MINUSCA : point presse hebdomadaire du 6 mai 2020

Interventions :
• Vladimir Monteiro, porte-parole
• Général Franck Chatelus, Chef d’État-major de la Force de la MINUSCA• Commandant Issoufou Aboubacar Tawaye, porte-parole de la Force
• Capitaine Franck Gnapié, porte-parole de la Police
 
Porte-parole de la MINUSCA
 
● Alors que la République centrafricaine, comme tous les autres pays du monde, est résolument engagée dans le combat contre la maladie à coronavirus COVID-19, la ville de Ndélé, préfecture du Bamingui-Bangoran - centre-nord de la RCA -, a été secouée par une attaque lâche et violente le 29 avril, qui a causé 28 morts notamment des civils ainsi qu’une cinquantaine de blessés.
 
Dans un communiqué diffusé le lendemain, la MINUSCA, l’UA et la CEEAC ont condamné cette attaque et rappelé qu’elle était survenue après l'initiative dugouvernement appuyée par les garants et les facilitateurs de l’Accord de paix, pour chercher avec les autorités locales et morales de Ndélé, une voie de réconciliation pour mettre fin à la crise.
 
Conformément au mandat de protection de la MINUSCA, la réaction de la Force a été immédiate notamment au marché central, de la mosquée et la ville en général.L’intervention robuste a permis de protéger les centaines de civils qui affluaient vers la base de la mission et de repousser les éléments armés hors de la ville, contrairement à ce qu’affirment certains communiqués diffusés dans le pays.
 
La Force ainsi que la Police donneront de plus amples détails sur ce qui a été fait et sur les actions en cours pour prévenir de nouvelles violences dans la ville.
 
● Les événements du 29 avril et les rumeurs les jours suivants ont obligé 8 000 personnes environ à fuir leurs domiciles pour s’installer autour de la base de la MINUSCA. C’est un problème humanitaire grave qui fait l’objet de discussionsentre la mission et d’autres acteurs, parmi lesquels le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies - OCHA .
 
La MINUSCA travaille également sur place avec des représentants du gouvernementdans le cadre d’une mission conjointe d’enquête, composée du personnel de laDivision des Droits de l’Homme, de la composante Police de la MINUSCA, duprocureur général près la Cour d’appel de Bangui, du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Ndélé et d’officiers de police judiciaire nationaux, tant de la gendarmerie que de la police nationale.
 
Tout est mis en oeuvre en accord avec le gouvernement pour que les responsables de cet acte barbare soient arrêtés et traduits en justice. La MINUSCA met également en garde contre toute tentative de représailles.
 
La MINUSCA rappelle que les attaques contre les populations civiles sont constitutives de crimes de guerre ou de crime contre l’humanité, et que les commanditaires, les auteurs et les complices de ces actes seront poursuivis devant les juridictions compétentes.
 
● En plus de Ndélé, d’autres localités comme Birao, Bria, Kaga-Bandoro et le PK5, à Bangui font l’objet d’un accompagnement par la MINUSCA, qui reste déterminée à mettre en oeuvre son mandat de protection des civils, en coordination avec les FSI. Ainsi, en coordination avec le Préfet de la Nana-Mambéré, le bureau de la MINUSCA à Bouar a engagé un responsable de 3R et exigé le départ immédiat des éléments armés de ce groupe de la localité de Baboua. Ce matin, cet interlocuteur a appelé le chef de bureau de la Mission pour l’informer que ses hommes ont quitté la localité. La Force va vérifier si ce retrait est effectif.
 
● La MINUSCA appelle tous les groupes armés, notamment les signataires del’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA, à respecter leurs engagements, notamment à mettre fin aux violences, en particulier contre les populations civiles. Elle souligne que l’Accord prévoit l’application de sanctionsétablies en vertu de l’article 35.
 
Dans ce contexte de COVID-19, la MINUSCA rappelle le communiqué du Représentant spécial du Secrétaire général du 25 mars, demandant aux groupes armés "de respecter les engagements pris dans le cadre de l’Accord de paix, par la cessation immédiate de la violence sur toute l’étendue du territoire centrafricain".Le communiqué avait pour objectif d’amplifier, sur le territoire centrafricain, l’appel du secrétaire général, pour un cessez-le-feu mondial "pour concentrer nos efforts(...) contre la maladie qui ravage notre monde".
 
Lutte contre le COVID-19
 
● Les activités de sensibilisation et de formation organisées par la MINUSCA en appui au Programme national de lutte contre le COVID-19 se poursuivent. La section des Affaires civiles et le bureau de la MINUSCA à Bangui ont sensibilisé 318 personnes et formé une centaine de leaders religieux. Des sessions de sensibilisation ont été menées à Bambari, Bangassou, Bouar, Kaga-Bandoro et Bria au profit de différentes catégories professionnelles.
 
● Le bureau de Bria a soutenu le préfet de la Haute-Kotto, président du Comité préfectoral de gestion des urgences sanitaires, dans une mission de 11 jours à Ouadda, Sam Oundja et Ounanda Djalé pour sensibiliser les populations sur la pandémie. Des kits de lavage des mains, des radios et des posters ont été remis aux populations.
 
● A Obo, 45 militaires des FACA ont été formés par l’OMS sur les méthodesbarrière et les modes de transmission de la maladie à COVID-19, avec l’appui desAffaires civiles et de la Division de Communication stratégique et d’informationpublique de la MINUSCA.
 
● A Bossangoa, Bria, Bangassou, Kaga-Bandoro et à Bouar, les équipes DDR/UNOPS continuent de soutenir les efforts locaux dans la riposte contre la pandémie en collaboration avec l’OMS et les comités locaux de crise COVID, à travers les sensibilisations, la fabrication et la remise de kits d’hygiène aux autorités locales ou aux comités locaux de crise mais également à travers la réalisation les projets communautaires.
 
● A Bria, une équipe de 20 bénéficiaires du projet CVR dont 4 femmes, composée de maçons et de charpentiers, est actuellement mobilisée pour dans les travaux de réhabilitation d'un centre d'isolement et de traitement du COVID-19 à la demande de la préfecture de la Haute Kotto. Les jeunes du comité préfectoral de la Jeunesse, les manutentionnaires communément et les membres du bureau des conducteurs de taxi-moto, ont été sensibilisés à Bossangoa.
 
● A Kaga-Bandoro, l'équipe DDR de la MINUSCA a organisé avec le comité de crise préfectoral des missions de terrain sur 6 axes, au cours desquelles 30 agents de sensibilisation communautaire, préalablement formés, ont organisé des discussions de groupe et fait du porte-à-porte pour sensibiliser sur les mesures préventives. Des affiches et des dépliants ont également été distribués aux populations. Par ailleurs, l'équipe a continué à faciliter l'approvisionnement en eau des points de lavage des mains à travers la ville de Kaga-Bandoro.
 
● A Bouar, la MINUSCA a mené des activités de sensibilisation dans les localités de Kounde, Bingue, Foh et Niem Yelewa. Du matériel composé de gants, masques, seaux, eau de javel, gels hydroalcooliques, savons liquides et serviettes à main ont été mis à la disposition des autorités locales de Baoro.
 
Droits de l'Homme
 
● Entre le 29 avril et le 4 mai, la MINUSCA a documenté et vérifié 8 incidentsd’abus et de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaireayant affecté 14 victimes 11 hommes, 2 femmes et un groupe de victimes collectives. Les préfectures les plus touchées sont la Ouaka et la Bamingui- Bangoran. Semaine précédente - 22 incidents et 26 victimes.
 
Les auteurs présumés des abus/violations documentés cette semaine sont les anti- Balaka 3 cas et 8 victimes, l’UPC 2 incident et 3 victimes, le FPRC 1 incident et 1 victime, le 3R 1 incident et 1 victime et le MPC 1 cas et 1 victime.
 
Les abus et violations enregistrés sont des cas de meurtres 2  incidents et 3 victimes, des blessures 1 incident et 1 victime, des viols 1 cas ayant affecté 1 victime, des privations arbitraires de liberté 1 incident et 1 victime, des enlèvements 2 incidents et  7 victimes ainsi que des attaques contre les humanitaires 1 cas et 1 victime.
 
Chef d'Etat-major de la force de la MINUSCA
 
Le 29 avril au matin, les assaillants ont lancé une opération que l’on peut qualifier de commando sur Ndélé. Ils se sont infiltrés en tenue civile avec leurs armes camouflées avec au moins trois objectifs dans la ville, dont le marché avec certainement pour intention de faire le maximum de victimes, c’est-à-dire de tuer les gens au hasard. Ils avaient également comme cible, certainement la proximité de la mosquée et des implantations de l’ONU mais on pense que l’ONU c’était pour faire diversion de la Force.
 
La Force a réagi rapidement puisqu’en moins de 30 minutes, les éléments de la MINUSCA étaient sur le marché et ont repoussé ces assaillants, dans une situation extrêmement complexe. Imaginez la ville de Ndélé, avec la population qui fuit et court dans tous les sens dans la ville, des tirs des combattants en civil qu’on ne peut pas identifier. Il était extrêmement difficile pour la Force d’ouvrir le feu et neutraliser tout de suite les assaillants.
 
Il faut savoir que les éléments engagés ont tiré plus de 1 500 cartouches durant les combats, ont eu deux véhicules blindés endommagés. Je reviens sur les vidées qui ont circulé sur internet et qui ont été citées. Ce sont des vidéos qui datent du 11 mars et non du 29 avril. C’est très facile de le voir puisque c’est le jour où le marché et la station de carburants ont été incendiés. On peut voir sur la vidéo beaucoup de fumée noire.
 
Sur l’intervention du 29 avril, intervention extrêmement compliquée parce qu’en ville, la population qui court partout et des combattants en civil. Néanmoins, la Force est parvenue à les repousser puisque les combats se sont terminés à la périphérie de la ville et on peut dire, même si c’est malheureux, en limitant le nombre de victimes, car il aurait pu y avoir beaucoup plus de morts, vu le mode d’action opéré par les assaillants.
 
Concernant les mesures prises, dès le lendemain il y a eu une nouvelle attaque - on n’en parle pas beaucoup de cette attaque-là -, durant lesquelles les assaillants ont tiré au lance-roquettes contre les véhicules de la MINUSCA et cette attaque a été repoussée et il n’y a aucune victime dans la population civile. Il faut le signaler.
 
La situation actuelle dans la ville : la MINUSCA a renforcé, dès le 30 avril, ses éléments dans Ndélé, en mettant en place un poste de commandement pour coordonner et des unités de renfort pour sécuriser la ville et également le travail des ONG. Il est malheureux de souligner que des malfrats ont profité de la situation pour attaquer les ONG. Donc, la MINUSCA a mis en place un dispositif de protection des ONG. Et une opération est en cours qui vise à éloigner de Ndélé d’éventuels futurs assaillants.
 
Porte-parole de la Force
 
En plus de Ndélé, dont a parlé le chef d’état-major de la Force, la composante militaire de la MINUSCA poursuit la mise en œuvre de son mandat dans d’autresparties du pays. A l’Est, notamment à Birao, les soldats de la paix restent proactifs et intensifient les patrouilles pédestres, motorisées et aériennes dans la ville et ses environs. Le bataillon zambien continue de sécuriser tous les camps des personnes déplacées internes et de de protéger la population civile en général.
 
A Bria, la Force continue également de mener de robustes patrouilles conjointes avec les FACA dans la localité et ses environs. Les deux corps ont notamment patrouillé au centre-ville de Bria, au site de déplacés PK3 et à Gobolo afin de prévenir les activités des éléments des groupes armés et d'inspirer confiance à la population locale. Ainsi pour la région Est, 1 361 patrouilles ont été effectuées la semaine passée. La situation générale est calme mais imprévisible.
 
A l’Ouest, l’opération Kiri Na Autorité se poursuit notamment dans les zones de Bouca, Batangafo et Kouki, afin de prévenir toute menace et protéger la population civile. Ainsi 819 patrouilles ont été conduites dans la région la semaine dernière.
 
A Bangui, la MINUSCA poursuit ses actions de sécurisation en coordination avec les Forces de Sécurité Intérieure, avec des patrouilles dans les 2e, 3e, 5e, 6e et 8earrondissements. 440 patrouilles ont été menées la semaine dernière à l’intérieur dela capitale et ses alentours, de jour comme de nuit.
 
Dans le cadre de son mandat de protection des civils, la Force a mené un total de 3 760 patrouilles dont 1 100 nocturnes sur le territoire centrafricain durant la semaine écoulée.
 
CIMIC
 
Dans le cadre des activités civilo-militaires, à Bangui, 123 330 litres d’eau potableont été distribués la semaine dernière par les casques bleus dans les camps des personnes déplacées internes de Delacour, Maison des jeunes, Micheline et Kolongo ainsi que dans les écoles de police et de gendarmerie, soit 10 500 bénéficiaires au total.
 
Au centre, l’équipe CIMIC pakistanaise s’est rendue au camp des personnes déplacées, à Kaga-Bandoro, oùelle a distribué quelques fournitures scolaires aux enfants. A l’ouest, les casques bleus bangladais se sont rendus dans les villages de Bozoum, Koui et Bokhaya pour distribuer des produits alimentaires, et sensibiliser les habitants sur la propagation du COVID-19. Un total de 288 postes radios ont été offerts aux populations.
 
A l’est, l’officier CIMIC, le médecin et le commandant de compagnie marocaine ont mené une sensibilisation sur le COVID-19 au profit de 60 femmes.
 
Porte-parole de la police
 
La semaine écoulée a été marquée par l’attaque de Ndélé et qui a causé des morts et des blessés et entrainé un déplacement massif des populations - femmes et enfants - vers le camp de la MINUSCA pour leur protection.
 
Suite à ce drame et sous la supervision du Procureur de la République, UNPOL et les sections Justice et Droits de l’homme de la MINUSCA ont apporté leurcontribution qui a permis de déployer une équipe conjointe également composéed’enquêteurs UNPOL/FSI et de police technique et scientifique deux jours après les violences.
 
L’équipe est arrivée à Ndélé le 1er mai par un vol spécial de la MINUSCA, pour renforcer et continuer les investigations qui avaient été engagées dès les premières heures des affrontements par les UNPOL en poste à Ndélé. La mission a pour but de recueillir des informations détaillées et précises sur les abus et violations des droitsde l’homme et du droit international humanitaire, afin que les auteurs, commanditaires et complices des violences du 29 avril répondent de leurs actes devant la justice. Ces enquêtes se poursuivent jusqu’au vendredi 8 mai 2020.
 
D’autres enquêtes ont été ouvertes, cette fois à Bangui, à la suite des incidentssurvenus la semaine dernière au PK5 dans le 3e arrondissement, qui ont fait des morts et plusieurs blessés. Deux suspects ont été interpellés et conduits à la Section de recherche et d’investigations de la gendarmerie -SRI-
 
Concernant la lutte contre le COVID-19, UNPOL continue d’apporter son appui auxautorités nationales à travers les sensibilisations et les participations aux réunions à Bangui et dans les régions. Dans les régions, l’accent est mis sur les camps dedéplacés, comme à Obo, Birao, Ndélé, Kaga ou encore Bria où durant la semaine écoulée, les équipes UNPOL ont sensibilisé les déplacés par petits groupes sur les gestes barrières.
 
Les sensibilisations ont aussi ciblé les forces de défense et de sécurité de l’intérieurdu pays dans l’objectif de raviver leur engagement dans la lutte contre la propagationde la pandémie, en plus de leur mission de protection de la population. A Berberati, les 29 et 30 avril, 27 agents soit 10 policiers, 7 gendarmes et 10 militaires  ont suivi uneséance d’information, de sensibilisation sur les directives édictées par le Ministère de l’intérieur pour accompagner la mise en œuvre des mesures de santé publique prises par le gouvernement. Cette session a été organisée conjointement par la section des affaires civiles de la MINUSCA et le service médical de l’unité de police constituée Sénégal basée à Berberati.
 
A Bangui, UNPOL et FSI ont participé à des sessions de sensibilisation organiséespar la section des Affaires civiles de la MINUSCA à l’endroit des leaders religieux et leaders d’association de jeunes et de femmes du 3e arrondissement.
 
A Bangui, environ 300 conducteurs de bus et taxi-moto du 4e arrondissement ont participé à une sensibilisation contre les accidents de la circulation et des mesures barrières édictées par le Gouvernement dans le cadre de la lutte contre le COVID- 19.
 
Renforcement des capacités des FSI
 
Le 30 avril a eu lieu la cérémonie de pose de la première pierre du commissariat depolice de la ville de Damara, dans l’Ombella M’Poko. Ce projet mis en œuvre par la Police de la MINUSCA permettra la construction et l’équipement du commissariat pour un montant estimé à environ 35 millions de Fcfa
 
Par ailleurs, dans le cadre du déploiement progressif des forces de sécurité intérieuresur toute l’étendue du territoire, 20 FSI dont 13 gendarmes et 7 policiers sont arrivés le 5 mai à Kaga-Bandoro. Dans cette ville, les projets de construction de la Brigade de gendarmerie et de réhabilitation et équipement du Commissariat de police se poursuivent et sont financés par UNPOL pour un montant total d’un peu plus de 50 millions de Fcfa.
 
Le 6 mai 2020