Livre : quand la diplomatie africaine s'éveille par Aristide Briand Reboas

Préface

"Plus nous sommes attaqués par le néant qui, tel un abîme, de toute part menace de nous engloutir, et plus la résistance doit être passionnée, véhémente et farouche de notre part "  Hölderlin

Malgré les résolutions du conseil de sécurité des Nations Unies, les conventions de cessez-le-feu, les forces d’interposition, force est de constater l’enlisement des conflits sur le continent africain.

À l’inverse, l’intervention décisive de grands leaders est venue, plusieurs fois, démontrer la fécondité de la diplomatie africaine. Ainsi du rôle joué par Olosegun Obasanjo dans la résolution du conflit frontalier sur la presqu’île de Bakassy où celle de Macky Sall dans la résolution de la crise postélectorale gambienne. Ainsi du rôle joué par les leaders naturels de la zone CEMAC, Théodoro Obiang et Faustin Touadera, qui apportent tantôt une vision patriarcale et sage de la pacification régionale, tantôt une dynamique jeune et nouvelle pour la sous-région.

La mise à l’écart du plus vaste et plus riche continent de la planète n’est, quoi qu’il en soit, plus justifiée. Le progrès économique réalisé par les États africains, la conquête de leur autonomie politique, la montée en puissance des organisations stratégiques d’intégration sous-régionales, apporte la preuve que l’Afrique s’éveille. Ce livre explore les potentialités qu’offre ce renouveau diplomatique.

Ancien auditeur du centre d’études diplomatiques de Paris, l’auteurporte, depuis plus de vingt ans, un regard aiguisé et attentif sur les progrès de la diplomatie africaine. Il maîtrise la théorie des relations internationales, ce qui lui permet, ici de restituer ici quelques fondamentaux des notions de pouvoir et de puissance politique. Cette grille de lecture lui permet d’analyser les forces et faiblesses des Affaires étrangèresdu continent. Il sait pourquoi il peut espérer mieux.

Sa solide formation serait incomplète, s’il n’avait pas déjà, rencontré le pouvoir. Il a arpenté les couloirs des lieux de décisions, il en a rencontré les acteurs principaux, il a voyagé dans toute l’Afrique, mais aussi en Asie, en Europe. Il a vu la diplomatie en train de se faire. Il a eu le temps de poser son crayon et de se faire de l’homme une idée universelle. Candidat malheureux à l’élection suprême dans son pays, il en reste habité par ce poids que portent avec eux les hommes politiques responsables, nourrissant en leur âme le souci profond et constant de la paix. La nouvelle place du continent dans le concert mondial le frappe et le conduit à penser que l’Afrique va s’imposer au XXIe siècle comme puissance politique incontournable. Cette montée en puissance doit toutefois être portée par une diplomatie chevronnée, diplomatie onusienne laissant une place légitime aux poids lourds du continent, diplomatie sous régionale revisitée, diplomatie bilatéralerevivifiée.

Les relations de domination, d’exploitation, d’humiliation et de mépris doivent être de l’histoire ancienne, parce qu’elles véhiculent toujours en leur cœur la barbarie humaine. En Centrafrique l’observatoire est imprenable et Reboas rêve d’y inventer un rempart, une résistance contre la barbarie. Pas moins.

Emmanuel Caulier, avocat à la Cour d’appel de Paris et à la CPI

Quand la diplomatie africaine s eveille