté le 27 mars 2016, le colonel (ER)  Marcel Mpika arrêté le 31 mars 2016 c’est-à-dire 3 soutiens du général Jean-Marie Michel Mokoko -arrivé 3e  à la présidentielle avec moins de 14% des suffrages - , et de Mme Gaumelle Yirika, cadre du parti d'un autre candidat d'opposition, André Okombi Salissa. D’après ses proches, cette femme enceinte de 4 mois est détenue depuis le 31 mars 2016 pour délit d'opinion.

Le département d'État américain a déclaré jeudi 7 avril 2016 que les États-Unis étaient "profondément déçus par le processus électoral présidentiel biaisé en République du Congo". Pour Washington, "en plus de nombreuses irrégularités, une vague d'arrestations de sympathisants de l'opposition après les élections a entaché un vote au déroulement par ailleurs paisible".

Vendredi 9 avril  2016 en soirée, pour sa part  Okombi Salissa a indiqué "qu'il était embastillé à domicile par la police cernant sa résidence à Brazzaville depuis dimanche 3 avril 2016".  Le général Mokoko serait aussi dans une situation similaire.

Disant avoir du mal à donner un chiffre précis compte tenu des difficultés à communiquer à travers le pays, M. Bowao a estimé qu'"une quarantaine à une cinquantaine" de sympathisants ou de cadres de mouvements d'opposition avaient été arrêtés "sur l'ensemble du territoire national" depuis la présidentielle.

Le porte-parole du gouvernement Thierry Moungalla a déclaré "Le gouvernement du Congo a pris acte de la déclaration de Washington. Nous notons que les États-Unis se disent déçus de l'élection. Mais il me paraît difficile de comprendre comment les gens qui n'ont pas observé peuvent juger de la crédibilité du processus" en ajoutant "Personne n'a remis en cause l'intégrité de ce processus",  alors que les 5 candidats à la présidentielle soutenus par l'IDC-Frocad ont qualifié de "forfaiture" les résultats officiels - validés lundi  4 avril 2016 par la Cour constitutionnelle - et donnant M. Sassou-Nguesso vainqueur dès le 1er tour à  60,19% des suffrages.

Sassou nguesso au bord de l alima

Denis Sassou-Nguesso au bord de l'Alima

Le 9 avril 2016