Le départ des SANGARIS aujourd'hui de la RCA, est à la fois, une très bonne et une très mauvaise nouvelle. En ce qui concerne leurs exactions sur des mineurs, chose avérée, que la FRANCE et l'ONU ont méthodiquement étouffé, au point que maintenant, l'ONU sans honte, d'inventer un rapport sortant de nulle part, pour déclarer que seule 20% des dénonciations sont valides.
Ce qui malgré tout fait 20% de trop. Mais là, elle croit se trouver une piteuse porte de sortie pour se sauver la face. En attendant, ces pauvres gosses, qui s'occupent d'eux ? Ne pas comme on l'a noté, compter sur la solidarité habituelle centrafricaine.
Le sort de ces enfants violés ne passionne pas les foules. Et comme partout ailleurs, c'est bien évidemment la faute des violées. Tout le monde le sait, la mission de la Sangaris était mal fagotée, ce n'était à l'époque, qu'une opportunité provisoire, pour François Hollande le président français - qui au passage de fiche de l'Afrique comme d'une guigne normande, de se refaire la cerise en interne en France; certainement pas dans l'intérêt des centrafricains.
D'ailleurs, dans le même temps, il avait eu la maladresse très calculée de déclarer dès décembre 2012 que : "La France n'était en RCA que pour y défendre ses intérêts." - Sous entendu, l'intérêt des centrafricains, il s'en fichait. A partir de là, la messe est dite.Les différents bataillons qui ont défilé en RCA sous le fanion de la SANGARIS, n'ont jamais été préparés à ce qui les attendait sur place.
D'ou les nombreux cafouillages constatés. Cependant, leur reprocher de n'avoir rien fait, ce serait de la mauvaise foi. La Sangaris malgré tout, aura contribué, si ce n'est à les anéantir, au moins à freiner le bilan des morts en RCA. Car il ne faut jamais perdre de vue que ce sont des centrafricains qui tuent des centrafricains.
Personne d'autre n'attaque les centrafricains. François Bozizé a réussi à divisé des communautés qui jusque là ne se faisaient pas du tout la guerre, en inventant cette fausse guerre religieuse chrétiens/musulmans.
Au point de croire que le pays serait religieux, et que l'on n'y serait, soit musulman, soit chrétien. Ce qui est complètement absurde, et pourtant...L'illettrisme et l'ignorance ont fait nid depuis. A partir de là, eux-mêmes qui se tuent joyeusement entre eux, de se plaindre de l'inertie des forces internationales, c'est assez comique.
Simplement, concernant ces dites forces, selon le principe de la non intervention de l'ONU, et donc de la réactivité toujours après coup, les Forces internationales, quelques soient-elles, sont toujours contraintes à jouer les pompiers de comptage des morts après coup. C'est obligé ! Aucune mission ONUSIENNE dans le monde n'a jamais sauvé un pays du chaos avec une telle philosophie.
En Centrafrique, comme en RDC, la MINUSCA est partie pour s'y perdurer au moins 15 ans. Car le principe de n'être que juste une force d'interposition, comme encore vient de le déclarer le gabonais, chef de la MINUSCA, est une absurdité qui n'ira jamais nulle part, à part passer son temps à pondre des communiqués pour compter les morts après coup.
Un pays comme la RCA, avec un pouvoir faible, voire inexistant, a peu de chance de s'en sortir en l'état.Le DDRR de TOUADERA est une distraction. Un tel processus est extrêmement complexe à mettre en place, car nécessitant au moins, à minima, la trêve des armes, ce qui n'est pas le cas actuellement, bien au contraire, et ne souffre pas non plus en conséquence, comme on le constate, des persistantes agitations de bandes rebelles en province qui tuent à qui mieux mieux en toute impunité. Un ETAT faible comme celui de la RCA ne peut pas mettre en place un DDRR crédible et efficace. Car le préalable est avant tout le dépôt des armes.
Et Touadera ne résoudra rien, en ne se contentant à Bangui, que de communiquer avec les mêmes toujours crocodiles ! La journée "VILLE MORTE", en dépit de tous les reproches pouvant être fait à Lakosso, aura été très très parlante de l'ampleur du "ras le bol" des centrafricains envers la MINUSCA; mais surtout, contre cette situation impossible de guerre civile, qui semble ne pas avoir de fin.
Et pourquoi avoir refusé de parler avec Lakosso ? C'est une faute politique, une de plus de Faustin Touadera. Une occasion unique pour Touadera de mettre le nez à la fenêtre. Parce que jusque là, en 6 mois, et en Afrique, 6 mois c'est long, qu'a-t'il fait ? C'était l'occasion absolue de lui parler, et éventuellement de le réprimander pour ses excès.
"Touadera est là que de par le caprice de Catherine Samba-Panza pour se protéger de ses gabegies délictuelles !"
Mais Touadera a manqué ce rendez-vous de l'HISTOIRE. Militairement parlant, le DDRR version Touadera, ne se concertant qu'avec ses flatteurs, les diplomates étrangers en place, et autres "chercher à manger" comme on dit à Bangui, en aucune façon ne peut fonctionner; d'autant plus que là, pour les bandes armées, il n'a aucune crédibilité; tout le monde sait bien qu'il n'est là que de par le caprice de Catherine Samba-Panza pour se protéger de ses gabegies délictuelles, et certainement pas de par la volonté des centrafricains. Et hélas, ça, les bandes rebelles le savent.
Ce qui en partie explique la relance des violences en province comme une sorte de défi à un pouvoir INEXISTANT ! Je me considère comme Centrafricain car mes enfants, dont Gwenaelle De Lacan sont nés en RCA.
Pierre De Lancan - Colonel de l'armée française en retraite, et Conseiller militaire de Jean Bedel Bokassa entre 1969 et 1972
Le 3 novembre 2016