Bangui : Déclaration de Ferdinand Alexandre N'guendet

 A l'occasion de la 2e année après l'élection du président de la République, Faustin-Archange Touadera

 

Chers compatriotes,

A quelques jours de la date fatidique marquant les deux ans du régime actuel, il me semble que la moindre des choses serait de dresser le bilan presque à mi-parcours du mandat du Chef de l’Etat et de vous présenter à mon tour des propositions concrètes de sortie de crise au vu de ce bilan.

Mon expérience au plus haut sommet de l’État me porte à vous avouer que la mission de présider à la destinée d’un pays, de toute une Nation n’est ni une tâche facile, ni un travail de tout repos. Car elle commande au locataire du Palais de la Renaissance, siège de l’Exécutif centrafricain, de grands sacrifices, des efforts conséquents, un courage sans faille, d’exceptionnelles qualités d’écoute, un sang froid à toute épreuve et une sagesse profonde.

Aussi, je ne me permettrai d’aucune manière de prêter le flanc à la critique facile quand il s’agira pour moi d’analyser en toute objectivité la situation de notre république, la RCA. Mes qualités d’homme d’État aguerri et de chef d’un parti politique de l’opposition m’obligent à me livrer sans complaisance, mais toujours avec honnêteté, à l’exercice périlleux mais hautement démocratique de juger les actions, les réformes, les décisions, les actes majeurs du pouvoir en place. Ainsi, interpréter cette prise de position, donc cette prise de responsabilité, comme une énième attaque gratuite contre le régime en vigueur serait une méprise totale, une grave erreur de parallaxe. Ici nulle place n’est accordée aux invectives, aux querelles enfantines, aux guerres intestines et autres critiques faciles, mais plutôt à la sérénité qu’exige l’urgence du moment.

C’est cette même urgence du moment qui a conduit à ce que lors des dernières élections couplées présidentielle et législatives de 2016 tous les candidats en lice aient placé en tête de liste de leurs projets de société, la sécurité.

Le candidat Faustin Archange Touadéra n’échappant pas lui non plus à cette règle non-écrite mais bien réelle. Mais par le fait qu’il servit cinq (5) ans comme Premier Ministre du Président François Bozizé; le candidat Faustin Archange Touadéra était de facto celui qui devait mieux maitriser les contours de la crise centrafricaine, car étant de tous les accords politiques, de toutes les concertations et connaissant tous les acteurs de la crise (politiques comme groupes armés).

C’est donc dans cette dynamique de retour à la sécurité que près de 63% des électeurs centrafricains ont porté leurs voix sur sa personne au second tour de l’élection présidentielle en 2016, moi y compris. De plus, l’écrasante majorité des Centrafricains interprétait son effacement durant ses cinq ans à la primature comme un signe d’humilité nécessaire pour qui aspirerait à travailler en toute intelligence avec l’ensemble des hommes et femmes de bonne volonté pour la relève du défi sécuritaire.

Le discours d’investiture du nouveau Chef de l’Etat, le mercredi 30 mars 2016, a contribué grandement à maintenir quelque peu cette douce illusion, puisque ce dernier tournait essentiellement autour de la question du retour à la paix, à la sécurité, à la réconciliation et à la cohésion sociale avec la promesse de la rupture d’avec les pratiques rétrogrades du passé. Telles que la concussion, la corruption, le clanisme, le tribalisme, le clientélisme, le pouvoirisme, etc.

Mais très vite les hésitations et doutes de l’après investiture se sont transformés en certitudes dès le début de l’année 2017. Tous les maux politiques tant vilipendés contre lesquels nous nous étions engagés auprès du Chef de l’Etat ont fini par refaire surface pour s’aggraver dans une ambiance de pandémie sécuritaire sur l’ensemble du territoire national. La discrimination, l’exclusion systématique, la marginalisation et la persécution politique prenant une forme de chasse aux sorcières contre les opposants politiques, prospéraient de nouveau à mesure que l’insécurité grignotait chaque jour un peu plus de terrain.

L’année 2017 devenant pour la RCA anno horribilis, à savoir la pire année que nous n’ayons jamais connue en termes de massacres de masse, de tueries, de destruction, de chaos humanitaire. En effet, plus de 85% du territoire national sont entre les mains des mercenaires terroristes étrangers tels les Ali Darras, Siddiki Abbas, Amat Bahar et autres Mahamat al-Kathim qui esclavagisent, pillent, violent, massacrent en toute impunité au vu et au su des autorités centrafricaines. En l’espace de deux ans, la liste des villes et villages martyrs n’a cessé d’enfler. Toutes ces villes ont vu le feu s’abattre sur elles avec des cortèges d’incendies de maisons, de destructions d’édifices publics, de massacres de la population, de rackets en tout genre, etc.

Le constat amer c’est tout simplement l’impuissance totale du pouvoir en place qui échoue complètement à rétablir son autorité et la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Un réel déficit de leadership constaté par le pouvoir lui-même, à en croire les déclarations du Chef de l’Etat à son homologue équato-guinéen, où il faisait remarquer lui-même son incapacité à contrôler le pays. Une impuissance du régime de Bangui, reconnue au plus haut sommet des Nations Unies, à suivre les propos de l’Ambassadeur Omar Hilale, Représentant Permanent du Royaume du Maroc auprès des Nations Unies en sa qualité de Président de la Configuration République Centrafricaine (RCA) de la Commission de Consolidation de la Paix des Nations Unies, qui affirme que la faillite des autorités centrafricaines est patente puisqu’il parle d’incapacité« d’absorption du gouvernement de la RCA » pour la mobilisation des ressources financières, « du manque de coordination entre les principaux ministères, ainsi que [de] l’absence d’un gouvernement digne de ce nom ». Le verdict est sans appel.
L’autorité de l’Etat est sapée à tous les échelons, sur la totalité des territoires contrôlés par les groupes armés de mercenaires-terroristes étrangers qui défient l’Etat.

Sur le terrain humanitaire cela se traduit par une apocalypse avec « environ 50% de la population [qui] dépend d’une assistance extérieure pour survivre. 2,5 millions de Centrafricains [qui] ont besoin d’une aide humanitaire urgente. Ce qui constitue une hausse de 100.000 par rapport à la période précédente » comme le rappelait le 22 février 2018 au Conseil de Sécurité de l’ONU, le Représentant Permanent de la Bolivie auprès des Nations Unies. De plus, le nombre de personnes déplacées internes a augmenté de 70% pour l’année cauchemardesque qu’est 2017. On compte plus de 1,2 million de personnes déplacées internes et réfugiés à ce jour. Un record absolu dans toute notre histoire.

Au chaos sécuritaire et à l’apocalypse humanitaire s’ajoute la faillite diplomatique avec une série d’incidents aux conséquences désastreuses. La séquence du coup d’Etat manqué contre le Président de la Guinée Equatoriale, couplée au flou entretenu autour du dossier russe n’ont fait que précipiter le discrédit sur la RCA et accentuer davantage son isolement sur la scène politique internationale. D’ores et déjà, la prorogation de l’embargo sur les armes jusqu’au 31 janvier 2019 est actée aux termes de la résolution 2399 (2018), adoptée à l’unanimité, et qui impose à tous les États Membres de l’ONU « de continuer de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou les transferts directs ou indirects à la République centrafricaine, d’armements et de matériels connexes de tous types, ainsi que toute assistance technique ou formation, et toute aide financière ou autre en rapport avec les activités militaires ». Signalons également que la Décision portant délocalisation du siège de la CEMAC est de toute évidence de nature à isoler encore plus notre pays dans l’échiquier politique international.

Ce tableau plus que sombre du pays, deux ans après le retour à la légalité constitutionnelle ne serait pas complet si nous ne nous référions pas au lourd échec des autorités centrafricaines dans la mobilisation des ressources financières promises, en l’occurrence 1300 milliards de FCFA, en novembre 2016 à la Centrafrique lors de la Table Ronde de Bruxelles. Les autorités centrafricaines nous parlent de 10% mobilisés en décembre 2017 bien que le Chef de l’Etat en septembre 2017 avançait pour sa part la statistique de 22%. Il ne reste qu’une année au pouvoir en place pour réduire le gap des 90%. Mais avec des recettes de l’État moins importantes que l’année dernière et le découragement manifeste affiché par les investisseurs potentiels, l’on voit mal comment ce régime pourrait atteindre cet objectif.

Finalement après seulement deux ans d’exercice du pouvoir du Chef de l’Etat, les Centrafricains, dans leur grande majorité, ont sévèrement déchanté et se sont rendus compte que le costume qu’ils lui avaient taillé est manifestement trop grand pour lui. Aujourd’hui l’ensemble des Centrafricains sait que la tâche pour laquelle le Chef de l’Etat a été élu est au-dessus de ses forces, car dépassant de loin ses propres capacités.

Mais le patriotisme qui m’est chevillé au corps m’oblige à prendre mes responsabilités, donc à ne pas m’arrêter seulement à l’évocation, certes objective, du bilan du Chef de l’Etat pour ses deux (2) ans passés à la tête du pays. Je me dois aussi et surtout de pouvoir avancer des propositions concrètes de sortie de crise. A l’instar de ce que nous avions déjà fait l’année dernière lors d’une grande conférence de presse donnée au siège du Rassemblement Pour la République (RPR), le 15 mai 2017.

Pour rappel, nous avions élaboré dans le domaine de la sécurité, de la politique intérieure et de l’économie, une liste de propositions en direction du Chef de l’Etat afin de l’aider à relever le défi du retour définitif à la paix.

En matière de sécurité, nous avions plaidé auprès des pouvoirs en place pour l’arrestation sans délais des mercenaires-terroristes étrangers opérant sur le sol centrafricain, en premier lieu Ali Darass, qui de loin, est le plus meurtrier, le plus dévastateur, le plus dangereux d’entre eux tous.

Nous avions également mis le doigt sur le caractère éminemment urgent de l’activation de la solidarité sous-régionale (CEMAC/CEEAC) en matière de coopération militaire pour la remise à niveau expresse, puis l’équipement, l’armement et le déploiement de dix (10) bataillons de FACA, soit six mille (6.000) soldats formés et prêts, pour le combat pour la liberté.

Nous n’avions pas manqué non plus d’interpeller la MINUSCA pour lui rappeler l’obligation qui lui était faite de se conformer au mandat robuste que lui a conféré le Conseil de Sécurité des Nations Unies à travers ses différentes Résolutions.

En matière de politique interne, nous avions attiré l’attention du Chef de l’Etat sur le besoin imminent de mettre sur pied un Dialogue Politique Inclusif sans sujet tabou pour permettre de décanter la situation et créer les meilleures conditions pour l’arrêt des hostilités et le retour à la paix et à la concorde nationale.

En matière économique, l’une de nos propositions consistait à militer pour la mise en place d’une plateforme souple constituée des meilleurs experts nationaux et internationaux dans le domaine de la maitrise des flux financiers internationaux pour aider à rapatrier au plus vite les 1300 milliards de FCFA promis à la RCA lors de la Table Ronde de Bruxelles en novembre 2016, au risque de voir cette manne financière perdue ou transférée à d’autres pays.
Mais en tant que chef d’un parti d’opposition républicain, démocratique, responsable et constructif, je me dois de ne pas me démonter. L’aggravation de la situation sécuritaire, la détérioration du climat politique et l’ébranlement du tissu socio-économique m’obligent à ne pas rester muet, ni inerte mais à faire entendre ma voix en apportant ma pierre à l’édifice à travers une batterie de propositions concrètes pour aider l’Exécutif à extirper la RCA de la torpeur dans laquelle est actuellement plongée, malgré elle.
Car je l’affirme une fois de plus ici, et cette répétition là n’est jamais de trop, puisqu’essentielle : nous devons savoir reconnaitre et avoir le courage de dire haut et fort que notre cher pays la République centrafricaine traverse actuellement une terrible période de turbulence aux conséquences diplomatiques inquiétantes pour ne pas dire extrêmement graves pour notre avenir immédiat comme à plus ou moins long terme.

Même s’il est vrai que de prime abord, les Centrafricains dans leur majorité ont apprécié l’initiative russe de soutien logistique à l’armement des FACA pour un déploiement rapide et efficace des forces centrafricaines sur le théâtre de guerre pour un retour définitif de la paix ; aujourd’hui, après plusieurs mois d’intoxication médiatique savamment organisée, de tergiversations de nos dirigeants, de couacs à répétition et d’improbables renversements de situation, les Centrafricains sont non seulement restés sur leur faim mais se montrent à présent perplexes voire très sceptiques quant à l’issue de ce dossier russe qui se complique et nous complique la tâche jour après jour.

D’autant plus que règne un grand flou autour de la question de la présence des Russes sur le sol centrafricain. Un flou alimenté par une réalité du terrain qui voit se greffer d’autres intérêts géostratégiques plus cyniques qui commencent véritablement à prendre le pas sur les questions initialement de sécurité. Cette situation nous inquiète tous.

Nous n’avons pas à attendre que dans un avenir lointain des sources extérieures viennent certifier ou infirmer une telle information. Par conséquent, nous demandons que, sans délai, l’Assemblée Nationale s’ acquitte de son devoir constitutionnel en saisissant à bras le corps ce dossier russe pour éclaircir, clarifier et faire le ménage autour de cette question, au nom du peuple centrafricain qu’elle représente. Il en va de la crédibilité, des intérêts et de l’avenir de notre pays.

Pour ce qui concerne la réconciliation nationale

Plus que jamais, aucun régime politique ne peut réussir à relever le défi du retour à la sécurité en pratiquant une politique d’exclusion et de marginalisation systématique d’une frange de la population. Comme le suggère bon nombre de compatriotes, appuyés par la Feuille de Route de l’Union Africaine, le Président de la République doit s’approprier sans délai de l’idée de la convocation d’un Dialogue Politique Inclusif (DPI) sans tabou et ni préjuger de la participation des anciens Chefs de l’Etat en exil, dans le respect de la Constitution du 30 mars 2016. Car il est bien clair et reconnu par toutes les parties en cause que la solution à la crise centrafricaine se trouve d’abord entre les mains des Centrafricains eux-mêmes. C’est à partir du dialogue inter-centrafricain que la solution à la crise pourra jaillir et voir le jour. La communauté internationale, quant à elle, ne pouvant que nous accompagner dans ce processus.

Pour la question de sécurité

Il est illusoire de parler d’accord ou même de négociation tant que les rapports de force militaire penchent vers les groupes armés de mercenaires étrangers. Sans une ambitieuse politique volontariste et claire donnant les moyens pour changer ce rapport de force en faveur des forces centrafricaines de défense et de sécurité intérieure, il nous sera impossible d’inverser la tendance, donc d’espérer mettre fin au conflit armé dans les quatorze préfectures aux mains des groupes armés.

Aussi, une fois de plus je réitère ma première proposition sécuritaire quant à la neutralisation sans conditions des mercenaires-terroristes étrangers à l’instar des Ali Darass, Siddiqi Abass, Ahmat Bahar ou encore Mahamat Al-Kathim qui n’ont aucun projet politique et ne sont là sur le sol centrafricain uniquement, exclusivement pour le pillage des richesses du sol et sous-sol centrafricain quitte à éliminer toutes les populations sur leur passage. Sans ce préalable de neutralisation de ces fléaux humains, de reprise et de sécurisation par les forces centrafricaines des sites miniers et autres illicitement exploités par ces groupes armés de mercenaires étrangers, nous ne serons en aucun cas capables de résoudre le problème de la crise centrafricaine. Si la MINUSCA a pu neutraliser le général Joseph Zoundéko, centrafricain de son état, donc elle peut à bien des égards faire de même avec ces étrangers qui détruisent le pays.

Concernant les FACA, l’heure est à leur autonomisation opérationnelle. Il est hors de question que les FACA agissent encore sous commandement étranger ou de la MINUSCA comme nous avons pu le voir dernièrement à Paoua ou encore à Bangui dans le quartier de PK5.
L’urgence sécuritaire recommande plus que tout le redéploiement immédiat des deux (2) bataillons de FACA déjà remis à niveau par la coopération militaire centrafricano-européenne de l’EUTM.

Dans le même temps, la proposition de coopération militaire faite par les dix (10) autres pays membres de la CEEAC pour remettre à niveau dix (10) bataillons de FACA et les équiper pour le combat contre les fauteurs de troubles ayant envahi la RCA doit être au plus vite saisie au vol par les pouvoirs en place pour être mise en application. Pour ce faire, le Président de la République doit soigner ses relations avec ses homologues de la sous-région, car sauf erreur de notre part la RCA est diplomatiquement isolée. Dans tous les pays du monde, la sécurité du peuple et l’intégrité du territoire ne sont pas négociables.

Ce serait une grave erreur de la part du Chef de l’État que de continuer à minimiser voire à négliger les propositions à caractère sécuritaires. Car l’on aura beau réhabiliter autant de bâtiments, de routes, de ponts à travers les dons, les aides, les crédits alloués par la communauté internationale ou les relations bilatérales, que l’on veut. Tant que l’insécurité chronique restera à l’état pandémique dans tout le pays, toutes ces œuvres, ces réhabilitations et autres inaugurations passeront pour la population comme de la gesticulation, de la poudre aux yeux. Pour l a bonne et simple raison que le mandat actuel du Chef de l’État ne peut être mesuré qu’à l’aune du retour à la paix sur l’ensemble du territoire national.

Pour ce qui est de la situation diplomatique

Vu l’isolement diplomatique dont souffre la RCA, il convient de réagir prestement pour inverser la tendance via une diplomatie offensive afin de permettre à notre pays de s’aménager quelques portes de sortie. Et dans un premier temps, un véritable dialogue franc et sincère avec tous les pays voisins de la RCA s’impose. Il nous faut à tout obtenir le concours des pays de la sous-région sur le long terme et coopérer avec eux autour d’un socle d’intérêts communs (sécurité des frontières, transhumance transfrontalière, intégration de l’économie, terrorisme international, commissions mixtes paritaires, etc.).

Pour aider à cela, nous exhortons le Chef de l’Etat à convoquer l’ensemble des ambassadeurs accrédités à Bangui afin de leurs délivrer un message à transmettre à leurs pays respectifs pour aider au dégel et à briser les chaines de l’isolement diplomatique.

Un focus particulier devrait être mis sur la diplomatie en direction des pays avec lesquels nous partageons historiquement et traditionnellement une destinée commune. Nous devrions tout mettre en œuvre pour éclaircir nos positions et aplanir les malentendus créés entre eux et nous.

Nous invitons le Chef de l’Etat à convoquer la Conférence des ambassadeurs pour contribuer au dégel et lutter efficacement contre l’isolement diplomatique de la RCA, car il est urgent de dérouler au plus vite la nouvelle carte diplomatique, qui tarde à s’appliquer, en la dotant des moyens de ses ambitions.

Enfin, il nous semble propice de réactiver la commission mixte Tchad-Centrafrique qui nous permettra de façon périodique les rencontres respectives entre les plus hautes autorités politiques et militaro-sécuritaires des deux pays.

Sur le plan économique

La RCA, pays agricole par excellence, au-delà des mines et des eaux et forêts, est aujourd’hui incapable de faire face à la question de la sécurité alimentaire du fait de l’insécurité ambiante dans tout le pays. Aussi, nous nous réjouissons que les autorités centrafricaines, après maintes hésitations, aient enfin rendu opérationnel le secrétariat général permanent du RCPCA en le confiant à un ministre très expérimenté, en la personne de Nganzé Doukou. Néanmoins, le dynamisme du secrétariat général permanent du RCPCA pâtit du manque de leadership des pouvoirs en place ; ce qui immanquablement plombe son action dans le recouvrement des ressources financières promises et leur mise en exécution.

En effet, les questions d'insécurité, les difficultés de montage des projets, ou encore les problèmes d'appropriation desdits projets par les différents ministères concernés constituent des freins qui handicapent très lourdement à l’économie centrafricaine et plus particulièrement le RCPCA.

A cet effet, nous proposons au Chef de l’Etat de prendre langue avec tous les anciens Premiers Ministres, avec tous les anciens Ministres du Plan, de l’Economie et de la Coopération Internationale, du Budget et des Finances, ainsi qu’avec tous les compatriotes ayant servis ou servant encore aujourd’hui dans les Institutions Financières Internationales (FMI, Banque Mondiale, BAD, BDEAC, etc.) pour de grandes séances de travail. Afin de bénéficier de leur expérience, de leur expertise, et de leurs réseaux pour aider dans le rapatriement des 1300 milliards de FCFA de la Table Ronde de Bruxelles.

Quasiment en simultanée, le gouvernement pourrait solliciter un cabinet internationalement reconnu dans la mobilisation des ressources financières pour parfaire l’édifice de cette task-force économique.

Enfin, il appartient au Chef de l’Etat de mettre en œuvre et déployer assez rapidement une double stratégie de réduction de l’attrait de l’économie de guerre pour nos jeunes compatriotes et de tarissement des capacités de financement des groupes armés en agissant obstinément contre les sources de financement de l’économie de guerre. Par exemple, il serait opportun de densifier nos relations bilatérales avec les pays voisins qui constituent les principales filières d’écoulement du bétail volé ici en RCA. En mai 2017, les ministres de la Défense camerounais et centrafricains évoquaient l’idée d’une commission militaire conjointe pour la sécurisation des frontières. En opérant dans les marchés frontaliers un important travail de renseignement et de police devrait aider à démanteler ces filières de bétail volé qui finance les groupes armés.

Voilà mes très chers compatriotes, quelques pistes de sortie de crise que nous proposons car comme vous le constatez par vous-mêmes, l’heure est plus que grave, et seul ce sursaut patriotique saurait redresser quelques peu les deux ans de calvaire qu’ont vécu et continuent de vivre les Centrafricains après le retour effectif à l’ordre constitutionnel légal.

C’est donc à dessein que le RPR, tout en s’échinant à travailler d’arrache-pied et sans relâche au relèvement de notre pays, multiplie des propositions, modeste contribution, pour aider à sortir de la crise. Même si cette crise est profonde, chers compatriotes, elle ne doit pas être pour nous une fatalité. La gravité de la crise actuelle est à la hauteur de nos ambitions.

Je vous remercie tous

Vive la République !

Le 28 mars 2018 Bangui