La Centrafrique dispose désormais d’un Plan pour la prévention de l’incitation à la haine et à la violence. La cérémonie officielle de remise dudit document au Premier Ministre et Chef du gouvernement RCA, Mathieu Simplice Sarandji, a eu lieu ce samedi 30 juin à Bangui, à l’issue de la première campagne nationale dédiée à ce fléau. C’était en présence de plusieurs membres du gouvernement, des autorités nationales, notamment le premier Vice-Président de l'Assemblée nationale, Jean-Symphorien Mapenzi, le président du Haut conseil de la Communication, Richard Pouambi, ainsi que des membres du corps diplomatique et des Organisations internationales, dont le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies, Parfait Onanga-Anyanga. @minusca
Lancée le 12 juin 2018 à l’hémicycle du ministère des affaires étrangères de la République centrafricaine la campagne pour la prévention de l’incitation à la haine et à la violence a été organisée par le Haut conseil de la communication, avec l’appui de la division des droits de l’Homme de la MINUSCA, avec pour objectif de sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur l’engagement, continu et appuyé, de la RCA dans la lutte contre l’incitation à la haine et à la violence, à l’égard des groupes vulnérables et minoritaires.
Il s’est agi de recueillir les propositions de l’ensemble des acteurs sociaux, en l’occurrence, la société civile, les partis politiques, les Institutions et les confessions religieuses, autour des enjeux politiques, légaux, sécuritaire, sociaux, économiques et culturels qui entourent cette nécessaire prise en compte des principes directeurs parmi lesquels l’appropriation nationale, la participation et l’inclusivité, l’orientation vers les résultats, la durabilité et le développement des capacités.
"Le paradigme qui caractérise la Centrafrique depuis fort longtemps est fondé sur la haine, sur les invectives, sur les règlements de comptes", a déploré le Premier ministre Sarandji, avant d’exhorter les uns et les autres à "se lever comme un seul homme et parler d’une seule et même voix pour combattre tout appel à la haine, la division, la violence et la discrimination qui porterait atteinte à l’unité et la dignité du centrafricain"
S’adressant tout particulièrement au secteur des médias, le chef du gouvernement s’est voulu ferme : "malheureusement en RCA, nos organes de communications, organes de médias, depuis des décennies se complaisent dans la même pédagogie qui ne favorise pas l’essor de notre pays. Il y en a qui prétendent agir au nom du droit de l’Homme, droit à la communication, liberté de presse, au grand dam de la communauté nationale. Parce que je suis journaliste, j’écris ce que je veux, je dis ce que je pense, je clame urbi et orbi ce que je veux... Je vous invite à changer de paradigme !".
Pour le Représentant spécial du Secrétaire général, "la reconnaissance de ce fléau représente en soit une étape essentielle vers la prévention et le traitement du discours de haine et de ses effets néfastes". Aussi, ce plan d’action vient-il à point nommé, a estimé Parfait Onanga-Anyanga. En effet," il prend pleinement compte des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la 2387 de novembre 2017 et la 2399 adoptée au mois de janvier 2018. Cette dernière résolution érige l’incitation publique à la violence au rang des critères pouvant conduire aux sanctions prévues par le Conseil de sécurité des Nations-Unies. Elle constitue par ce fait un instrument pertinent pour renforcer notre dispositif de surveillance et de documentation des discours haineux afin de mieux traquer les individus et entités responsables de tels actes", a-t-il ajouté.
La cérémonie officielle de remise du plan pour la prévention de l’incitation à la haine et à la violence a été l’occasion pour les différentes entités nationales concernées, à savoir les media, les partis politiques, la société civile et les institutions du gouvernement, de prendre ferme engagement à apporter leur appui à la lutte contre ce fléau.
Le 3 juillet 2018