Par Bernard Selemby-Doudou
Tout le monde se souvient qu’à la sortie d’une audience avec le president de la République française, le president tchadien a proclamé sur le perron de l’Elysée "qu’il vaut mieux une élection bâclée qu’une transition chancelante".
Avec la pression de la communauté internationale, cette célèbre maxime fut exécutée par le gouvernement de transition en dépit d’absence de conditions sécuritaires et de transparence.
Surpris par les résultats électoraux, les nouvelles autorités rassemblèrent les outils à la hâte pour tenter un rafistolage. Les institutions républicaines prévues par la constitution furent précipitamment mises en place nonobstant l’absence des locaux et moyens matériels. Leur souci majeur fut d’éviter d’enfreindre les termes de la constitution relatives aux délais. Bernard Selemby-Doudou@bsd
Après plus de trois semestres, le gouvernement de remerciements n’arrive toujours pas à relever le défi sécuritaire en dépit de la longue période de grâce accordée par le peuple. D’ailleurs, la situation s’est empirée au point de perdre le contrôle des 3/4 du territoire national. Au lieu de se remettre en cause en toute humilité, de revoir les différentes approches et méthodes, dans ce contexte sécuritaire tendu au lieu de tendre la main à toutes les compétences au nom de l’intérêt général pour tenter d’apporter des éléments de solution à la crise, le pouvoir s’évertue à vilipender la société civile, accuser de coup d’Etat les leaders de l’opposition, d’indexer son ombre comme la cause de leur incapacité.
Après une prise de conscience tardive de l’inactivité du gouvernement, le président de la République s’est entêté à reconduire son premier ministre qui confond tout et qui est en perte totale de repères.
Au passage, nous vous rappelons que transmettre le savoir est un art mais le mettre en pratique est un métier. À force de tâtonner et de se mordre la queue, le pouvoir de Bangui a décidé de jeter son dévolu sur les associations qui relèvent de la société civile encadrée par la célèbre loi de 1901 donc apolitique. Ainsi, nous vous rappelons le récent désordre organisé par le pouvoir lors du renouvellement du bureau de l’organisation des femmes centrafricaines -OFCA- avec l’ingérence du ministre des affaires sociales qui contrevient à la loi de 1901 sur la liberté d’association. S’en suit les manœuvres lors de la mise en place du bureau de l’association nationale des étudiants centrafricains -ANECA-. La présidence de la République a réussi à s’immiscer dans le processus électoral de l’ANECA par le biais de la commission nationale de la non violence active -CNNVA- représentée par Madame Koyara alors Conseillere à la présidence de la République.
Enfin, vint le tour de la diaspora centrafricaine de France de connaître un désordre organisé par le pouvoir avec un repris de justice à la manette. Le pouvoir de Bangui crée volontairement le désordre pour renforcer son assise, avoir beaucoup de pouvoir et de contrôler la plateforme de la diaspora par drones. Ainsi, le citoyen lambda qui a compris dans le discours du secrétaire général de l’ONU que l’urgence était ailleurs cherche à comprendre la stratégie du pouvoir qui consiste à lancer des assauts sur les associations.
- Pourquoi cette envie brutale de contrôler systématiquement toutes les associations ?
- Quelle obstination à vouloir contrôler les associations qui relèvent de la société civile ?
- Pourquoi cette obsession à museler les institutions républicaines qui contribuent à l’équilibre démocratique ?
- Les clés de la réussite de leur mandat résident dans le contrôle des institutions et associations ?
- Pourquoi les malheurs et les déboires de ce régime résident toujours ailleurs ?
- Au nom de quel principe, la présidence de la République utilise l’argent du contribuable via un repris de justice pour manipuler la diaspora?
- Vous n’avez pas encore fini ce mandat, alors pourquoi se projeter déjà en 2021 ?
- Nous vous rappelons que tous les centrafricains sont conscients des circonstances dans lesquelles vous avez hérité le pouvoir, alors pourquoi ne pas se mettre résolument au travail avec le concours de toutes les compétences ?
Nous vous affirmons que le peuple appréciera en tenant compte de la pénibilité de votre mission. Par ailleurs, le haut conseil des ngbakamandjas qui a été mis en place par les vieux dinosaures veulent que toutes les institutions de la République se mettent aux ordres.
Désormais, ils iront voir le pape pour que le cardinal soit un proche du pouvoir. Ils feront de même pour les autres confessions religieuses. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris, le 3 novembre 2017
Bernard Selemby-Doudou
Juriste, Administrateur des Elections.