Déclaration de Touadera sur la situation à Bangassou

Fat a bangui avril 2017• Centrafricaines,
• Centrafricains,
• Mes Chers Compatriotes
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La République centrafricaine vient, une fois de plus, de connaitre un drame humain avec de nombreux décès survenus dans la localité de Bangassou imputables aux hommes sans foi ni loi qui détiennent encore les armes, en dépit des multiples appels que j’ai lancés en direction des différents groupes armés leur exigeant l’arrêt des violences sur les paisibles populations civiles et l’interdiction de poursuivre des hostilités entre eux.
C’est avec tristesse et colère que je m’adresse à vous, peuple centrafricain, à mon retour d’une visite de travail et d’amitié que je viens d’effectuer en Israël pour redynamiser notre coopération bilatérale dans les domaines d’intérêts mutuellement bénéfiques tels que la santé, l’enseignement technique, professionnel et supérieur, les nouvelles technologies, l’énergie et l’eau ainsi que l’important domaine de l’agriculture.
Pendant que je me trouvais encore à l’extérieur du pays, de graves crimes ont été commis dans l’est du pays, notamment à Alindao, Bangassou et ses environs, après des actes aussi malheureux commis récemment à Nyem Nyelowa dans la préfecture de la Nana Mambere. Des centrafricains sont morts à Bangassou, d’autres ont fui et sont rentrés en brousse, des soldats de maintien de la paix de la MINUSCA sont morts alors qu’ils sont venus porter assistance au pays, le tout par la volonté des hommes violents qui détiennent encore les armes et qui ne veulent pas le retour à la paix et à la stabilité. Par cette déclaration, je condamne avec la dernière énergie ces actes criminels et odieux qui sont contraires à la volonté du peuple centrafricain.
Le peuple centrafricain aspire à la paix, rien qu’à la paix pour assurer le développement du pays. Mais, qui sont ceux-là qui veulent perpétuer l’insécurité et l’instabilité ?
Je le sais, des bandes armées se battent pour le contrôle des richesses dans cette partie du pays alors qu’elles ont été réduites au centre.
Elles se battent et se positionnent pour le contrôle des zones minières et organiser le vol du bétail des éleveurs.

Pour ces motifs, elles donnent la mort sans pitié, sans foi ni respect de la vie humaine. Jusqu’où veulent-elles aller ?
Pourtant, j’avais demandé très récemment aux différentes factions rebelles, lors de l’ouverture de la 4e Réunion du Comité consultatif du DDRR, de cesser les hostilités entre elles, d’arrêter le pillage des ressources du pays et d’intégrer cet important programme qu’est le DDRR.

Des élections démocratiques ont eu lieu. Le peuple centrafricain a fait le choix de la légitimité et aspire au développement économique et social. Il ne nous reste plus qu’à travailler ardemment pour donner au peuple des routes, des écoles, des hôpitaux, de l’eau potable, de l’électricité, des conditions d’une reprise du travail agricole etc…
Il s’agit là, des questions essentielles qui sont au centre de nos préoccupations du moment en plus de de l’épineux problème de la paix et la sécurité et pour lesquels nous nous employons déjà.
Mais, pourquoi nous contraindre à la violence pour nous détourner de ces objectifs ?
Ma vision, je le redis, n’est pas de faire la guerre, mais de rechercher par des moyens pacifiques les solutions adaptées aux préoccupations de ceux qui, entretemps, ont pris les armes.

D’aucuns m’ont reproché cette démarche et ont proposé que des moyens militaires soient utilisés pour rétablir la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire.
Au-delà de simples mots et volontés, le pragmatisme nous impose plus de prudence dans cette option guerrière vu que notre armée est en pleine restructuration et manque de moyens matériels pour se déployer.

Nous travaillons depuis sur la remise à niveau des forces armées centrafricaines et sa dotation en logistique, et je suis confiant qu’on parviendra à déployer l’armée aux côtés des populations dans les mois à venir. Les factures macabres que nous continuons de payer relèvent de cette période inévitable de préparation et d’organisation.

• Centrafricaines,
• Centrafricains,
• Mes chers compatriotes,

Les représentants des groupes armés que j’avais reçus en marge de la 4ème réunion du Comité consultatif du DDR m’avaient fait la promesse de respecter mon appel au retour de la paix après que je leur ai expliqué la nécessité de déposer les armes et de reconstruire la paix. Le drame qui vient de se produire menace la dynamique créée sous peu et m’amène à poser la question de savoir qu’est ce qui se passe encore ?
J’en appelle aux principaux responsables des différents groupes armés pour qu’ils arrêtent ces violences aveugles et injustifiées qu’ils perpétuent car rien, absolument rien ne justifie cet entêtement à vouloir maintenir coûte que coûte le pays dans le désordre.
Il est indubitable que la poursuite de la violence les expose à la justice qui sera très sévère à leur endroit étant donné la gravité des crimes et leurs proportions.
Par ailleurs, l’atteinte portée aux soldats de la paix de la MINUSCA constitue des crimes graves dont ils répondront devant les juridictions nationales et internationales.
Je me rendrai, dans les jours à venir, à Bangassou pour apporter tout mon soutien aux populations meurtries de cette partie du pays, innocemment victimes de ces actes de barbarie.

La République centrafricaine ne sera jamais, je dis bien jamais, abandonnée entre les mains de semeurs de la mort que sont ceux des groupes armés qui résistent à tout processus de paix.
Je présente, encore une fois, mes condoléances aux familles éprouvées et à la MINUSCA pour la perte de ses hommes.
Le Gouvernement mettra tout en œuvre pour poursuivre et conduire à terme le processus du DDRR, nécessaire au retour de la paix et de la stabilité.

Vive la République !

Le 14 mai2017