Centrafrique : propos de Firmin Ngrébada

Au cours de la conférence de presse du premier ministre NgrébadaFirmin laetitiaFirmin Ngrédaba@pm/sp/com

  • Mesdames et Messieurs les présidents des Institutions républicaines,
  • Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Chefs de missions diplomatiques, consulaires, représentants des organisations internationales,
  • Mesdames et Messieurs les ministres,
  • Distingués invités,
  • Mesdames et Messieurs les journalistes,
  • Mesdames et Messieurs,

 

6 février 2019, 6 février 2020, voici exactement un an, jour pour jour que l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République centrafricaine, a été signé.

Après 12 mois, j’ai estimé que le temps est venu pour faire un état des lieux de la mise en œuvre de cet Accord afin que le peuple centrafricain tout entier soit édifié et qu’il apprécie souverainement le chemin parcouru.

En clair, il s’agit d’évoquer les avancées enregistrées au cours de la mise en œuvre de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en Centrafrique, les défis et de dégager les perspectives.

Mais avant tout propos, je voudrais vous inviter à observer une minute de silence à la mémoire de tous les centrafricains hommes, femmes et enfants qui par le fait de cette crise ont été arrachés précocement à l’affection de leurs familles et à l’espoir de la République.

  • Distingués invité,
  • Mesdames et Messieurs,

Firmin 5

Il me parait important et judicieux, avant d’entrer dans le vif du sujet, de rappeler brièvement le contexte de la signature de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en Centrafrique et de présenter très succinctement son contenu.

Comme vous le savez tous, notre pays a connu des crises récurrentes qui ont compromis les efforts de son développement et d’épanouissement des centrafricains. Cette situation s’est exacerbée avec la crise de 2013 et tout son tout son cortège funeste.

En dépit du retour à l’ordre constitutionnel et la brillante élection de S.E., le professeur Faustin-Archange Touaedera à la magistrature suprême de l’Etat, une partie du territoire était toujours occupée.

Face à ce constat, et conformément à sa profession de foi dont les grandes idées ont été reprises dans son discours d’investiture, il a fait le choix de rétablir la paix par le dialogue.

Aussi a-t-il instruit le gouvernement de tout mettre en œuvre pour engager un dialogue direct avec les groupes armés, en vue de connaitre leurs véritables préoccupations.

Ainsi donc, avec l’accompagnement de nos partenaires, notamment l’Union africaine, et la Communauté Économique des États de l’Afrique centrale - CEEAC-, les différentes initiatives de paix vont être formalisées en une seule initiative : la feuille de route de l’initiative africaine pour la paix en RCA qui a été signée à Libreville au Gabon le 17 juillet 2017.

Grâce au mécanisme de facilitation mis en place par l’initiative africaine pour la paix en RCA, des négociations directes vont avoir lieu entre le gouvernement et 14 groupes armés et aboutir au paraphe le 5 février 2019 à Khartoum, de l’Accord de paix, qui sera signé à Bangui, le 6 février 2019 sous l’appellation de : "Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en Centrafrique" - APPR-RCA-.                 Firmin Ngrebada@pm/sp/com

  • Distingués invités,
  • Mesdames et Messieurs,

 

L’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République centrafricaine, comporte des engagements communs et des engagements spécifiques pour chaque partie. S’agissant des engagements communs, les parties se sont accordées sur le rejet de l’impunité, le respect scrupuleux de la Constitution centrafricaine du 30 mars 2016, de l’Unité nationale, de l’intégrité du territoire et de la souveraineté de la République centrafricaine, ainsi que de sa forme républicaine et de son caractère laïc.

L’Accord prône l’encrage démocratique et bannit toute velléité d’accession ou de conservation du pouvoir par la force et met l’accent sur l’organisation des élections libres, justes, transparentes et crédibles comme seule voie consacrée pour assurer l’alternance politique et contribuer à la consolidation de la démocratie en République centrafricaine.

Le gouvernement pour ce qui le concerne, s’est engagé à promouvoir et renforcer la bonne gouvernance, à faire la relecture de l’ordonnance relative aux partis politiques et au statut de l’opposition en République centrafricaine, à adopter une loi sur la décentralisation, les collectivités territoriales et les circonscriptions administratives, et une autre loi sur le statut des anciens chefs d'Etat.

Les engagements du gouvernement concernent également des réformes dans le secteur de la sécurité notamment, la garantie du caractère républicain de l'armée et des forces de sécurité intérieure, le soutien au Programme National de Démobilisation Désarmement, Réintégration et Rapatriement -PNDDRR-, la mobilisation des ressources pour le soutien au Relèvement et à la Consolidation de la Paix en Centrafrique -RCPCA-, l'exclusivité et la discrimination positive à tous les échelons de l'Etat, la poursuite du processus de la réconciliation nationale, un développement économique et social équilibré du pays et une meilleure représentation des groupes armés dans les instances de prises de décisions à commencer par le gouvernement.

Quant aux groupes armés, ils se sont engagés à renoncer à la violence, comme mode d’expression politique et revendicative et à mettre fin de manière immédiate, complète et irrévocable, à toutes les hostilités, tout acte de destruction de biens ou d’entrave à la libre circulation des personnes et des biens et à la restauration de l’autorité de l’Etat.

Les 14 groupes armés se sont aussi engagés à garantir aux ONG nationales et internationales, le respect des principes humanitaires, la protection de leurs bases opérationnelles et de leur personnel, la non-agression des convois humanitaires…à mettre immédiatement fin à toutes formes de recrutement dans les groupes armés y compris d’enfants et d’étrangers, à participer pleinement au DDRR et à s'engager de bonne foi, dans le programme pour la réintégration des membres des groupes armés. Il convient de souligner enfin que l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en Centrafrique comporte des mécanismes de sanction dont le régime a été élaboré par les Garants et Facilitateurs puis adopté au cours de la 6e session du Comité Exécutif de Suivi.Firmin 6                                                                                                     Firmin Ngrébada@pm/sp/com

  • Distingués invités,
  • Mesdames et Messieurs,

 

Après 12 mois de mise en œuvre, des avancées significatives ont été enregistrées. Il s’agit de :

  • La nomination d’un nouveau Premier ministre et la formation d’un gouvernement plus inclusif comprenant les représentants des groupes armés,
  • La création du mécanisme de mise en œuvre et de suivi à travers certains organes à savoir :

le Comité Exécutif de Suivi -CES-

le comité de mise en oeuvre national -CMON-

la Commission inclusive.

  • Le lancement du Programme National de Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Rapatriement -PNDDRR - avec l’objectif de désarmer de plus de 5 000 combattants dont 1 311, à ce jour,
  • La poursuite de la réforme du secteur de la sécurité avec l’adoption d’une Politique nationale de sécurité, d’une stratégie nationale de RSS, le recrutement de 1 023 jeunes à Bangui et dans les 16 préfectures et l’annonce d’un nouveau recrutement de 1 000 jeunes dans l’armée au titre de l’année 2020,
  • Le lancement des unités spéciales mixtes de sécurisation -USMS,
  • L’élaboration de trois projets de loi portant respectivement sur la décentralisation, le statut des anciens chefs d’Etat et la révision de l’ordonnance relative aux partis politique et au statut de l’opposition, actuellement en cours d’examen par l’Assemblée nationale,
  • La tenue de 3 grandes commissions mixtes avec le Cameroun, le Congo et récemment avec le Tchad pour gérer la problématique de la transhumance,
  • La mise en œuvre de plus de 350 projets à impact rapide, y compris la réhabilitation de plus de 150 bâtiments administratifs et de services sociaux de base à travers le plan de relèvement et de consolidation de la paix en République centrafricaine - RCPCA-.

 

Il sied de souligner que les progrès accomplis dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paix ont généré des dividendes au plan politique, sécuritaire, humanitaire, économique et social.

Au plan politique, l’Accord a permis à la République centrafricaine de retrouver sa crédibilité sur l’échiquier international et les réformes engagées ont permis d’apaiser le climat politique. Ce qui a d’ailleurs favorisé le retour au pays des anciens chefs d’Etat.

Au plan sécuritaire, depuis la signature de l’Accord de Paix, l’on note une réduction significative du niveau de violence communautaire. Avec le déploiement des Forces Armées centrafricaines au bénéfice de l’Accord, la sécurité revient peu à peu rendant possible le déploiement des services publics dans le cadre de la restauration de l’autorité de l’Etat. L’organisation de la journée mondiale de l’alimentation à Bambari, le 18 novembre 2019, constitue une preuve du progrès sécuritaire.

Au plan humanitaire, l’embellie sécuritaire observée après la mise en œuvre de l’Accord, a beaucoup joué en faveur du retour massif des réfugiés et déplacés dans leurs communautés respectives.

Au plan économique et social, l’accalmie retrouvée a permis de relancer certaines activités socio-économiques et d’améliorer les performances économiques avec un bond qualitatif de 1,5 à 5% du PIB, selon une récente étude de la Banque mondiale.

Par ailleurs, l’adoption d’un programme triennal au titre de facilité élargie de crédit, le recrutement de plusieurs centaines de jeunes dans les Forces Armées centrafricaines -FACA-, la gendarmerie nationale, la police sans compter l’intégration en cours, de 1 300 jeunes diplômés dans la fonction publique témoignent des efforts accomplis dans ce domaine grâce à l’Accord de Paix.

Enfin, dans le prolongement de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en Centrafrique, le gouvernement a signé le 27 décembre 2019 avec les représentants des organisations professionnelles d’employeurs et de travailleurs, le pacte national pour la stabilité sociale et le relèvement économique qui constitue un important instrument de dialogue, visant à trouver des solutions concertées aux problèmes sociaux économiques de l’heure.

  • Mesdames et Messieurs les journalistes,

 

Nous devons savoir que l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en Centrafrique n’est pas encore la paix. C’est un processus vers la paix. A ce titre, et comme tout processus, il est confronté à des défis sur lesquels le gouvernement travaille de façon inlassable avec l’appui des Garants et Facilitateurs.

Aujourd’hui, l’autre défi que nous devons relever, est l’organisation des futures élections présidentielles et législatives. Le gouvernement est déterminé avec l’appui renouvelé des partenaires et surtout le renforcement du mandat de la MINUSCA dans le cadre des futures élections, à organiser ce double scrutin dans les délais constitutionnels.

  • Distingués Invités,
  • Mesdames et Messieurs,

 

L’objectif visé par Son Excellence Professeur Faustin-Archange Touadera, président de la République, chef de l’Etat, à travers cet Accord, est de faire de la République centrafricaine, un véritable havre de paix.

C’est pourquoi, nous devons tous soutenir la mise en œuvre de cet Accord pour ramener la paix dans notre pays en vue d’un relèvement durable.

Je profite donc de cette occasion pour exhorter les 14 groupes armés signataires de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en Centrafrique, de continuer à respecter les engagements qu’ils ont librement pris. Cet Accord leur offre la chance d’entrer dans l’histoire par la grande porte

Je voudrais témoigner ma gratitude aux Garants, Facilitateurs et la Communauté internationale pour l’appui multiforme qu’ils ne cessent d’apporter dans le cadre de la mise en œuvre de cet Accord.

Je tiens également, en cette circonstance solennelle, à rendre un hommage mérité à S. E. Monsieur le président de la République, chef de l’Etat, professeur Faustin-Archange Touadera pour son soutien sans faille à la mise en œuvre de l’Accord de Paix et son engagement politique constant, en faveur de la Paix en République centrafricaine.

Enfin, je ne saurai terminer mes propos sans oublier de remercier et d’encourager la presse qui a joué un rôle déterminant dans la sensibilisation de la population et la divulgation de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République centrafricaine.

Je vous remercie de votre aimable attention.

Le 7 février 2020