Centrafrique : Heureusement qu’on est pas dernier, on est classé 188e sur 188 Etats

Par Bernard Selemby-Doudou Bernard selemby 1
 
Après la prise du pouvoir par la coalition des groupes armés, les éléments incontrôlés -selon les propos du President autoproclamé- ont enchaîné ou multiplié des exactions, assassinats, meurtres, viols, pillages avec un relent intercommunautaire ou religieux sur de paisibles citoyens. Des mouvements de résistance sanglante se sont organisés précipitant l’intervention de l’armée française sous la bannière d’une solide résolution de l’ONU.
 
Ne pouvant collaborer avec un president putschiste autoproclamé, une solution politique a été initiée par les chefs d’Etat de la sous région avec la bénédiction de la communauté internationale.
 
En conséquence de ce qui précède, une transition politique a été mise en place sanctionnée par l’organisation des élections couplées c’est à dire les présidentielles et les législatives. Du moins, cette transition qui a aussi connu des soubresauts financiers et politiques occupait contre toute attente un classement non pas appréciable mais passable dans le concert des nations. Bernard Selemby-Doudou@bsd
 
À titre de rappel, les États Unis publient une fois par an un classement des États en fonction de leur prospérité pour ne pas dire en fonction de leur pauvreté. Nonobstant la levée des 30% de promesse de dons par la communauté internationale suite à la table ronde de Bruxelles, de la prise en charge des salaires et autres fardeaux de l’Etat par la communauté internationale, notre chère nation est la lanterne rouge de ce classement.
 
Au passage, il faut noter que le budget de l’Etat centrafricain est le dernier budget de la sous région. Ce budget est comparable ou même en deçà du budget d’une entreprise et non d’un État. L’espérance moyenne de vie est limitée à 51 ans et le produit intérieur brut -PIB- par habitant et par an est de 581 dollars. Les routes sont en état de délabrement avancé, on assiste au quotidien à un saupoudrage d’électricité au rythme de tontine, l’absence ou le délabrement des écoles et structures médicales dans les zones rurales, la perte de contrôle sur les 2/3 du territoire national qui comporte 16 préfectures et 179 communes. À cela s’ajoutent le fait que la vieillissante classe politique est majoritairement corrompue avec de blanchiment d’argent et de pierres précieuses, la société civile muselée et inexistante.
 
En résumé, il n’y a pas un domaine où on est au pénultième rang en dehors du classement FIFA relatif au football. La nation de Boganda est l’unique pays au monde sans armée…bref, un État failli. La notion de l’Etat est devenue une fiction car il est présent là où on l’attend le moins mais très absent là où on le réclame. Logiquement, l’avènement de nouvelles autorités démocratiquement élues devrait verdir tous les indicateurs y compris celui de la croissance. Mais à la lecture honteuse du dernier classement de l’ONU, la chère patrie de Bokassa occupe malheureusement la dernière place.
 
Surpris, le citoyen lambda qui ne dissimule plus ses inquiétudes, s’interroge publiquement :
  • Quel était le classement de notre pays avant l’avènement des autorités démocratiquement élues ?
  • Comment expliquer un classement aussi médiocre nonobstant les innombrables offensives diplomatiques des autorités démocratiquement élues ?
  • Le président des pauvres a t-il interêt à entretenir le désordre et de maintenir le pays sous le seuil de pauvreté ?
  • Quelles sont les actions entreprises par le pouvoir de Bangui pour inverser la courbe de ce classement ?
  • Dans le souci d’appâter les éventuels investisseurs, comment pacifier le pays quand le pouvoir ménage les groupes armés dans le sens du poil ?
  • Dès lors que la justice nationale et internationale ne s’intéresse aux bourreaux connus du peuple, comment va faire le pouvoir pour les inquiéter, ne fusse que de leur interdire de souffler sur la braise ?
  • En l’absence d’initiative gouvernementale, faut-il mettre d’office notre pays sous tutelle selon les prescriptions du chapitre 13 de la charte de l’ONU ?
 
Ce dernier classement de l’ONU n’est autre que la résultante de mauvais choix de méthodes, d’approches et de stratégies des nouvelles autorités. S’entêter sur cette voie s’avérerait suicidaire. En conséquence, nous invitons humblement le president de la République qu’il n’est pas tard de changer de cap en vue de verdir tous les indicateurs.
 
Pour finir, nous appelons à méditer la morale de ce classement : "accepter les résultats ambigus d’une présidentielle dans l’optique de sauver sa patrie, et quelques mois plus tard la retrouver lanterne rouge au prix du sang dans le concert des nations…un cauchemar qui nous hantera à jamais".
 
Avons-nous des regrets ? Et si c’était à refaire ?
 
Mais attention, ne le dite à personne. Si on vous demande, ne dîtes pas que c’est moi.
 
Paris le 10 novembre 2017
Bernard Selemby Doudou  
Juriste, administrateur des élections.

Sur un trait d'humour ....

Cata