Mathias Dzon et le Collectif appellent le Peuple congolais à refuser de participer à la farce électorale de juillet 2017

 Collectif des partis de l'opposition congolaise  

"Nous le redisons haut et fort. Les élections législatives et locales du 16 Juillet 2017 sont une farce. Elles n’ont d’élections que de nom. Comme toutes les élections antérieures organisées par le pouvoir sous l’empire du système électoral de 2002, il ne s’agira non pas d’élections, mais bien plutôt de nominations de membres de la mouvance présidentielle et des partis satellites en qualité de député et de conseiller. Le Collectif des partis de l’opposition congolaise refuse d’aller faire de la figuration dans un scrutin où tout est joué d’avance. Le match est plié. Les candidats choisis par le pouvoir seront comme d’habitude nommés députés au grand dam des candidats réellement élus. Les partis se réclamant de l’opposition et qui ont accepté d’accompagner le pouvoir dans sa mascarade électorale seront récompensés".

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Mathias Dzon au micro @coc

Mathias Dzon et le Collectif des partis de l’opposition congolaise

appellent le Peuple congolais à refuser de participer à la farce électorale de juillet 2017

"Par ces motifs, le Collectif proclame solennellement qu’il ne participera pas à la parodie d’élections législatives et locales du 16 juillet 2017. Il invite instamment l’ensemble du peuple congolais à faire autant. Dans la même optique, le Collectif interpelle la communauté internationale et l’exhorte à renforcer la pression sur les autorités congolaises par la prise de mesures appropriées comme en RDC où les USA et L’Union Européen ont décidé d’appliquer contre les hautes autorités de l’Etat, les sanctions ciblées ci-après :

-  l’interdiction de voyager aux USA, au Canada, dans l’espace Schengen, en Grande-Bretagne, etc. ;

-  le blocage des comptes bancaires domiciliés à l’étranger ;

- la réalisation des enquêtes approfondies sur les violations répétées des droits de l’homme et les crimes contre l’humanité auxquels ces autorités se livrent quotidiennement.

Ces sanctions politiques jointes à la crise financière gravissime que traverse le Congo contribueront à n’en point douter, à faire plier le pouvoir congolais et à le contraindre à accepter le dialogue national inclusif, seule vraie solution de sortie de crise".

Collectif des partis de l'opposition congolaise  

                                                                                                                 Déclaration 

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Distingués invités,

Cadres, militants et sympathisants du Collectif.

Notre rencontre de ce jour se tient dans un contexte national dominé par la préparation, par le pouvoir, des élections législatives et locales prévues pour le 16 juillet 2017, c’est-à-dire dans tout juste un mois.

Jamais de mémoire de  ongolais, l’on a vu un gouvernement de la République manifester autant d’indifférence hautaine aux souffrances atroces des populations, comme le fait le gouvernement actuel qui s’obstine à vouloir engloutir 80 milliards de Fcfa dans des élections législatives et locales aussi inopportunes que factices, alors que plusieurs corps professionnels émargeant au budget de l’Etat (les travailleurs de l’Université, du CHU, du Conseil national de lutte contre le Sida, du chantier naval, les fonctionnaires des municipalités et des autres collectivités locales), les retraités de la CRF, les étudiants accusent selon les cas, 2 à 26 mois (voire plus) d’arriérés de salaire, de pension et de bourse et vivent une situation sociale tragique.

Jamais de mémoire de congolais, l’on a vu un gouvernement de la République donner la priorité à l’organisation des élections postiches, à un moment où une partie du territoire national -le département du Pool- est soumise à une guerre meurtrière, et sa population à un véritable enfer terrestre.

La présente conférence de presse va s’articuler autour de deux principaux points :

a) le rappel du contexte politique, économique et social dans lequel les élections doivent se tenir ;

b) la position du collectif vis-à-vis de ces élections.

 1. Du contexte d’organisation des élections du 16 juillet 2017

Après sa déconfiture électorale de 1992, à l’issue des seules élections véritablement démocratiques jamais organisées dans notre pays, Denis Sassou Nguesso est revenu aux affaires en 1997 par la seule voie dont il a le secret, celle du coup d’Etat. Voici donc 20 ans que M. Sassou Nguesso a repris les rênes de l’Etat congolais, au terme d’un coup d’Etat sanglant qui, selon maintes estimations, a coûté la vie à plus de 40.000 de nos compatriotes.

Depuis cette époque de braise et de plomb, l’homme reste agrippé au pouvoir au moyen de sa méthode favorite. Mais la crainte de la communauté internationale, de plus en plus opposée aux coups d’Etat classiques comme mode d’accès au pouvoir, a amené Mr. Sassou Nguesso à affiner sa méthode, l’essentiel pour lui étant de donner au monde un semblant de démocratie. Il a ainsi mis en place un système électoral mafieux visant à se maintenir contre vents et marées au pouvoir. Ce système, qui tend à s’imposer dans toute la sous-région de l’Afrique centrale et même au-delà, est fondé sur des fraudes massives et une tricherie savamment organisée sur fond de corruption, de terreur policière et de privation de toute liberté d’expression et de contestation. Ce système conduit non plus à des élections démocratiques, mais à des nominations de fait, aussi bien pour l’élection du président de la république, que pour l’élection des députés, des conseillers et des sénateurs.

Il s’agit là d’un système de coups d’Etat électoraux qui parachèvent les coups d’Etat militaires et constitutionnels.

Mr. Denis Sassou Nguesso s’octroie ainsi, depuis 20 ans, une Assemblée nationale et un Sénat godillots, entièrement à sa dévotion, incapables en conséquence de soulever les problèmes de fond qui minent notre pays. Il s’agit des problèmes récurrents de mauvaise gouvernance, de détournement des fonds publics, de tribalisme et de népotisme abjects érigés en mode de gouvernement, de confinement du peuple dans une misère inacceptable, de militarisation outrancière du pays, de massacres à huis clos des populations du Pool encore aujourd’hui et celles du Pool et des pays du Niari hier, etc.

Les conséquences d’une telle politique sont très nombreuses. On peut ici en citer quelques-unes, juste à titre indicatif :

1) Absence depuis 20 ans de vrais débats démocratiques au parlement et encore moins dans les médias publics et privés.

2) Absence de tout contrôle parlementaire de l’action gouvernementale, les propositions de mise en place des commissions d’enquêtes parlementaires étant systématiquement rejetées depuis le retour de Denis Sassou Nguesso au pouvoir par l’écrasante majorité des députés et sénateurs aux ordres du prince, c’est-à-dire par une chambre introuvable.

3) Le président de la République dispose d’un pouvoir quasi absolu qui, à certains égards, nous rappelle les despotes et tyrans relégués dans les poubelles de l’histoire. Un tel pouvoir, qui dépasse nécessairement la force morale et les capacités éthiques et managériales d’un seul individu, tend à amener son détenteur à assimiler le pays avec sa propre personne et à gérer la Nation selon son bon vouloir ("l’Etat c’est moi", disait Louis XIV au 17e siècle). Il tend de ce fait à disposer, en dernière instance, du droit de vie ou de mort sur son propre peuple.

4) Le programme de municipalisation accélérée, qui a englouti des centaines de milliards (4 000 milliards au bas mot), a été réalisé dans la plus grande opacité et qui constitue en réalité un moyen déguisé de détournement à grande échelle des ressources de l’Etat. Ce programme, qui fait penser au mythe des Danaïdes condamnées à remplir un tonneau sans fond, a plus que jamais besoin d’un audit.

5) La corruption a atteint aujourd’hui des niveaux jamais atteints dans toute l’histoire de notre pays. Il s’agit d’une corruption rampante, omniprésente, étouffante, qui s’observe dans toutes les sphères de la vie du pays et qui suinte de partout.

6) L’enrichissement illicite des dirigeants les plus en vue dépasse tout entendement ; il s’agit d’un enrichissement si abject qu’il ravale notre pays au rang des nations les plus corrompues de la planète. De nombreux parvenus, hommes et femmes, généralement issus du clan au pouvoir, se trouvent de ce fait à la tête des fortunes colossales qui se comptent en milliards, alors que certains d’entre eux n’ont jamais exercé le moindre emploi rémunéré, la moindre profession libérale ou la moindre activité privée pouvant justifier, tant soit peu, la possession de telles ressources.

7) Tout le secteur économique et financier du pays est totalement contrôlé par les parents et les amis des tenants du pouvoir. Ces derniers sont aujourd’hui propriétaires d’entreprises, surtout dans le domaine de l’hôtellerie de luxe, créées ex nihilo et généralement confiées en gestion aux étrangers. Ils sont également propriétaires d’immenses biens immobiliers aussi bien dans le pays qu’à l’étranger. Certains sont quotidiennement cités parmi les dépositaires des fortunes colossales maladroitement dissimulées dans des paradis fiscaux ;

8) Tout le patrimoine immobilier de l’Etat, à Brazzaville comme à Pointe-Noire et dans les autres localités du pays, a été totalement spolié.

9) Les secteurs pétrolier, minier et forestier sont le quasi-monopole du clan au pouvoir, propriétaire avec ses complices de gisements entiers, de circuits de distribution, de cargaisons frauduleuses qui s’ajoutent aux bonus et au trafic sur les ristournes.

Jamais notre pays n’a atteint un tel niveau de décadence morale, de perte de toute éthique politique, d’absence de repères et de valeurs centrées sur l’homme, d’absence de justice sociale, d’exaltation de l’impunité, du tribalisme et du népotisme !

Pendant que toutes ces contre-valeurs prospèrent,

Pendant que la spoliation des biens de l’Etat et l’enrichissement illicite gagnent du terrain,

Qu’observe-t-on de l’autre côté du tableau ?

1) Le peuple vit, dans son écrasante majorité, dans une profonde misère que l’on ne peut ni comprendre ni justifier, au vu de l’immensité des richesses du pays et de la faiblesse relative de la population.

2) L’école congolaise, qui fut longtemps la fierté des congolais et la référence dans le domaine de l’éducation pour toute l’Afrique sub-saharienne, se meurt chaque jour un peu plus. Avec des écoles publiques de plus en plus délabrées et surpeuplées (de 100 à 150 élèves en moyenne par classe au niveau primaire) et des enseignants acculés à la mendicité du fait de la modicité de leurs salaires, l’école congolaise n’est plus aujourd’hui qu’une immense fabrique d’analphabètes modernes, en rupture totale avec les exigences et les défis du développement et de la mondialisation. Un nombre de plus en plus important d’élèves arrivent aujourd’hui – miracle suprême –  jusqu’à l’université sans savoir ni lire, ni écrire.

3) L’écrasante majorité de la population est totalement exclue du système de santé. Les consultations et les traitements médicaux, effectués dans des centres de santé sous-équipés, sont devenus des moyens d’extorsion de sous aux malades désespérés, par des personnels soignants de plus en plus corrompus, irresponsables et incompétents. Les congolais n’ont plus, de ce fait, accès aux soins de santé primaires, avec pour conséquence une surmortalité sans précédent qui touche la population à tous les âges.

4) Le chômage, particulièrement des jeunes, a atteint des niveaux records, jamais égalés dans notre pays. L’emploi au Congo, aussi bien dans le secteur privé qu’à la fonction publique, n’est désormais réservé qu’aux enfants des dignitaires du pouvoir et de leurs alliés. Le recrutement à la fonction publique étant désormais conditionné par le versement d’une somme d’argent, on rencontre dans plusieurs services des agents totalement analphabètes qui bayent aux corneilles à longueur de journée, alors que dans le même temps de nombreux jeunes diplômés dont a tant besoin le pays, sont acculés au chômage et laissés dans les bras de leurs parents.

5) Le pouvoir d’achat des congolais ne cesse de dégringoler, face au coût de la vie qui augmente chaque jour à un rythme effréné. Le peuple congolais est de ce fait acculé à manger des cuisses de poulet et des croupions de dindes de diverses origines, conservés dans des conditions inappropriées tout au long de la chaîne de distribution, avec des conséquences extrêmement graves sur la santé de la population.

6) La crise financière actuelle, aggravée par la baisse du prix du baril du pétrole, plombe toute l’économie du pays. En effet, du fait de l’absence de vision économique claire et de l’abandon des secteurs qui, dans le passé, ont fait la prospérité du Congo, le secteur pétrolier est aujourd’hui largement dominant dans notre pays. Il contribue pour plus de 70% à la formation du PIB et participe pour plus de 90% aux exportations du pays et pour plus de 80% aux recettes budgétaires de l’Etat. La moindre crise, dans un secteur aussi vital, entraine immédiatement une crise financière et économique généralisée. C’est ce qui se passe aujourd’hui au Congo.

7) La grave crise actuelle du Pool que le pouvoir s’acharne à nier avec un cynisme difficile à saisir, conduit quotidiennement de dizaines de congolais à la mort pendant que de milliers d’autres sont contraints de se cacher, comme des vraies bêtes sauvages, au fond des forêts pour échapper à des massacres aussi inutiles qu’inexplicables.

C’est pour tout cela que la conscience collective en appelle aujourd’hui à un dialogue inclusif pour construire une paix réelle et durable dans notre pays et pour jeter les bases d’un développement durable en faveur des générations actuelles et futures.    

2. De la position du Collectif vis-à-vis des élections du 16 juillet 2017 

Nous le redisons haut et fort. Les élections législatives et locales du 16 juillet 2017 sont une farce. Elles n’ont d’élections que de nom. Comme toutes les élections antérieures organisées par le pouvoir sous l’empire du système électoral de 2002, il s’agira non pas d’élections, mais bien plutôt de nominations de membres de la mouvance présidentielle et des partis satellites en qualité de député et de conseiller. Le Collectif des partis de l’opposition congolaise refuse d’aller faire de la figuration dans un scrutin où tout est joué d’avance. Le match est plié. Les candidats choisis par le pouvoir seront comme d’habitude nommés députés au grand dam des candidats réellement élus. Les partis se réclamant de l’opposition et qui ont accepté d’accompagner le pouvoir dans sa mascarade électorale seront récompensés.

Le pouvoir leur accordera en échange de leurs bons et loyaux services, et selon l’ordre qu’il aura choisi, quelques députés, réservant bien sûr le gros lot pour la mouvance présidentielle qui obtiendra un score digne de la Corée du Nord. Le chef du parti ou de la coalition des partis qui a été choisi par le pouvoir pour être le futur chef de l’opposition, aura un peu plus de députés que les autres obligés du pouvoir.

Répétons-le : les jeux sont faits !

Pour rappel, depuis 2002, le pouvoir a mis en place un système électoral frauduleux qui lui a permis et lui permettra toujours de gagner toute élection organisée sur la base de ce système dont les principales caractéristiques sont :

- une loi électorale inique qui confie l’organisation de toutes les opérations pré-électorales, électorales et post-électorales au ministère de l’intérieur et à une administration électorale tout entière acquise au pouvoir ;

-  un corps électoral manipulé et non fiable ;

- des listes d’électeurs trafiquées et truffées de nombreux électeurs fictifs ;

- une commission électorale composée uniquement de cadres et militants de la mouvance présidentielle et des représentants des partis satellites ;

-  un découpage électoral injuste et taillé sur mesure au profit du pouvoir ;

-  l’exclusion des partis de l’opposition réelle de toutes les étapes du processus électoral ;

-  un financement injuste et partisan de la vie politique et des campagnes électorales ;

-  l’interdiction stricte de l’accès aux médias publics et privés des partis de l’opposition réelle ;

- l’élimination par l’argent des candidats qui ne font pas allégeance au pouvoir et qui ne piochent pas dans les caisses de l’Etat, ce, à travers l’imposition de taux exorbitants de la caution électorale, etc... c'est dire qu’aussi longtemps que ce système électoral mafieux, taillé sur mesure par le pouvoir et pour le pouvoir ne sera pas refondé totalement, il n’y aura jamais d’élections libres et transparentes au Congo. Les cadres, militants et sympathisants du Collectif doivent le savoir et doivent ne nourrir aucune illusion comme le font certains d’entre eux aujourd’hui.

L’objectif principal poursuivi par le pouvoir à travers les prochaines élections législatives et locales du 16 juillet 2017 est de garantir au dauphin une majorité mécanique. A défaut de créer le nouveau parti dont il caresse le rêve depuis belle lurette, le pouvoir va maintenir, la mort dans l’âme, le PCT. Mais il placera bientôt à sa tête, le dauphin, pour le préparer à être le candidat naturel de ce parti à la prochaine élection présidentielle. L’éviction de Pierre Ngolo de la liste des candidats du PCT aux élections législatives et la promesse d’en faire le prochain président du Sénat s’inscrivent dans le cadre de cette stratégie et visent à préparer la nomination prochaine du dauphin à la tête du PCT. Déjà, l’intéressé se plait à raconter à ses visiteurs qu’après le 16 juillet 2017, beaucoup de choses relèveront désormais de sa compétence.

Le Collectif des partis de l’opposition congolaise refuse de faire le jeu du pouvoir en lui servant de faire-valoir. Par plusieurs fois, il a appelé le président de la République à convoquer un dialogue politique national inclusif, pour construire un compromis politique intelligeant entre le pouvoir et l’opposition, aux fins de rechercher ensemble les pistes de solutions de sortie de la crise sécuritaire, électorale, politique, économique, financière et sociale qui mine le Congo aujourd’hui. Jusqu’à ce jour, le président de la République reste sourd à ces appels de bon sens et proclame à qui veut l’entendre, qu’il ne cédera à aucune pression, fut-elle celle de l’OTAN et qu’il organisera contre vents et marrées, les élections législatives et locales, le 16 juillet 2017.

Dans la même veine, le chef de l’Etat congolais refuse obstinément d’écouter les très sages conseils du Pape, de l’ONU, des USA et de l’UE, l’invitant à mettre fin à la guerre destructrice du Pool et à réunir, dans un vrai dialogue inclusif, toutes les sensibilités politiques du Congo, pour définir de façon consensuelle, les conditions permissives d’un retour à la paix sur l’ensemble du territoire national et d’une sortie de la crise globale qui plombe le Congo. Ici aussi, le président congolais a éconduit la communauté internationale et lui a indiqué très sèchement « qu’il a été élu pour un mandat de 5 ans et qu’il entend  accomplir ce mandat jusqu’à son terme en 2020 », infligeant ainsi une fin de non-recevoir aux appels de la communauté internationale en faveur d’un dialogue politique national inclusif.

Toute cette situation n’est en fait que la conséquence du refus obstiné du pouvoir congolais d’accepter toute alternance démocratique dans le pays. Ce refus se concrétise par la mise en place, voici 20 ans, d’une gouvernance électorale non crédible.

Cette situation, caractéristique d’une époque révolue, doit cesser. Le peuple congolais doit refuser que sa souveraineté lui soit confisquée en permanence et que des dirigeants qu’il n’a nullement choisis lui soient imposés ad vitam aeternam.

Après un référendum qui lui a été imposé en vue du maintien de Denis Sassou Nguesso au pouvoir alors que son deuxième et dernier mandat constitutionnel arrivait à son terme, après une élection présidentielle calamiteuse et fortement controversée, le pouvoir veut désormais poursuivre son coup d’Etat permanent par l’organisation des élections législatives et locales le 16 juillet prochain.

Le collectif des partis de l’opposition congolaise tient à rappeler ce qui suit :

Les élections du 16 juillet restent, comme toutes celles qui sont organisées dans notre pays depuis 20 ans, non transparentes et non démocratiques. Organisées dans le cadre d’une gouvernance électorale mafieuse, ces élections s’apparentent plus à de simples nominations qu’à une véritable compétition démocratique dans laquelle les suffrages exprimés sont réellement pris en compte et ne sont déclarés comme élus que les vrais vainqueurs.

Les élections du 16 juillet sont organisées par un pouvoir illégitime, issu comme chacun le sait de trois événements historiques, à savoir :

-  le coup d’Etat constitutionnel du 25 octobre 2015 à travers un référendum anticonstitutionnel rejeté massivement par le peuple congolais ;

- la promulgation le 6 novembre 2015 d’une nouvelle Constitution non adoptée par le peuple congolais, le référendum du 25 octobre 2015 ayant eu pour objet la nécessité ou non de faire évoluer les institutions et non l’adoption d’une nouvelle constitution que personne ne connaissait encore à ce moment-là ;

-  le coup de force électoral du 20 mars 2016 à travers une élection présidentielle illégale et non démocratique.

Ces trois événements ont abouti à une situation politique de fait, avec des institutions illégales et illégitimes issues d’un vrai coup d’Etat constitutionnel. Ces institutions n’ont, en conséquence, aucune légitimité pour organiser une quelconque élection au Congo.

Les élections du 16 juillet vont être organisées dans un contexte caractérisé par l’occupation d’une partie de notre pays, en l’occurrence le département du Pool, par les forces de sécurité. Il est nécessaire pour envisager une quelconque élection au Congo, que les hostilités dans le Pool puissent cesser définitivement, que les militaires, les policiers et leurs supplétifs engagés dans cette région soient retirés entièrement et qu’un climat de paix propice à la reprise d’une vie normale dans le Pool et même dans les régions voisines soit créé.

Les élections du 16 juillet vont s’organiser dans un contexte où plusieurs congolais sont privés de liberté et croupissent au risque de leur vie dans les geôles du pouvoir pour des raisons strictement politiques. Comment organiser une élection qui se veut démocratique lorsque de nombreux prisonniers politiques peuplent encore les prisons et les diverses cellules d’une police qui oublie souvent son service public ?

Le Collectif des partis de l’opposition congolaise tient à rappeler au peuple congolais de ne point tomber dans le piège qui lui est sans cesse tendu, consistant à le convaincre que la "politique de la chaise vide n’est pas bonne", alors que chacun sait qu’aucune "chaise" ne lui est donnée autour d’une « table » que seuls les gestionnaires de la gouvernance électorale mafieuse actuelle sont autorisés à s’installer. De quelle chaise vide parle-t-on quand les résultats des élections sont tripatouillés dans les officines obscures du pouvoir pour donner, comme toujours, une large victoire au président de la république ?

En conséquence, devant l’entêtement du pouvoir à vouloir, coûte que coûte, passer en force comme il l’avait fait lors du pseudo-référendum constitutionnel du 25 octobre 2015, le Collectif des partis de l’opposition congolaise ne participera pas à la farce électorale du 16 juillet 2017 dont les résultats sont connus d’avance.

Solidaire des populations congolaises en général, des populations du Pool en particulier et de tous les oubliés du pouvoir qui vivent actuellement une situation sociale dramatique, le Collectif des partis de l’opposition congolaise appelle ses cadres, ses militants, ses sympathisants, et plus largement, le peuple congolais, à ne pas participer sous quelque forme que ce soit, aux différentes étapes de la farce électorale du 16 juillet 2017 et leur demande de rester chez eux le jour du scrutin. Porté par les idéaux de paix véritable, de non-violence, d’unité et de concorde nationales, le Collectif les invite à faire preuve d’une grande lucidité politique et à éviter de se laisser piéger par le pouvoir. Le Collectif les exhorte par ailleurs à ne jamais se compromettre dans des actes de violence, nuisibles au combat citoyen pour une alternance démocratique et pacifique.

Pour tenter de justifier leur ralliement au pouvoir pour des raisons bassement alimentaires et leur participation prochaine à la farce électorale du 16 juillet 2017, certains militants de l’opposition allèguent que "la politique de la chaise vide est contre-productive". Est-ce que refuser de servir de marchepied du pouvoir dans une élection jouée d’avance, c’est pratiquer la politique de la chaise vide ? Avoir l’intelligence de flairer un piège et de le déjouer, est-ce pratiquer une politique de la chaise vide ? Refuser de cautionner une parodie d’élection dont le but est de donner une majorité écrasante à la mouvance présidentielle, au moyen d’une fraude électorale massive et de nominations de députés par le pouvoir, est-ce pratiquer une politique de la chaise vide ? Nous ne le croyons nullement. Nous pensons au contraire que pour une vraie opposition, participer aux élections lorsque les conditions de transparence et d’équité ne sont pas remplies, lorsqu’une partie du territoire national est en guerre et lorsque les populations vivent un calvaire social, c’est non seulement commettre une faute politique, mais c’est surtout, faire le jeu du pouvoir et crédibiliser des élections frauduleuses et contestables.

Les partis de l’opposition réelle sont des partis de conviction et non pas des partis alimentaires. Ils sont constants dans leur position sur les élections. Pour mémoire, en 2007, ils ont refusé de prendre part aux élections législatives parce que les conditions de transparence de ces élections n’étaient pas remplies. En 2008, pour les mêmes raisons, ils ont boycotté les élections locales. En 2009, leurs candidats se sont retirés au dernier moment de l’élection présidentielle, car le pouvoir avait refusé de refonder le système électoral frauduleux mis en place en 2002. Déçus par les élections de 2012 et pour les mêmes raisons, ils n’ont pas participé aux élections locales de 2014.

Ainsi, les partis de l’opposition réelle n’ont cessé de proclamer haut et fort qu’ils ne participeront à une élection, quelle qu’elle soit, que si et seulement si, les conditions d’une organisation libre, transparente et équitable de cette élection sont effectivement réalisées. Ce qui est très loin d’être le cas aujourd’hui.

Par ces motifs, le Collectif proclame solennellement qu’il ne participera pas à la parodie d’élections législatives et locales du 16 juillet 2017. Il invite instamment l’ensemble du peuple congolais à faire autant. Dans la même optique, le Collectif interpelle la communauté internationale et l’exhorte à renforcer la pression sur les autorités congolaises par la prise de mesures appropriées comme en RDC où les USA et L’Union européene ont décidé d’appliquer contre les hautes autorités de l’Etat, les sanctions ciblées ci-après :

-  l’interdiction de voyager aux USA, au Canada, dans l’espace Schengen, en Grande-Bretagne, etc. ;

-  le blocage des comptes bancaires domiciliés à l’étranger ;

- la réalisation des enquêtes approfondies sur les violations répétées des droits de l’homme et les crimes contre l’humanité auxquels ces autorités se livrent quotidiennement.

Ces sanctions politiques jointes à la crise financière gravissime que traverse le Congo contribueront à n’en point douter, à faire plier le pouvoir congolais et à le contraindre à accepter le dialogue national inclusif, seule vraie solution de sortie de crise.

Fait à Brazzaville, le 17 juin 2017

Pour le Collectif des partis de l’opposition congolaise - Le Collège des présidents