Communiqué du CRAN

Le nouveau chef d’Etat-major, héros ou bourreau ?   Le CRAN se réserve le droit de saisir la justice
François Lecointre, le nouveau chef d’Etat6major de l’armée française, a-t-il collaboré au génocide au Rwanda ?

Macron et lecointre

Emmanuel Macron président de la République française et le chef d'Etat-major des armées le général d'armée François Lecointre sur la base 125 le 20 juillet 2017 Bouche du Rhone @eo

C’est en tout cas ce qu’affirme Jacques Morel, ancien ingénieur du CNRS, spécialiste de la politique française en Afrique, ayant publié sur le sujet un livre extrêmement documenté, de plus de 1 500 pages, La France au cœur du génocide des Tutsis au Rwanda.

Dans une interview accordée au journal L’Humanité, le chercheur affirme que le capitaine Lecointre qui, à l’époque, participait à l’opération Turquoise, "collaborait avec le directeur de l’usine à thé, Alfred Musema, un des organisateurs du génocide dans la région de Bisesero". Le chercheur assure détenir des preuves.

Selon Jacques Morel, "les français ont laissé les miliciens opérer librement dans la zone" humanitaire sûre "décrétée par l’Hexagone début juillet. Cette zone humanitaire était sûre pour les miliciens, car ils pouvaient continuer à opérer sans être attaqués par le Front patriotique rwandais -FPR-. De fait, le nouveau chef d’Etat-major défendait les auteurs du génocide rwandais."

Le CRAN estime que la présomption d’innocence doit être respectée. Cependant, eu égard à la gravité des faits supposés, eu égard au travail d’archivage bien connu de Jacques Morel, le Cran demande que toute la lumière soit faite, et que :

  • le pôle du TGI de Paris consacré aux crimes contre l’humanité se saisisse du dossier en nommant au plus vite un juge d’instruction, pour qu’une enquête préliminaire soit diligentée,
  • le gouvernement français déclasse enfin les archives liées au Rwanda, comme François Hollande s’y était engagé. On ne peut pas clamer son innocence tout en refusant la transparence.

 

Le président du CRAN, qui était le mois dernier au Rwanda, et notamment à Bisesero, pour travailler sur la question du génocide, a déclaré : "le général Lecointre est-il un  héros reconnu", comme l’affirmait récemment Emmanuel Macron, ou un  "bourreau méconnu", comme l’indique de son côté Jacques Morel ? Quoi qu’il en soit, une chose est certaine, il n’est pas possible que l’armée de la République soit dirigée par un génocidaire. "Le CRAN se réserve le droit de saisir les tribunaux si le TGI ne se saisit pas lui-même de ce dossier", a ajouté Louis-Georges Tin.

Au-delà de cette affaire très grave, le CRAN demande qu’il y ait un débat national autour de la politique africaine de la France qui, hier comme aujourd’hui, échappe en fait à tout contrôle démocratique, et qui n’est jamais discutée publiquement, pas même au Parlement, ce qui est source de dérives de toutes sortes. Emmanuel Macron ne pourra pas continuer son action sur la scène nationale et surtout internationale s’il donne l’impression de chercher à couvrir des faits si graves, à un si haut niveau. "Si le chef d’Etat major est complice de crime contre l’humanité, a déclaré Louis-Georges Tin, il ne faudrait pas que le président devienne à son tour complice du chef d’Etat major", a conclu le président du CRAN.

Louis-Georges Tin,
Président du CRAN  - Conseil représentatif des associations noires --
Le 22 juillet 2017

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