Tchad : aveu d'impuissance d'un président aux abois

L'oeil de Jean La Fouine

"Avec le pétrole, de nouveaux langages sont sortis : augmentation des prix, augmentation de salaire, augmentation, augmentation. La réalité nous a rattrapés, maintenant on refuse de revenir en arrière. Mais on est obligé de revenir en arrière, on va être là où on était en 2003...", a lancé impuissant et sans détour Idriss Deby-Itno président de la République du Tchad.

Telle est la déclaration substantielle faite par le président de la République Idriss Deby-Itno devant son auditoire samedi 11 novembre 2017 lors de l’Assemblée générale ordinaire des commerçants du parti au pouvoir.

Que faut-il retenir d'une telle sortie ?

À l'évidence pas grand-chose sinon la fuite en avant d'un homme qui se dérobe allègrement devant ses responsabilités. Son discours est symptomatique d'une gouvernance à l'emporte-pièce qui a fait la part belle à la médiocrité, à la corruption et au détournement à grande échelle des deniers publics dont, lui et ses acolytes ont systématiquement pillé depuis bien avant l'ère pétrolière et avec une forte embellie dans l'enrichissement illicite de grande ampleur, pendant la période dite faste où, l'or noir coulait à flot.

Pendant les premières belles années où le prix du pétrole était à son plus haut niveau, Idriss Deby-Itno n'a pas songé un seul instant à échafauder une politique saine de gestion de la chose publique, encore moins une planification et une projection sur l'avenir, en anticipant les imprévisibilités des cours de cette manne sujette à des fluctuations depuis toujours.

Pire, il a navigué à vue, dans une forme d'insouciance et de foutoir invraisemblable à tel point qu’on peut se demander si le navire économique Tchad avait un commandant à bord ?

De toute évidence non ! dans la mesure où, la corruption et le détournement se sont accentués et sont devenus le gage de réussite et de loyauté envers le système, à tel point que les auteurs de ces forfaits ne s'en cachent plus. Ils affichent leurs mirifiques réussites au grand jour, dans une exubérance pour ne pas dire exhibition frisant le mépris des citoyens honnêtes qui, se dépatouillent pour survivre dans ce pays qui s'apparente de plus en plus à une jungle.

Idriss Deby-Itno n'est pas seulement fourbe, quand il distille un discours aussi brumeux sur la situation économique du Tchad, mais il est aussi de mauvaise foi, dans la mesure où il feint de ne pas reconnaître les multiples causes de cette descente aux enfers. 

Etant l'artisan d'un système tentaculaire et maffieux qu'est le mouvement patriotique du salut -MPS-, le parti de la majorité, vivant aux frais des contribuables tchadiens depuis des belles lurettes en promouvant systématiquement la corruption, la gabegie, le favoritisme, le détournement et toute forme de compromissions morales et physiques qui sont inéluctablement à la base de la mauvaise gouvernance, corollaire direct de la déconvenue économique qu'on nous sert en soupe populaire.

Il doit au moins reconnaître sa responsabilité dans la désagrégation de ce pays. Un vrai homme d'État doit avoir l'étoffe nécessaire pour assumer ses responsabilités en pointant du doigt les vrais coupables des détournements sans cesse exponentiels qui ont plongé notre pays dans cette pseudo crise.

Mieux, Idriss-Deby Itno rendrait service à la nation en démissionnant simplement de son poste car il a lamentablement échoué durant 27 ans règne.

….Le président Idriss Déby-Deby invite ses compatriotes à oublier le pétrole

Le président Idriss Déby-Itno a exhorté clairement ses compatriotes à ne plus compter sur le pétrole, qui est la première source de revenus pour le pays, et à investir dans l’agriculture et dans l’élevage.

Alors qu’il s’adressait aux opérateurs économiques, lors d’une assemblée générale du parti au pouvoir, à Ndjamena, le chef de l’Etat a prévenu les fonctionnaires qu’il n’y aura pas d’augmentation de salaire à court terme. C’est le retour aux années avant pétrole avant 2003, a fait comprendre le président.

Le gouvernement du Tchad a déjà mis en œuvre d’autres mesures, comme la réduction du train de vie de l’Etat ou encore le retrait de certains privilèges de la fonction publique.

L’or noir représente 70% des recettes budgétaires du Tchad, mais la chute des cours a dramatiquement secoué le pays, au point de propulser, l’année dernière, son économie dans la récession.

Les autorités veulent diversifier l’économie nationale...

Rappelons qu’en septembre 2017, Ndjamena a mobilisé les investisseurs publics et privés à Paris, en vue de réunir 3 700 milliards de Fcfa nécessaires pour financer un plan de développement s’étalant sur les 5 prochaines années.

Les promesses annoncées s’étaient élevées à 10 000 milliards de Fcfa.

En juillet 2017, le fonds monétaire international -FMI- a approuvé un nouveau plan d’aide en faveur du Tchad, de plus de 310 millions de dollars, sur t3 ans. L’argent est versé par semestre, après révision de la situation budgétaire du Tchad.

Ainsi, pour assurer ses partenaires, Idriss Déby-Itno s’est engagé sur le chemin de la réforme et de l’austérité qui est, sans surprise, diversement apprécié par la population. L’opposition estime que la situation économique actuelle n’est pas due seulement à la chute des cours, mais aussi à la mauvaise gouvernance par le pouvoir.

Le 16 novembre 2017

Fouine 1