Lucien Mbaigoto député de Paoua 1 fait un point sur sa mission du 4 au 8 janvier 2018

Par  Lucien Mbaigoto, Député de Paoua 1Depute paoua 1

"Avant de déclarer quoi que ce soit, il me fallait en tant que Député me rendre sur le terrain, me rapprocher des populations et constater la réalité. Mon silence explique cela et c’est pourquoi je ne m’exprime que maintenant."

La situation sécuritaire de Paoua s’est dégradée.             Lucien Mbaigoto@ema

Ce sont des groupes rebelles, notamment le RJ -Révolution Justice- dirigé par Armel Sayo et les éléments de l’ancienne séléka dirigé par Bahar qui se sont affrontés causant ainsi un exode massif de 60 000 personnes sur Paoua centre. La population de Paoua a ainsi triplé.

Je me suis rendu en mission dans ma circonscription auprès des populations victimes des derniers affrontements.

Je me suis déplacé auprès des différentes communautés tant musulmanes que chrétiennes, dans les différents sites et pour les assister.

J’ai pu prendre part à plusieurs réunions et rencontrer les notables, les leaders de chaque entité, les déplacés et les représentants des groupes rebelles. Nous étions tous réunis avec la MINUSCA. Nous étions à Paoua centre le 4 janvier 2018.

Une autre rencontre s’est tenue avec la Ministre de la Défense, le Ministre de la sécurité, le N° 2 de la MINUSCA et le coordonnateurs projets de MSF -médecins sans frontières le 5 janvier 2018. Ce dernier nous a montré sur une carte là où se trouvent les villages incendiés. Ce sont plus de 2 000 maisons brûlées et une centaine de corps gisants à même le sol qu’ils ont pu constater.

Le gouvernement a promis revenir avec des moyens conséquents pour soutenir les victimes. Cela fait 4 à 5 jours déjà et il n’y a toujours rien ; les populations vivent dans le dénuement total et dans le désarroi.

Le rôle du Député que je suis est d’être proche de la population, quelles que soient les circonstances. Nous sommes les élus du peuple, leurs représentants. Je suis touché, je suis meurtri. Il faut faire quelque chose. Tant pour cette région que pour toutes celles de Centrafrique où sévissent ces groupes rebelles. J’ai en tête la situation catastrophique de nos populations de Bangassou et autres ! Le gouvernement doit agir. Il faut que cessent cette souffrance humaine à grande échelle.

Je me suis rendu dans les sites où se sont réfugiés les communautés musulmanes et leur ai demandé de regagner leurs localités. J’ai également demandé à la MINUSCA de sécuriser leur retour.

C’est donc le 6 janvier 2018 que j’ai effectué la tournée dans les zones sinistrées accompagné par la MINUSCA qui m’a demandé de me protéger. C’était à cette seule condition là et seulement celle-là, qu’ils pouvait m’escorter.

J’ai pu faire ma visite site par site. Il n’y a avait plus personne. Toutes les populations sont maintenant dispersées à l’intérieur de Paoua. C’est consternant.

Je n’ai pu aller voir de mes propres yeux les corps dans la forêt, ils sont décomposés. Néanmoins j’ai pu approcher le corps d’une maman âgée de 70 ans. Certains corps ont brûlé dans les maisons incendiées. C’était des personnes âgées qui ne pouvaient se déplacer.

La MINUSCA m’a accompagné mais n’a pas voulu aller plus loin. Je suis allée aussi en dehors de ma circonscription, c’est mon rôle et mon devoir. J’ai fait mon travail. Je suis outré par ce que mes yeux ont vus. Nous devons faire quelque chose. Il faut que cela s’arrête.

Je condamne avec la plus grande fermeté ces actes de violence et de barbaries car la population n’a pas à être victime. Je déplore que malgré la fermeture des frontières des non-centrafricains et en cheval se livrent au pillage systématique, incendient des villages entiers et repartent avec les biens de nos populations.

Je demande à ce que le gouvernement puisse prendre ses responsabilités et à la MINUSCA d’élargir son champ d’action et des créer deux camps, l’un à Bemal et l’autre à Beboura 3. La MINUSCA doit appliquer les Résolutions robustes du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Je remercie à cet effet la MINUSCA qui sécurise Paoua qui est aujourd’hui "une ville sans arme". La MINUSCA empêche les groupes rebelles de circuler dans Paoua.

Pour finir je loue la détermination du Chef de Bureau de la MINUSCA civile et du capitaine Comsite du Contingent camerounais basés à Paoua. Ils font vraiment leur travail".  Ces images rapportées de sa mission parlent d'elles-mêmes.  

Le 12 janvier 2018