ONU : Intervention de François Delattre représentant de la France

"La République centrafricaine n’est pas encore pleinement stabilisée ; les combats se poursuivent entre les groupes armés. Cela a été dit, il faut le redire : ceux-ci sont animés par une logique criminelle de prédation, de contrôle de territoires et des ressources, de perpétuation de la violence, déconnectée de toute revendication politique. La France condamne avec la plus grande fermeté ces opportunistes criminels qui prospèrent sur la souffrance des civils et sur l’instabilité"                                          François Delattre et Faustin-Archange Touadera@nato

Delattre touadera a onuCi dessous l'intégralité du discours de l'Ambassadeur Delattre

Monsieur le Président de la République,

Je remercie la présidence britannique d’avoir organisé cette importante réunion publique. Outre le Secrétaire général adjoint Hervé Ladsous et le représentant permanent du Maroc Omar Hilal, je voudrais remercier tout particulièrement Son Excellence le Président Touadera pour sa venue à New-York et pour l’intervention importante qu’il vient de prononcer devant ce conseil.

Monsieur le Président de la République,

Vous savez combien ce conseil est mobilisé en appui à votre action pour faire de la République centrafricaine un succès exemplaire dans la réconciliation et la stabilisation. Vous pouvez compter sur un soutien sans faille de notre part et nous saluons aussi l’engagement du Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la MINUSCA, Parfait Onanga, qui est présent au quotidien à vos côtés, monsieur le Président de la République centrafricaine.

Monsieur le Président de la République

La République centrafricaine n’est pas encore pleinement stabilisée ; les combats se poursuivent entre les groupes armés. Cela a été dit, il faut le redire : ceux-ci sont animés par une logique criminelle de prédation, de contrôle de territoires et des ressources, de perpétuation de la violence, déconnectée de toute revendication politique. La France condamne avec la plus grande fermeté ces opportunistes criminels qui prospèrent sur la souffrance des civils et sur l’instabilité.

Dans ce contexte, Monsieur le Président, je voudrais souligner trois principaux messages :

1) D’abord et avant tout, un message de soutien à vous-même et à votre action, M. le Président de la République.

-Comme nous le savons tous, vous avez été élu démocratiquement dans d’excellentes conditions, par une large majorité de citoyens centrafricains, et cela sur l’ensemble du territoire ;

-Vous vous êtes immédiatement positionné comme le Président de tous les centrafricains, avec un programme de réconciliation et de réformes. Votre discours d’investiture a été salué comme un modèle du genre ; et vos déplacements en provinces, comme encore à Bambari et dans la Ouaka dimanche dernier, témoigne de votre engagement ; chacun sait, Monsieur le Président de la République, que vous ne ménagez aucun effort pour traduire en actes votre message de paix, de justice, de réconciliation et de réforme. Je pourrai multiplier les exemples, mais je n’en citerai ici que deux, très révélateurs : la mise en place de la plate-forme pour le dialogue et le désarmement, dont vous supervisez vous-mêmes les travaux ; et votre propre idée que soit composée une compagnie FACA mixte intégrant des anciens combattants démobilisés, pour laquelle vous avez demandé l’appui de l’EUTM.

-Vous vous engagez dans une dynamique de reconstruction durable de votre pays en veillant à traiter les causes profondes de la crise, en particulier l’impunité des responsables de ces crimes, impunité qui a trop longtemps nourri les cycles de violences en RCA. Votre engagement pour la Cour pénale spéciale et pour la restauration de la justice nationale en témoigne ;

-Vous êtes convaincu aussi, comme nous le sommes, que la crise qui a meurtri votre pays trouvera sa solution dans la coopération régionale, et, dans cette logique, vous avez immédiatement rendu visite aux Chefs d’État dans la région.

Pour tous ces éléments, et d’autres encore, soyez assuré du soutien sans faille de la France, et je crois pouvoir le dire, de l’ensemble du Conseil à votre action.

Mon deuxième message est un soutien total à l’action de la MINUSCA et de son chef, le Représentant spécial Parfait Onanga.

Le Conseil de sécurité a déployé la MINUSCA pour vous appuyer, monsieur le Président de la République, et son mandat complexe est à l’image des nombreuses actions à mener en République centrafricaine. Le chemin parcouru est d’ores et déjà considérable, même si les défis restent nombreux.

La MINUSCA est aujourd’hui un partenaire pleinement opérationnel. Elle a un mandat robuste et complet centré sur l’objectif stratégique de réduction de la présence des groupes armés que seule la voie politique existe.

Au titre de l’accompagnement international de la RCA, je voudrais aussi souligner les premiers résultats de la Mission de formation EUTM, qui a achevé la réforme et l’entrainement d’une première compagnie des FACA. Un premier bataillon complet aura été formé d’ici le mois de mai.

3) mon troisième message, c’est la nécessité de travailler ensemble, et de façon coordonnée, dans la même direction.

Nous sommes beaucoup à aider la RCA à se rétablir. Il y a les nations Unies bien sûr, les autres partenaires internationaux comme la banque mondiale et la Banque africaine, les partenaires régionaux comme l’Union africaine, la CEEAC la CIRGL, l’Union européenne, les partenaires bilatéraux. Cette attention est une bonne nouvelle. Elle a des effets positifs, comme en témoigne la mobilisation financière à Bruxelles en novembre, à laquelle la France a annoncé une contribution de 85 millions d’euros sur 3 ans ;

Mais cette mobilisation générale encore une fois nécessaire, n’est bénéfique que si elle est parfaitement coordonnée, pour éviter la concurrence des efforts ou leurs duplications. In fine, l’important est que l’aide bénéficie vraiment à la stabilisation et au développement de la RCA. Ce rôle de coordination est absolument fondamental. Il revient notamment, et entre autres, à la CCP-RCA dont je salue l’action et qui s’est réunie ce matin sous la présidence marocaine ;

Cette mobilisation générale n’est aussi bénéfique que si elle s’inscrit dans le même référentiel, et toujours en appui au Président Touadera et à son gouvernement. Le cadre de référence est clair : il est énoncé par les centrafricains eux-mêmes au forum de Bangui, repris dans le pacte républicain et par le Président de la République dans son programme, et consacré dans les résolutions de ce conseil.

M le Président de la République,

Nous avons la chance de soutenir une dynamique qui peut être vertueuse et ramener une stabilité durable dans votre pays. C’est ce pour quoi vous avez été élu. C’est aussi la raison de l’engagement de ce conseil dans ce cadre où nous proposerons dans les prochains jours un projet de déclaration présidentiel du Conseil de sécurité

Soyez une nouvelle fois assuré de tout notre soutien dans votre noble mandat

Je vous remercie.

Le 18 mars 2017