France : discours du chef de l'Etat du Centrafrique à Lyon

A l'occasion de la rencontre avec la diaspora centrafricaine - Lyon - samedi 12 octobre 2019 

Mes chers compatriotes de la diaspora

Je voudrais tout d’abord vous saluer chaleureusement et vous remercier d’avoir répondu avec empressement à mon invitation.

J’ai voulu saisir cette opportunité que m’a offerte le président Emmanuel Macron de participer, au nom de notre pays, à la 6e conférence de reconstitution des ressources du fonds mondial de lutte contre le VIH-SIDA, la tuberculose et le paludisme, pour vous rencontrer afin de m’enquérir de votre situation et échanger avec vous sur la situation de notre pays.

Je retrouve avec plaisir la belle ville de Lyon, par amour et respects pour mes compatriotes qui s’y sont installés. Certes, il y a toujours des lignes à faire bouger, des réponses à apporter, mais c’est le patriotisme avant tout qui me conduit à Lyon, au milieu des miens pour échanger, réfléchir ensemble et enregistrer vos propositions de solutions à la crise que traverse notre pays depuis 2012.

Nul n’ignore que les compatriotes de la diaspora et plus particulièrement ceux résidant à Lyon ont beaucoup contribué à mon élection à la magistrature suprême de l’Etat.  Je leur dois en plus des remerciements, des réponses à leurs questions sur la situation de notre pays. Notre pays revient de loin. Nous avons frôlé le pire. J’ai choisi de restaurer la vérité en ne cachant rien de l’état préoccupant dans lequel j’ai pris la destinée de notre pays.

La longue crise militaro-politique de 2012 dont les effets néfastes qui se manifestent encore requièrent la participation de ses filles et fils dans la mise en œuvre du programme de relèvement et de reconstruction en vue de la résolution définitive de cette crise.

Je voudrais indiquer ici que cette crise qui a occasionné de nombreuses pertes en vies humaines, les destructions des édifices publics et privés, les violations massives des droits de l’homme du fait des bandes armées composées en majorité des mercenaires venus du Tchad et du Soudan ; s’inscrit dans des actions de déstabilisation du pays.

La RCA, à cause de sa situation géographique, de pays carrefour entre le Nord du continent africain arabo-musulman et le Sud en majorité chrétienne et animiste a toujours fait l’objet de convoitises géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques à cause de ses énormes potentialités minières, agricoles, forestières, fauniques et hydrauliques.

En effet, notre pays est situé entre deux grands foyers de terrorisme que sont la Corne de l’Afrique à l’Est et le bassin du Lac Tchad à l’Ouest.

Il continue de faire face aux atrocités de l’armée de résistance du Seigneur -LRA- de Joseph Kony, au phénomène de transhumance armée, à la criminalité transfrontalière, au phénomène de Boko-Haram  dans la région et aux menaces terroristes diverses, car la crise a affaibli l’Etat faisant de notre pays le maillon faible de la sous-région.

En dépit de cette situation, il est à regretter que notre Armée, symbole de la souveraineté, a été placée sous embargo, par le Conseil de Sécurité des Nations-unies.

Malheureusement, cette décision onusienne, justifiée par le contexte de l’époque, a été ressentie comme un appel d’air par les groupes armés qui ont utilisé des circuits parallèles pour renforcer leur armement et donc accroître leur capacité de nuisance. C’est donc avec un plaisir renouvelé que je me présente devant vous, mes compatriotes de Lyon et ceux venus d’ailleurs, animés d’un esprit de reddition de compte, pour vous présenter brièvement ce qui a pu être fait depuis ma prise de fonction, ce qui se fait actuellement et ce que nous aurons à faire ensemble pour notre pays. Mais avant tout, je vous prie d’observer une minute de silence en mémoire de tous nos compatriotes et des soldats de la paix, victimes de la crise que traverse notre cher et beau pays depuis 2012.
Je vous remercie!

Mes très chers compatriotes,

En dépit de cette situation sombre brièvement décrite, je dois vous avouer que notre pays est en pleine reconstruction, avec l’appui de la Communauté Internationale et de nos partenaires et amis. Cette reconstruction témoigne de la mise en œuvre de ma vision traduite en programme de gouvernement et pour laquelle je me suis engagé le 30 mars 2016 à rebâtir un Centrafrique nouveau, fort, uni, prospère, privilégiant le dialogue, la justice et l’esprit de réconciliation nationale.

Au cours des 3 années écoulées de mon mandat, nous avons ensemble, dans l’ordre et la dignité, travaillé pour la poursuite de la marche irréversible vers la paix, la sécurité, la réconciliation nationale, le vivre ensemble, la cohésion sociale, l’assainissement des finances publiques et la relance des secteurs productifs de notre pays.

En poursuivant la mise en œuvre du processus DDRR, je n’ai eu de cesse d’exhorter les groupes armés de renoncer volontairement et consciemment à la violence comme mode de revendication politique et d’adhérer au processus DDRR pour un retour définitif de la paix dans notre pays. Des stratégies et initiatives ont été élaborées pour la réalisation d’un Programme National de Démobilisation, Désarmement, Réintégration et Rapatriement -PNDDRR-.

Le succès du "Grand DDRR"  dans la région Ouest sera étendu aux autres régions afin de stabiliser l’ensemble du territoire. Nous avons mis en place la Commission Nationale de Lutte contre la Prolifération des Armes Légères et de Petits Calibres qui est opérationnelle depuis avril 2018. Mon ambition est de faire de la République centrafricaine un pays sans armes et tourné résolument vers son développement.

En matière de de Réforme du Secteur de Sécurité -RSS-, les capacités opérationnelles en matière de formation, d’équipement et de réhabilitation de certaines infrastructures de nos Forces de Défense et de Sécurité Intérieure ont connu des avancées majeures grâce aux appuis divers des partenaires tels que la France, les Etats-Unis d’Amérique, la Russie, la Chine, l’Union européenne à travers l’EUTM. En ce qui concerne la reconstruction des FACA, j’ai fait doter notre pays pour la première fois d’un plan national de défense qui constitue ma vision de notre armée nationale.

Il s’agit d’une feuille de route, d’un projet ambitieux que possède toute armée moderne. Ce plan national de défense donne le cap d’une mutation majeure, le passage de l’Armée de projection à une Armée de garnison. A cet effet, 4 zones de défense, un bataillon de parachutistes et de forces spéciales sont créées, ceci avec le soutien permanent de la mission militaire européenne EUTM-RCA. Les FACA seront dotées de moyens nécessaires à leur structuration grâce à la loi de programmation militaire pour la période 2019-2023 déjà promulguée. Le départ à la retraite de 786 militaires, financé par le gouvernement américain, permet aujourd’hui le recrutement de 1 023 jeunes citoyens par an, en tenant compte de l’équilibre régional, du concept genre à hauteur de 15% d’effectif féminin.

Plus de 232 ex-combattants ayant adhéré au DDRR ont été incorporés dans les Forces de Défense et de Sécurité après le contrôle puis la formation par l’EUTM, grâce au dialogue que j’ai ouvert avec les groupes armés dans le but de permettre à nos populations de vivre dans un pays pacifié.

Le gouvernement continue à déployer d’importants efforts dans la poursuite des formations par l’EUTM-RCA, par les Experts Russes sur l’emploi des armes en vue du renforcement des capacités opérationnelles de notre Armée. Partout en Afrique, en Europe, en Chine, plusieurs formations sont en cours d’être dispensées à nos forces armées dans divers domaines. Nos forces armées ont pu bénéficier d’un appui substantiel de la part de la Communauté internationale en équipements non létaux, grâce à une bonne coordination des échanges avec le Comité de sanctions des Nations-unies et ceci dans le cadre de l’appui logistique et de la dotation en équipements aux unités à déployer. Un accent particulier a été mis sur la question de réhabilitation des infrastructures militaires. C’est ainsi qu’un financement de plus d’un milliard 250 millions de Fcfa a été approuvé en vue de la réhabilitation de la garnison de Bouar et d’autres camps militaires ainsi que la construction des armureries répondant aux normes internationales.

En ce qui concerne l’emploi des forces, plus de 1 300 éléments des FACA ont été déployés conjointement avec la MINUSCA dans certaines régions jadis sous l’influence des groupes armés, notamment à Paoua, Bambari, Bouar, Bangassou, Kaga-Bandoro, Alindao, Ndélé, Bria et Birao, pour des missions immédiates de sécurisation sur le terrain, sous le commandement de Commandants de Zones de Défense nommés. Ces efforts vont se poursuivre et s’amplifier. Malgré les contraintes qui s’imposent à nous, et qui sont essentiellement d’ordre financier, nous avons espoir que notre armée sera rebâtie conformément à l’attente de la population. Dans le domaine de l’action humanitaire et la réconciliation nationale, la prise en charge des déplacés internes et des réfugiés a été rendue possible grâce aux efforts déployés par le gouvernement. En effet, 4 100 réfugiés ont bénéficié de rapatriement facilité et 10 000 retours spontanés ont été enregistrés.

Je vous rappelle avec insistance que s’il y a un combat de chaque instant que nous devons gagner ensemble, c’est celui de la réconciliation nationale. C’est pour cela que je m’y suis engagé personnellement et je puis vous assurer à nouveau que cette réconciliation nationale est bel et bien en marche. C’est ainsi que 24 comités locaux de paix et de réconciliation ont été mis en place et sont opérationnels dans 6 régions sur les 7 que compte notre pays.

La 3e année de mon mandat a vu naître plusieurs initiatives de paix et de réconciliation. Ce sont ces initiatives couronnées par celle de l’Union africaine, qui ont abouti à la signature d’un Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation le 6 février 2019 au grand soulagement de tout le monde.

Conformément aux termes de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation du 6 février 2019, j’ai procédé à :
- la création, le 8 février 2019, d’une Commission inclusive chargée d’examiner tous les aspects liés aux évènements tragiques des conflits en République centrafricaine,
- la création le 8 février 2019, du mécanisme de mise en œuvre et de suivi de l’Accord ainsi que les organes connexes dont les représentants nommés travaillent aujourd’hui d’arrache-pied,
- la mise en place le 8 février 2019, du Comité Technique de Sécurité de l’Accord Politique,
- la mise en place le 1er mars 2019, de la composition des différents organes du Mécanisme de mise en œuvre et de suivi de l’Accord Politique,
- la formation d’un gouvernement inclusif et les nominations des représentants des groupes armés aux cabinets de la présidence de la République, de la Primature et dans certains Ministères et Institutions de la République.

La mise en œuvre de cet Accord Politique est un grand défi dont je me porte garant de l’application effective et du bon fonctionnement des organes de suivi pour que l’objectif recherché soit atteint. Tous les espoirs d’une paix possible reposent sur cet Accord Politique sur lequel les leaders des groupes armés signataires s’appuient pour manifester leur désir de renoncer à la violence comme mode de revendication politique. Ils se sont engagés à faire cesser toute existence de groupes armés dans un bref délai.

En ce qui concerne la sécurité intérieure, mon souci est de déployer les effectifs de la gendarmerie et la police sur l’ensemble du territoire national afin de renforcer notre dispositif, de mieux contrôler nos frontières dont la porosité rend possible des multiples entrées clandestines et les trafics illicites de tous genres. Pour atteindre ces objectifs, nous avons, avec l’appui des partenaires, formé 250 gendarmes, sans oublier que des Officiers et Sous-officiers suivent actuellement des formations en France, en Chine et dans des écoles militaires africaines, au Maroc et au Cameroun.

Dans le cadre de la réhabilitation des infrastructures, 7 armureries dans les différentes unités ont été réhabilitées sans oublier la dotation en moyens roulants et de communication. Dans le cadre de l’appui à la restauration de l’autorité de l’Etat, des gendarmes ont été déployés dans 14 Préfectures sur les 16 que compte le pays.
Nous avons en perspective:
- le recrutement de 1 000 jeunes centrafricains dont 500 pour la Police et 500 pour la Gendarmerie dans le cadre du renforcement des capacités des Forces de Défense et de Sécurité est en cours,
- la création de deux unités anti-terroristes dont la formation est programmée sur place en Centrafrique et sera assurée par des Experts de la Police chinoise,
- la création d’un Commissariat de Sécurité Publique dans le futur arrondissement de la ville de Bangui,
- la création des Légions de Gendarmerie Mobile Territoriale dans le ressort des Cours d’Appel de Bambari et de Bouar,
- enfin 80 Policiers et 80 Gendarmes vont faire l’objet très bientôt d’une formation spécialisée en Chine.

S’agissant de la Police Nationale, les efforts déployés par le gouvernement ont permis la formation de 250 policiers avec l’appui des Partenaires. D’autres Policiers sont en ce moment en formation en République Démocratique du Congo et en Guinée équatoriale.
Pour résorber le chômage et en même temps répondre aux besoins en effectif de la Police, nous avons décidé d’intégrer des auxiliaires dans la Police, après une formation complémentaire.
Certains Commissariats tant à Bangui qu’en provinces ont été réhabilités et ont reçu des dotations en moyens roulants et de communication, ce qui va contribuer au renforcement des capacités opérationnelles de notre Police.
En 2018, nous avons redéployé les Policiers à Bangassou, Bocaranga, Bambari, Paoua, Dékoa et ce redéploiement va se poursuivre.

Abordant la question de la justice, je dois vous assurer de ma ferme volonté de lutter contre l’impunité, l’un des maux qui ont rongé notre pays. Avec l’appui de nos partenaires nous avons réhabilité la Chancellerie, le Conseil d’Etat, l’Inspection Générale des Services Judiciaires et 14 tribunaux sur les 24 que comptent les trois Cours d’Appel. La Cour des Comptes a regagné son nouveau siège et celui de la Cour Pénale Spéciale est opérationnel.

Les documents stratégiques tels que la stratégie de réinsertion sociale des détenus en RCA, la politique nationale de santé dans les établissements pénitentiaires, la stratégie de démilitarisation des établissements pénitentiaires de la RCA ont été validés en dépit de la modicité des finances publiques.

En matière de lutte contre l’impunité, outre les audiences ordinaires des Cours et Tribunaux, les Cours d’Appel de Bangui et de Bouar ont tenu des sessions criminelles au cours desquelles plusieurs chefs de guerre ont été condamnés. Un projet de loi portant organisation de l’aide légale est soumis à l’Assemblée nationale pour permettre aux justiciables démunis d’avoir accès à la justice.

En matière de promotion de la justice traditionnelle, conformément à l’article 11 de l’Accord Politique, j’ai mis en place, le 8 février 2019, la Commission Inclusive chargée d’examiner tous les aspects liés aux évènements tragiques du conflit en RCA, de qualifier et de proposer toute action susceptible d’être prise en matière de justice. Dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires, nous avons soumis à l’Assemblée nationale un projet de loi fixant le plafonnement des dommages et intérêts en cas de licenciement abusif.

Sur le plan économique, le Plan National de Relèvement et de Consolidation de la Paix -RCPCA- est mis en œuvre depuis 3 ans. Le coût estimé des besoins, lors de la Conférence Internationale de Bruxelles de 2016, s’élevait à 3 milliards 500 millions de dollars  sur 5 ans. Le taux actuel de mobilisation de ressources qui est de 76% correspond au financement approuvé de l’ordre de 2 milliards 655 millions de dollars américains dépendant à 90% des ressources extérieures.

Pour cette année 2019, la priorité est la relance de la croissance et l’augmentation des recettes dans les secteurs productifs et commerciaux afin d’améliorer les investissements nationaux en vue d’une meilleure intégration des financements au plan national. La bonne qualité des outils et des mécanismes de suivi mis en place ont permis d’atteindre un très bon niveau de la disponibilité des ressources financières, avec un taux de décaissement effectif enregistré dépassant 54%, pour la réalisation de plus de 372 programmes et projets actuellement en cours d’exécution sur toute l’étendue du territoire.

Le travail se poursuit en vue de réduire l’impact des principaux goulots d’étranglement afin d’améliorer l’utilisation et l’absorption de ces ressources axées sur les résultats du RCPCA. L’une des priorités annoncées lors de mon investiture concernant l’assainissement des finances publiques, couvre la mobilisation des ressources financières nécessaires à la reconstruction de notre pays et leur utilisation transparente et efficace. Pour mobiliser des recettes domestiques, le gouvernement en dépit de la situation sécuritaire préoccupante dans notre pays, a pris de mesures courageuses qui ont permis de renforcer le recouvrement, la relance rapide des entreprises défaillantes, l’effectivité du paiement différé de la TVA à l’imposition etc.

Nous avons ainsi grâce à ces mesures, enregistré des taux de dépassement, de recouvrement et de réalisation très encourageants. Par exemple, les recettes cash cumulées ont atteint 112,30 milliards Fcfa pour un objectif fixé à 104,30 milliards Fcfa, soit un dépassement de 8 milliards Fcfa. Pour la mobilisation des recettes fiscales, le gouvernement a réalisé 55,90 milliards sur une prévision annuelle de 50,19 à fin décembre 2018 soit un taux de recouvrement de 111, 38%. S’agissant des recettes douanières, le gouvernement a mobilisé à fin décembre 52,80 milliards sur une prévision annuelle de 53,10 milliards de Fcfa, soit un taux de réalisation de 99,43%.

Cette belle performance est due à l’équipement de l’antenne de Douane de Beloko, qui permet désormais la déclaration informatisée des importations par les opérateurs économiques, la révision de la structure des prix de pétrole, la rationalisation des redevances et la rationalisation des exonérations.

Pour la mobilisation des recettes au niveau du Trésor, il convient de noter que sur une prévision annuelle de 5,87 milliards, le gouvernement a réalisé plus de 3,6 milliards, soit un taux de réalisation de 62%. Cette performance est le résultat de la modification de la loi qui fixe le Cadre Institutionnel et Juridique applicable aux Entreprises et Offices Publics du 13 février 2008, notamment en ce qui concerne la tutelle financière du Ministère des Finances sur les agences avec l’appui du FMI, d’une part et, d’autre part, par la consolidation du compte unique du Trésor par les prélèvements de la parafiscalité opérée par les Offices Publics.

Je mentionne au passage que les prévisions des dépenses à fin décembre 2018 étaient de 161,94 milliards alors que les dépenses réalisées se chiffrent à 132,40 milliards de Fcfa, soit un taux de réalisation de 81,76%. A côté des dépenses primaires, les dépenses d’investissement financées sur ressources propres ont atteint 12,38 milliards de Fcfa sur une prévision de 16,40 milliards soit un taux d’exécution de 75,51%. A l’intérieur des dépenses primaires, les dépenses du personnel, c’est-à-dire les salaires ont atteint 58,41 milliards de Fcfa, sur une dotation de 60,61 milliards, soit un taux d’exécution de 96,37%.

Les ressources extérieures mobilisées au titre des appuis budgétaires s’élèvent à 59,9 milliards Fcfa provenant de la BAD 5,4 de l’Union européenne 11,8  du FMI  18  de la Banque Mondiale 13,7 et de l’AFD 6.

Pour conclure sur ce volet, je dois préciser que des efforts ont été déployés dans tous les domaines et ont permis de mobiliser des ressources et d’améliorer la gestion des Finances Publiques, permettant ainsi au Gouvernement de répondre aux besoins sociaux de la population.
D’autres réformes dans ce sens ont porté sur la mensualisation des pensions et le numérique. Le week-end dernier, j’ai lancé le projet de paiement mobile des salaires des fonctionnaires et de numérisation des services des impôts et taxes qui va contribuer, j’en suis persuadé, au relèvement du niveau des recettes domestiques et la qualité des services publics fournis aux usagers. Je dois vous informer que depuis 2016, notre économie a retrouvé le chemin de la croissance. Le taux du PIB qui était de – 36% est aujourd’hui estimé à 4,3 en 2018 et 5% en 2019 avec une pression fiscale de 10%.

Cependant, cette embellie financière reste tributaire de la situation sécuritaire du pays et de l’évolution galopante des cours du pétrole sur le marché international. Le blocage du seul corridor Bangui/Béloko par le groupe armé de Martin Koumtamandji dit Abdoulaye Miskine pendant près d’un mois et visant à asphyxier l’économie nationale, a impacté négativement sur les résultats attendus. Parlant de mauvais exemple, il faut retenir que tant que l’insécurité continue de sévir dans certaines villes de notre pays, tant qu’il y aura entrave à la libre circulation des personnes et des biens d’un point à l’autre de notre territoire, l’activité économique va souffrir et par conséquent nous enregistrerons des pertes des recettes de l’Etat.

Le fouvernement n’a ménagé aucun effort pour exécuter convenablement le programme appuyé par la Facilité élargie du Crédit conclu avec le FMI en juillet 2016. Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, nous avons réussi 6 programmes avec le FMI, ce qui offre de meilleures perspectives pour les années à venir.

L’un des volets, non des moindres, est l’activation des secteurs productifs, notamment l’agriculture, les ressources naturelles et les eaux et forêts, l’énergie, les infrastructures, le commerce, les télécommunications et les TIC, la communication et les médias. Parmi les axes majeurs de la politique de développement économique et social du gouvernement figure la transformation structurelle de notre économie, à travers l’intensification du programme de réhabilitation, de construction et d’équipement dans les secteurs des routes, du transport, de l’énergie, de l’eau potable, de l’agriculture et de l’élevage.

Le vaste programme de réhabilitation et de construction des routes et ouvrages doit se poursuivre afin de rapprocher nos populations, de faciliter les échanges et d’accroître la compétitivité économique de notre pays. L’agriculture est l’un des atouts de premiers plans pour la croissance et la résorption du chômage des jeunes. Le gouvernement, appuyé par les partenaires, poursuit les réformes institutionnelles dans toutes les structures opérationnelles de la politique agricole dont l’ACDA, l’ORCCPA et l’ONMAP.

J’ai décidé dans cette optique de renforcer les capacités de l’ICRA, de l’ACDA, de l’ANDE ainsi que de la Chambre d’Agriculture. Le gouvernement, avec l’appui de la Banque Mondiale fait un travail considérable en vue de la dotation de notre pays d’un Document de Politique agricole et d’une loi d’orientation agricole. Les arriérés dûs aux producteurs de coton pour les campagnes 2012-2016 ont été apurés jusqu’en novembre 2018 pour un montant total de 1 079 260 000 Fcfa. Les perspectives d’avenir sont bonnes pour notre agriculture, lorsqu’on considère les projets structurants initiés par le gouvernement et qui concernent :
- la relance d’un projet agropastoral dans les savanes financé par la FIDA à hauteur de 12 400 000 dollars américains et qui couvre les Sous-Préfectures de Bouar, Baoro, Bossemptélé et Yaloké avec une extension à Bozoum,
- le projet d’appui au développement des chaînes de valeurs agricoles dans la savane financé par un don de la BAD à hauteur 1 280 000 unités de compte.
- le Projet d’Appui à la Relance Agricole et au développement de l’agrobusiness en Centrafrique financé par la Banque Mondiale pour un montant de 25 000 000 de dollars américains,
- le projet sucrier de Damara, en partenariat avec le groupe chinois LIANGO pour un montant de cent 170 000 000 de Fcfa

En matière d’Elevage, des actions de sensibilisation et de recensement menées par le gouvernement ont abouti au retour d’environ 75% à 80% de nos éleveurs. Avec l’appui de la MINUSCA, de l’ACTED et du CRS, des comités de médiations et de règlements de conflit entre agriculteurs et éleveurs ont été mis en place.

J’ai aussi engagé le Gouvernement à promouvoir les élevages familiaux et communautaires. C’est ainsi que l’Union Européenne qui a financé ce projet mène actuellement des activités à Bangui, Bégoua, Boali et Damara en faveur des éleveurs de porcs, de volailles et de poissons. Dans le cadre de la santé animale, nous avons procédé à la réouverture du Laboratoire Central Vétérinaire et rendu opérationnelles les trois pharmacies vétérinaires à Bangui. Des dépôts pharmaceutiques ont été réhabilités avec l’appui des ONG CRS et DRC à Bouar et Paoua.

Concernant l’énergie, je me suis engagé à faire de l’énergie une priorité nationale pour ainsi soutenir la production et la croissance économique. C’est ainsi que j’ai lancé le projet de construction d’un champ solaire à DANZI d’une puissance de 25 mégawatts sur financement de la Banque Mondiale à hauteur de 65 000 000 de dollars.

Avec le gouvernement chinois, nous venons de signer une convention de financement de 15 mégawatts en énergie solaire. L’extension de l’usine de Boali 2 est réalisée grâce à l’appui financier de la BAD pour un montant de 23 000 000 000 de Fcfa. A terme ces travaux fourniront à l’ENERCA 10 MW supplémentaires et renforceront la capacité du réseau de transport et de distribution. 10 autres mégawatts renforceront la capacité de l’ENERCA grâce à l’installation d’une centrale thermique financée par le Fonds saoudien pour l’éclairage public de 14 avenues de la ville de Bangui. Les travaux sont en cours d’exécution. Nous continuerons avec l’appui de nos partenaires à investir massivement dans les infrastructures énergétiques, très importantes pour le développement de notre pays.

S’agissant du sous-secteur pétrolier aval, le gouvernement s’emploie au renforcement de la capacité de la Société centrafricaine de Stockage des Produits Pétroliers -SOCASP- afin d’anticiper sur les défis de hausse de la consommation des produits pétroliers. C’est ainsi que nous avons inauguré un 15e bac dont les travaux ont été financés en totalité sur fonds propres de l’Etat centrafricain.

Dans le secteur minier, l’extension de la zone conforme dans le Sud-ouest pour la levée de la suspension sur l’exportation des diamants bruts par la validation du cadre opérationnel du Processus de Kimberley en faveur des Sous-Préfectures de Gamboula, Sosso-Nakombo, Dédé-Mokouba, Abba et Bouar comme "zones conformes du Processus de Kimberley", et l’organisation de la reprise effective des exportations de diamants bruts en provenance des cinq zones conformes vont contribuer à améliorer les recettes publiques.

S’agissant des eaux et forêts, notre vision d’assurer une meilleure gouvernance du secteur afin d’assurer une gestion durable et efficace a reçu le concours technique et financier de la FAO qui a permis l’élaboration et la validation du projet d’un Document de Politique forestière. Dans la même perspective, la loi portant création du fonds de développement forestier élaboré par le gouvernement a adoptée par l’Assemblée nationale.

Aussi, une convention de partenariat a été signée entre le gouvernement et la Société générale de Douala afin de disposer des données fiables sur le marché international qui serviront de base aux travaux des valeurs mercuriales et forestières. L’accord de partenariat entre le projet CHINKO et l’Etat a été révisé dans le but d’assurer une gestion efficiente et durable des aires protégées de Mbomou.

S’agissant de l’épineuse question des infrastructures, je me suis engagé personnellement à rompre l’enclavement de notre pays en travaillant d’arrache-pied à l’amélioration de notre réseau routier longtemps laissé à l’abandon. Des réalisations concrètes ont déjà été faites, d’autres restent à faire, je cite :
- l’opérationnalisation de l’édition des titres sécurisés et plaques d’immatriculation, permis de conduire, carte grise et autorisations de transport,
- la création d’un guichet qui offre des facilités fiscales et douanières au profit des motos taxis.

Le gouvernement a procédé par ailleurs à la signature d’un protocole d’accord du projet de construction d’un pont sur le fleuve Oubangui reliant la ville de Zongo à notre capitale Bangui sous l’égide de la CEEAC. Dans le même sens, j’ai veillé personnellement à la création de l’observatoire des barrières non physiques sur les voies d’eaux de navigation intérieure afin de supprimer les barrières illicites sur la voie fluviale. La construction de la route Ndélé-Birao ainsi que les études pour la réhabilitation de 100 km de pistes rurales dans l’Ouham et l’Ouham-Pendé sont en cours. Le 24 juillet 2019 à Ndélé, nous avons inauguré le Pont de Bamingui, long de 45 mètres et 6,5 mètres de large, baptisé "Pont pour l’Unité et la Paix en RCA".

D’autres études prêtes ainsi que la passation de marché concernant les axes Baoro-Carnot-Bossangoa-Bossembélé-Bozoum et Damara-Bouca-Sibut-Bambari ont été financées par le Fonds d’Entretien Routier. A Bangui, des voiries urbaines ont été réhabilitées avec environ 10 Km asphaltés et 286 Km dans les villes secondaires réhabilitées par la méthode à haute intensité de main d’œuvre dit THIMO qui a permis d’employer les jeunes ouvriers nationaux. L’axe Bouar-Baoro dont les travaux ont été lancés le 24 mars 2018 sera très bientôt opérationnel.

Le transport aérien n’est pas oublié. Avec 30% des travaux de réhabilitation du tarmac déjà effectués, l’aéroport international de Bangui-Mpoko se met aux normes internationales afin de sécuriser la connectivité.

Dans le domaine de la communication et de médias, j’ai fais de l’accès à l’information fiable et en temps réel l’une de mes priorités. Privé d’informations, le centrafricain devient vulnérable aux rumeurs, manipulations et désinformations.  La radio et la télévision jouent un rôle essentiel dans l’éducation civique, politique, culturelle et sociale du citoyen. J’ai fait procéder à la rénovation et la réhabilitation des studios de la radio nationale sur fonds propres de l’Etat. Aujourd’hui, la Radio Centrafrique couvre désormais une grande partie du territoire national. Le projet d’accès à la télévision par satellite au profit de 103 villes et villages centrafricains financés par le gouvernement chinois est réalisé à ce jour et inauguré par moi-même. Enfin, pour réglementer la profession, le processus d’adoption du statut particulier de journaliste est en cours assorti d’un projet de loi sur la liberté de la communication en RCA.

Dans le domaine des communications électroniques et de la poste, nous venons de lancer, le 4 octobre à Berberati, le grand projet de la dorsale à fibre optique Afrique centrale grâce au co-financement de la BAD et l’Union européenne. Les grands travaux d’infrastructures concernent 1 100 km de tranchées Bangui-Berberati et permettront l’emploi de plus de 5 000 jeunes dans les villes traversées. L’objectif est de remédier au désenclavement numérique des zones rurales et de contribuer de ce fait à améliorer les recettes fiscales tout en réduisant le coût des transactions économiques et sociales.

Des efforts se poursuivent dans les domaines des services sociaux de base, notamment en matière de santé, d’éducation, d’eau et d’assainissement, d’habitat et urbanisme. S’agissant de la santé, mon projet de construire des infrastructures modernes de santé pour nos populations est matérialisé par la construction d’un centre de pédiatrie et d’un centre de dialyse et d’imagerie. Beaucoup d’autres bâtiments et infrastructures ont été réhabilités et équipés sur fonds propres et financement extérieurs. Je veille personnellement à l’amélioration de la qualité de service dans nos hôpitaux. Pour cela j’ai pris un décret qui instaure la gratuité des soins chez les femmes enceintes et celles qui allaitent, les enfants de moins de cinq ans et les victimes des violences basées sur le genre.

S’agissant de l’enseignement primaire, secondaire, technique et de l’alphabétisation, il y a un retour massif des enfants à l’école et des résultats scolaires en nette progression grâce au retour de la sécurité et l’intégration de 300 enseignants dans la fonction publique, ce qui maintient le rythme continu de recrutement des jeunes dans la Fonction Publique depuis 2 ans aujourd’hui. J’ai instruit le Gouvernement de poursuivre les efforts de déploiement des enseignants dans les zones en déficit et dépourvues de matériels didactiques et de tables-bancs.

S’agissant de l’enseignement supérieur, en 2018, notre pays a enregistré 6 professeurs agrégés de médecine, ce qui a contribué à améliorer la qualité des soins et de la formation du personnel médical. Des bourses d’études négociées de pays amis tels le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et l’Algérie ont été attribuées à nos jeunes pour leurs études universitaires.

En matière d’eau et d’assainissement, je vous informe que la Banque Mondiale nous a aidé à hauteur de 20 000 000 de dollars, soit environ 10 milliards de Fcfa, ce qui a permis de lancer la phase opérationnelle du projet visant à améliorer les services de l’eau et de l’électricité -PASEEL- à Bangui, Bambari et Berberati à travers la réhabilitation des centres de distribution d’eau.

La SODECA a de même remis en service ses centres secondaires dans les villes de Bouar, Bossangoa et Berberati. Les travaux d’amélioration de la desserte en eaux se poursuivent à travers le remplacement de 17 Km de conduites en amiante ciment installées depuis plus de 50 ans et la réalisation de 1 500 branchements sociaux. Dans les provinces de notre pays, 261 forages ont été réalisés dans les Préfectures de la Lobaye, Mambéré-Kadéi, Nana-Mambéré, Vakaga, Ombella-Mpoko, Bamingui-Bangoran et Ouham-Pendé.

En ce qui concerne l’habitat et l’urbanisme, j’ai présidé personnellement le 30 novembre 2018 la cérémonie de remise de 100 logements financés par le Maroc. Au village Sakpa, 10 logements ont été construits sur fonds propre de l’Etat et 30 autres sur financement du groupe Ngaliema, ainsi que la réhabilitation des hôtels de ville de Bouar, de Bimbo et du marché de Bimbo, grâce à l’appui financier de l’Union européenne. Les buildings administratifs de Bouar et Bossangoa ont été construits dans le cadre de la restauration de l’autorité de l’Etat et le développement de nos villes. En vue d’étendre et développer la ville à 45 km d’ici l’an 2030, le gouvernement a commencé les travaux de lotissement et d’aménagement de Kpalongo, Ouango-Sao et Damara. Des codes de l’urbanisme et de promotion immobilière ont été élaborés. Nous entendons mettre à jour des plans d’urbanisme tant à Bangui que dans les provinces de notre pays pour répondre aux demandes de la population et s’adapter à la croissance démographique.

En ce qui concerne la politique extérieure, le gouvernement continue de mobiliser la communauté internationale en faveur de notre pays pour sa stabilisation, sa sécurisation et son développement. Au niveau bilatéral, ma vision est la même : renforcer et réchauffer les relations avec les pays amis de la RCA afin de relancer la coopération économique, politique, technique et culturelle.

Le 29 juillet 2018, en marge du Sommet conjoint CEEAC-CEDEAO à Lomé au Togo, j’ai signé un Accord de coopération consulaire entre la RCA et la République du Togo dont les termes prévoient l’exemption de visa entre les deux pays. De même, un accord de coopération militaire a été signé entre la RCA et la Fédération de Russie. La loi autorisant la ratification de cet Accord a été votée par l’Assemblée nationale le 13 décembre 2018.

Dans trois jours, notre pays aura l’honneur de recevoir, en visite d’Etat, le président Paul Kagamé du Rwanda pour renforcer les relations bilatérales entre nos deux pays.

Au niveau multilatéral, des plaidoyers ont été faits auprès de l’Organisation des Nations Unies et de certaines Organisations Internationales, Régionales, Sous-régionales à savoir l’Union Africaine, l’Union Européenne, la Communauté économique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale, l’Organisation sur la Région des Grands Lacs, en faveur d’un appui politique, sécuritaire, financier et humanitaire à la RCA. D’autres plaidoyers menés lors des réunions telles, les conférences ou Sommets des Chefs d’Etat et de Gouvernement, à l’Union africaine, en Chine, en Europe, en Russie, aux Etats Unis, au Japon et en Afrique, ont permis de remettre la RCA longtemps absente, sur la scène internationale.

Devant vous, je réaffirme solennellement que pour la RCA, il n’a jamais été question de privilégier le soutien de la Fédération de Russie au détriment de l’appui des Etats-Unis d’Amérique, de la sollicitude de la France, de la bienveillance de la Chine ou de la générosité d’autres amis de notre pays.

Je puis vous assurer que, pour ma part, j’ai demandé que les appuis apportés par tous nos amis le soient en toute transparence pour qu’ils soient positivement mutualisés au service de la paix dont rêvent nos concitoyens.

Mes Chers Compatriotes de la diaspora,

Il m’a été rapporté que souvent, la diaspora centrafricaine rencontre de difficultés au pays lors de sa réintégration dans l’environnement économique et social en tant qu’opérateur ou simple citoyen. Tout en condamnant cette pratique et qui doit être dénoncée, si elle est établie, je vous assure de mon indéfectible volonté de faire participer toutes les filles et tous les fils du pays, où qu’ils se trouvent, aux efforts de reconstruction nationale.
 

C’est d’ailleurs cette volonté qui m’a conduit à la création d’un ministère chargé des centrafricains de l’étranger et qui est d’ailleurs animé par deux compatriotes de la diaspora. Pour moi, la diaspora centrafricaine, en ce qu’elle comporte des compétences avérées dans tous les domaines, doit être une force de propositions et d’analyse devant accompagner le gouvernement dans ses efforts de relèvement socio-économique de notre pays. L’exemple en a été donné par notre compatriote Mapou Yanga Mbiwa qui a offert à notre pays un grand complexe moderne composé d’un centre médical, d’une école, d’une crèche et d’un orphelinat, que j’ai personnellement inauguré, en juin dernier. J’exhorte tous les compatriotes de la diaspora qui hésitent encore, à emprunter le même chemin et pour cela j’ai instruit le gouvernement de tout mettre en œuvre pour créer les conditions propices à vos contributions. Je vous exhorte à vous organiser pour avoir un interlocuteur fiable pouvant collaborer avec le gouvernement sur les questions de la diaspora centrafricaine.

D’ores et déjà, je salue solennellement vos contributions aux efforts de relèvement et de développement de notre pays en partage. J’ai parfaite conscience que le chemin d’une paix durable sera long, mais nous sommes sur la bonne voie, croyez-moi, car la paix c’est la condition première au développement, au progrès, à la justice, à l’égalité des chances ainsi qu’au respect des droits fondamentaux des centrafricains.

Pour ma part, l’Accord du 6 février 2019 montre, si besoin en était, ma ferme volonté d’aller vers la paix, en ce qu’il concourt à solutionner les problèmes politiques, la problématique de paix et de sécurité, la justice et la réconciliation nationale, le problème humanitaire et celui du développement harmonieux de notre pays. Cette farouche volonté que je manifeste pour la recherche de la paix, de la sécurité, le relèvement économique et la réconciliation, ne faiblira pas !

Mon ambition est et restera constante, je veux que chaque centrafricain vive dans la paix et la sécurité et qu’il soit fier de son pays, qu’il vive dans l’unité, la dignité et qu’il travaille sereinement pour le développement de son pays. Le travail se poursuivra après l’Accord politique, par la réactivation des grandes commissions mixtes qui, sur le plan bilatéral, aideront à gérer des questions spécifiques telles que la gestion des frontières ou la problématique de la transhumance.

Toujours de manière concertée, nous œuvrons à trouver une réponse appropriée et décomplexée à la question des combattants étrangers qui doivent être rapatriés. Je tiens à préciser que contrairement à ce qui est rapporté par nos adversaires politiques, l’Accord n’offre pas l’impunité aux présumés auteurs de crimes et délits commis contre le peuple centrafricain.

L’Accord pour la Paix et la Réconciliation n’est qu’une étape car il reste encore plusieurs défis à relever dans le cadre de son application. C’est la raison pour laquelle j’ai instruit le Gouvernement inclusif mis en place de faire des propositions concrètes et détaillées pour parachever l’application de l’Accord, notamment par la réalisation des actions classées prioritaires afin de répondre aux attentes et espoirs légitimes des centrafricains. Je vous exhorte par conséquent, au nom de la paix, à continuer de manifester votre adhésion massive et de soutenir sans faille la mise en œuvre de l’Accord de paix.

Enfin, l’un des sujets que je voudrais aborder avec vous est la demande de la tenue urgente d’une conférence nationale souveraine, réclamée par un prétendu Front Uni pour la Défense de la Nation, encore appelé E Zingo Biani. Vous savez jusqu’où de telles organisations illégitimes ont entraîné notre pays dans le passé. Cette demande d’organisation d’une conférence nationale souveraine est, vous le savez, est démagogique, fallacieuse et inopportune. Elle vise seulement à empêcher l’organisation des futures élections présidentielle et législatives pour instaurer une autre transition qui permettrait aux membres de cette organisation d’usurper la souveraineté du Peuple. Je tiens à vous rappeler que l’un des principes cardinaux de notre République est le gouvernement du Peuple par le peuple et pour le peuple. Les institutions éligibles, chargées de diriger l’Etat, tiennent leurs pouvoirs du peuple par voie d’élections, au suffrage universel direct. Vous êtes tous témoins que toutes les institutions prévues par la Constitution du 30 mars 2016, à l’exception du Sénat, ont été mises en place dans le délai constitutionnel et fonctionnent harmonieusement. Il n’y a pas de crise institutionnelle pouvant justifier un énième dialogue dans notre pays. Le gouvernement est en train de mettre en œuvre les recommandations fortes du Forum de Bangui de 2015.

C’est pourquoi, je vous exhorte à la vigilance pour barrer la route à toutes les manœuvres tendant à replonger le pays dans le chaos et à mettre en péril notre démocratie en construction. Je vous demande avec insistance de faire preuve d’amour pour votre pays en soutenant sans faille l’Accord pour la Paix et la Réconciliation pour que vive et se développe notre cher et beau pays. Il y a un vieux proverbe que nous avons bien souvent répété sans lui accorder grande attention. Je le livre à notre méditation : "L’union fait la force"

Je vous invite à unir nos cœurs, nos forces, notre génie et notre énergie pour rebâtir notre pays afin de donner à la jeunesse et à nos progénitures un pays prospère, pacifique, uni où il fait mieux vivre.
Ensemble nous gagnerons le défi de la Paix,
Ensemble nous gagnerons le défi de la sécurité,
Ensemble nous gagnerons le défi de la Réconciliation nationalen
Ensemble nous gagnerons le défi du développement de notre cher et beau pays.

 

Vive la diaspora centrafricaine !
Que Dieu bénisse la République centrafricaine !
Je vous remercie. 

Le  12 octobre 2019