A l'occasion des rencontres avec les forces vives

Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Membres du Corps diplomatique et des Représentants des Organisations Internationales,
Monsieur le Représentant du Secrétaire Général des Nations-Unies, Chef de la MINUSCA,
Monsieur le Maire de la Ville de Bangui,
Mesdames et Messieurs les Présidents des Partis politiques et Associations,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Syndicats et du Patronat ;
Messieurs les représentants de la Plateforme religieuse,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations de la Société Civile,
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,
Mes Chers Compatriotes,

Je vous remercie d’avoir répondu avec tant d’empressement à mon invitation. J’ai tenu à organiser cette rencontre afin qu’ensemble, nous puissions rechercher, tant soit peu, des solutions idoines à la crise qui prévaut dans notre pays.

Comme vous le savez, depuis quelques mois, notre pays connaît une crise sécuritaire qui remet en cause le calme retrouvé depuis les dernières élections présidentielle et législatives saluées de tous.

Les groupes armés règnent par la terreur dans les territoires sous leur contrôle. Après les massacres de Ndomété, de Kouango, de Kongbo, de Koui, de Kaga-Bandoro, de Ngakobo, du Km5, de l’abattoir frigorifique, nous voilà obligés de faire face à une autre forme de la crise, à travers la ville morte qui a endeuillé de foyers à Bangui le lundi, 24 octobre dernier.

En cet instant solennel, mes pensées vont vers les victimes innocentes de cette crise.

A nos compatriotes qui souffrent dans leur chair et dans leur âme des effets néfastes de la crise, à ceux qui sont poussés au déplacement à l’intérieur du pays ou contraints à l’exil dans les pays voisins où ils bénéficient de la solidarité nationale et internationale, je leur renouvelle toute ma compassion.

Avant de continuer, Je voudrais vous inviter à observer avec moi une minute de silence en mémoire des victimes innocentes de cette énième crise que traverse notre pays. Merci.

Je saisis cette occasion pour renouveler ma gratitude à l’ensemble de la communauté internationale, aux Nations-Unies et à tous les pays amis et frères de la République centrafricaine qui œuvrent à nos côtés pour juguler cette crise.

Mes Chers Compatriotes,

Point n’est besoin de rappeler qu’à cause de nos incompréhensions, de nos querelles partisanes, de nos errements politiques, de notre méfiance réciproque, notre pays a sombré dans une grave crise qui a mis à mal la cohésion sociale, provoqué de nombreuses pertes en vies humaines, l’effondrement de l’État et de l’économie nationale.

Le Peuple centrafricain, conscient que la tolérance, l’inclusion, la concertation et le dialogue constituent le socle de la paix et de l’unité nationale, m’a confié sa destinée à travers l’élection présidentielle reconnue comme juste, transparente et démocratique.

A travers ce choix sans équivoque, le Peuple souverain, détenteur du pouvoir, a reconnu que ma profession de foi reflétait ses aspirations principales : le vivre ensemble, sans distinction de races, d’ethnie ni de religion, le rétablissement d’un État de droit.

Malheureusement, en dépit des efforts déployés par le gouvernement dans un contexte économique particulièrement morose, pour renouer avec la paix, la cohésion sociale, le redéploiement de l’administration et le relèvement économique, certains compatriotes veulent par tous les moyens, replonger le pays dans un chaos indescriptible.

Mes Chers Compatriotes,

Restaurer la sécurité sur l’ensemble du territoire est la priorité des priorités de mon gouvernement. L’État doit garantir les droits inaliénables à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur. Mais il faut y aller avec méthode, avec tact, bref, il faut rompre avec les méthodes du passé.

Depuis mon investiture, je me suis employé à créer les conditions requises pour que nos frères qui ont pris des armes s’engagent de manière directe et consciente dans la voie du DDRR, du dialogue et de la réconciliation nationale.

Je reste convaincu que la solution durable à la crise que traverse notre pays réside dans le DDRR, la RSS et la Réconciliation Nationale. Dans la recherche de la paix et la sécurité, il y a de mon point de vue quatre piliers : le DDRR et la RSS pour permettre aux Forces de Défense et de Sécurité d’être au service du peuple, représentatives de toutes les régions, pluriethniques et professionnelles. Mais le DDRR ne peut se faire sans la Réconciliation Nationale, car il faut préparer les cœurs à accueillir les reconvertis. Le ciment de tout cela, c’est la justice, car il faut préserver les droits des victimes.

C’est pour répondre aux vœux pressants du peuple centrafricain que j’ai demandé, à la tribune des Nations-unies, la levée de l’embargo sur les FACA. Parallèlement, nous bénéficions de l’appui de l’EUTM dans le domaine de la restructuration de notre Armée et du renforcement des capacités de la gendarmerie et de la police nationales.

L’objectif est de mieux assurer la défense de la Nation et de mieux répondre aux besoins de sécurité de nos compatriotes, en rationalisant l’ensemble des ressources affectées à la sécurité nationale.

J’ai compris que le Peuple réclame son Armée nationale. Oui, mais il doit s’agir d’une Armée républicaine, pluriethnique, professionnelle et apolitique. Une Armée qui doit protéger et défendre l’intégrité du territoire, et non une Armée qui doit combattre d’autres centrafricains. Dois-je encore préciser que ma vision est de doter le peuple d’une Armée de garnison et non une Armée de projection.

Il ne faut pas tromper le peuple. Aujourd’hui, les FACA ne disposent pas de logistiques militaires adéquates pour faire face aux menaces des groupes armés, qui, exploitant nos ressources naturelles, ne cessent de s’approvisionner en armes pour massacrer la population, alors que l’Armée demeure encore sous embargo.

J’ai aussi entendu une partie de la société civile, soutenue par certains partis politiques, demander le départ de la MINUSCA. Mais quelle est l’alternative au départ de la MINUSCA ? La MINUSCA doit-elle partir alors que les FACA demeurent encore sous l’embargo et non équipées ? Quelle est la force armée qui doit contrer les menaces, les exactions et les massacres projetés par des groupes armés sur les populations civiles ?

Mes Chers Compatriotes,

Le 17 novembre 2016 se tiendra à Bruxelles, en Belgique, la Table ronde des Bailleurs de fonds et partenaires de la République centrafricaine. L’objectif recherché par le Gouvernement est la mobilisation des ressources nécessaires en vue de financer le relèvement économique du pays.

Dans l’intérêt national, j’en appelle à l’union sacrée de toutes les forces vives de la Nation, au-delà des considérations partisanes pour la réussite de cette importante rencontre.

Enfin, Je voudrais vous écouter, écouter vos propositions constructives, sur toutes les questions qui intéressent la paix, la sécurité, l’économie. C’est le moment de dire la vérité, toute la vérité, dans la dignité et le respect mutuel, sur la situation que traverse notre pays afin qu’ensemble, nous puissions trouver des solutions durables à cette crise qui ne cesse d’endeuiller de foyers et compromettre les efforts de relèvement économique du pays. C’est une rencontre de dialogue citoyen, républicain.

Vive la République ! Que Dieu bénisse la République centrafricaine!

Je vous remercie.

Le 28 octobre 2016