PAOUA : Collectif des femmes ressortissantes de la sous préfecture

Déclaration suite aux événements dans la sous-préfecture de Paoua

 

L’opération entreprise par la MINUSCA le 7 octobre 2017 pour libérer la ville de Bocaranga et ses environs ayant abouti à la mise en déroute des bandes armées a eu pour principale conséquence l’invasion des 6 communes de la sous-préfecture de Paoua -Bah-bessar, Mia-Péndé, Nana Barya, Banh, Môm et Malé- par des bandes armées de l’ex-séléka avec à leur tête un certain Ahmat Bahar.

Comme partout ailleurs en République centrafricaine, leur établissement dans ces communes a d’abord commencé par des scènes désormais classiques de criminalité, de viol et de prédation pour atteindre aujourd’hui son point culminant - suite à la confrontation de deux groupes rebelles à savoir ancienne séléka et Révolution et Justice -RJ- d'Armel Sayo - avec des tueries de masse, incendie des villages, des greniers, des récoltes etc.

Le bilan précis de tous ces actes de razzias ne sera certainement connu qu’à la fin des opérations qui sont toujours en cours. Mais d’ores et déjà, plusieurs sources concordantes font état d’un bilan humain et matériel très lourd.

Cette situation qui a contraint nombre de nos parents, d’innocents paysans sans défense à trouver refuge en brousse, a également entraîné une forte affluence de nombreux autres à Paoua chef-lieu de la sous-préfecture, faisant perdre progressivement à cette ville, l’exemplarité de sa cohésion sociale et communautaire depuis les événements de 2014.

En outre, la situation ainsi créée expose irrémédiablement les populations de la sous-préfecture de Paoua en général à la famine, aux maladies et accroit la précarité des couches les plus vulnérables à savoir les enfants, les femmes et les personnes âgées.

Les éléments constitutifs d’un drame humanitaire majeur se mettent en place à une très grande vitesse et l’urgence d’une intervention s’impose pour sauver des vies.

C’est pourquoi, Nous, Femmes,  ressortissantes de la sous-préfecture de Paoua réunies en Collectif :

  • Condamnons avec la dernière énergie la politique de la terre-brûlée pratiquée par ces bandes armées et exigeons la poursuite de ses auteurs et leur traduction devant les juridictions nationales ou internationales afin qu’ils répondent de leurs actes ;
  • Lançons un appel :

 

A/ Au gouvernement

  • de dépêcher sans délai à Paoua et ses environs une mission d’évaluation de la situation humanitaire et de lancer un appel à la communauté internationale pour la mobilisation des moyens pour des réponses appropriées et multiformes à la situation humanitaire ;
  • d’entreprendre toute action nécessaire à la sécurisation militaire et policière de la frontière avec le Tchad ;
  • de cesser d’appeler par la voie des ondes nos pauvres parents à regagner des domiciles qui n’existent plus puisque réduits depuis lors en cendres.

 

B/ A la  MINUSCA

  • de renforcer le dispositif de son détachement à Paoua pour lui permettre d’étendre son rayon d’action dans les environs de cette ville et jusqu’à la frontière Nord ;
  • d’assumer la plénitude de sa mission principale, celle de protéger sans discrimination des populations civiles en danger;

 

C/ Aux ressortissants de Paoua

  • de se mobiliser comme un seul homme dans les différentes associations pour soutenir nos parents en détresse.

 

Fait à Bangui, 8 janvier 2018

La Présidente du Collectif - Honorine Demba