URAMIN : Anne Lauvergeon placée sous le statut de témoin assisté

Anne Lauvergeon, ancienne patronne du puissant groupe nucléaire AREVA  a été placée sous le statut de témoin assisté dans l'un des volets de l'enquête sur le rachat controversé en 2007 par URAMIN, société minière du Canada en 2007.

Le groupe AREVA avait décaissé 1,8 milliard d'euros pour acheter URAMIN, mais l'exploitation de ses 3 gisements africains s'était révélée beaucoup plus difficile que prévu et l'opération s'était transformée en véritable échec financier.

Six mois après le départ d'Anne Lauvergeon, à la fin de l'année 2011, AREVA avait inscrit dans sa comptabilité une provision de 1,5 milliard d'euros sur la valeur de la société minière. Pour mémoire Anne Lauvergeon alias "Atomic Anne" est restée à la direction du groupe AREVA de 2001 à 2011 soit 10 années. Au mois de mai 2016 elle a été mise en examen tout comme deux anciens dirigeants "soupçonnés d'avoir présenté des comptes inexacts afin de masquer l'effondrement de la valeur d'URAMIN".

Une seconde enquête porte sur des soupçons d'escroquerie et de corruption lors de l'achat d'URAMIN. Anne Lauvergeon a été entendue le 29 mars 2017 dans ce volet, et l'ancienne conseillère de feu le président de la République française François Mitterrand a été placée sous le statut de témoin assisté. En effet, les juges d'instruction "considérent qu'il n'existait pas à ce stade d'indices graves ou concordants justifiant sa mise en examen."

"URAMIN était la seule "+junior+ accessible financièrement" à l'époque, a indiqué Anne Lauvergeon, ajoutant "qu'AREVA devait élargir ses sources d'approvisionnement "pour satisfaire les besoins de ses clients" et qu'URAMIN "permettait de diversifier les risques politiques" d'AREVA en Afrique.

Anne Lauvergeon a également justifié l'intérêt de cette acquisition vis à vis des engagements pris avec la République populaire de Chine. Pour mémoire  Pékin ayant posé à l'époque comme condition à l'achat de réacteurs EPR l'entrée au capital de mines gérées par des entreprises françaises.

Interrogée sur d'éventuelles commissions versées au clan de Thabo Mbeki, ancien président de l'Afrique du Sud,  Anne Lauvergeon a assuré que l'opération n'était "en aucune façon" liée à de tels versements.
 

La Cour des comptes, à l'origine d'un signalement en 2014 qui avait déclenché l'enquête, avait mis en avant le coût de l'acquisition -" à un prix environ cinq fois supérieur" à celui demandé un an plus tôt, lors d'une précédente négociation- et fustigé des "investissements hâtifs" par rapport à la connaissance des gisements.


Des géologues avaient par la suite relevé devant les enquêteurs que l'opération suscitait de nombreuses réserves à l'époque, notamment en raison des difficultés à exploiter les sites. "Ils ne sont pas des spécialistes de la commercialisation ni des acquisitions (...) On s'est entouré de tous les conseils", a assuré l'ancienne dirigeante du groupe AREVA.


Embauché en 2006 par AREVA dans le rachat d'URAMIN, les magistrats s'interrogent aussi sur le rôle central joué par un financier belge, Daniel Wouters. Les différentes auditions indiquent qu'il entretenait dès 2008 des liens à travers l'une de ses sociétés, SWALA, avec les actionnaires de la société URAMIN. Egalement au centre des investigations, les relations étroites entre Daniel Wouters et Olivier Fric époux d'Anne Lauvergeon. 

Olivier Fric a été mis en examen dans cette affaire, soupçonné d'avoir spéculé sur le titre URAMIN lors de son rachat, en profitant d'informations privilégiées, et d'avoir pu effectuer un bénéfice de l'ordre de 300 000 euros.

Anne Lauvergeon a toujours déclaré n'avoir "jamais ramené de travail à la maison", ajoutant qu'elle avait certes sollicité son mari pour le recrutement de Daniel Wouters mais que les deux hommes ne s'étaient jamais rencontrés avant l'embauche de ce dernier.

A suivre

Le 26 juillet 2017