La vie politique centrafricaine est majoritairement rythmée et animée par les partis politiques. Selon le lexique des termes juridiques, un parti politique est un groupement d’hommes qui partagent les mêmes idées sur l’organisation, la gestion de la société et qui cherche à les faire triompher en accédant au pouvoir.
Ainsi, on ne peut imaginer difficilement qu’une démocratie fondée sur le pluralisme des intérêts ne tolère qu’un seul parti politique ou même aucun. Matérialisé par la conférence de la Baule en 1990, le vent du multipartisme a soufflé sur l’Afrique sub saharienne emportant dans sa besace le parti unique. Désormais plusieurs partis politiques peuvent coexister dans un même État. Bernard Selemby-Doudou@bsd
On distingue traditionnellement le parti au pouvoir avec ses alliés et les partis d’opposition.
- Le parti au pouvoir, sur lequel le president de la République s’appuie pour définir les grandes orientations politiques du pays -tel n’est pas encore le cas de notre pays car le pouvoir n’a pas encore de parti-.
- Les partis politiques de l’opposition ont la lourde et noble mission d’équilibrer le jeu démocratique en surveillant, critiquant le pouvoir et également en informant l’opinion publique sur l’état de la nation.
Face à l’enlisement de différents processus de sortie de crise, le citoyen lambda tente d’évaluer les responsabilités des partis politiques de l’opposition dans cette énigme sécuritaire.
- Les partis politiques de l’opposition jouent-ils leur rôle dévolu par les textes en vigueur ?
- En d’autres termes, à quoi servent les partis politiques d’opposition dans un processus démocratique ?
- Avez-vous auto-évaluer votre rôle et responsabilité dans cette crise ?
- Face à la démission de l’opposition, peut-on envisager une démocratie sans opposition ?
- En dépit de quelques errements du pouvoir n’y a t-il pas des avancées notables à relever ou à apprécier ?
- L’opposition en Centrafrique est-elle synonyme de destruction ?
- Pourquoi tous les regards sont souvent orientés vers le pouvoir quand il y a un dysfonctionnement ?
Nous tenons à rappeler que l’opposition n’a pas seulement vocation à détruire et à contester. Elle doit être aussi une force de proposition, un acteur de la vie politique en proposant plus de débats dans l’espace public, en respectant les engagements des dirigeants et surtout d’oeuvrer pour plus de démocratie. Malheureusement que certains partis politiques d’opposition, animés par la mauvaise foi, par des intérêts égoïstes au détriment de l’intérêt général, excellent dans la calomnie et la dénonciation.
D’autres se permettent de véhiculer des informations et chiffres erronés dans le seul but de discréditer, de ternir l’image du pouvoir, de faire fuir les bailleurs de fonds ou faire échouer de grands projets de la nation. En dehors du peuple, qui est le véritable perdant de cette manœuvre aveugle ?
Plusieurs partis politiques s’inscrivent dans la logique de pourrissement c’est à dire de laisser pourrir la situation à leur profit au lieu de contribuer positivement à l’architecture de la bonne gouvernance et de rechercher les voix de dialogue avec le pouvoir. Certains partis politiques qui se réclament de l’opposition ne représentent que leur propre ombre et n’influence aucunement la vie politique.
Par ailleurs, il faut relever les éternels opposants qui n’ont plus rien à proposer pour le développement du pays mais occupent des espaces et empêchent la relève politique : ce sont des semblants de partis ou des partis écrans. À défaut d’être corrompus par le pouvoir, les partis politiques d’opposition ont une grande part de responsabilité dans l’effondrement de notre nation car la posture de critiquer, de détruire sans proposer aboutit à la désintégration des fragiles acquis démocratiques et ils deviennent par la force des choses les fossoyeurs de l’unité nationale.
L’irresponsabilité de l’opposition politique conforte le pouvoir à jouer au sourd au détriment de la population. Nous rappelons par ailleurs que collaborer positivement avec le pouvoir pour sortir du bourbier n’équivaut pas à un quitus, ni une carte blanche ou un chèque en blanc. En outre, l’attitude quémandeuse des partis politiques de l’opposition repose la problématique du financement des partis politiques en général. La plupart des partis politiques sont en manque de moyens de leur politique d’où la transhumance massive dans le camp présidentiel ou ils espèrent seulement sur les maigres revenus de leur leader.
Ainsi, comment mieux contrôler les ressources et le fonctionnement de l’état si les partis politiques de l’opposition sont dépourvus de moyens financiers ? Ils faut noter que l’absence de financement officiel des partis politiques ouvre la voie à la pratique des financements occultes qui rendent les partis politiques otages des lobbys financiers une fois accédé à la magistrature suprême.
Pour ce faire nous proposons au pouvoir de créer légalement une ligne budgétaire pour donner une âme aux partis politiques ne fussent que pour ceux qui sont représentés à l’assemblée nationale. La communauté internationale doit également conditionner ses aides publiques à un traitement envers les partis politiques d’opposition en vue d’un équilibre démocratique. En contrepartie du financement, les partis politiques sont tenus de publier leur comptabilité. Au delà de toutes spéculations, plusieurs de nos opposants politiques traînent des casseroles. Les uns ont des sobriquets liés à des malversations économiques et financières, d’autres ont des ramifications proches ou lointaines avec les bourreaux actuels du peuple centrafricain.
Si véritablement la cour pénale spéciale est impartiale, nos 62 2000 km² de superficie ne suffiront pas pour la construction des structures carcérales afin d’accueillir nos soit disant hommes politiques.
Pour finir et de peur de capitaliser des centaines de partis politiques dans les années à venir, il serait nécessaire et louable de revoir de manière drastique les conditions de création de partis politiques. À défaut, même les opportunistes qui traînent à longueur de l’année des comptes à découvert s’érigeront en leaders politiques.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dîtes pas que c’est moi.
Paris le 1 décembre 2017
Bernard Selemby-Doudou
Juriste, administrateur des élections