Ethiopie : Addis-Abeba abrite le 30e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement

Dans le cadre de la présidence tournante, l'Union africaine est actuellement présidée pour une année par Paul Kagame, président du Rwanda. 

Le "passage de témoin" entre Alpha Condé président de la République de Guinée Conakry et actuel président de l’UA, à Paul Kagame, marquera un temps fort de ce 30e sommet. Pour mémoire Paul Kagame a été désigné à cette responsabilité en juillet 2017. A l'ordre du jour de ce 30e sommet, à retenir 5 grands dossiers ou des décisions devront être enterinées par les chefs d'Etat.

Enjeux prioritaires de la paix et la sécurité

La prévention et la résolution des conflits continentaux restent des missions incontournable de l’Union africaine comme le mentionne l’ordre du jour du 30e sommet des chefs d’Etat à Addis-Abeba. Réunis en plénière, les chefs d'Etat africains auront à étudier 3 rapports sur la paix et la sécurité, dont l’un sur la situation en Libye, présenté par Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo qui préside le comité de haut niveau sur la Libye.

L’UA est très attendue en Centrafrique où la crise s’est renforcée en 2017 et au Soudan du Sud où le faible processus de paix demande un soutien. Dans son document publié à l’occasion du sommet sur les "7 priorités" de l’UA en 2018, l’International Crisis Group inscrit parmi ces priorités l’accompagnement en amont des Etats s’apprêtant à organiser des scrutins électoraux, "déclencheurs souvent de crises politiques et de violence".

 2018 sera l’Année africaine de la lutte contre la corruption : vaste programme

La corruption a grande échelle affaiblie condidérablement les économies africaines, d'après plusieurs rapports ou il est fait état de 50 milliards de dollars par année. Certes il y a la "petite corruption"  et surtout la "corruption à grande échelle"  qui sévit au coeur des élites dirigeantes africaines et dont l’ampleur a "des effets dévastateurs pour le développement économique, corrosifs pour la cohésion sociale et déstabilisateurs pour l’ordre politique", a déclaré  Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’UA ajoutant à l'occasion de ses voeux pour 2018 "gagner la lutte contre la corruption, un chemin durable vers la transformation de l’Afrique".

Ce sujet sera formellement lancé au cours de ce 30e sommet par les chefs d’Etat, désireux que l’Union africaine fasse le point sur les progrès réalisés en matière de corruption depuis l’adoption en 2003, c'est-à-dire il y a 15 années, de la Convention sur la prévention et la lutte contre la corruption-AUCPCC-. Elle planchera  sur les nouveaux outils qu’il conviendra de développer pour relever les défis de la corruption contemporaine.

Les grands dossiers économiques

Au menu des chefs d’Etat,  2 dossiers économiques : la création d’une zone de libre-échange présenté par Mahamadou Issoufou président de la République du Niger et la libéralisation du ciel africain,présenté par Moussa Faki Mahamat président de la commission de l'Union africaine. Ces deux projets ont le potentiel de doper la compétitivité en Afrique en libéralisant deux secteurs clés de l’économie : le transport et les échanges.

Les réformes : Un dossier qui s'enlise

Paul Kagamé a reçu mandat de l’Assemblée des Etats de l’Union africaine en juillet 2016 afin de soumettre des propositions relatives aux mesures à prendre pour rendre l’Union africaine plus efficace et plus autonome sur le plan budgétaire. La commission mise en place par Paul Kagame à cet effet réunissant des experts reconnus tel que Donald Kaberuka ancien président de la banque africaine de développement -BAD-ou Carlos Lopes, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, a remis son rapport il y une année en 2017.

Les propositions vont de la mise en place d’une taxe de 0,2 % sur les produits non africains importés en Afrique à une meilleure répartition des compétences entre l’UA et les organisations régionales, en passant par un audit du travail des commissions et la suppression d’un sommet sur les deux qu’accueille l’UA. Ces propositions ont été enterinées par l’Assemblée des chefs d’Etat au cours du  sommet de janvier 2017. Les Etats traînent les pieds pour les mettre en application en raison d’un déficit de précision et de consultation.Le rapport du bureau du suivi de l’application des réformes qui a été mis en place le président de la Commission de l’UA sera remis  dimanche 28 janvier 2018 aux chefs d’Etat africains rassemblés en sommet.

Vers une Afrique intégrée ?

Les pères fondateurs de l’Union africaine militaient pour une Afrique unie et intégrée.

Néanmoins, 17 années après la création de l’Union africaine, la libre circulation des personnes en Afrique reste à l'état d'un mirage ou d'une illusion. A l'occasion de la discussion de l'agenda 2063 le sujet est revenu sur la table réactualisant l’idéal de l’Afrique intégrée des pères fondateurs. C’est dans ce contexte qu’est née l’idée d’un passeport continental permettant aux africains de se déplacer librement, d’un pays du continent à l’autre.

Ce sont les petits pays qui ont montré la route en ouvrant, dès 2016, leurs frontières à leurs voisin(e)s du continent. Leurs expériences ont encouragé l’Union africaine à plancher sur un projet de protocole prévoyant la libre circulation des personnes, et aussi le droit de résidence et le droit d’établissement, avec une feuille de route proposant la pleine application du protocole dès 2023. Ce projet de protocole inscrit à l’ordre du jour du 30e Sommet des chefs d’Etats qui sera débattu le dimanche 28 janvier 2018.

La validation de ce projet par les chefs d'Etat et de gouvernement aura-t-elle un impact sur les tentatives de la jeunesse africaine de se rendre en Europe, souvent dans des conditions risquées pour leur vie ? Certains le pensent d'autre non.

En  attendant l’émigration et l’intégration des migrants en Afrique est un tout autre dossier sur lesquels l’Assemblée de l’Union africaine devra rapidement prendre position en prenant en compte le rapport très attendu sur le sujet que Mohammed VI roi du Maroc présentera au sommet, au titre de sa contribution au programme migratoire de l’Union africaine.

Le 26 janvier 2018