Bangui : discours du président de la République à l’occasion du 1er décembre 2018, fête nationale

  • Centrafricaines, centrafricains,
  • Mes chers compatriotes,
  • Hôtes non centrafricains qui vivez parmi nous,

 

Dans quelques heures, la Nation centrafricaine commémorera le 60ème anniversaire de la proclamation de sa République. Ce moment solennel nous offre, de façon régulière, une opportunité unique de célébrer ce que nous avons en partage.

Le 1er décembre 1958 est une date extrêmement importante et mémorable pour notre pays car la proclamation de la République par le feu président Barthélemy Boganda a changé le cours de notre histoire.

En même temps, nous devons tirer du modèle que représente le président Boganda la force de nous unir et de marcher ensemble vers un avenir qu’il nous appartient de forger.

Les principes fondamentaux de la République, qui guident mon action quotidienne, à savoir l’Unité, la Dignité et le Travail, comme notre emblème notre hymne national, la Renaissance, nous imposent d’honorer, chaque année, la mémoire de nos ancêtres et de renouveler notre engagement résolu au service de la Nation

La charge de ma fonction me commande de rappeler de manière univoque que le 1er décembre n’est pas une simple journée de festivités, mais constitue surtout un rendez-vous national ou la solennité républicaine nous impose à la fois une introspection collective sur l’état de notre pays et un rituel destiné à souligner que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise.

Ce moment nous permet donc au peuple centrafricain d’exalter les idéaux de la République et de se souvenir des sacrifices consentis par le Père fondateur et ses compagnons pour le libérer du joug colonial.

Ce jour nous rappelle à notre sens de responsabilité dans la reconstruction de notre pays qui nous oblige à être plus forts, plus unis et plus solidaires pour surmonter les épreuves auxquels nous sommes confrontés, afin de réaliser nos objectifs communs. A l’occasion de ce 60e anniversaire, Je voudrais aborder avec vous la situation sécuritaire du pays, l’initiative africaine pour la paix, la réconciliation et la justice.

  • Mes chers compatriotes,

Au moment où des efforts importants sont consentis par le gouvernement, avec l’appui de la communauté internationale, pour assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire, il est déplorable de constater la résurgence des violences aveugles qui endeuillent des familles entières.

C’est pourquoi je condamne avec la dernière énergie les crimes odieux commis à Bantangafo et à Alindao. Je m’incline personnellement devant la mémoire des victimes et redis ma compassion aux familles endeuillées. Il n’y aura pas de trêve à nos efforts pour le rétablissement de la paix et de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national.

Vous êtes témoins, mes chers compatriotes, des efforts que nous avons consentis dans ce cadre depuis ma prise de fonction. Pour marquer mon attachement à la paix et à la réconciliation nationale, j’ai choisi l’option du dialogue, tendu la main aux groupes armés et mis en place le processus DDRR qui connaît des avancées appréciables en dépit de la réticence de certains groupes armés.

C’est dans cette logique que, parallèlement au DDRR, nous avons adhéré, sans réserve, à l’initiative de l’Union africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine.

Toute la communauté internationale apporte son soutien à ce processus, considéré comme la principale voie de rétablissement de la paix.

Aujourd’hui, nous en sommes à un niveau de préparation satisfaisant. La prochaine étape sera l’organisation du dialogue lui-même. Au cours des semaines à venir, le gouvernement va rendre public le lieu et la date de ce dialogue.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, mes chers compatriotes, je rencontrerai les forces vives de la Nation ainsi que les associations de victimes pour discuter des contours de ce dialogue et m’assurer que vos préoccupations les plus importantes soient prises en compte lors de ces importantes négociations.

C’est donc en accord avec la lettre de notre Constitution et l’esprit du Forum de Bangui que ce dialogue sera conduit.

Je vous invite donc à soutenir l’Initiative de l’Union Africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, comme j’engage la communauté internationale à nous accompagner à avancer, avec plus de célérité, vers le dialogue.

Je vous exhorte, mes chers compatriotes, à soutenir cette Initiative.

Conformément à mon engagement de recréer les conditions d’une paix et d’une sécurité durables au profit de tous les Centrafricains, nous avons travaillé sans relâche à la montée en puissance des FACA.

Je félicite les contingents des FACA déjà déployés sur le terrain, conjointement avec la MINUSCA, pour l’exemplarité de leur comportement, en dépit des difficultés, liées à la fois à la situation économique du pays et à l’embargo sur les armes.

Afin de permettre aux FACA de remplir convenablement leur mission régalienne de défense du territoire et de protection des populations, la dotation en moyens adéquats des celles-ci constituent un impératif incontournable.

Nous formons donc le vœu que le comité de sanctions des Nations-Unies accède à notre requête de levée totale de l’embargo sur les armes et munitions en faveur de nos forces de défense et de sécurité.

La souveraineté nationale ne doit plus continuer à être bafouée par des considérations contraires à la volonté du peuple centrafricain.

J’exhorte donc la communauté internationale et les amis de la République centrafricaine à se mobiliser davantage, aux côtés du gouvernement, pour la levée totale de l’embargo sur les armes et munitions dont le maintien ne profite qu’aux groupes armés.

Je voudrais rappeler que la demande de levée de l’embargo n’est nullement motivée par une quelconque intention de dresser des centrafricains contre d’autres centrafricains, mais d’aller plus loin dans la réédification de l’Etat centrafricain.

Je salue donc l’initiative de l’Assemblée nationale qui a porté le cri d’alarme du peuple centrafricain à l’attention du Conseil de sécurité et du Comité de sanctions des Nations-Unies.

J’invite toute la classe politique à se mobiliser pour cette cause noble en ayant à l’esprit l’impératif patriotique qui nous engage tous. Parallèlement à ces démarches politiques et diplomatiques, nous poursuivrons le déploiement des FACA.

Ma volonté de restaurer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire est inébranlable.Nous continuerons donc à renforcer les capacités de notre outil de défense pour assurer une meilleure protection de notre territoire national. Je vous réaffirme qu’il n’y aura pas, sous mon autorité, de cession du moindre espace de notre territoire.

Avec l’appui de nos partenaires, notamment l’EUTM, nous avons lancé, en toute transparence, le processus de recrutement de 1023 jeunes centrafricains pour bâtir une armée réellement nationale, capable de défendre l’intégrité du territoire.

J’en appelle à vous tous, mes chers compatriotes, pour une vigilance accrue et une collaboration plus soutenue avec nos FACA contre les défis auxquels nous faisons face. La récurrence des crises et de graves violations des droits de l’homme est entretenue par l’impunité.

Une paix durable ne saurait donc s’accommoder de récompenses aux criminels. Il m’importe en conséquence de rappeler que les assassinats, meurtres, viols, incendies volontaires des maisons d’habitation ou des lieux de cultes, perpétrés par les groupes armés, seront tôt ou tard punis par la cour pénale spéciale, les juridictions répressives nationales et, sur la base du principe de subsidiarité, par la cour pénale internationale.

Les droits des victimes seront préservés et il n’y aura pas d’impunité.

Conformément à la volonté du peuple centrafricain exprimée lors du Forum de Bangui de 2015, il n’y aura pas d’amnistie pour les auteurs des crimes graves recherchés par la justice nationale et internationale.

  • Mes chers compatriotes, 

La loi sur les collectivités territoriales en cours d’examen par notre l’Assemblée nationale permettra au gouvernement d’assurer une meilleure redistribution des ressources du pays et de mieux impliquer les centrafricains dans la gestion quotidienne de leurs affaires. C’est là un engagement auquel je tiens pour apporter une réponse satisfaisante aux aspirations légitimes de tous nos concitoyens.

  • Mes chers compatriotes,
  • Hôtes non centrafricains qui vivez parmi nous,

La marche résolue des dirigeants et du peuple centrafricains vers la stabilité et le développement n’est pas un long fleuve tranquille. Quoique confronté à de nombreux défis, j’aimerais ici renouveler le serment que j’ai fait en accédant à la magistrature suprême de la République centrafricaine : celui de placer les intérêts des centrafricains au-dessus de toute autre considération.

Dans la même veine, j’exhorte chacun à résister aux manipulations et aux actions de toutes les forces qui s’opposent au dialogue et à la réconciliation nationale.

Dans l’intérêt national, je vous exhorte aussi à éviter tout acte susceptible de fragiliser la paix et la stabilité que nous nous attelons quotidiennement à renforcer. Que personne ne vous trompe par de vains discours.

Dans les moments difficiles comme les nôtres, seule l’unité peut nous permettre de faire face aux velléités de déstabilisation de notre beau pays. Le gouvernement n’est pas insensible aux souffrances des déplacés, des réfugiés et des blessés. J’appelle à l’apaisement et à la réconciliation nationale.

Je forme le vœu que ce 60e anniversaire de la proclamation de notre République marque un élan patriotique nouveau pour la paix, la réconciliation nationale et le vivre ensemble dans ce pays de ZO KWE ZO.

Puisse le Dieu Tout-Puissant nous aider à transcender nos divisions internes, à unir nos cœurs et à travailler ensemble pour le respect et le dévouement aux principes fondamentaux d’Unité, de Dignité et du Travail, légués par le Père fondateur de la République, feu Président Barthélemy Boganda

Bonne fête à toutes et à tous.

Vive la République !

Que Dieu bénisse la République centrafricaine !

Le 30 novembre 2018