A l'attention de Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République de Turquie en France sur la situation politique en République du Congo
La diaspora congolaise en France présente ses compliments à Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République de Turquie en France. Elle a l'honneur de lui exprimer ce qui suit sur la situation politique en République du Congo.
Au terme d'une élection présidentielle à huis clos, le 20 mars 2016, le Congo étant coupé du reste du monde, sans commission électorale indépendante et sans observateurs internationaux assermentés, Monsieur Denis Sassou Nguesso a été déclaré, contre la volonté populaire, vainqueur du scrutin par la cour constitutionnelle du pays.
Depuis sa prestation de serment, en qualité de Président de la République du Congo, Monsieur Denis Sassou Nguesso a installé dans le pays un état de siège militaire pour imposer son coup d'état électoral à la nation entière. Deux de ses concurrents au scrutin présidentiel, le General Jean Marie Michel Mokoko et Monsieur André Okombi Salissa sont assignés à résidence. Des leaders politiques sont injustement emprisonnés, d'autres en semi-liberté, sont surveillés dans leurs mouvements par la police. Les rafles sont constantes dans les villes. Le Pool, une des régions du pays, subit d'intenses bombardements occasionnant des massacres et des déplacements de populations. Le Secrétaire Général des Nations Unies a attiré l'attention de Monsieur Denis Sassou Nguesso sur la condition sécuritaire dans cette région.
A l'invitation de Monsieur Recep Tayyip Erdogan, Président de la République de Turquie, Monsieur Denis Sassou Nguesso prendra part à Istanbul, du 23 au 24 mai 2016, au 1er sommet humanitaire mondial.
La diaspora congolaise en France regrette la présence de Monsieur Denis Sassou Nguesso à ce sommet d'autant que dans son propre pays, les domaines liés au bien-être et au bonheur des populations, à l'action des Organisations Non Gouvernementales sur ces champs d'action ne constituent pas un centre d'intérêt pour son régime. Ce qui se passe actuellement dans la région du Pool en est la parfaite illustration. Les parents des disparus du beach après les évènements de 1997 ainsi que les victimes des explosions de Mpila en mars 2012 demeurent à ce jour sans assistance morale et logistique des pouvoirs publics. En clair la question humanitaire ne préoccupe pas.
Le 20 mars 2016, dans la réalité des urnes, le peuple congolais a sanctionné le candidat Denis Sassou Nguesso, conscient des enjeux politiques actuels dans le pays et lassé de son long et injuste règne qui l'a appauvri pendant que lui et son clan s'approprient impunément les ressources nationales. Le système de Monsieur Denis Sassou Nguesso, en faillite, retarde le Congo sur tous les plans et alimente des velléités politiques d'une cassure de la nation pour cause d'injustice et de confiscation des richesses nationales par une minorité au pouvoir.
Des institutions internationales, des Etats et autres partis politiques dans le monde ont exprimé leur préoccupation sur la manière dont s'est déroulée cette élection présidentielle. L'Union Européenne, les USA, le Canada, la France, par le biais du ministère des affaires étrangères, le Parti Socialiste Français, le Front national en France ont clairement mis en doute sa crédibilité, sa transparence et la neutralité des agents électoraux.
Les candidats de la plateforme FROCAD-IDC et avec eux le Général Jean Marie Michel Mokoko à l'élection présidentielle représentent dans le pays la coalition de la nouvelle majorité républicaine qui se bat pour le changement d'autant que la permanence des luttes pour le départ de Monsieur Denis Sassou Nguesso, après 32 ans de présidence de la république du Congo, a fini par créer dans le pays les conditions objectives d'une nouvelle légitimité nationale et populaire.
Aujourd'hui, le combat politique au Congo, c'est le combat pour l'alternance démocratique. Il oppose, d'un côté, le camp des conservateurs avec Monsieur Denis Sassou Nguesso qui n'ont cessé de profiter des richesses nationales et bénéficient des rentes de protection et, de l'autre, la nouvelle majorité républicaine qui lutte pour l'égalité des droits, le développement équilibré du pays et le partage démocratique du pouvoir.
Les populations congolaises relèvent que le monde libre a une responsabilité morale et politique lourde dans l'évolution dangereuse actuelle de la situation politique dans leur pays. Elles estiment n'avoir pas été concrètement soutenues dans leurs aspirations à l'alternance démocratique pour sortir du règne répressif de Monsieur Denis Sassou Nguesso. Pour elles, les prétentions monarchiques de ce dernier semblent avoir été cautionnées.
En raison de tous les périls qui menacent la paix au Congo avec les présidentielles non transparentes du 20 mars 2016 qui ont réinstallé de fait Monsieur Denis Sassou Nguesso à la tête du Congo, la communauté internationale est en devoir d'intervenir sans délais dans ce pays pour aider les congolais à reformuler une logique politique consensuelle, républicaine et patriotique devant aboutir à un apaisement durable dans le pays. Le Secrétaire Général des Nations Unies vient d'ailleurs de souligner, à l'endroit de Monsieur Denis Sassou Nguesso, la nécessité d'un dialogue politique pour favoriser l'unité nationale.
Ce dialogue national qui devrait être inclusif devient une obligation historique, sociale, morale et politique incontournable pour créer les conditions optimales de la normalisation de la vie démocratique dans le pays.
Dans l'entre temps, la diaspora congolaise en France lance un appel à la libération des prisonniers politiques ainsi que de celle des candidats à l'élection présidentielle, toujours en résidence surveillée. Ce à quoi s'ajoute la demande pressante de la fin des violences dans la région du Pool et l'assistance humanitaire des populations concernées.
La diaspora congolaise en France remercie Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République de Turquie en France pour lui avoir donné l'occasion de s'expliquer sur la situation politique dans son pays. Elle lui dit sa disponibilité à lui fournir, à toutes fins utiles, davantage de matière à ce sujet.
Fait à Paris le 20 mai 2016
Pour la diaspora congolaise en France, Ouabari Mariotti, ancien garde des sceaux, ministre de la justice du Congo
Représentant en Europe des Plateformes FROCAD- IDC