Touadera s'exprime au cours de la réunion ministérielle de haut niveau sur le Centrafrique

Monsieur le Vice Secrétaire général des Nations-Unies,
Distinguées personnalités,
Mesdames, Messieurs,

Ayraut touadera sept 2016 new york

Jean-Marc Ayrault ministre des affaires étrangères de la France avec Charles Doubane ministre des affaires étrangères du Centrafrique et Faustin-Archange Touadera président de la République du Centrafrique @NATO

Je suis heureux de prendre la parole à nouveau au nom de mon pays, à l’occasion cette réunion qui lui est consacrée. Je salue la présence des représentants de la France, des Etats-Unis d’Amérique, de l’Union africaine, de l’Union européenne, la Communauté des Etats de l’Afrique centrale, la Banque mondiale, et le Président de la configuration de la consolidation de la Paix pour la République centrafricaine et les assure de notre sincère amitié et reconnaissance.

Mesdames et Messieurs,

La rencontre de ce jour m’offre l’opportunité de vous faire le point de la mise en œuvre de notre vision de la stabilisation de la République Centrafricaine, particulièrement dans les domaines de la réconciliation nationale, le désarmement, la démobilisation, la réintégration et le rapatriement des membres des groupes armés, les réformes clés dans le secteur de sécurité et de la défense, la bonne gouvernance, la promotion et la protection des droits de l'homme, en particulier la lutte contre l’impunité.

En effet, des élections crédibles, transparentes, démocratiques aux résultats incontestables ont consacré le retour à la légalité constitutionnelle, marquant la ferme volonté de notre peuple à tourner les pages noires d’une sombre histoire pour s’inscrire dans la voie du changement et du progrès.

Je rends hommage une fois de plus à l’Organisation des Nations Unies pour son soutien très déterminant dans la réussite des ces élections.

La mobilisation des centrafricains au cours de ces élections nous interpelle quant à leur soif en matière de paix, de sécurité et de prospérité. Nous avons reçu et compris ce message. C’est pour cela que j’ai engagé le gouvernement à mettre en œuvre une politique qui réponde à ces aspirations légitimes.

Mesdames et Messieurs,

Comme je viens de l’évoquer, la présente rencontre m’offre l’occasion de vous dire à nouveau que nous voulons nous en sortir, nous y travaillons mais qu’il reste encore beaucoup à faire.

Pour moi, j’observe que la reconstruction et le développement de la République centrafricaine sont conditionnés par le retour à la paix, à la sécurité et à la réconciliation nationale. A cette fin, j’ai engagé un dialogue avec les différents groupes armés sans exclusive pour leur montrer la nécessité d’aller au DDRR, condition sine qua non de notre marche vers le progrès.

Mon objectif est de requérir un engagement ferme et concret de leur part pour la réussite de ce programme.

Mon approche est de mettre en place une stratégie de Désarmement, Démobilisation, Réintégration, Réinsertion et Rapatriement concertée c’est dire définie de commun accord avec toutes les parties prenantes au processus.

Aussi, la structure chargée de gérer ce dossier que j’ai installée à la présidence de la République directement sous mon autorité, est actuellement à pied d’œuvre avec les représentants de tous les groupes armés.

Notre vœu le plus ardent est de voir la communauté internationale nous apporter son habituel soutien dans la définition de la stratégie, la recherche des financements et la mise en œuvre de ce programme combien important.

En second lieu, je voudrais vous informer que le processus de renforcement des capacités des forces armées centrafricaines est déjà lancé depuis le 15 juillet dernier à travers le démarrage du Programme EUTEM de l’Union européenne.

Notre objectif est de mettre sur pied une armée pluriethnique, apolitique et professionnelle rétablie dans ses fonctions traditionnelles de défense du territoire national et de la protection des populations civiles. Il n’est point question de former une armée qui aura vocation à faire la guerre à d’autres centrafricains. Je tiens à ce que certains ex-combattants qui répondraient aux critères de faire leur entrée dans l’armée nationale d’intégrer ce corps de métier.

Troisièmement, assurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national est une exigence que m’imposent les devoirs de ma charge.

Aussi, j’ai engagé le gouvernement à redéployer l’administration à l’intérieur du pays pour marquer la présence de l’Etat et satisfaire au mieux les besoins d’intérêt général. Pour appuyer tout cela, j’ai engagé grâce à la MINUSCA une série de visites de travail à l’intérieur du pays pour m’enquérir des réalités et difficultés de chaque coin de la République.

Dans ce cadre, je me suis déjà rendu à Bouar, Kaga Bandoro, Bria, Sibut et très prochainement les parties Nord et Est du pays.

L’impression générale qui se dégage de ces tournées est bonne et je remercie au passage les Nations-unies et la Banque mondiale qui, sans tarder, engagent des actions de soutien à la restauration de l’autorité de l’État dans ces localités.

Profitant de ces descentes sur le terrain, j’ai eu l’occasion de rencontrer les responsables des groupes armés avec qui j’ai partagé ma vision du DDRR et de la gestion politique des institutions de la République.

Ma position a été simple est claire. Je veux d’une gestion inclusive des affaires de l’Etat à la condition qu’on lance ne fut ce que le DDRR.

Je serai assuré que les ex combattants sont pris en charge par les organes chargés de gérer le processus, donc ils ne seront pas en divagation dans les différentes parties du pays, alors on pourra discuter et voir comment répartir les rôles dans l’organisation globale de l’Etat.

La République centrafricaine étant notre pays en partage, je ne saurai tolérer l’exclusion d’une partie de ses enfants sous quelle forme que ce soit.

Je vais maintenant évoquer la question de la justice. Je suis favorable à la réconciliation nationale entre toutes les filles et tous les fils de mon pays, sauf que celle-ci doit se concilier avec le devoir de rendre justice à mes concitoyens. Dans ce cadre, j’ai instruit le gouvernement de tout mettre en œuvre pour rendre opérationnelle la Cour Pénale Spéciale pour qu’elle juge des crimes et autres atteintes aux droits commis ces dernières années.

Aussi, le gouvernement n’a-t-il pas manqué de convoquer la session criminelle de l’année 2016 qui juge en ce moment des crimes et délits commis il y a quelques moments. Je mettrai tout en œuvre pour que la justice reste indépendante et qu’elle continue d’agir au nom du peuple centrafricain.

Cependant, et eu égard aux difficultés que rencontre le pays, un appui de la communauté internationale à l‘opérationnalisation de la Cour Pénale Spéciale serait très hautement apprécié.

Mesdames et Messieurs,

Nous avons aussi l’impérieuse nécessité d’améliorer les conditions de vie de nos populations. Pour ce faire, nous devons relancer l’économie, provoquer la croissance en vue de la création des richesses. A ce propos, nous avons identifié un certain nombre de projets prioritaires dans les domaines des secteurs productifs et des besoins essentiels de base pour lesquels nous sommes en quête de financement. La conférence programmée pour le 17 novembre prochain à Bruxelles sera l’occasion de solliciter des partenaires et autres donateurs les moyens à nous apporter en vue de la mise en œuvre des différents programmes conçus en étroite collaboration avec certains partenaires traditionnels du pays que je tiens à saluer au passage tels l’Union Européenne, la France, l’ONU, les USA, la BAD et la Banque mondiale .

Mesdames et Messieurs,

Avant de finir, je voudrais affirmer ma volonté de renforcer la collaboration qui existe déjà entre mon pays et la communauté internationale à travers la mise en place d’un cadre d’engagement mutuel entre le gouvernement centrafricain et ses partenaires internationaux, régionaux et bilatéraux.

La définition de ce cadre stratégique et politique me parait indispensable pour orienter la relation entre la République centrafricaine et ses partenaires internationaux.

J’engage le gouvernement à finaliser le document y relatif pour qu’il soit signé avant la conférence des bailleurs de Fonds de Bruxelles.

Voici en quelques mots les sujets que j’ai voulus évoqués devant vous et qui montrent que nous avons réellement la volonté d’aller de l’avant.

Notre engagement est entier. Ma détermination est à la mesure des attentes de mes concitoyens. Et ma confiance dans la réussite de cette mission requiert que tous les amis du peuple centrafricains restent à nos côtés.

Et c’est une occasion que je souhaite saisir pour remercier l’Organisation des Nations Unies pour la qualité exemplaire de son soutien. Nous avons le regard tourné vers elle pour le rôle qu’elle pourra jouer dans la mobilisation des partenaires à la prochaine rencontre des donateurs de la RCA prévue à Bruxelles en novembre prochain.

Pour se remettre définitivement sur les rails de la reconstruction, mon pays aura besoin de l’appui davantage marqué et substantiel de la communauté internationale.

Le 23 septembre 2016