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Les questions du (des) coup(s) d'Etat(s) du 28 mai 2001
Par Thierry Simbi
On a souvent présenté les évènements de la nuit du 27 au 28 mai 2001 comme une tentative de prise du pouvoir exclusive d’éléments œuvrant pour le compte d’André Kolingba. En effet, celui-ci a rapidement reconnu lors d'une déclaration radiodiffusée son implication dans le coup d'Etat ce qui a contribué à présenter ce coup de force comme une tentative unique de reprise du pouvoir perdu en 1993. Cependant, un faisceau d’indices tendent à laisser penser que d’autres protagonistes de premier ordre voulaient s’emparer du pouvoir cette nuit-là et beaucoup avancent qu’y aurait eu plutôt deux tentatives de coups d'Etat qui se seraient télescopées. A posteriori, il semble que certains aient été pris de vitesse par les éléments d’André Kolingba et qu’il aient activement pris part à la répression qui s’est suivie afin de ne pas être eux-mêmes accusés. Ils auraient orienté la représsion à sens unique avec pour conséquence de nombreuses victimes collatérales tandis que certains d'autres ont profité de la situation pour régler leurs comptes soldant de vieilles rancoeurs issues des mutineries ou du temps des années 1981-1993.
Les soupçons contre le ministre de la Défense de l’époque seront tels qu’il sera démis de ses fonctions de le 27 août 2001 accusé d’avoir fômenté "un coup d'Etat dans le coup d’Etat". L’enregistrement dans lequel il demande à Bemba 600 hommes qui devaient traverser le fleuve le dimanche soir pour "l’aider à prendre le pouvoir" démontre-t-il qu’il était coupable du crime dont on l’accuse ou était-ce un montage ? Fut-il fut pris doublé par André Kolingba dans son entreprise de prise du pouvoir ou était-il innocent du coup dont certains l’ont accusé ?
Le rôle de François Bozizé au cours de cette nuit-là pose aussi question : après les décès du général François Ndjadder et du chef d'état-major de l'armée de Terre, le colonel Abel Abrou, n’est-il pas devenu après ces évènements le seul et incontournable patron des FACA? Les soupçons sur son rôle planeront sur sa tête jusqu’à ce qu’il soit relevé de ses fonctions le 27 octobre 2001. Il est important de reprendre le fil des évènements pour tenter de comprendre le rôle des acteurs principaux dans cette affaire.
27-28 mai : A la suite les cérémonies de la fête des mères, après une soirée festive au palais présidentiel, pendant la nuit du dimanche 27 au lundi 28 mai, deux missions seront menées par des éléments lourdement armés d’André Kolingba. Tout est planifié la veille au cours d’une dernière réunion chez Henri Kpongbo. Depuis son domicile, les éléments synchronisés par Jules Kogbia et le colonel Maurice Gamba partent à bord de véhicules civils banalisés dont un camion Toyota 7 tonnes appartenant à Raymond Zameya, contrôleur principal des impôts. Une opération est menée au camp de Roux pour libérer le Général Lucien Guillaume Ndjengbot qui exécutait une peine de 10 ans pour avoir ordonné à ses hommes de faire feu sur la foule pendant la campagne présidentielle de 1992 et une autre opération consiste en l’attaque de la résidence du Président Patassé défendue par les éléments de l'Unité Spéciale de Protection du Président de la République dirigée par le Colonel Bombayaké. C’est au total près de 50 éléments qui participent à ce coup de force et qui à coups de tirs d'armes automatiques et de mortiers parviennent à toucher le portail d'entrée la villa Adrienne mais ne pouvant parvenir à rentrer par manque de munitions. La tentative de coup d’Etat tourne court avant l’aube. Il en résulte une vingtaine de morts et l’attaque est repoussée. Les assaillants sont alors persuadés avoir atteint leur objectif, à savoir l’élimination de Patassé et se replient dans les quartiers du sud est de la capitale et au camp Kassaï où les combats se poursuivront. Sur leur route, ils attaquent l’émetteur de la radio nationale à Bimbo qui cesse d’emmetre à 3 heures du matin. Les putschistes sont alors persuadés d’avoir tué Patassé au cours de leur équipée alors que la garde présidentielle a réussi à l’extraire de sa résidence durant la nuit pour le mettre à l’abri. Le Président et sa famille sont sains et saufs et les éléments loyalistes reprennent au matin peu à peu le dessus. Le porte-parole de la présidence déclare en fin de matinée que l'assaut, lancé contre la résidence du chef de l'Etat et a été repoussé "avec succès" a fait "sept morts dans les rangs de la sécurité présidentielle et beaucoup de morts parmi les assaillants". Un couvre-feu est instauré.
Ange-Felix Patassé et au micro le ministre de la défense Jean-Jacques Demafouth @ts
Un autre évènement important qui survient au petit matin est à signaler. Le général François Bédaya Ndjadder, directeur général de la gendarmerie, est grièvement blessé au niveau de l'Université de Bangui. Des éléments tendent à laisser penser qu’en dépit de la première version officielle, l’embuscade a été ordonnée par Jean-Jacques Demafouth et accomplie par Anatole Ngaya Bamdje alors membre de la sécurité rapprochée de Patassé. Touché par balle, Ndjadder aura le temps de passer un coup de fil à l’ambassadeur de France et à Patassé pour être secouru et sera conduit à l’hôpital pour être opéré en urgence. La balle qui l’a touché est extraite mais il n'était pas encore mort. Peu après, suite à une visite de Bozizé à l'hôpital communautaire pendant la convalescence de Ndjadder et alors que celui-ci a perdu beaucoup de sang, le médecin général Guenebem lui administrera un sérum glucosé (alors qu’il est diabétique), ce qui l’achèvera définitivement. Cette version soutenue par les roches de François Ndjadder est à prendre au conditionnel car étant l’ultime protection du pouvoir de Patassé et beaucoup souhaitaient son élimination qui fut effective ce jour-là. Déjà en 1996-97, les mutins exigeaient le remplacement de François Ndjadder de la tête de la sécurité présidentielle. Le Général Bernard Thorette avait forcé la main de Patassé pour créer ce poste d’Inspecteur Général des FACA qui n'existait pas en ce temps. Un officier français ayant servi comme conseiller à la sécurité présidentielle avait même été dépêché à Bangui afin de convaincre Ndjadder d’accepter le poste d’Inspecteur Général des FACA. Mais, Patassé a fait un pied de nez aux français en nommant François Bozizé à ce poste en octobre 1996 avant de l’élever au rang de chef d'état-major des armées centrafricaines en Février 1997 et de lui donner sa troisième étoile de général de division.
Jean Jacques Demafouth décorant le général Ndjadder@ts
Mardi 29 mai : Sous le commandement du chef de l’état-major François Bozizé, la contre-offensive commence. Le camp Kassaï est repris, puis reperdu. On observe d’importants déplacements de populations qui fuient les combats. Au début de l’après-midi du 29 mai, il apparaît clair que le coup de force a échoué. Des opérations de ratissage des FACA et de l'Unité de sécurité présidentielle ont lieu dans les quartiers sud de Bangui. La présidence déclare que "tous les quartiers sud sont maintenant sous contrôle, sauf une poche de résistance autour du centre émetteur de la radio nationale". Alors que le coup d’Etat était en train d’échouer, le général André Kolingba manipulé par Jean-Jacques Demafouth qui lui fait croire que Patassé est décédé. En fait, il pousse à ce moment André Kolingba à se démasquer, peut-être pour se couvrir le coup d’Etat dont on l’accusera quelques mois plus tard. Kolingba tombe naïvement dans le piège revendiquant la paternité du coup d’Etat à travers une déclaration sur les antennes de la Radio France Internationale résumée par une note adressée en ces termes à l’Ambassadeur de France Jean-Marc Simon "Mr l’ambassadeur, je voudrais vous prier très amicalement d’intervenir auprès du Président Patassé pour lui dire de penser à l’avenir de ce pays, de nos enfants, de nos familles et d’arrêter toutes hostilités. Très fraternellement, je voudrais le prier de me remettre le pouvoir. Je m’engagerais à assurer sa sécurité et la protection de ses biens. Amicalement. André Kolingba."
Mercredi 30 mai : Le porte-parole du chef de l'Etat affirme que l'attaque de la résidence était "un coup d'Etat préparé et organisé par le général André Kolingba" tandis que Patassé promet d'écraser les rebelles. Depuis Zongo, entre 150 et 200 miliciens du Mouvement de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba tenant la région frontalière de l’équateur en RDC se déploient le long de l’Oubangui pour empêcher la fuite des putschistes par le fleuve. 2 Tupolevs libyens attérissent à Bangui M’Poko pour fournir des véhicules blindés légéers et 100 hommes destinés à soutenir la garde rapprochée de Patassé.
Jeudi 31 mai : L'ambassadeur de France Jean-Marc Simon se rend chez André Kolingba à Ouango pour tenter de négocier une réddition. Lorsque l’ambassadeur le rencontre en compagnie du général Malendoma, André Kolingba continue de lui demander d’inviter Patassé à lui céder le pouvoir. L’ambassadeur de France l’appelle à la raison devant la réalité du rapport de force qui s’inverse sur le terrain et Kolingba accepte de faire une déclaration publique le soir sur RFI indiquant "accepter de faire cesser les hostilités" avant de demander «aux mutins de regagner leurs résidences». Dans la foulée de cette déclaration, il prend la fuite direction Zongo en RDC.
1er juin : Fort des soutiens Lybiens et des banyamulengé du MLC, les forces loyalistes lancent une vaste contre-offensive sur les quartiers sud-est de la capitale faisant des dizaines de morts et des milliers de déplacés. Le colonel Mustapha commande les troupes du MLC dont les milicens se distinguent par leur jeune âge et leurs bottes en caoutchouc donnant les ordres à ses hommes sur le terrain en coordination avec le Ministre de la Défense et le chef d’Etat major via des talkie-walkies de l’armée centrafricaine. La présidence confirme que "tous les environs du camp Kassaï, dans les quartiers est, sont contrôlés". Les quartiers de Ouango, Kassaï, Ngaraba, font notamment les frais d’une politique de terreur subissant exécutions, viols, destructions d’habitations et pillages. Les exécutions sommaires se poursuivent à un rythme quotidien à Bangui. La présidence affirme que le général Kolingba, considéré comme l'instigateur de la tentative de coup d'Etat devra répondre de ses actes. Celui-ci fait l'objet de sept chefs d'accusation dont "tentative de coup d'Etat" et "assassinat". Des témoins font état de descentes musclées des forces armées dans les zones résidentielles habitées par d'anciens ministres de M. Kolingba. La résidence du général Kolingba est investie par les forces loyalistes. Kolingba a déjà fui.
Jean-Jacques Demafouth ministre de la défense @ts
2 juin : Une fois Ndjadder éliminé, il semble que Jean-Jacques Demafouth ait tenté une manœuvre tendant à faire exécuter Bozizé en lui demandant de venir faire le constat de la maison d’André Kolingba. Cependant, Bozizé se méfiait et il a demandé au colonel Abel Abrou chef d'Etat-major de l’armée de terre de se rendre à Ouango. A son arrivée, les assassins qui l’on prit pour Bozizé et ont ouvert le feu. Plus tard, Bozizé indiquera avoir appellé Demafouth au Talkie-Walkie pour lui signifier qu'il était vivant. Aux agressions mortelles pour leur participation réelle ou supposée au putsch, s'ajoutent des règlements de comptes personnels. Il règne une atmosphère de règlement de comptes au sein de l'armée avec un degré de haine très important qui s’est ravivé depuis des mutineries de 1996-97. Les assassinats de François Ndjadder et du chef d'Etat-major de l'armée de terre, le colonel Abel Abrou, ont achevé d'échauffer les esprits au sein de la troupe. La télévision nationale diffuse des images des caisses d’armes estampillées du drapeau français découvertes chez Kolingba et le pouvoir accuse à mots plus ou moins couverts l’ambassadeur Simon d’avoir soutenu le coup d’État.
3 juin : Le corps de M. Théophile Touba, député du RDC est retrouvé criblé de balles et portant des traces de tortures. Signalons aussi les exécutions sommaires de Léon Bangazoni, décapité, tué ainsi que son fils et de son neveu, du magistrat Sylvère Omisse, membre de la cour constitutionnelle. Les activités du RDC, premier parti d'opposition avec à l'origine 20 députés sur un total de 109, sont suspendues pendant trois mois par un arrêté ministériel.
4 juin : L'armée poursuit ses opérations musclées de ratissage des quartiers sud-ouest de Bangui. Le président met à prix la tête de l'ex-général Kolingba et promet une "récompense de 25 millions de francs CFA à quiconque pourrait le ramener mort ou vivant". Il est déclassé au rang de soldat de deuxième classe (de même que le général Ndjengbot, le colonel Gamba, le lieutenant-colonel Guy Kolingba et le commandant Saulet) . Plusieurs quartiers de Bangui, abandonnés par les habitants, sont systématiquement pillés, notamment par des rebelles congolais.
5 juin : Tirs d'armes lourdes à Bangui où l'armée poursuit son "nettoyage" des quartiers sud-ouest. Le gouvernement dément l'existence d'un "génocide" et toute "opération de nettoyage ethnique" affirmant que "seuls les auteurs du coup d'Etat et leurs complices sont recherchés". L'ONU décide de dépêcher à Bangui l'ancien président malien, le général Amadou Toumani Touré.
6 juin : Des tirs d'armes lourdes reprennent brièvement dans Bangui.
7 juin : Le ministre de la Défense annonce que toute la capitale est sous le contrôle de l’armée loyaliste et Jean-Pierre Bemba ordonne le départ de ses troupes de Bangui, estimant que leur mission aux côtés des forces loyalistes est "terminée". Entre temps, beaucoup d’exécutions sommaires ont été commises à la suite de l'appel lancé par le ministre de la Défense Jean-Jacques Demafouth, qui demandait aux populations de revenir dans la ville de Bangui et aux rebelles et loyalistes de regagner leurs camps. C'est souvent à l'occasion de ces retours volontaires que les civils ont été exécutés, parfois par des frères d'armes, dans les locaux de la police, de la gendarmerie ou dans les camps militaires. Les exécutions sommaires se sont donc poursuivies longtemps après le putsch en toute impunité. C'est dans ces conditions que le Lieutenant-Colonel de gendarmerie Alphonse Konzi par exemple a été exécuté. Habitant le quartier rebelle de Ouango, il a fui de chez lui le 28 mai pour se réfugier auprès de l'archevêché de Bangui, protégé par Monseigneur Joachim Ndayen. Son épouse Régina a négocié ce retour via Angèle Patassé qu'elle appelait ma sœur et Alphonse Konzi, fort des garanties données par son épouse a rassuré Monseigneur Joachim Ndayen que rien n’allait lui arriver. Monseigneur Ndayen s'est alors chargé de faire escorter le Colonel à la gendarmerie par les abbés Guy Serge Vickos et Séraphin Yakanda à bord d'un véhicule de l'archevêché. La délégation s'est d'abord rendu auprès du Ministre de la Défense qui les a orientés vers le camp Beal puis vers la gendarmerie (Camp Izamo) où les gendarmes ont menacé de mort Alphonse Konzi l’accusant de complicité avec la rébellion et l’ont livré à l'Unité de la Sécurité Présidentielle. Sa famille fut informée de son décès le 9 juin et après investigations, il s’avèrera que son corps a été retrouvé dans les environs du cimetière de Ndrès.
8 juin : Une commission nationale d’enquête est créée pour investiguer sur la tentative de coup d’Etat du 28 Mai. Il s’agit d’une instance mixte composée de 11 membres, magistrats, de gendarmes officiers de police judiciaire et de militaires. cette Commission d’Enquête Judiciaire est présidée par le Procureur Général Jospeh Bindoumi et doit remettre dans les trois mois un rapport à la Cour du Tribunal Militaire permanent en charge de juger les centaines de personnes emprisonnées depuis la création de la commission et les rebelles en fuite. Elle doit dans ce délai mener son enquête et déférer éventuellement devant la justice les personnes entendues.
5 juillet : Une mission de la fédération internationale des droits de l’homme visite Bangui pour investiguer sur la violation des droits humains durant cette tentative de coup d’Etat. Le 22 Juillet, leurs conclusions portent une attention particulière portée sur les victimes de la repression à cause de leur appartenance ethnique.
6 juillet : Dans la nuit du 5 au 6 juillet, le chef de la sécurité de la mission des Nations Unies à Bangui Jean-Pierre Lhommée, un ancien colonel de l'armée française est tué par balles par des inconnus. Cet assassinat a conduit à classer le pays en catégorie 3 dans l’échelle des risques de l’ONU, ce qui interdit la présence des familles d’expatriés et les missions de l’extérieur. Jean-Pierre Lhommée, ancien colonel des Éléments français d’assistance opérationnelle -EFAO- en RCA était le seul fonctionnaire étranger habilité à circuler pendant la tentative de coup d’État. L’assassinat de cet homme qui en avait beaucoup vu est attribué à des "braqueurs".
17 juillet : La frontière RCA-RDC est fermée.
20 juillet : Alfred Pokolo ancien conseiller du président Ange-Félix Patassé limogé au mois de mai par le président avant d'être incarcéré avait été immédiatement libéré dès les premières heures du coup d'Etat. En fuite depuis la tentative de coup d'Etat du 28 mai, il est remis à la justice centrafricaine par l'ambassadeur du Tchad à Bangui chez qui il s'était réfugié. Alfred Pokolo a justifié son arrestation en mai par une " divergence de vue" avec le ministre centrafricain de la Défense à propos de l'expulsion d'un ressortissant de la RDC en situation irrégulière à Bangui, a expliqué la radio. Alfred Poloko est placé en détention par les autorités centrafricaines qui lui reprochent d'être "proche des milieux hostiles au chef de l'Etat".
27 août : Jean-Jacques Demafouth à qui l’on reproche "une passivité incompréhensible de l'armée" au cours de ces évènements est soupçonné d'avoir fomenté un coup d'Etat. Il est démis de ses fonctions et placé à la disposition de la justice. Il est placé en détention sur la base de conversations enregistrées laquelles Demafouth demande à Bemba 600 hommes qui devait traverser le le fleuve le dimanche soir pour "l’aider à prendre le pouvoir".
30 août : Une attaque terroriste dans Bangui provoque la mort de l’ambassadeur de Libye en RCA, cela quelques heures avant une visite de Patassé en Libye. Le ministre de l'Intérieur, Théodore Bikoo est limogé.
13 septembre : Sur ordre du Ministre de la Justice Marcel Métifera, la commission d’enquête nationale est étendue jusqu’au 11 Décembre.
1er octobre : Le président de l'Assemblée nationale Luc-Appolinaire Dondon accuse sans les citer des membres du MLPC, au pouvoir d'avoir été "complices des auteurs" du coup d'Etat avorté du 28 mai, dans un entretien diffusé lundi par une radio privée. "Je dis qu'il y a des complices des auteurs du coup d'Etat dans le camp du MLPC", le parti fondé par le président centrafricain Ange-Félix Patassé, a déclaré Luc Appolinaire Dondon Konamabaye, lui-même haut cadre de ce parti.
9 octobre : La Commission mixte d'enquête judiciaire sur la tentative de coup d'Etat du 28 mai dernier en Centrafrique a remis mardi à Bangui son rapport d'enquête préliminaire au président Ange-Félix Patassé. "70 personnes seront présentées aux magistrats", tandis que le tribunal statuera par contumace sur les cas de 628 personnes en fuite. Le rapport d'enquête préliminaire, comprenant 772 pages et composé d'un procès-verbal de synthèse, de procès-verbaux d'audition, de planches photographiques et de croquis, a été ensuite remis par le président Patassé au ministre de la Justice Marcel Metafara.
18 octobre : Patassé dissoud la coordination nationale du bureau du MLPC suspectant certains d’entre eux étant compromis lors du coup d’Etat manqué du 28 Mai.
25 octobre : Selon son avocat Me Nicolas Tiangaye, Jean-Jacques Demafouth ne peut être jugé par la Cour criminelle comme les personnes impliquées dans la tentative de putsch du 28 mai. En effet, selon lui « la Constitution et la loi organique sur la Haute Cour de Justice prévoient une procédure particulière pour des personnes qui sont détentrices de la légitimité ou bien de l'autorité de la puissance publique, c'est à dire le président de la République, les ministres et les députés à l'Assemblée nationale". M. Demafouth assurait les fonctions de ministre de la Défense jusqu'à son arrestation le 30 août dernier. "La loi est claire, a estimé Me Tiangaye. Ce n'est pas la Cour criminelle qui doit le juger, ce n'est pas non plus, le tribunal militaire permanent. La Constitution prévoit une procédure particulière, c'est à dire qu'il faut qu'il y ait un acte d'accusation" émanant soit du Président de la République, soit d'une résolution de mise en accusation adoptée "par l'Assemblée nationale par une majorité qualifiée des deux tiers", explique-t-il.
27 octobre : François Bozizé est relevé de ses fonctions de chef d’Etat-major de l’armée. Sans nouvelle affectation, il est remplacé par son ancien adjoint, le colonel Ernest Bétibangui, un officier longtemps resté dans l'ombre du président et promu vendredi au grade de général de brigade, comme trois autres colonels. Le patron de l'Unité de sécurité présidentielle (USP), Ferdinand Bombayaké, est récompensé pour avoir sauvé la vie du chef de l'Etat pendant l'attaque nocturne de sa résidence par les putschistes. Egalement promus aux grades de généraux, André Mazi devient chef d'état-major général adjoint des FACA, tandis que Jean-Baptiste Séréname est nommé chef du cabinet militaire du président. Ce dernier remplace le général Alphonse Gombadi, nommé inspecteur général des FACA. Autre nomination importante, celle du préfet de Bouar, le colonel Dieudonné Zérégaza, au poste de chef d'état-major de l'armée de Terre, qui succède ainsi au lieutenant-colonel Joël Abrou, tué lors du putsch avorté. L'ancien directeur de la gendarmerie, le général François Ndjadder, également assassiné, dans des circonstances peu claires, pendant le coup d'Etat a été remplacé le 31 août par un magistrat, Paul Morombaye.
1er novembre : Les autorités déclarent avoir saisi à Bangui "une importante quantité d'armes et munitions de guerre de tout calibre" sur la base d'informations faisant état d'actes de violences "imminents". Ces caches ont été découvertes lors de perquisitions menées dans trois domiciles privés de la capitale. Elles comprenaient notamment 48 fusils d'assaut AK47, des armes légères diverses, un lance-roquettes, des grenades et des caisses de munitions. Ces découvertes ont débouché sur la délivrance vendredi soir d'un mandat d'arrêt contre l'ancien chef d'état-major des armées centrafricaines le général François Bozizé, qui résistait par les armes avec un nombre indéterminé de partisans à son arrestation depuis sa résidence et la caserne qui la jouxte, à la sortie nord de Bangui.
2 novembre : Dans la nuit du 2 au 3 novembre, Patassé envoie la troupe, soutenue par les soldats libyens pour mettre Bozizé aux arrêts. Les militaires se rendent au domicile du général Bozizé avec pour mission d'arrêter un homme qu'ils connaissent bien qui était chef d'état-major des armées jusqu'au 26 octobre dernier. Soutenu par des militaires ralliés qui barrent l'accès à sa résidence au PK11, le général Bozizé refuse de se rendre. L'épreuve de force s'engage dans la nuit entre ses partisans et les forces loyalistes. Des tirs d'armes légères et lourdes commencent à retentir avant que des négociations s'engagent, par l'intermédiaire de Lamine Cissé, depuis peu représentant des Nations unies à Bangui. Un comité de sages, composé de notables des préfectures de l'Ouham, tente parallèlement de calmer le jeu.
5 novembre : Des tirs nourris émanant d'un groupe de militaires dévouées au lieutenant-colonel Touaguendé, ancien chef d'état-major adjoint des armées, surveillée se font entendre à Boy-Rabé lorsque celui-ci échappe à sa résidence surveillée où il était assigné depuis le mois de juillet avant de se faire arrêter le lendemain.
7 novembre : Bozizé prend la fuite direction le Tchad qui devient la base arrière de la rébellion. De Bangui, les combats se déplacent vers le nord-ouest du pays, les rebelles prennent les villes de Kabo et de Batangafo. Le soutien apporté à Bozizé par une partie de l’armée et des milices nordistes karako accentuera l’isolement du pouvoir en place. Sous pression, Patassé va plus s’appuyer sur l’aide de la Libye mais aussi sur celle du Soudan.
@ts
Février 2002 : Début du procès des putschistes devant la Cour Criminelle -Cour d'assises-.
Devant laquelle compaissent environ 80 accusés dont l'ex ministre de la Défense, M.Jean-Jacques Demafouth, 600 personnes qui seront jugées par contumace -y compris André Kolingba-. La Cour Criminelle annonce la condamnation à mort de l'ancien président centrafricain André Kolingba et d'une vingtaine de militaires, accusés d'être les "co-auteurs" du coup d'Etat manqué du 28 mai 2001. Plus de six cents autres militaires "en fuite" ont fait l'objet de condamnations allant de cinq ans de réclusion à vingt ans de travaux forcés. Le procès se poursuit maintenant avec l'examen des cas des quatre-vingt-deux personnes accusées d'avoir participé à cette tentative de putsch, actuellement présentes à Bangui et qui doivent, elles, comparaître devant la Cour.
La Cour Criminelle est composée d'un président, Zacharie Ndouba, de deux assesseurs et d'un jury populaire de neuf personnes. Le ministère public est, quant à lui, représenté par le procureur Joseph Bindoumi, qui a été président de la commission d’enquête spéciale mise en place après la tentative de coup d’Etat.
Le 2 août 2017