57e anniversaire de l'indépendance : Alexandre-Ferdinand N’Guendet déclare...

Alexandre ferdinand nguendet 1Alexandre Ferdinand N'Guendet @eo

Centrafricaines ! centrafricains ! Chers compatriotes,

Cinquante-sept années nous séparent aujourd’hui d’un long et dure combat ayant impliqué et trainé dans son sillage des hommes et femmes anonymes comme célèbres, de tout horizon, de toute origine, de toute condition, de toute confession, pour aboutir finalement à l’accession à la souveraineté internationale pour notre pays la République centrafricaine.

La coutume voudrait qu’en pareil moment, nous nous retrouvions en ce jour symbolique et unique qui, à la fois, exhume et exulte nos valeurs patriotiques de base, ancrées dans les fondements de notre Nation, pour remplir un devoir sacré, un devoir qui appelle à la reconnaissance envers nos aïeux, nos devanciers, nos aînés, nos pères et mères dont l’opiniâtreté dans la lutte sans relâche pour l’indépendance nous aura permis d’inscrire la Centrafrique au rang des nations africaines indépendantes.

C’est l’occasion aussi pour moi, en mes qualités d’ancien chef de l’Etat de transition par intérim, de rendre un profond hommage à l’ensemble du peuple centrafricain pour le courage dont il a fait montre jusqu’à présent dans toutes les épreuves qu’il a dû subir et continue par d’autres voies à subir. Que les forces vives de la Nation soient également saluées, ici, pour leurs œuvres majeures et leurs efforts inlassables en direction de la réconciliation, du retour à la paix et à la concorde nationale.

Je ne peux, ici, que leur renouveler mes encouragements pour leur dynamisme, leur détermination et leur abnégation face à la situation socio-économico-politique extrêmement difficile que nous traversons.

La commémoration de cette année se doit, à mon sens, de mettre à l’honneur nos valeureuses forces de défense et de sécurité qui, avec notre jeunesse, portent en elles l’espoir, car étant nos meilleures garanties, pour un futur serein fait de paix retrouvée, de culture démocratique et de prospérité partagée.

Quand il y a 57 ans, les vaillants devanciers, dont nous sommes aujourd’hui les héritiers, ont arraché l’indépendance politique c’était dans le but de placer la République centrafricaine dans l’orbite du développement humain, économique, culturel, social, politique et scientifique. Avec en toile de fond le tryptique qui rythme notre république depuis 1958 et qui se décline en "Unité, Dignité et Travail". Mais comment décliner un programme si ambitieux quand la paix devient introuvable, quand le pays est si fragile et si instable ?

Nous sommes, malgré nous, comme entraînés dans un tourbillon, un vortex, une épreuve, un test final à l’issue duquel nous saurons si oui ou non, nous centrafricains, dans toutes nos diversités, sommes capables de tirer les leçons du passé et suffisamment matures, donc prêts à consentir au sacrifice des artifices pour sauver la Nation de la perdition. A cet instant fatidique de l’Histoire, il nous appartient à tous de nous approprier l’idée tant de fois éprouvée avec succès selon laquelle "la paix n’a pas de prix".

Pour la survie de la Nation et l’existence même de la RCA, nous avons plus qu’intérêt de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour rétablir la paix et vivre en harmonie. De ce fait, l’introspection de nos âmes devrait nous pousser très sincèrement à nous demander si réellement tout a été tenté pour que cessent sur nos territoires ravagés ces conflits larvés et ces guerres si meurtrières. Raymond Poincarré avait bien raison de nous dire, au début du siècle dernier, que la paix était une création continue, perpétuelle. Notre responsabilité collective est aujourd’hui très clairement engagée dans ce processus qui nécessite de la part de nos responsables de faire des choix difficiles, de prendre des décisions courageuses, de consentir à des concessions déchirantes, tout cela dans l’unique but de préserver des vies humaines, de garantir la paix sociale et le bien-être aux centrafricains.

Aussi c’est à la responsabilité et à l’apaisement auxquels je me vois contraint de faire appel, de par ma position de leader politique, d’homme d’Etat, d’ancien président du Conseil national de transition -CNT- et d’ancien chef d’Etat de transition par Intérim.

J’invite tout à un chacun à mettre le cœur à l’ouvrage pour le retour définitif de la paix en Centrafrique, car notre idéal d’unité, de dignité et de travail fièrement arboré sur nos armoiries nationales l’exige de nous, nous le commande.

Je souhaite une très bonne fête d’indépendance à toutes les centrafricaines et à tous les centrafricains.

Vive l’Indépendance !

Vive la République centrafricaine !

Que Dieu bénisse la RCA.

Le 13 août 2017