Conclusions de la réunion de haut niveau sur la situation politique, sécuritaire et humanitaire en Centrafrique

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1. Le 19 septembre 2017, en marge de la 72e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations-Unies, s’est tenue une réunion ministérielle de haut niveau sur la République centrafricaine, co-présidée par le secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, le président de la République centrafricaine, M. Faustin-Archange Touadéra, et le président de la commission de l’Union africaine, M. Moussa Faki Mahamat. La réunion s’est tenue en partenariat avec la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, l’Union européenne et la Banque mondiale. Les membres du groupe international de soutien -ancien groupe international de contact- ainsi que d’autres partenaires clés y ont également pris part.

2. Le Président Touadéra a présenté la stratégie du gouvernement centrafricain en ce qui concerne la restauration de l’autorité de l’Etat depuis le retour à l’ordre constitutionnel et la mise en place des institutions républicaines, et affirmé sa volonté de poursuivre le processus de consolidation de la paix et de réconciliation nationale par la voix du dialogue. Il a également renouvelé son engagement à entreprendre des réformes institutionnelles et politiques visant à accroître l’efficacité du gouvernement et des services publics, à travers une gestion transparente des ressources limitées de l’Etat et le renouvellement du personnel politique et administratif, en prenant en compte la nécessité d’assurer une meilleure représentativité des minorités et des femmes, ainsi que l’illustre la composition de la nouvelle équipe gouvernementale. Ces réformes contribueront à la consolidation de la paix, ainsi qu’à la réconciliation nationale, et renforceront les efforts de mise en œuvre du plan de relèvement et de consolidation de la paix Centrafrique -RCPCA- et du cadre d’engagement mutuel -CEM-RCA- signés lors de la conférence de Bruxelles pour la RCA.

3. Les participants se sont félicités des progrès réalisés dans plusieurs domaines, notamment le dialogue avec les groupes armés, le lancement du projet pilote de Désarmement, Démobilisation, Réintégration et répartition -DDRR-, l’adoption de la stratégie nationale de restauration de l’autorité de l’Etat, l’adoption de la Politique nationale de sécurité et de la stratégie nationale de la réforme du secteur de la sécurité -RSS-, l’adoption et la promulgation du Code de justice militaire, la validation du Plan sectoriel des Forces de Sécurité Intérieure -FSI-, le recrutement de 500 policiers et gendarmes, les efforts de relance économique, l’opérationnalisation graduelle de la Cour pénale spéciale, la nomination des membres du comité de pilotage pour la mise en place de la Commission vérité et Réconciliation, ainsi que les efforts de promotion et de protection des droits de l’homme, en particulier les droits des femmes et des enfants. Les participants ont également salué l’inclusion, au sein du Gouvernement, d’un plus grand nombre de représentants de partis politiques, de personnalités proches de groupes armés ayant accepté d’adhérer au processus de paix, ainsi que de représentants de la société civile.

4. Malgré ces avancées, de nombreux défis continuent de se présenter sur les plans sécuritaire, humanitaire, de justice, de la réconciliation et du développement socio-économique. Le plein engagement du gouvernement et de toutes les forces vives de la nation, ainsi que des partenaires internationaux, est nécessaire pour que le pays ne retombe pas dans une situation de crise similaire à celle de 2013. Dans ce cadre, les participants ont également salué l’engagement du Président Touadéra à mettre en œuvre, d’ici à la fin du premier trimestre de 2018, les actions prioritaires énoncées dans le RCPCA aux fins de renforcer la sécurité pendant la saison de la transhumance et d’étendre progressivement l’autorité de l’Etat et la fourniture de services sociaux de base. Les participants ont ainsi salué l’engagement du président Touadéra à remédier aux lenteurs constatées dans l’exécution d’activités clé.

5. Les participants ont condamné avec la plus grande fermeté les violences contre la population civile et les acteurs humanitaires depuis le mois de mai 2017 au sud-est de la RCA et, plus récemment, dans le nord-ouest, violences qui ont entrainé une aggravation marquée de la crise humanitaire et sécuritaire. Ils ont manifesté leur profonde inquiétude face à la gravité de la situation humanitaire ainsi que des risques de conflit à plus grande échelle. Les participants ont rappelé que la responsabilité première de répondre à cette urgence incombe au Gouvernement centrafricain. Ils ont invité les partenaires de la RCA à prêter une attention particulière à cette situation en appui aux efforts du Gouvernement, et ont exprimé leur préoccupations quant au sous-financement criant qui continue à miner la mise en œuvre du Plan de réponse humanitaire révisé. Ils ont aussi souligné l’importance du renforcement des capacités, y compris les effectifs militaires de la MINUSCA afin de lui permettre de mieux remplir son mandat, surtout en matière de protection de la population civile. Les participants ont remercié tous les pays contributeurs de troupes et de personnels de police pour leur soutien au processus de paix et de stabilisation en République centrafricaine. Ils ont rendu un hommage aux personnels de la MINUSCA qui ont sacrifié leur vie au service de la paix

6. Convaincus que la présence continue des groupes armés représente l’obstacle le plus immédiat à la stabilité et au redressement du pays, les participants ont condamné fermement la violence intercommunautaire ciblant parfois certaines populations sur la base de leur affiliation ethnique ou religieuse, et saluent à cet égard, l’appel à la cessation des hostilités lancé par le Panel de Facilitation de l’Initiative Africaine. Ils ont condamné les attaques persistantes perpétrées contre les casques bleus de la MINUSCA et dernièrement contre des travailleurs humanitaires et dirigeants religieux. Les participants ont instamment demandé au Gouvernement de condamner publiquement ces attaques et d’identifier et de traduire en justice leurs auteurs et commanditaires. Les participants ont demandé à toutes les parties de cesser immédiatement les hostilités et de respecter les principes humanitaires pour permettre la fourniture continue de l'assistance humanitaire.

7. Les participants ont vivement soutenu la vision du Président Touadéra ainsi que ses priorités immédiates pour s’attaquer aux causes profondes du conflit et favoriser le développement du pays à long terme. Ils ont noté les efforts significatifs du gouvernement qui ont permis la fermeture de tous les sites de personnes déplacées internes à Bangui et dans un certain nombre de villes de l’arrière-pays. Ils ont encouragé les autorités centrafricaines à poursuivre leurs efforts en faveur d’une approche inclusive associant toutes les composantes de la société centrafricaine à l’œuvre de reconstruction de la RCA, afin de renforcer la cohésion sociale et le retour tant des personnes déplacées internes que des réfugiés.

8. Les participants ont renouvelé leur ferme soutien à l'Initiative africaine, sous le leadership du Président Touedera et co-portée par l’Union africaine, la CEEAC et la CIRGL avec l'appui de l'Angola, du Congo et Gabon et du Tchad, et ont réitéré la volonté des partenaires du processus de paix en Centrafrique, en particulier les Nations-Unies, à travailler de façon très étroite avec les composantes de l’Initiative Africaine, dans la recherche d’un accord de paix et de réconciliation durable. Les participants, tout en rendant hommage à M. Hacen Lebatt, ont salué la nomination de son successeur Bédializoun Moussa Nébié comme Représentant spécial de l’Union africaine pour la République centrafricaine et le succès de la première réunion du Panel de facilitateurs, placé sous les auspices de l’Union africaine, de l’Initiative africaine à Bangui le 11 et 12 septembre 2017. Ils ont recommandé une coopération étroite et effective entre l’Union africaine, les Nations-Unies, la CEEAC, l'Union européenne, la communauté de Sant'Egidio et tous les partenaires régionaux et internationaux. Ils ont encouragé les autorités centrafricaines à prendre des mesures politiques urgentes, dans le cadre des initiatives de dialogue et de médiation en cours, en particulier à travers la mise en application effective de la cessation des hostilités, comme convenu par les représentants des autorités centrafricaines et les 14 groupes armés à Rome le 19 juin 2017, sous les auspices de la communauté SantÉgidio. Les participants ont souligné que ces efforts devaient aller de pair avec la mise en œuvre de réformes concrètes dans les secteurs de la sécurité, de la défense, de la justice et de la réconciliation nationale, en bénéficiant du soutien entier, de l’ensemble de la communauté internationale.

9. Les participants ont réaffirmé que la feuille de route adoptée par la conférence ministérielle tenue à Libreville le 17 juillet 2017, constitue désormais le principal cadre de recherche d’une solution politique en RCA. Ils se sont félicités de la décision du Panel, dans un souci de cohérence et en partenariat stratégique et opérationnel avec les Nations-Unies, d’y agréger toutes les démarches et initiatives en cours, y compris l’initiative parlementaire et de la société civile, et d’inviter tous leurs promoteurs à se mobiliser ensemble autour de cette initiative devenue désormais commune. Les participants ont souligné le devoir des pays voisin de la RCA de contribuer à la résolution de la crise. Les participants ont également pris note de la décision du Panel des facilitateurs et l’appel pressant du président Touadéra sur la nécessité et l’importance d’ouvrir le Panel aux représentants des pays voisins de la RCA abritant sur leur sol de nombreux réfugiés centrafricains.

10. Les participants ont appelé la communauté internationale et les donateurs à maintenir un soutien financier adéquat pour la mise en œuvre du RCPCA et à mieux coordonner leurs activités. Les participants ont encouragé les autorités centrafricaines à accroître la coordination des contributions des partenaires dans la mise en œuvre du RCPCA. Les participants se sont félicités de la contribution essentielle de l’Union africaine et des Nations Unies aux efforts de stabilisation, en particulier à travers la mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations-Unies en République centrafricaine -MINUSCA- et celle des autres partenaires stratégiques de la -RCA- y compris la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, l’Union européenne, et la Banque mondiale.

11. Afin de permettre un suivi des engagements pris lors de la réunion de la part des acteurs principaux, il a été convenu que le groupe international de soutien se réunirait dans 6 mois.

Le 20 septembre 2017