Etats-Unis : Catherine Samba-Panza à New-York

 
 
Votre Majesté, la Reine Mathilde de Belgique,
Votre Excellence la Secrétaire générale adjointe, Mme Amina Mohammed,
Votre Excellence Monsieur le Commissaire de l'Union africaine pour la Paix et la Sécurité, Ambassadeur Smaïl Chergui,
Votre Excellence Monsieur le Vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères du Royaume de Belgique, Didier Reynders,
Votre Excellence la Ministre des affaires étrangères de Suède, Mme Margot Wallström,
Distinguées personnalités,
Mesdames et Messieurs,
 
Au nom du Réseau des Femmes africaines pour la Prevention des conflits et la Médiation pour la paix et en mon nom propre, je voudrais exprimer toute notre gratitude au gouvernement du Royaume de Belgique, à sa Mission permanente auprès des Nations Unies ainsi qu’à l’Institut International pour la Paix -IPI- de l’honneur qui est fait à FemWise-Africa de participer à ce séminaire de haut niveau consacré aux Médiatrices Africaines et de partager l’expérience toute récente de notre plate-forme Panafricaine que j’ai le grand privilège de coprésider avec Dr Speciosia Wandira, ancienne Vice-Présidente de l’Ouganda, membre du Groupe des Sages de l’Union africaine.
 
La présence de la Reine Mathilde de Belgique a la session d’ouverture de cet important évènement dénote tout l’intérêt porté par le Royaume de Belgique aux diverses initiatives menées pour une plus grande inclusion des femmes aux processus de maintien et de consolidation de la paix dans le monde en général, et en Afrique en particulier.
 
Votre Majesté,
Vos Excellences,
Distinguées personnalités,
 
Comme vous le savez, FemWise-Africa a été lancé l'année dernière, pour renforcer le rôle longtemps négligé des femmes dans la diplomatie préventive et la médiation des conflits sur le continent africain à tous les niveaux. En effet, la représentation des femmes aux processus de prévention des conflits, de médiation et de consolidation de la paix en Afrique reste très faible. Le potentiel des femmes en matière de médiation demeure largement sous-exploité. Il est pourtant incontestable qu’il existe sur le continent africain des femmes compétentes qui peuvent appuyer les processus de médiation. Or, nous le savons tous, l'inclusion des femmes, leur participation ainsi que leurs contributions au contenu des pourparlers - améliore les chances de parvenir à des solutions viables et durables, car les femmes connaissent mieux l'impact d'un conflit armé ou d'une guerre sur leur vie au quotidien.
 
Les femmes africaines, conscientes de leur potentiel, ne veulent plus que les autres décident en leur nom et à leur place. Elles souhaitent et mettent tout en œuvre pour participer de manière transversale, active et influente aux processus officiels de paix. Elles veulent être à tous les niveaux des négociations et de la prise de décisions liées à la crise.
 
Mais les femmes africaines ne cherchent pas à remplir des quotas de participation artificiels. Pour elles, il ne s’agit pas d’une simple participation, mais d’une participation substantielle et consciente; il ne s’agit pas d’une simple représentation, mais d’une représentation réelle et reconnue par toutes les parties prenantes, afin d’apporter une valeur ajoutée à la table de la paix.
 
L’intégration de cette démarche inclusive, soucieuse d’égalité entre les sexes dans le domaine de la paix et de la sécurité qui découlent de la résolution 1325, est devenue une stratégie essentielle pour les mouvements de femmes en Afrique.
 
L’Union africaine et ses États-membres ont compris la nécessité de créer sur le continent, un processus global et inclusif tenant compte de cette dynamique. L’Union africaine a ainsi fait des efforts notables pour intégrer les engagements relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité dans ses propres mesures de sécurité et dans ses stratégies de réponse aux crises et de consolidation de la paix. 
 
C’est dans cet esprit qu’il y a un an, l’idée de la mise en place d’un Réseau Panafricain des Femmes africaines dans la Prévention et la Médiation des conflits a été lancée en décembre 2016 par l’Union africaine à Constantine, en Algérie.
 
Le réseau vise à s’assurer que les femmes participent concrètement et efficacement au processus de paix à travers un cadre reconnu par les états membres de l’Union Africaine, y compris comme chefs de missions officielles dans les médiations de haut niveau.
 
FemWise-Africa est ainsi née, grâce à la volonté déterminée des chefs d’Etat de l’Union africaine, du Président de la Commission et du Commissaire Paix et Sécurité d’assurer un canal de participation des femmes au processus de paix, conformément à l’ "Agenda 2063" de l’Union africaine.
 
En fait, le lancement officiel de FemWise-Africa à la fin de l'année dernière constitue la quatrième activité majeure de la Commission de l'UA dans le domaine des femmes et les conflits, les autres étant la création d'un bureau permanent pour les femmes, la paix et la sécurité ; la formulation et le lancement d'un programme sur la paix et la sécurité de genre de l’UA; et l'établissement d'une session ouverte permanente du Conseil sur les femmes, la paix et la sécurité.
 
Le Réseau est placé dans l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité -APSA-, comme un mécanisme subsidiaire du Groupe des Sages et du Réseau Panafricain des Sages -PanWise- qui sont des structures mandatées pour soutenir les efforts du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union africaine et ceux du Président de la Commission sur toutes les questions relatives à la promotion et au maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique. Son emplacement au sein de l’APSA le place dans une position stratégique qui garantit sa légitimité, sa crédibilité, sa permanence et lui assure l’appui administratif, technique et logistique requis pour faciliter son opérationnalisation.
 
Votre Majesté,
Excellences,
Distinguées personnalités,
 
Le plan de travail stratégique de FemWise-Africa pour la phase de démarrage et les activités à moyen et long terme viennent d’être validés lors de la première assemblée générale tenue à Constantine en Algérie les 12 et 13 décembre 2017. Ce plan de travail prévoit des activités communautaires de prévention des conflits, de cohésion sociale et des missions de solidarité. La République centrafricaine, le RD Congo, le Burundi, le Sud Soudan et le Sahel ont été identifiés comme zone prioritaires de ces activités.
 
Dans le plan de travail global de FemWise-Africa 2018, les projets à impact rapide dans les pays vulnérables devant améliorer les conditions de la cohésion sociale figurent en bonne place et feront en sorte que la stabilité et le développement s’enracinent.
 
Nous avons focalisé plus spécifiquement notre attention sur la nécessité de prévenir et de régler les conflits liés aux élections dans la sous-région, sachant que les consultations électorales récentes et en cours dans certains pays de la région font sérieusement craindre une recrudescence de l’instabilité, de l’insécurité et des risques de violence. Le réseau envisage donc des actions préventives et de médiation pour résoudre les conflits liés aux élections.
 
La situation d’extrême vulnérabilité des femmes au niveau des frontières sur notre continent nous a également interpellée. Il nous parait important de déployer le plus tôt possible les projets à impact rapide pour les appuyer.
 
Pour mener convenablement toutes ces actions, il est urgent de recueillir prioritairement un minimum d’adhésion de 100 femmes médiatrices pouvant être inscrites sur une liste de médiatrices potentielles pour les missions de bons offices et les activités sur le terrain.
 
FemWise-Africa compte déjà environ quatre-vingts membres, comprenant des personnalités féminines éminentes, des expertes confirmées et des jeunes spécialistes issues de 24 Etats africains.
 
Mais pour assurer un canal de participation significative et efficace des femmes aux processus de paix, il faut renforcer leurs capacités collectives et professionnaliser leur rôle dans la diplomatie préventive et la médiation aux niveaux des pistes 1, 2 et 3, en leur offrant les compétences nécessaires. 
 
Il est prévu à cet effet un programme de formation de femmes médiatrices aux techniques de médiation, de négociation et de résolution des crises. Ce programme ciblera dans un premier temps une centaine de femmes africaines avec l’objectif d’atteindre les 500 femmes médiatrices d’ici à 2020.
 
Afin de rapprocher davantage le réseau des autres femmes sur le terrain, notre plan de travail prévoit la mise en place de sections locales et nationales de FemWise-Africa, 
 
Votre Majesté,
Excellences,
Distinguées personnalités,
 
Cet ambitieux programme a son lot de défis. Si nous voulons davantage de femmes dans les équipes de Médiation ou comme Chefs de missions officielles de médiation, si nous voulons garantir la diversité, la représentativité et la qualité des membres de FemWise-Africa, nous devons mettre en place des bases de données et donc recenser les femmes ayant les compétences spécifiques et pertinentes requises.  
 
Ensuite, nous avons besoin de l’appui des partenaires et des experts pour l’élaboration et la mise en œuvre de nos programmes de formation.
 
Enfin, la question des ressources humaines et financières demeure également un important défi à relever : Le secrétariat de FemWise-Africa installé au Département Paix et Sécurité de l’Union et qui assure également la gestion administrative du Groupe des Sages et du Réseau Panafricain des Sages est en sous-effectifs et fonctionne sur un maigre budget. Il n’arrive donc pas à assumer efficacement les différentes tâches assignées au secrétariat de FemWise-Afrique.
 
C’est pourquoi, il nous faut développer des synergies et la coopération entre les réseaux des femmes médiatrices, mobiliser les soutiens des divers partenaires, notamment ceux qui ont joué un rôle de soutien pendant le processus de construction de FemWise-Afrique.
 
Un engagement régional et international est crucial pour mener le plaidoyer en vue de l’inclusion des femmes dans les processus de paix.
 
L’Union africaine et ses États-Membres saluent donc l’initiative prise par le Royaume de Belgique et l’Institut International pour la Paix pour donner une certaine visibilité a notre réseau et mettre en valeur les forces et les capacités collectives des femmes africaines impliquées dans les processus de paix.
 
Merci de votre attention.
 
Catherine Samba-Panza 
Coprésidente FemWise-Afrique
 
Le mercredi 25 avril 2018 de 9 h à 10 h  siège de l’Organisation des Nations Unies, Salle 3, New York
Séminaire de Haut Niveau, Pérennisation de la paix : Coup de projecteur sur les médiatrices africaines