Bangui : le général Ludovic Ngaifei prend la plume....

25487618 1462762097155425 1103997757808557959 o 2En prenant ma plume, je mesure bien la portée de mon acte à travers cette tribune. Au moment où la République centrafricaine a besoin de tous ses fils pour se relever, se taire sur certaines choses parce qu’il faut préserver un poste de responsabilité qui exige le devoir de réserve et laisser se dégrader la situation, serait contribuer à la dérive totale de notre nation. J’assume et en  tirerai les conséquences.

Depuis le 30 décembre 2017, sur les réseaux sociaux et dans les colonnes de certains organes de presse écrite la question  du "limogeage du Chef d’Etat-major, le général Ludovic Ngaifei"  était à la une.

Sans esprit de polémique, ces raisons qui relèvent de la désinformation et de l’intoxication à dessein de nuire et d’affaiblir un ennemi ou un adversaire, étant d’une extrême gravité, j’ai décidé de m’exprimer, aux fins d’élucider en trois points, l’opinion nationale et internationale désabusée et fatiguée par ces formes de manifestations.                                             Ludovic Ngaifei@ema

1°)- De rappel de ma nomination, il y a un peu plus d’un an

Oui, le président Faustin-Archange Touadera, usant de son pouvoir discrétionnaire et de ses prérogatives de Chef suprême des Armées, a bien voulu, pour des raisons propres à lui, me confier le Commandement de notre Armée, de l’Armée de notre pays, la République centrafricaine.

J’ai reçu son appel, j’ai écouté ses préoccupations et, en tant que soldat, je me suis mis au garde-à-vous depuis le 2 juin 2017 date à laquelle, j’assume le Commandement de notre Armée, sous l’œil éclairé et vigilant de son Chef Suprême.

Depuis lors, les soucis majeurs, les préoccupations ainsi que les orientations du Chef de l’Etat, que je tente de traduire en des objectifs et  actes, se résument en la recherche effrénée de moyens de sortie de notre Armée de son état actuel, une Armée en déconfiture avancée. Ainsi, pour redonner à notre pays, sa pleine souveraineté en tant qu’Etat, et Nation, il nous faudrait une Armée disciplinée, bien équipée et bénéficiant de la confiance de ses dirigeants et de son peuple. Cette phase importante et délicate est une œuvre qui exige rigueur, transparence, disponibilité, honnêteté, loyauté et fidélité.

Cette phase, convient-il de la préciser, qui conditionne l’opérationnalité et l’efficacité de l’Armée dans sa mission de défense et de protection du territoire, évolue très merveilleusement, grâce à la disponibilité du Chef de l’Etat, aux appuis multiformes des pays amis de la République Centrafricaine et aux Soldats de bonne volonté encore disponibles dans les rangs des Forces Armées centrafricaines -FACA-, ne saurait être qualifiée de ‘’gaffe’’ ni de préparation de coup d’Etat.

Aussi, à l’évidence et, tout en respectant le principe de triple signatures des Décrets, voudrais-je clarifier, que le Chef d’Etat-Major dépend directement du Chef Suprême des Armées à qui il rend compte, et de qui, il reçoit des ordres. Pour des aspects politiques de l’Armée, il se réfère au ministre de la Défense. C’est d’ailleurs pour cette raison, que les derniers textes signés par le président de la République, Chef de l’Etat et Chef Suprême des Armées, confèrent l’unité de commandement au Chef d’Etat-Major. Ce, conformément au document de la politique nationale de sécurité -PNS- dont le pays s’est doté il y a aujourd’hui un an.

Dès lors, appliquer la règlementation militaire dans la Réforme du secteur de la sécurité validée en février 2017, en ayant comme fondement, la refondation des Forces Armées Centrafricaines dans l’objectif d’aboutir, à une Armée professionnelle et pluridisciplinaire, capable de défendre le peuple et son territoire, ne saurait s’apparenter à des préparatifs de coup d’Etat.

Cette pensée aux antipodes de la démocratie digne d’une autre époque, n’a jamais effleuré l’esprit de Ludovic Ngaifei et, il n’en sera jamais question jusqu’à la fin de ma carrière de Soldat, puisque, je n’ai jamais lorgné  une fonction politique car, la place d’un bon Soldat se trouve dans les casernes Militaires bien sûr !

2°) Des querelles entretenues au moyen des rumeurs

Si la théorie scientifique selon laquelle, "Les mêmes causes placées dans les mêmes conditions, produisent les mêmes effets", tant comme, la définition de la désinformation et ses effets néfastes à travers les intoxications sont vérifiées, elles s’appliquent et se vérifient en Centrafrique, victime innocente des conséquences de la manipulation depuis un demi-siècle presque.

Pour preuve, je voudrais préciser et rappeler à la conscience nationale et internationale, que les effets attendus des rumeurs savamment préparées et diffusées sur les réseaux sociaux et relayées par les organes de presse, ne sont pas loin des querelles des délations, suspicions et autres formes de frustrations que l’ancien Ministre de la Défense, Monsieur Jean-Jacques Demafouth entretenait entre le Président Ange Félix Patassé -Paix à son âme- et le Chef d’Etat-Major d’alors, le général François Bozizé. Si à l’époque, les manipulateurs ont eu raison de l’Armée et de l’Etat, il n’en serait pas autant question avec le soldat Ludovic Ngaifei que je suis, car, le peuple dont je suis issu, et, que je suis censé protéger a souffert et continuer de souffrir des appétits exagérés de ceux qui rêvent conquérir le Pouvoir par des voies détournées, les armes avec les formules de transition.

Je le dis avec conviction et fermeté, que le moment est venu pour nous centrafricains, de sauver les acquis démocratiques, par le respect des mandats conférés par la Constitution de notre pays. C’est aussi un manque de respect pour le peuple souverain. Là encore, je pense très fortement, que nous aurions fait l’économie de toutes les pertes en vies humaines, en biens meubles et immeubles, si nous avions opté par les moyens démocratiques pour régler nos différends entre 2012-2013.

Je rappelle en passant, qu’entre 2012-2013, j’attirai l’attention de Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat et Chef Suprême des Armées d’alors, sur la manière avec laquelle, l’Armée se gérait et qui, sortait de l’orthodoxie militaire avec trop d’influences politiques voire même, des personnes n’appartenant pas à la carte secrète qu’est l’Armée. L’histoire récente me donne raison et, les résultats nous ont donné ce que le pays a connu et dont les effets se prolongent encore.

De ce qui précède, en ma qualité de Chef d’Etat-Major des Armées, je mets en garde, quiconque jubilerait ou qui trouverait le malin plaisir dans la désorganisation des Forces Armées centrafricaines -FACA- pour s’en tirer quelconque avantage. A ceux-là, je dis que l’époque où ils ont fait la belle étoile, n’est plus la même et, les hommes n’étant plus aussi les mêmes , les Forces Armées Centrafricaines ne constituent guère, un objet manipulable dont on pourrait s’en servir pour asservir ses intérêts mercantiles.

Dans la même logique, que tous ceux qui espèrent obtenir les mêmes effets d’hier, à travers l’Armée d’aujourd’hui en pleine refondation, perdraient leur temps en comptant sur la personne de Ludovic Ngaifei. Le jour où, le Chef de l’Etat, Chef Suprême des Armées me retirera la confiance, ce qui serait normale, je me mettrai à nouveau au garde à vous, je prendrai mes cliques et claques pour regagner les rangs en attendant les jours de ma retraite car, le commandement a un temps et lorsqu’on l’assume en pareil période, il faut savoir tirer sa révérence pour éviter de tomber dans le syndrome de l’usure.

3°) Des sources plus proches de l’Armée

Mon troisième et dernier point concerne les sources proches de l’Armée auxquelles, font allusion les organes de presse, c’est-à-dire, nous autres militaires - Soldats, Sous-officiers, Officiers, Officiers Supérieurs et Généraux-.

A tous mes frères d’armes mêlés ou non, dans la manipulation et la délation politique, je tiens à rappeler la noble mission de l’Armée  est, reste et demeure, celle de la Défense et de la Protection de l’Intégrité du Territoire avec toutes ses institutions, le peuple et ses biens y compris. Cette mission, nous l’avons choisie au prix de notre vie car, comme le dit la devise d’une Armée que je connais bien je cite : "On nous tue mais on ne nous déshonore pas" doit guider toutes nos actions.  Pour cela, l’esprit de corps, et les nobles vertus du courage, d’intégrité, de fidélité, de loyauté et d’obéissance devraient constituer les principes directeurs de notre conscience individuelle et collective pour mener à bien, cette délicate et exaltante mission.

Oui, je n’oublie pas et je rappelle, que dans le passé de notre pays, notre Armée a subi des influences et des manipulations politiques, tribales, régionales et autres. Ces influences qui développent des sous-groupes d’intérêts égoïstes et partisans, ont accouché les mutineries, les phénomènes de coupeurs de route et les rebellions qui déshumanisent nos paisibles et innocentes populations. Au lieu de tirer les leçons sombres du passé, pour travailler avec abnégation au rayonnement de notre Armée déjà très affectée, certains sont encore là, et continuent allègrement et outrancièrement, d’attiser la haine, les rancœurs tout en foulant au pied, les principes directeurs ainsi que les exigences morales et éthiques de l’Armée. A tous ceux-là, je rappelle que l’Armée est apolitique, elle est non tribale, elle est non régionale, elle est simplement républicaine car, au service de la nation et du peuple. C’est pourquoi, il est impératif de laisser la politique aux hommes politiques. Que ceux qui sont fascinés par la politique aient le courage de sortir des rangs, pour faire la politique car, les cadences militaires ne riment pas avec les pas de danse politique.

L’Armée étant une société secrète, voudrais-je, profiter de la colonnes, pour signifier aux professionnels des médias, qui ont un rôle important à jouer dans la reconstruction de notre pays, que le caractère très sensible de l’Armée a conduit, les Nations-Unies à en faire une restriction à la liberté d’expression au point trois  de l’Article 19 du Pacte International relatif aux droits civils et politiques de 1966, je cite :

"L’exercice des libertés prévues au paragraphe 2 du présent Article comporte des dossiers spéciaux et des responsabilités spéciales. Il peut en conséquence être soumis à certaines restrictions qui doivent toutefois, être expressément fixées par la Loi et sont nécessaires :

  • Au respect des droits ou de la réputation d’autrui
  • A la sauvegarde de la sécurité nationale, de l’ordre publique, de la santé ou de la morale politique"

 

Au demeurant, pour me résumer ou conclure, je tiens fermement à préciser avec force, que le Chef d’Etat-Major Ludovic Ngaifei que je suis, ne s’est jamais mêlé à quoi que ce soit. J’assume et assumerai mes fonctions selon la règlementation de l’Armée jusqu’au temps fixé par les textes et à la discrétion du  Chef de l’Etat car, il y a un temps pour tout. Par conséquent, les tentatives de déstabilisation d’un Pouvoir établi ne passera jamais par mes implications ni mes complicités.

Quant aux diffamations, délations et toutes formes de frustrations injustes dont je fais l’objet, je puis rassurer mes détracteurs, que je suis vacciné et immunisé par ces pratiques car, très jeune Soldat, je n’ai subi et connu que ça mais, j’ai su prendre la mesure de toutes les intrigues et guerres secrètes contre moi, et qui, d’ailleurs, ont été à l’origine des retards que j’ai connus dans ma carrière, mais, dans la foi en Dieu et en moi-même, j’ai, par un travail toujours bien fait, suivant la règlementation, évolué jusqu’au niveau où, je suis. J’espère maintenir le cap jusqu’à la fin de ma carrière militaire comme un Soldat, un bon Soldat discipliné, et obéissant ayant loyalement servi son pays et n’ayant participé à aucune manifestation du genre mutinerie ; à une rébellion ni à un complot. Pour ça , j’en suis fier et reste la tête haute, droit dans mes bottes.

Je demande à tous mes Frères d’Armes, de s’opposer à toutes les influences et manipulations politiques, d’où qu’elles viennent et, de qui elles viennent pour soutenir, l’œuvre de la refondation de notre Armée par laquelle, nous devons nous  battre chaque jour, sur tous les fronts pour la doter des moyens de son opérationnalité afin qu’elle puisse redonner à notre pays, la République Centrafricaine, la plénitude de sa Souveraineté.

Tous ceux qui refusent de se mettre au pas, en continuant de persévérer dans ces pratiques amorales et immorales, se verront frappés de sanctions et mesures appropriées prévues par les textes. Il y va de l’honorabilité et de la crédibilité de notre Armée. Je ne voudrais pas ici rappeler les responsabilités que me confèrent les textes en matière de sanctions et des récompenses ainsi que celles vis-à-vis du politique  dont je suis le premier conseiller.

A tous mes Frères et Sœurs centrafricains de toutes tendances et sensibilités confondus, je dis que la gravité de la situation de notre pays nous impose, de taire nos querelles stériles pour identifier ensemble, l’ennemi commun du peuple Centrafricain qui s’appelle, l’insécurité, nuisible à toutes initiatives de développement, afin que dans une dynamique unitaire et solidaire, nous parvenions à bout de toutes les agressions, je dis bien des agressions, imposées aux innocentes populations eu égard, à la nationalité des acteurs du mal sur le terrain.

Nous devons tous prendre conscience, que par notre naïveté ou cupidité, nous avons participé à notre autodestruction, à la destruction du pays en condamnant de nombreuses générations à l’ignorance, à l’analphabétisme et le peuple, à la misère la plus extrême.

Il est aussi temps pour nous, de sauver les acquis démocratiques au regard de la Loi N°91.004 du 4 juillet 1996 instituant la démocratie en RCA, par le respect des mandats. Nous avons assez fatigué les communautés régionales, sous régionales et internationales par des pratiques subversives et obscènes qui ont, en plus de nos propres parents disparus, coûté la vie à nombre de ceux qui sont venus à notre secours, laissant des vides préjudiciables dans les familles et les pays de ceux-ci.

Je suis fortement persuadé et convaincu, que nous pouvons, tous ensemble, par l’exercice et la pratique de la vérité et de la justice, mettre définitivement un terme aux assauts des manipulateurs et leurs adeptes, pour hisser le pays sur la voie du développement par le travail collectif et individuel. Le cas échéant, nous courrons le risque de l’anéantissement, si la haine, la délation et les intrigues devront continuer de servir de moyens de survie par certains, d’accès au pouvoir ou à des postes pour d’autres, de règlement de compte à autrui à d’autre encore.

Je termine mes propos en disant que : je ne suis guidé que par un esprit républicain et rien d’autre. Je ne cherche ni à flatté ni à plaire.

Je vous remercie

Ludovic Ngaïféi

Le 18 janvier 2018