Par Guy José Kossa
Quand il m’arrive d’ouvrir mon ordinateur et de voir quelquefois, de hautes personnalités aux affaires, fiers de publier sur leur journal facebook – et donc d’exposer à la face du monde -, les images des uns, en train de savourer malicieusement leur nourriture "bio"; les autres, de participer à des agapes officielles bien arrosés, ou de gueuletonner entre parents et amis; quelques uns encore, très occupés à remplir le coffre de leur 4/4, de glacières pleines à craquer de gros poissons fraîchement sortis du fleuve par les pêcheurs des bords de l’Oubangui etc. Alors, je m’écrie :
"Comme elle est belle à voir cette Centrafrique-là ! Que la vie y est si douce et le monde si heureux !".
D’ailleurs, quoi de plus normal qu’une existence à l’abri du besoin et de tous les besoins ? Après tout, dirait l’autre, ne vaut-il pas mieux faire envie que pitié ? Légitime sentiment que celui d’être bien et de bien-être.
Cependant, à la vue de tant d’aisance mêlée à l’indécence affichée – surtout de la part de ceux-là même qui sont aux responsabilités de la République -, peut-on s’empêcher de poser l’implacable question, de savoir ce qu’ils pensent exactement, des misérables conditions de survie, dans lesquelles sont condamnés leurs compatriotes centrafricains, entassés dans les "ledgers des pauvres" ou les camps des déplacés ; les bidonvilles insalubres de Bangui et d’ailleurs ; les baraquements de fortune disséminés ça et là sur le territoire; en un mot, tous ces endroits où des populations vivotent et meurent à petit feu, d’inanition, de désespoir, de précarité et des différents méfaits de l’insécurité.
Diantre !
Mais quand viendra-t-il, le temps pour le Centrafricain lambda, d’avoir droit à son pain de chaque jour, de jouir du simple bonheur quotidien de s’asseoir trois fois à table, ou du moins, de se contenter régulièrement de sa pitance « naturelle »? La RCA, quand pourra-t-elle enfin, retrouver un peu d’espace pour la paix, la sécurité, et l’unité du peuple ?
Aux Centrafricains je dis : ne laissons pas mourir notre chère Centrafrique !
Autant que je sache, n’était-ce point pour le pain, la paix, la sécurité, l’unité et la solidarité nationale, que les Centrafricains avaient réclamé la tenue des élections générales, auxquelles ils ont d’ailleurs, massivement pris part il y’a moins d’un an? Et c’est du fond des urnes, qu’ont fini par émerger, les principaux dirigeants actuellement au pouvoir, de même que tous les élus du peuple admis à siéger au sein de la nouvelle assemblée nationale.
Pour ma part, c’est précisément au nom du pain pour tous, de la paix universelle, de l’unité citoyenne promis au peuple centrafricain en vertu de sa profession de foi, que sans réserve aucune, j’ai soutenu sur "Le Chemin de l'Espérance" Abdou Karim Meckassoua, le plus chrétien de tous les musulmans centrafricains, aujourd’hui Président du parlement de la RCA. Et si c’était à refaire, je le referai. C’est dire que personne ne doit compter sur moi pour renoncer à mes convictions, renier mes choix personnels, et jouer ainsi les félons professionnels de la République.
Par ailleurs, il y’a près de 8 mois, toute la RCA a été honorée et très fière, d’abriter les cérémonies de l’investiture du nouveau Chef d’Etat démocratiquement élu. Ce dernier est désormais et jusqu’à la fin de son mandat renouvelable, le Président de tous les Centrafricains. Aussi, je suis engagé à défendre envers et contre tous, Faustin Archange Touadera (FAT) le plus musulman de tous les chrétiens centrafricains. Là encore et toujours, au nom du pain, de la paix, de l’unité et de la solidarité nationale, que cet ancien candidat, hier, avait promis d’offrir au pays et au peuple. Aujourd’hui, le voici intronisé, et donc promu défenseur de toutes les valeurs de la République, mais aussi et surtout, premier garant du bien-être des Centrafricains et de leur plein épanouissement. Il ne peut se parjurer devant le tribunal de sa conscience et du peuple.
Ceci dit, malgré les jours qui passent et s’effacent, apparemment tous semblables les uns que les autres, une analyse fine, lucide et sans passion de la situation centrafricaine, m’inspire cette question objective : quel Président prestidigitateur, placé dans les mêmes conditions socio-politiques d’espace et de temps que FAT, aurait, en huit mois d’exercice du pouvoir, pu réussir l’exploit, de satisfaire totalement aux attentes si nombreuses des Centrafricains ? Qu’un tel Président – s’il devait exister -, eut mené une tout autre politique et suivre d’autres voies, cela est presque certain ; mais qu’il eut fait plus et mieux pour la Centrafrique et les Centrafricains, relève sinon d’une vue de l’esprit, du moins, du discours politicien. Quant à Abdou Karim Meckassoua, qui possède aussi bien des atouts de taille que les principales qualités de sa fonction, il a su redonner au perchoir et à l’assemblée nationale, leurs plus belles lettres de noblesse, et les revêtir de toute leur dignité institutionnelle
Du reste, sur la base de ces choix et engagements patriotiques clairs, j’entends sans équivoque, fonder toute la légitimité qui me conforte et me pousse à exercer mes devoirs de citoyen du peuple. Et c’est cette légitimité dont je me réclame ici, qui me rassure, m’assure, m’engage, et me donne la pleine intelligence de mon droit constitutionnel à user de toute ma liberté d’expression et de pensée. Dès lors, du haut de cette liberté où "ça sort comme ça sort", quoi de plus normal pour un patriote, que de continuer à forger la conscience citoyenne du Centrafricain, quitte à déplaire aux dirigeants plutôt enclins à se complaire et à se laisser bercer d’illusions et d’éloges, plus est, toujours en deçà de l’idée qu’ils se font eux-mêmes de leur propre personne.
Le relèvement du Centrafrique, n’est pas une question de thuriféraires, toujours aptes à encenser le "Chef", à temps et à contretemps, qu’ils soient dans le juste les jours fastes, ou dans l’erreur les jours néfastes.
Alors, qu’on se le dise : aussi longtemps et aussi loin que les dirigeants avanceront, les Centrafricains devraient toujours être prêts à les suivre. S’ils s’arrêtent, le peuple doit les soutenir, les aider et surtout les pousser à reprendre le bon chemin. Mais si jamais ils s’avisent de reculer, de violer leur propre serment et profession de foi, de trahir tant d’espoirs suscités et de citoyens galvanisés, dans ces cas, et à l’heure de la dégringolade depuis le sommet de l’escalier où ils sont arrivés, qu’ils ne s’attendent guère à trouver sur les marches descendantes, des Centrafricains – moins encore leurs gourous d’aujourd’hui -, pour les applaudir, claquer des talons et opiner du bonnet.
Tant que le pain, la paix, l’unité et la sécurité ne seront pas définitivement acquis et garantis, jamais, nous n’aurons de cesse de le rappeler et de les réclamer, à ceux qui les ont promis au peuple, et qui ont aujourd’hui, soit la plus belle et unique occasion de les offrir à leurs concitoyens, et de ce fait, d’entrer définitivement par la grande porte dans la Grande Histoire de la République ; soit, d’échouer lamentablement, et de porter au front, sur terre comme dans l’éternité, l’opprobre du déshonneur, de la malédiction et du malheur qui semble vouer à la mort les Centrafricains, et le Centrafrique, à sa disparition.
Que Dieu bénisse la RCA.
GJK- Guy José Kossa , l'élève certifié du Village Guitilitimö - Le 1er novembre 2016