Extraits de l’audition
du général de corps d'armée Jean-Pierre Bosser Chef d’état-major de l’armée de Terre
devant la commission de la défense nationale de l'Assemblée nationale - 19 juillet 2017 - Paris
"En tant que chef d’état-major de l’armée de terre, j’exerce mes responsabilités sur 137 000 "terriens", dont 105 000 sont directement "chez moi", dans l’armée de terre, y compris 8 500 personnels civils ; cela représente 50 % des personnels en uniforme du ministère. Cette armée a 20 ans de professionnalisme. 20 000 hommes sont déployés en permanence.
En 2016, plus de 15 000 hommes – certains payés à hauteur du SMIC - ont passé plus de 150 jours en dehors de la garnison. C’est une forte pression. Je précise que 100 % de nos militaires du rang sont contractuels - 75 % des personnels de l’armée de terre si l’on prend en compte les officiers et les sous-officiers de carrière. général Jean-Pierre Bosser@cemat
Le recrutement se monte à environ 20 000 personnes par an : 15 000 engagés volontaires et 5 000 réservistes. Nous sommes donc un recruteur massif.
L’armée de terre, c’est 80 régiments - le régiment en étant la brique constitutive.
Nos engagés sont des gens jeunes - car nous avons un impératif de jeunesse dans l’armée de terre. Ils ont en moyenne 27 ans. Ils sont volontaires, et ce n’est pas pour rien qu’on les appelle les engagés volontaires de l’armée de terre -EVAT-.
Ils sont courageux. Ils sont de leur génération, ils sont capables de mener des actions de combat de haute intensité dans la boucle du Niger. Dès lors qu’ils sont blessés, ils savent remonter la pente.
Ils sont disponibles. Depuis 2015, l’armée de terre s’est déployée plusieurs fois dans l’urgence, à hauteur de 10 000 hommes, sur le territoire national.
Ils sont également disciplinés et rustiques. Ils peuvent combiner la rusticité et la haute technologie, car ils sont très à l’aise avec tout ce qui touche à la digitalisation.
Ils combinent des savoir-faire et des savoir-être, une combinaison qui est le fruit d’une formation initiale assez longue. Je vous livre cette anecdote : lorsqu’elle est venue à Satory, la Ministre est montée dans un véhicule blindé de combat d’infanterie -VBCI-. Elle a tendu la main à un garçon du 16e bataillon de chasseurs, qui fermait la rampe arrière du VBCI. Alors qu’il était en tenue de combat complète, avec son gilet et son arme, il a ôté son gant pour lui serrer la main. Je trouve que c’est une attitude remarquable, dans le monde dans lequel on vit…
De fait, nos soldats sont regardés et admirés par nos concitoyens et par les autres armées étrangères. Il est vrai qu’ils véhiculent des valeurs de courage, de discipline, d’honneur, dont nous n’avons pas le monopole et dont nous ne revendiquons pas l’exclusivité, bien sûr, mais que nous essayons de porter à un haut degré.
Pour finir, ils ont des familles particulièrement dignes. Il faut souligner à cet égard que le choix de la carrière militaire est au moins autant un choix de vie que de métier.
Au-delà du soldat, il y a le régiment, la brique qui le rattache au territoire. Nous avons 80 régiments, et 80 garnisons. Par exemple, le 92e régiment d’Infanterie -RI- totalise 146 années de présence à Clermont-Ferrand. Si vous dites aux clermontois qu’on va enlever ou déplacer le 92e RI, ce serait un très mauvais signal !
Il faut également souligner que plus de 50 % des sous-officiers sont d’anciens -EVAT- engagés volontaires de l’armée de Terre- , et qu’environ 50 % des officiers proviennent du corps des sous-officiers. L’armée de terre est donc un creuset, un escalier social absolument extraordinaire, qui n’existe dans aucune autre administration, et nulle part ailleurs, à mon avis, en termes de quantité.
Extraits de l’audition du général de corps d'armée Jean-Pierre Bosser
Chef d’état-major de l’armée de Terre