Memorandum

Chers compatriotes, centrafricaines, centrafricains.

  • Monsieur le Président de la délégation spéciale de la ville de Zémio,
  • Messieurs les chefs de groupes et chefs de différents quartiers de la ville de Zémio,
  • Messieurs les leaders religieux,
  • Monsieur le capitaine du contingent marocain de la MINUSCA à Zémio,
  • Messieurs les différents représentants des ONGs en exercice à Zémio,
  • Communautés chrétienne, musulmane et peuhle,
  • Distingués invités.

 

Comme disait Ecclésiaste,  "il y a un temps pour tout", certainement un temps pour faire la guerre et un temps pour faire la paix. L’expérience historique nous a montré que toutes les guerres menées par des grandes nations ont fini par cesser. Et après réconciliation, qui a pour base un pardon sincère, ces nations se sont reconstruites.

Nous sommes convaincus qu’il n’y a jamais eu de vainqueur de guerre. Tout le monde finit par tout perdre d’une façon ou d’une autre. De toute façon, le Rwanda, le Burundi, l’Afrique du Sud et même l’Allemagne nazie après la Deuxième Guerre Mondiale nous illustre que la Justice finit toujours par triompher de la violence et de la barbarie humaine.

Vu les méfaits suite aux crises depuis le 28 juin jusqu’à nos jours vécus à Zémio, sept mois environ se sont écoulés ; 7 mois de détresse, de douleur, de peine et de larme en n’en point finir. Tout le monde a gouté le plat de l’amertume et peut en juger si la guerre est préférable à la paix ; Les dégâts matériels sont incommensurables et les pertes en vie humaine sont insupportables de part et d’autre. Confiant aux capacités et vertus humaines innées reçues de Dieu en chacun de nous, nous sommes capables de surmonter les aléas de la vie. A cet effet, nous pensons qu’il y a une forte possibilité de sauver et garantir la paix dans notre belle ville de Zémio.

Nous, prêtres en exercice et au service de zémio, exhortons chaque citoyen de ladite ville à mettre du sien pour ramener la paix dans notre cité. Ce faisant, nous pensons que pour mieux nous orienter sur une voie pacifique, chacun devra prendre conscience de sa responsabilité individuelle, collective et à s’engager à :

  • Bannir les rumeurs qui avilissent le progrès vers la paix et alimentent la méfiance envers autrui.
  • Une prise de responsabilité et un engagement sincère de la part de chaque chef de quartier, chaque chef de Groupe pour une marche sincère vers la paix durable.
  • Un engagement sincère de chaque citoyen de zémio à bannir les divergences ethniques, régionalistes et religieuses.
  • Un engagement sincère du contingent marocain de la MINUSCA à assurer la sécurité de tous les citoyens sans laisser libre interprétation d’un penchant vers l’une ou l’autre composante de société.
  • Eviter le port d’arme ostentatoire dans la ville, ce qui stimule le sentiment de peur et de méfiance de la population civile qui n’aspire qu’à la sécurité, le vivre en paix et l’envie de revenir chez soi.
  • Eviter les menaces armées aux abords des champs pour permettre aux hommes d’accompagner leurs femmes au champ qui est leur unique source de revenue.
  • Eviter les cas de viols de femmes dans les champs.
  • Eviter toute attitude provocatrice et terrorisante sur la population civile en circulation.
  • Faciliter la libre circulation pour tous afin de permettre aux hommes de reconstruire leurs maisons.
  • Eviter de faire recours aux troupes étrangères pour résoudre nos problèmes
  • Dénoncer systématiquement la présence de toute personne intruse susceptible d’envenimer la paix.
  • Libérer les voies routières sur les trois axes Djémah, Obo et Rafai pour favoriser le flux commercial de la ville de Zémio.
  • Rendre la tâche facile pour une rentrée scolaire possible.
  • Faciliter la tâche aux enseignants pour mieux dispenser les cours et éduquer les enfants pour le vivre ensemble.
  • Mettre en place un réseau sécuritaire de répression contre le banditisme dans et aux périphéries de zémio.
  • Dire aux mercenaires invités de part et d’autre qu’un nouveau chapitre s’ouvre devant nous et que leur présence est un obstacle. Ils doivent retourner d’où ils sont venus.
  • En outre, nous saluons les efforts déployés de part et d’autre pour ramener la paix à Zémio.

 

Devant l’Histoire et devant les hommes, nous vous adressons le présent Mémorandum en ce début d’année 2018 pour servir de témoin et dégageons notre responsabilité au cas où personne ne nous écoute et que le mal venait à entrer par l’une ou l’autre composante de cette société. Que celui qui a des oreilles écoute ce que disent la Loi et les Prophètes.

Nous vous remercions et que Dieu bénisse les efforts de chacun.

Abbé Jean-Alain Zembi  et l'abbé Désiré Blaise Kpangou

Fait à Zémio, le 1 janvier 2018

Ampliation :
- Premier ministre chef du gouvernement
- Ministère des affaires étrangères
- Ministère de la sécurité publique
- Ministère des affaires sociales et de la réconciliation nationale
- Son Eminence Mgr Dieudonné Cardinal Nzapalainga
- Imam Kobine Layama 
- Pasteur Guerekoyame 
- Evêché de Bangassou
- MINUSCA
- UNHCR