Déclaration de la plateforme des confessions religieuses de Centrafrique

La plateforme des confessions religieuses de Centrafrique - PCRC communique 


- Se félicitant de la visite du Secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine et voyant dans ce signe la manifestation d’un intérêt accru du premier responsable de cette Institution Internationale à aider notre pays meurtri à se relever et à faire cesser les violences inouïes et meurtrières qui plongent les populations dans une souffrance indescriptible ;

- Exprimant toute sa gratitude à M. Antonio Guterres pour cette sympathie en tant que manifestation de sa volonté à mettre fin aux errements et atermoiements politiques et sécuritaires qui ont prévalu jusqu’aujourd’hui et ont contribué à inscrire la crise centrafricaine dans la durée et dans une impasse sans fin ;

- Exprimant ses profonds regrets pour la perte en vies humaines des éléments des forces des Nations-Unies tombés au front ainsi que l’assassinat des humanitaires travaillant en Centrafrique dans les zones d’insécurité ;

- Exprimant ses profondes préoccupation quant à la situation sécuritaire en République centrafricaine (RCA) et la dégradation dans l’arrière-pays, particulièrement dans les préfectures de la Basse-Kotto, du Mbomou, du HautMbomou, de la Haute-Kotto, de l’Ouham-Péndé, la Nana-
Mambéré et de la Nana-Gribizi, comme en témoignent les massacres des populations civiles perpétrées durant ces dernières semaines à Pombolo, Kémbé, Alindao, Bocaranga, Koui, Niem-Yélowa, Zémio, Nzako, Bozoum, Mobaye, Zangba…..

- Condamnant énergiquement les dernières violences perpétrées par les 3R, le Front populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC) et ses alliés, le Mouvement pour l’Unité et la Paix en Centrafrique (UPC), les Anti-Balaka qui, dans leur logique meurtrière, ont causé de lourdes pertes parmi les populations civiles et des déplacements importants, aggravant ainsi une situation humanitaire déjà alarmante ;

- Se réjouissant de la création de la Cour Pénale Spéciale ;

- Réfutant les analyses portant sur les signes avant-coureurs de génocide en RCA

-S’interrogeant sur le caractère robuste du mandat de la MINUSCA et se préoccupant de la partialité, la passivité et quelques fois la collaboration avérée de certains contingents de la MINUSCA avec les groupes armés et leur propension à se livrer à des trafics de tout genre et l’exploitation des ressources naturelles, portant ainsi gravement atteinte à l’image des Nations-Unies;

- Déplorant l’embargo injuste et prolongé sur l’importation des armes par les Institutions régulières alors que les groupes armés s’en procurent allégrement au vu et au su des forces internationales ;

- Déplorant la mise en quarantaine des forces armées centrafricaines -FACA- en dépit des recyclages subis ;

- Affirmant haut et fort le caractère non confessionel de la crise centrafricaine et restant convaincue que le conflit trouve ses origines plutôt dans la mauvaise gouvernance, l’exclusion, le clanisme, le régionalisme, le refus de l’alternance, la pauvreté, la mauvaise redistribution des richesses….;

- S’interrogeant sur la pertinence et l’utilité de 900 casques bleu supplémentaires à l’efectif actuel de 12 500 hommes qui peinent encore à sécuriser le pays ;

- Demeurant attachée aux valeurs de paix, d’amour du prochain, de la tolérance, de l’Unité contenues dans notre Charte et surtout réaffirmant l’indivisibilité du territoire ;

Recommande :

1. La levée de l’embargo sur l’importation des armes par l’Etat centrafricain;

2. la justice pour tous et la dénonciation de la prime à l’impunité

3. La protection des populations civiles

4. La restauration des FACA et leur redéploiement sur tout le territoire centrafricain ;

5. L’application totale du mandat de la MINUSCA

6. La stricte neutralité des forces de la MINUSCA

7. Le changement du staff de la MINUSCA et son remplacement par des cadres compétents, honnêtes et soucieux d’appliquer entièrement les accords ;

8. La réflexion et la prise en compte des avis des forces vives de la Nation relatifs au projet de complément des forces de la MINUSCA par 900 autres soldats ;

9.Le désenclavement du pays par le service du génie civil de la MINUSCA à travers la réhabilitation des pistes et voies rurales ;

10. La révision du Plan humanitaire en y intégrant les ONG et la société civile centrafricaines ;

11. Le retrait des contingents ayant été de connivence avec les groupes armés et ayant été auteurs de viols, d’abus sexuels et d’attitudes non conformes au mandat de la MINUSCA;

12. Le retrait des contingents de la MINUSCA des zones minières ;

13.La cessation de la concurrence commerciale déloyale dont sont auteurs les forces de la MINUSCA au détriment des opérateurs économiques centrafricains ;

14.La suppression ou le traitement au cas par cas des exonérations accordées à la MINUSCA par le gouvernement centrafricain mais trafiquées par certains agents, creusant ainsi le manque à gagner pour le Trésor public ;

15.La désignation d’un nouveau représentant du SG des NU, de préférence une personnalité en dehors du continent Africain et pas d’origine africaine ;

16.La création des centres de formation et de réinsertion socio-professionnelle des femmes et des jeunes ;

17. La réhabilitation, création et équipement des infrastructures socio-sanitaires de base ;

18. La mise en place des centres d’écoute et d’accompagnement post-traumatique ainsi que l’indemnisation et la prise en charge psycho-sociale des victimes des violences ;

19. La réparation des préjudices physiques, matériels et moraux subis ;

20. La traduction devant les instances judiciaires des auteurs ou co-auteurs de crime

21. Le désarmement volontaire ou forcé des groupes armés ;

22. Le gel des avoirs des personnes inscrites sur la Liste ;

23. L’application de la résolution 1325 pour l’implication des femmes à tous les niveaux de prise de décision ;

24. L’Indemnisation des femmes et les filles victimes des violences et leur prise en charge psychosociale ;

25. Un commandement unique dans la chaine militaire de la MINUSCA au lieu que chaque contingent se réfère à son pays d’origine ; Rôle que pourrait jouer la Plateforme des confessions religieuses de Centrafrique
 

- Continuer à jouer son rôle de médiation et de plaidoyer basé sur la morale et l’éthique religieuse ;

-Renforcer les antennes préfectorales de la Plateforme des Confessions Religieuses de Centrafrique (PCRC) pour des activités communautaires plus élargies en terme de cohésion sociale et de vivre-ensemble ;

- Renforcer les capacités stratégiques et opérationnelles des Comités locaux de paix à travers les bâtisseurs de paix de la PCRC ;

- Former des leaders religieux comme acteurs et agents relais de paix et de cohésion sociale ;

- Créer des écoles, dispensaires, centres culturels et autres espaces de cohabitation inter-religieuse pour un véritable brassage interculturel et inter-religieux ;

- Renforcer de capacités des cadres du Secrétariat Permanent, des membres du Conseil d’Administration de la PCRC et des autres structures.

- Appuyer la mise en place de la "Maison de la paix et des Religions" en RCA ;

- Appuyer le Plan d’Action Stratégique et Triennal de la PCRC ;

- Appuyer l’accompagnement en provinces des leaders religieux auprès des antennes locales ;

- Impliquer la PCRC dans le bénéfice des Fonds Békou. Pour cela, la PCRC a besoin de soutien des NationsUnies/MINUSCA pour :

a) Appui matériel et logistique ;
b) Appui financier
c) Appui institutionnel
d) Un espace d’échange mensuel avec la MINUSCA

 

Bangui le 24 octobre 2017
Pour la Plateforme des Confessions Religieuses de Centrafrique
Le Président Rév. Dr Nicolas Guerekoyame Gbangou