MINUSCA : discours de Mankeur Ndiaye

  • Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat,
  • Honorable Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
  • Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
  • Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
  • Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
  • Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique et des organisations internationales,
  • Mesdames et Messieurs les membres du bureau de l’Assemblée nationale,
  • Monsieur le Maire de la ville Bangui,
  • Monsieur le Président du Haut Conseil de la Communication,
  • Distingués invités,                                                                                                                        Mankeur Ndiaye@minusca

 

Mankeur 19 juillet 201930 juin 2018 - 19 juillet 2019, il y a un peu plus d’un an que le Plan National pour la Prévention de l’Incitation à la Haine et à la Violence a été adopté ici à Bangui sous le haut patronage du Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Aujourd’hui, nous nous retrouvons pour formellement lancer la mise en œuvre de ce Plan, fruit d’un dialogue inclusif entre tous les segments de la société centrafricaine.

En m’invitant à prendre part à la présente cérémonie, vous faites des Nations Unies un témoin privilégié du tournant décisif que le peuple et le Gouvernement centrafricains entendent franchir dans leur quête de réponses appropriées aux discours de haine, un fléau qui n’épargne aucune société.

  • Monsieur le président de la République,
  • Mesdames et Messieurs,

L’Organisation des Nations Unies a fait observer que les discours de haine se sont révélés être des précurseurs d’atrocités commises dans tous les continents du globe au cours des 75 dernières années. A cet égard, le Secrétaire général des Nations Unies a pu relever, le 18 juin 2019, que "Les discours de haine sont intrinsèquement une attaque contre la tolérance, l’inclusion, la diversité et l’essence-même de nos normes et principes des droits de l’homme. Plus largement, ces discours compromettent la cohésion sociale comme elles érodent nos valeurs partagées et font le lit de la violence, en faisant reculer la cause de la paix, de la stabilité, du développement durable et des droits de l’homme pour tous ".

De telles menaces n’épargnent point les valeurs démocratiques ainsi que les principes de l’Etat de droit.

  • Monsieur le président de la République,
  • Distingués invités,

Je vous ferai l’économie de toutes les instances et incidents d’incitations publiques à la haine qui auraient pu exposer, à plusieurs reprises, la sécurité de l’Etat et des personnes. Ils ont suscité à la fois une prise de conscience et une commune volonté de mutualiser nos efforts pour prévenir les effets néfastes de ce fléau.  La vitesse de l’information, la diversité des canaux de communication ainsi que la largesse des audiences amplifient la moindre tentative de dissémination de discours incitatifs à la haine.

Prenant l’exacte mesure de la situation, le Conseil de sécurité érigea, dans sa Résolution 2399, l’incitation à la violence et les discours de haine en un critère additionnel de nature à justifier la sanction de leurs auteurs.

Aussi, faudrait-il comprendre notre cheminement avec le Haut Conseil de la Communication, les parties prenantes et les partenaires stratégiques ici représentés comme une volonté partagée d’appropriation collective d’une approche préventive et structurelle de lutte contre les discours de haine. La République centrafricaine est aujourd’hui parmi les rares Etats du Continent à se doter d’un plan national de lutte contre l’incitation publique à la violence. Trois mérites en fondent le respect et suscitent des espérances de notre part.

D’abord, ce plan est politiquement légitime car il reflète le produit d’une démarche consensuelle à laquelle auront souscrits tous les segments clefs de la société centrafricaine, avant son endossement par le Premier Ministre et le Haut Conseil de la Communication. Il assigne à tous les acteurs politiques, religieux, sociaux et partenaires internationaux, des rôles complémentaires dans sa mise en œuvre tout en créant des espaces de suivi et évaluation de leurs performances respectives. Ce large consensus politique et social nous a permis d’accroître nos capacités de réponse, y compris par l’usage de l’intelligence artificielle dans le monitoring en ligne afin d’identifier les auteurs de discours haineux.

Ensuite, il est juridiquement conforme aux standards internationaux.  En cela, le plan n’apporte aucune restriction à la liberté d’opinion et d’expression, piliers fondamentaux de toutes les sociétés démocratiques.

Il est, enfin, techniquement valide car couvrant une dimension transformative par la série de mesures qu’il préconise, la planification opérationnelle de son exécution et les mécanismes de mise en œuvre qu’il prévoit. Je me réjouis de constater que le plan national de prévention de l’incitation publique à la haine et à la violence prend en compte tous les axes stratégiques et engagements formulés par la Stratégie et le Plan d’Action des Nations Unies sur les discours de haine approuvés par le Secrétaire général des Nations Unies en mai 2019.

Est-il besoin de rappeler que le Plan National de prévention de l’incitation publique vise notamment à conduire une réflexion collective sur les racines de la haine et les causes profondes des conflits qui agitent la RCA depuis des décennies, à réduire la propagation des messages de haine et de violence et leur impact sur la cohésion nationale et sociale.

De la conjugaison de nos efforts et de l’optimisation de notre partenariat jaillira une énergie positive à même de semer les germes de la paix dans les esprits afin d’y anéantir les mots qui stigmatisent, discriminent, divisent pour déboucher sur des violences atroces.

Par ailleurs, c’est la codification du plan par l’article 4 de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation qui fait de la lutte contre l’incitation publique à la violence une responsabilité partagée par toutes les parties et de sa mise en œuvre, un engagement du Gouvernement. Par conséquent, la cérémonie de ce jour, s’inscrit aussi dans la dynamique de mise en œuvre de l’Accord de paix qui offrent des outils de dépassement de la crise.

  • Monsieur président de la République,
  • Monsieur le président du Haut Conseil de la Communication,
  • Distingués invités,

Le besoin de mise en œuvre de ce Plan devient pressant afin de sensibiliser les uns et les autres sur les menaces qu’un mauvais usage de la liberté d’expression et de la presse, par exemple, fait peser sur la stabilité du pays et la cohésion nationale. C’est pour cette raison, que le Haut Conseil de la Communication, garant de la mise en œuvre de ce Plan national, a un rôle essentiel à jouer dans la campagne de sensibilisation contre la haine et l’incitation à la violence.

Je me félicite du programme déjà initié depuis le 12 juin au profit d’une audience très diversifiée allant des institutions de l’Etat aux groupes armés en passant par la société civile, y compris les journalistes, les partis politiques et les confessions religieuses. La mise en œuvre de ce plan ne gagnera en efficacité qu’à condition de faire jouer à chaque acteur le rôle qui lui incombe et d’apporter au Conseil de la Communication le soutien et la coopération requis dans l’exercice de sa mission de régulation.

  • Monsieur le président de la République,
  • Monsieur le président du Haut Conseil de la Communication,

Vous pourrez toujours compter sur les Nations Unies pour être à vos côtés dans vos efforts aussi bien individuels que collectifs, pour combattre les discours d’incitation à la haine et à la violence qui peuvent conduire au pire comme on l’a connu dans certains pays du continent.

Je vous remercie de votre attention

Bangui,19 juillet 2019