Paoua : intervention du chef de l'Etat président du DDRR et RN

Distingués invités, Mesdames, Messieurs,

C’est une immense joie de me retrouver parmi vous, ici à Paoua dans cette sous-préfecture de l’Ouham-Pendé, pour présider la cérémonie de lancement officiel du programme national de DDRR.
Avant tout, je voudrais transmettre à vous, vaillante population de Paoua, mes vives salutations ainsi que celles de tout le gouvernement.

Ma délégation et moi-même sommes particulièrement sensibles à l’accueil chaleureux qui nous a été réservé, ce qui démontre de la légendaire hospitalité de la ville de Paoua. Je vous en remercie sincèrement.

Je voudrais aussi dire aux groupes armés adhérés au comité consultatif et de suivi du DDRR et plus particulièrement à tous les groupes armés que le DDRR est irréversible, il n’est pas une alternative, mais une obligation pour la République centrafricaine.

En effet, le DDRR est l’une des attentes du peuple centrafricain exprimée pendant les consultations populaires à la base et matérialisée par le forum de Bangui. L’accord du 10 mai 2015 signé entre le gouvernement de transition et les groupes armés en présence de la société civile et de la communauté internationale demeure aujourd’hui l’unique et seul cadre d’orientation de toutes les opérations de DDRR en République centrafricaine.

En faisant de le sécurité, le pilier numéro 1 de mon projet de société, j’ai dès ma prise de fonction à la tête de l’Etat, pris conscience que la situation socio-sécuritaire de notre pays, fragilisé par les différentes crises mérite des actions urgentes et visibles. C’est pourquoi j’ai mis en place à la présidence de la République toutes les structures nécessaires à la planification, à la mise en œuvre et au suivi du programme national de Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Réinsertion -PNDDRR- à savoir la coordination DDRR/RSS/RN, le comité consultatif et de Suivi du DDRR, le Comité Technique DDRR/RSS/RN et le Comité Stratégique DDRR/RSS/RN.

De manière consensuelle le PNDDRR planifié et mis en œuvre par la coordination DDRR/RSS/RN a pris en compte les préoccupations des Groupes Armés ainsi que celles de toutes les communautés concernées.

La réussite du DDRR passe par les différentes composantes du projet à savoir entre autre, la réintégration socio-économique des ex-combattants et l’appui aux communautés d’accueil par la construction des infrastructures de base telles les ponts, les forages, les écoles, les hôpitaux et bien d’autres.

En même temps que la République centrafricaine et ses partenaires travaillent sans relâche pour la stabilisation globale du pays, je note avec beaucoup de satisfaction que le DDRR à travers le projet pilote a connu des avancées significatives. Il a notamment contribué de beaucoup au processus en cours de la restauration de l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national.

Ma satisfaction résulte également du fait que la stratégie nationale de DDRR adoptée au comité consultatif et de Suivi du DDRR et validé ensuite, au comité stratégique DDRR/RSS/RN pour un DDRR inclusif en est aujourd’hui à sa phase d’exécution tant souhaité non seulement par la RCA mais également par la communauté internationale qui nous accompagnent dans la sortie de crise.

Je félicite très vivement la coordination DDRR/RSS/RN qui a pris l’initiative de proposer le lancement officiel du DDRR à l’ouest, à Paoua vu que cette ville s’est distinguée par le comportement louable des groupes qui y résident à travers les actes tangibles de paix que sont : la signature entre eux des accords de non-violence et leur engagement de soutenir la cohésion sociale.

En effet, la mise en œuvre du PNDDRR est une réponse qui intervient après la recrudescence des crimes attribués aux groupes armés avec des effets dévastateurs sur le potentiel de développement de la République centrafricaine. Ce programme offre une opportunité importante de relèvement socio-économique au même titre que les autres projets de stabilisation, une opportunité d’emplois pour les ex-combattants des groupes armés et il renforce une meilleure réconciliation entre les groupes armés et les communautés d’accueil. Il va les aider à mieux préparer l’avenir, sortir des risques pour aller à une vie positive, contribuant au développement de diverses communautés.

C’est pour ces raisons que j’exhorte les responsables de tous les groupes armés adhérés au PNDDRR qui siègent au comité consultatif et de Suivi du DDRR à travailler la main dans la main, en mettant en synergie leurs efforts et réflexions, pour prouver que la République centrafricaine n’est pas incapable de transcender la crise qu’elle traverse. Les différentes activités inscrites dans le DDRR viennent sous tendre la Réconciliation Nationale entre les ex-combattants et les communautés d’accueil qui participent tous à la réduction de la pauvreté et la réduction de la violence communautaire -CVR-.

Je réaffirme mon ferme attachement à ce processus et engage le gouvernement à ne ménager aucun effort pour soutenir le PNDDRR dans sa mission. Mais surtout, je l’instruis d’être très regardant sur le respect des différents engagements pris afin de préserver le succès du programme. Je ne souhaiterais pas que les bénéficiaires du DDRR toutes catégories confondues, ne soient à nouveau des victimes d’une mauvaise gestion du programme, comme ce fut le cas avec les précédents programmes DDRR.

En effet, depuis la fin du projet pilote qui a connu un succès tant par l’intégration de 240 ex-combattants dans les forces armées centrafricaines que par la réintégration socio-économique de 198 autres ex-combattants, les doutes ont été sensiblement aplanis dans certains Groupes Armés, car ils ont vu l’approche consensuelle gouvernement - partenaires - groupes armés. Le vœu de tous les centrafricains aujourd’hui est le lancement du DDRR afin de stabiliser rapidement la République centrafricaine et lui offrir des opportunités de développement socio-économique. Le temps de la guerre est terminé.

Aujourd’hui c’est chose faite : nous allons procéder officiellement au lancement des opérations du DDRR dans la sous-préfecture de Paoua. Je vous invite par conséquent à installer entre le comité consultatif et de suivi du DDRR et les responsables de la coordination DDRR/RSS/RN un climat d’étroite collaboration et de respect mutuel.

Les populations doivent profiter des opportunités qu’offre le DDRR. Sur ce point, des dispositions réglementaires prévoient la prise en compte des communautés d’accueil qui passent par la réhabilitation et la construction des infrastructures de base telles que les ponts, les forages et autres sur des sites identifiés de commun accord entre les représentants des groupes armés et des communautés. Ces actions doivent surtout concernées les jeunes et les femmes qui ne doivent plus être des proies faciles de certains bourreaux, mais ils doivent devenir les premiers acteurs ayant tourné le dos à la violence.

Jean Willibiro sakoJean Willybiro Sako ministre conseiller 

Aussi, M. le ministre conseiller spécial coordonnateur DDRR/RSS/RN à titre de rappel, je réitère les instructions données au comité stratégique DDRR/RSS/RN lors de ses récentes réunions. Il s’agit de commencer le DDRR dans tout l’ouest de notre pays avec les groupes armés qui sont prêts. Après cette zone les opérations de DDRR devront se poursuivre sur tout le territoire national avec les autres groupes armés. C’est pourquoi face à certains groupes qui hésitent encore à rejoindre ce grand programme, je leurs lance un vibrant appel à ne plus hésiter vu qu’il n’y aura pas d’autres alternatives que celui du train en marche du DDRR.

Je demande par conséquent, à la coordination DDRR/RSS/RN de tout mettre en œuvre pour la poursuite des opérations du DDRR dans les autres régions de la République centrafricaine afin de donner au DDRR un cachet de réussite dans sa globalité en tant que programme national, en vous conformant à la stratégie nationale de DDRR.

Pour finir, je voudrais dire à l’attention de toute la population qu’il n’y a pas que le désarmement des groupes armés, mais il y’aura aussi le désarmement civil qui va suivre dans le cadre des activités des CVR et du nouveau programme de lutte contre les armes de tout calibre. C’est pour cela que j’ai créé et opérationnalisé au cours de cette année, une commission nationale de lutte contre les armes légères et de petit calibre -COMNAT-ALPC- qui s’occupera de la collecte volontaire des armes entre les mains des civils. Cette commission va travailler sur toute l’étendue du territoire à partir de ses comités décentralisés qui seront mis en place dans chaque préfecture aux cotés des comités locaux de paix et sous la direction de la coordination DDRR/RSS/RN. Cette fois-ci, il ne s’agira pas que des armes manufacturées mais aussi des armes de fabrication artisanales qui font autant de victimes que les premières

Enfin, je voudrais compter sur l’engagement des uns et des autres et particulièrement celui des différents partenaires pour que ce processus qui démarre connaisse un vrai succès et crée cet espoir qu’attend tout le peuple centrafricain fatigué des crises et des souffrances inutiles, pour s’engager comme les autres nations du monde, dans une paix durable et dans l’amélioration des conditions de vie. Cet appel s’adresse également aux différents médias national et international ainsi qu’aux réseaux sociaux pour accompagner ces efforts de manière responsable.
Je souhaite plein succès aux activités de DDRR à l’ouest, dans la ville de Paoua.

Je vous remercie.

Le 17 décembre 2018