MINUSCA : intervention du Représentant spécial à la rencontre du chef de l’Etat avec les forces vives de la RCA

Monsieur le Président de la République,

Jeudi dernier, j’ai informé le Conseil de sécurité sur la situation en RCA, suite aux évènements de la semaine dernière.

Hier matin à New York, le Secrétaire général adjoint aux Opérations de Maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, et le Commissaire Paix et Sécurité de l’Union Africaine, Smail Chergui, ont à leur tour fait part au Conseil de sécurité de leurs impressions suite à l’importante visite conjointe qu’ils ont effectuée ici du 10 au 13 avril.

Dans le doute et l’incompréhension du moment, face à la l’ignominie de choix aveugles et insensés de ceux dont la force ne se mesure qu’à la taille calibre qu’il arbore et à la terreur qu’ils infligent à leurs concitoyens, il y a une bonne nouvelle.

La bonne nouvelle c’est que dans notre monde polarisé au sein des Etats et entre nations, la Centrafrique continue de jouir du soutien unanime du Conseil de sécurité.

Les raisons de cet appui ferme et consensuel sont simples.

Le Conseil de sécurité respecte le retour à la légitimité constitutionnelle voulu par votre peuple et consacré le 30 mars 2016.

Le Conseil respecte surtout le choix souverain de votre peuple et appui les institutions dont il s’est doté pour amorcer le processus de refondation de votre pays.

Oui, Monsieur le Président, le Conseil de sécurité a raison, car quand le peuple s’est prononcé par la voie des urnes, il faut faire taire les armes.

Pourtant, certains s’entêtent et veulent imposer le chaos, brouiller les cartes, espérant que dans la confusion ils pourront échapper, en toute impunité, aux conséquences de leurs crimes passés.

Rien ne justifie aujourd’hui une escalade vers un nouveau conflit.

Est-il normal de vouloir soumettre le pays tout entier aux affres d’une guerre fratricide parce qu’une action de rétablissement de l’ordre publique visait l’arrestation de criminels notoires ?

N’est-ce pas le monde à l’envers ?

Comment comprendre une telle dérive belliciste au moment même où l’Union africaine, à la demande du Chef de l’Etat et au nom de la communauté internationale, déploie d’énormes efforts pour mener à bien son initiative pour la paix et la réconciliation nationale ?

J’aimerais, une énième fois, faire écho à l’appel unanime du Conseil de sécurité pour que cesse immédiatement toutes les hostilités et, dans tous les cas, la posture guerrière dans laquelle certains veulent s’enfermer.

Ce propos s’adresse aussi bien à ceux qui menacent avec légèreté de renverser les institutions démocratiques qu’à ceux qui leur répondent et tentent de raviver les tensions identitaires qui ont tant meurtri votre peuple.   

Nous ne laisserons pas faire.

Dans ce combat pour la paix, la MINUSCA ne sera pas neutre. Car être neutre, en disposant d’un mandat qui nous oblige d’agir, serait au mieux manquer lourdement à nos devoirs, au pire nous serions coupables.

Notre impartialité, quant à elle, sera sans équivoque.

La MINUSCA a pour mandat de protéger les populations civiles, de défendre les institutions démocratiques jouissant de la légitimité populaire.

Pour y parvenir, le Conseil de sécurité lui demande de réduire la présence et la menace que les groupes armés posent à la société centrafricaine.

C’est pourquoi, à la violence des armes nous leur opposerons avec fermeté la force de la légitimité nationale et internationale.

Le peuple centrafricain a trop souffert. J’appelle tous ceux qui seraient encore tentés par la violence armée à s’engager résolument à résoudre toute divergence par les voies du dialogue, principalement à travers l’initiative africaine pour la paix et la réconciliation en RCA. 

Le 20 avril 2018